L'automne s'installe, c'est le bon moment pour se mettre un peu de black atmosphérique dans les oreilles, le deuxième album des Danois de Sunken, "Livslede", arrive donc à point nommé ! Si vous aviez accroché à "Departure" vous ne devriez pas être dépaysés puisque le groupe continue sur sa lancée et nous balance quarante-trois minutes d'un black aussi rageur que mélancolique.

Pour faire simple, disons que Sunken développe des ambiances qui ne sont pas sans évoquer Wolves In The Throne Room ou encore Altar Of Plagues avec ce mélange de trémolos et de blasts enveloppés par des mélodies poignantes et un côté atmosphérique assez prononcé. Bien entendu, quand vous voulez développer des ambiances, vous prenez le temps de les installer et les morceaux deviennent par conséquent assez longs, ce qui est effectivement le cas sur "Livslede" avec une moyenne qui tourne à dix minutes. Après la petite intro "Forlist" toute en cuivre et en piano qui nous offre un petit moment de contemplation, c'est "Ensomhed" qui débarque avec quelques arpèges en son clair très mélancoliques et très beaux avant d'embrayer sur un rythme plus enlevé typique de ce type de black metal. On y ressent donc cette même impression de contemplation et d'introspection que chez les groupes cités plus haut, ce même côté torturé aussi malgré la beauté des mélodies. La violence brute n'est donc évidemment pas le propos même si les blasts sont soutenus et que Martin Skyum Thomasen ne s'économise pas avec ses cris. On a aussi la bonne surprise d'entendre une basse étonnamment bien mise en avant dans le mix, ce qui est assez rare dans le black metal en général et qui fait plaisir à entendre. La production garde d'ailleurs un minimum de cette crasse que l'on aime entendre dans le black mais évite les travers du style et reste parfaitement audible et vu la densité de ce nouvel album, c'est une très bonne chose. "Livslede" est en effet rageur comme son grand frère et les blasts sont quasiment constants ne laissant que quelques passages pour insérer un peu plus de contraste et de lourdeur dans tout ça. Pour autant, Sunken ne se fait jamais ni lassant ni répétitif et parvient à retranscrire un sentiment de tristesse et de colère de façon très convaincante.

Je parle de colère parce que contrairement aux groupes de black metal plus traditionnels, ce n'est pas la haine que l'on peut ressentir dans la musique de Sunken, c'est plutôt un déchaînement de rage et de colère qui évoque celui des éléments, une bonne grosse tempête musicale qui vous arrive dessus sans prévenir. "Delirium" est bien le seul morceau à calmer un peu le jeu avec probablement les ambiances les plus contemplatives voire planantes de l'album. Le reste est un pilonnage des sens quasi continu et ne laisse que peu de place pour respirer, attendez-vous donc à un album intense et sans pitié. Globalement, c'est assez classique pour ce style de black atmosphérique, on retrouve tous les éléments que l'on peut entendre chez les autres représentants de cette scène mais c'est suffisamment bien fait et honnête pour que "Livslede" se fraie un chemin jusqu'à vos oreilles. La durée de quarante-cinq minutes permet d'ailleurs de ne pas trop s'étendre et évite le risque de surcharger la musique du groupe. Il y a quelque chose de majestueux dans les mélodies et les ambiances que le groupe déploie sur ce nouvel album, ce qui n'est pas étonnant sachant l'attachement que montrent la plupart des groupes de cette scène à la nature. Si ce n'est pas ici que vous trouverez de l'originalité, vous pouvez par contre être sûrs de tomber sur un bon album dans le genre et l'intensité dont fait preuve Sunken sur ce nouvel album constitue un point supplémentaire qui pourra le démarquer de ses contemporains.

Un deuxième album qui suit les traces de "Departure" avec un black atmosphérique et rageur qui paraîtra certes assez classique mais qui délivre des ambiances prenantes et une intensité indéniable. Il n'y a donc pas de raison de bouder "Livslede" d'autant que l'on sent la sincérité de la démarche et que la composition est suffisamment maîtrisée pour que ces quarante-cinq minutes restent percutantes.

Sunken est un groupe de black metal atmosphérique danois fondé en 2012. Le groupe base son concept sur l’océan... et je comprends pourquoi. Le pays est, en effet, assez plat et il est facile de deviner la raison pour laquelle c’est l’océan qui devient le grand symbole de la nature danoise. Non, non, je ne tacle pas le Danemark, j’adore le Danemark ! Je crois que c’est le moment de prendre la poudre d’escampette avant de m’enfoncer encore plus. Reveons à Sunken et à sa musique.

Je ne vais pas tourner autour du pot bien longtemps. Sunken a tout pour me plaire. Du black atmosphérique scandinave, c’est quasiment comme si j’avais été destinée à écouter ce groupe. Et le destin ne saurait mentir, j’ai adoré cet album. Sunken nous présente ici un album foutrement réjouissant. Il débute sur "A Solemn Initiation", une courte introduction où les bruits des vagues nous invitent à nous laisser porter. Image mentale : il est 6h du matin, le jour n’est pas levé, et la plage est recouverte par le brouillard. Laissez-moi imaginer des choses en paix, malotrus. L’enchaînement avec "Void" se fait naturellement. Le rythme s’intensifie, et on assiste à une véritable montée en puissance de la part de Sunken. C’est aussi l’occasion d’être confronté à la longueur des titres. Sunken a misé sur de longues envolées, presque lyriques, mais ce mode de fonctionnement peut avoir un défaut : la lassitude. Les rythmes peuvent ainsi se répéter, et perdre l’auditeur en cours de route. Je le dis tout de suite : ça n’a pas été mon cas. J’étais littéralement scotchée, et je voulais savoir comment cela allait se terminer. Techniquement, le groupe ne fait pas franchement dans l’originalité. On a pleinement conscience d’écouter du black atmosphérique. Pourtant, je me suis laissée emporter par les compositions. "Sunken" est lancinant. Les vocaux nous transperçent littéralement, et on a pas un moment de répit. Ambiance : crime monstrueux sur la plage. On retrouve cette agressivité sur "Departure" qui ne relâche pas la pression une seule seconde. L’ambiance est juste monstrueuse, et le final en devient presque émouvant. Mais le titre phare de cet album est à mon sens "In The Cold Embrace Of The Waves". Il est difficile de le décrire car il est à la fois attendu de par sa construction assez traditionnelle au genre, mais aussi inattendu. Il y a une telle profondeur dans ce titre, une telle intensité... c’est juste beau, en fait.

Sunken prouve donc une nouvelle fois que je suis un public acquis à certaines formules. Le groupe a su viser exactement là où je voulais, et j’en suis forcément très satisfaite. Avec le recul, je pense que l’album ne plaira pas à tout le monde. Les longueurs des titres pourront en rebuter certains, qui soutiendront que des versions plus courtes auraient été tout aussi biens. Peut-être ? Personnellement, je ne le pense pas. J’ai apprécié de pouvoir savourer tranquillement les compositions, et de me laisser porter par l’océan danois. Encore un groupe qui va se retrouver dans ma playlist pour les après-midi pluvieuses et déprimantes. Je suis joie, et je le dis sans ironie !