Il est très probable que comme moi vous ne connaissiez pas Susperia. Cependant, en lisant
leur biographie, je me rends compte que je connais presque tous les membres. Formé dans
les backstages du Wacken Open Air en 1998, Susperia (ou Seven Sins de 1998 à 2000)
est un groupe qui mélange black metal, thrash metal et death metal mélodique. Composé
de Cyrus (guitare, Insidious Disease, ex-Dimmu Borgir, ex-ICS Vortex, ex-Satyricon),
Tjoldav (batterie, Abyssic, ex-Dimmu Borgir, ex-Old Man’s Child), Elvorn (guitare,
Abyssic, Insidious Disease), Memnock (basse, Abyssic, ex-Old Man’s Child) et Athera
(chant, Borknagar , ex-Chrome Division ), le groupe enregistre cinq albums qui flirtent tous
entre leurs trois styles de prédilection. Mais en 2015, Athera, qui avait déjà été remplacé par
Bernt Fjellestad (chant, Guardians Of Time) en 2009, 2014 et 2015 pour des tournées,
cède sa place à Bernt. Le groupe prend alors son temps pour enregistrer "The Lyricist", son
sixième album. Soyons chauvins deux minutes, devinez à qui ils ont fait appel pour la
pochette ? Vincent Fouquet, alias Above Chaos !
On débute par "I Entered", un titre très black / thrash qui alterne avec brio chant clair et saturé,
pour un rendu assez étonnant mais plutôt entraînant. Les riffs de qualité sont parfois
surmontés de screams puissants, parfois d’un chant qui ferait trembler les plus grands
chanteurs de power metal tellement Bernt maîtrise sa voix. Le tout rend cependant
parfaitement bien, et l’enchaînement avec "Heretic" est aisé. Toujours très mélodique, même
lors des parties violentes, on sent que les musiciens n’en sont pas à leur coup d’essai. Les
harmoniques se marient à merveille avec tous les types de voix, et les parties lead se
mélangent à la rythmique saccadée. Susperia reprend avec "The Lyricist", le titre éponyme,
qui est pour moi le titre phare de l’album. A la fois le mieux orchestré, le plus puissant et le
plus entraînant, il résume parfaitement l’album.
Un peu plus surprenant, "My Darkest Moment" introduit une voix chaude et rassurante avant
que Bernt ne se mette à hurler sur la rythmique mélancolique du groupe. Les passages
instrumentaux sont également très atmosphériques, et les quelques murmures du chanteur
sont magnifiquement planants. "The Day I Died" revient sur des riffs plus violents, mais sans
perdre de vue la mélodicité, omniprésente chez Susperia. Le contraste chant clair / saturé
est très bien géré, aucun n’empiète sur l’autre, et la rythmique suit, tandis que "Void" est un
titre qui a vocation à faire planer l’auditeur. Harmoniques dissonantes, rythmique maîtrisée
mais lente, tout est bon pour intimer au headbang.
"Feed The Fire" peut faire penser à un titre très rapide, mais ce n’est absolument pas le cas.
En se focalisant exclusivement sur la mélodie, les musiciens ont pris le parti de délaisser
quelque peu la rythmique qui est du coup assez basique, mais toujours entraînante. Un
sample intervient en plein milieu alors que le groupe se contente d’aligner quelques riffs,
avant le refrain, mais "Whore Of Man" reprendra du poil de la bête. Un tempo accéléré, une
cymbale beaucoup plus présente, mais toujours ce contraste cher au groupe. Cependant, le
milieu de la chanson verra également un passage très ambiant qui permet de lancer une
guitare lead et une voix enchanteresses. Le dernier titre, "Come Alive", repart sur des bases
très death mélodique qui me rappellent les premiers titres de Dark Tranquillity, et
rappelleront des souvenirs aux plus puristes d’entre nous.
Susperia n’est pas vraiment un supergroupe à proprement parler, puisque même si tous les
musiciens ont également un autre groupe et un passif, ils mélangent leurs expériences pour
créer un son assez unique. "The Lyricist" m’a réellement surpris, et je ne demande qu’à voir le
groupe sur scène pour confirmer cette très bonne première impression.
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