Le groupe
Biographie :

Supercharger est un groupe de rock 'n' roll / hard rock danois composé de : Mikkel Neperus (chant), Thomas Buchwald (guitare), Benjamin Funk (batterie), Lars Rygaard (clavier), Karsten Dines (basse) et Dennis Samaras (guitare). Supercharger sort son premier album, "Handgrenade Blues", en 2009, qui lui permet de remporter le titre de "meilleur premier album" aux Danish Metal Awards. Un second album, "That's How We Roll", voit le jour en 2011, puis un troisième, "Broken Hearts And Fallaparts", en Février 2014 chez Gain Music Entertainment.

Discographie :

2009 : "Handgrenade Blues"
2011 : "That's How We Roll"
2014 : "Broken Hearts And Fallaparts"


La chronique


Le hard rock danois… Pretty Maids, D-A-D, Volbeat, … Les références renommées sont autant de noms qui viennent à l'esprit en préambule à l'écoute de "Broken Hearts And Fallaparts". Hérédité : pression.

En l'occurrence, le contact avec le troisième album du combo danois se fait via un artwork qui ne laisse pas présager le meilleur. Une infographie semblant avoir été vite faite, au dernier moment, avec ce qu'il faut de filtres et d'effets familiers à quiconque a déjà bidouillé sur un logiciel dédié. Une sirène tatouée se voulant probablement old-school y figure assise sur un fer à cheval ailé, sur fond de gravure d'époque classique d'un port industrieux (Copenhague ?). Une conjonction de dénominateurs communs à la culture rock'n'roll en somme, traités graphiquement de façon discutable. L'habit ne fait pas le moine suggère le proverbe. Ok, allons-y donc.

Ça commence comme du speed rock. Ça ne fera que rester une impression initiale, mais ce "Like A Pit Bull" qui amorce l'album attaque vite et fort. On y trouve néanmoins les ingrédients qui seront réemployés au fil de l'album : refrains catchy, sing-alongs, piano vitaminé, production soignée, cristalline (un peu trop ?). D'emblée, ça fait taper du pied et en même temps, ça sent le skatepark à plein nez ; légers abus de réverb sur la voix, solo d'un grand classicisme (mais de bon aloi), écriture mélodique commerciale se voulant efficace mais au final, assez peu inspirée. Les titres s'enchaînent rapidement sans qu'on saute au plafond. Les vieilles recettes se succèdent, rappelant tantôt un Nashville Pussy ("Hold On Buddy"), tantôt Mustasch ("Supercharged") par exemple. Problème, là où on attendrait que ça sente l'huile de vidange et la gomina, on a que des relents de mélange 4% et de gel ultra-fixant. Tout ça est propre, très propre, trop propre peut-être pour faire mouche et qu'on y croit. C'est sucré, nougatineux, jusqu'à flirter parfois avec le rococo façon B-52's, le second degré en moins ("Suzi The Uzi"). "Get What You Deserve", sous ses apprêts vénères, donne au final envie de chausser des oreilles de Mickey sur les refrains, bien éloigné en ce sens de l'atmosphère sincèrement plus hargneuse de leur premier album ("Handgrenade Blues", 2009). Les chœurs de gentils hooligans lassent ("Yeah Yeah Yeah"). Et ce n'est pas tout ! Les garçons jouent (encore) la carte de l'authentique avec intro' de banjo et mauvaise émulation de craquements de vinyle ("Hung Over In Hamburg"). Vous prendrez bien un peu d'harmonica omniprésent avec ça ? Ça pourrait rester une plage de redneck rock qui ne convainc pas, mais… Mais... Ont-ils conscience que leur refrain est presque note pour note le pont de "Staying Alive" des Bee Gees ("Life goin' nowhere" / "Somebody help me" etc) ? On se prend à se demander si on l'espère, ou pas.

Ceci étant posé, le niveau des musiciens n'est à aucun moment en cause. Ça joue bien, c'est bien harmonisé, c'est en place. Et la dernière piste de l'album nous offre même une belle surprise, sous la forme d'une ballade acoustique ("Goodbye Copenhagen"), dépouillée mais étonnamment bien ficelée. Il y a du Ralf Gyllenhammar de Mustasch dans la voix (parties aiguës) et la ligne mélodique ("Supercharged", "Blood Red Lips"), ce dont on ne saurait se plaindre. Ce n'est pas une surprise donc d'apprendre que des membres du groupe suédois ont été impliqués dans la réalisation de l'album. Mais le son reste globalement proche de groupes un brin plus mainstream (Five Finger Death Punch en moins massif, voire même Disturbed). On note un très bon travail de Tobias Lindell (Europe, Hardcore Superstar…) au mixage et au mastering, mais en l'espèce on frôle la surproduction ; le perfecto semble taillé trop grand pour le groupe. Difficile de ne pas penser également à leurs compatriotes de Volbeat dans l'approche globale. De leur propre aveu, les membres de Supercharger "s'inscrivent dans la tradition du bon vieux rock'n'roll à l'ancienne" (tdla). Comme Volbeat en effet, ils affichent la volonté de pratiquer un rock'n'roll fédérateur et décomplexé, signant une volonté de retour aux sources ; comme chez Volbeat, on retrouvera chez les Danois une insipidité latente, une facilité qui se drape de dépouillement et d'efficacité originelles, mais qui peine à honorer ces bonnes intentions théoriques.

On sent néanmoins que le groupe doit déployer sa véritable dimension sur scène, et que la mayonnaise doit probablement prendre davantage en live que sur bandes. D.A.D. ou Nashville Pussy ne s'y sont pas trompés, eux qui ont choisi le groupe pour ouvrir leurs concerts en 2009 et 2010. Le succès d'estime est également au rendez-vous puisque le groupe a déjà tourné en tête d'affiche dans son pays natal, et a remporté un titre aux Danish Metal Awards en 2009. Et c'est Gain Records (Europe, Mustasch…) qui les a signés en Avril 2013 pour la sortie du présent album, excusez du peu.

Alors, l'habit ne fait pas le moine ? En l'espèce si, un peu. L'artwork de l'album est en ce sens assez transparent : en voulant compiler les recettes du rock'n'roll tout en les saupoudrant de modernité on ne fait pas forcément un artwork convaincant. Un album non plus.


Loïc Leymerégie
Février 2014


Conclusion
Note : 13/20

Le site officiel : www.supercharger.dk