Le groupe
Biographie :

Formé en 1981 à Venice (Californie), Suicidal Tendencies est mené par le chanteur Mike Muir. Suicidal Tendencies s'apparente au hardcore mais aussi au funk metal, avec un don particulier pour générer un bordel musical très punk dans l'esprit. La formation de Suicidal Tendencies est particulièrement instable, ce qui n'empêche pas le combo de sortir des albums qui sont des références du genre. "Sucidal Tendencies" (1983), "How Will I Laugh Tomorrow When I Can't Even Smile Today" (1988), "Lights...Camera...Revolution!" (1990), et "The Art Of Rebellion" (1992) figurent au panthéon de ces années. Mike Muir s'investit aussi dans Infectious Grooves et se produit en tant que Cyco Miko, surtout après la séparation de Suicidal Tendencie en 1995. Le retour du groupe en 1997 n'est pas couronné de succès avec "Freedumb" (1999) et "Free Your Soul And Save My Mind" (2000). Suicidal Tendencies sort un nouvel album en 2013, treize ans après son dernier essai en date. Après avoir écumé l'Europe et les deux continents américains, le groupe sort son nouvel album, "World Gone Mad", le 30 Septembre 2016. En Septembre 2018, Suicidal Tendencies sort "Still Cyco Punk After All These Years" 35 ans après le premier album éponyme et 25 ans après "Still Cyco After All These Years".

Discographie :

1983 : "Sucidal Tendencies"
1987 : "Join The Army"
1988 : "How Will I Laugh Tomorrow When I Can't Even Smile Today"
1989 : "Controlled By Hatred/Feel Like Shit...Déjà Vu"
1990 : "Lights...Camera...Revolution!"
1992 : "The Art Of Rebellion"
1994 : "Suicidal For Life"
1999 : "Freedumb"
2000 : "Free Your Soul And Save My Mind"
2013 : "13"
2016 : "World Gone Mad"
2018 : "Get Your Fight On!" (EP)
2018 : "Still Cyco Punk After All These Years"


Les chroniques


"Still Cyco Punk After All These Years"
Note : NotSoSuicycoAfterAllTheseYears/20

Alors il y a de cela quelques mois, en Mars pour être précis, Suicidal Tendencies (ou SxTx, ou encore ST, c’est comme vous voulez) nous gratifiait d’un EP de dix titres. Enfin, dix pistes, devrais-je plutôt dire, car on ne peut pas vraiment dire que "Get Your Fight On!", puisque c’est son nom, nous offrait dix vraies nouvelles compositions. Entre trois reprises et quatre versions du même morceau que l’on retrouvait déjà sur "World Gone Mad", l’ensemble avait de quoi nous laisser fort peu emballés… Mais la bonne nouvelle, puisqu’il en fallait quand même bien une, c’est que cet EP était annoncé comme le préambule d’un nouvel album, le treizième, pour le groupe de Venice, Californie. En voilà une occasion de se racheter après un EP peu convaincant, non ? Eh bien, en fait… Non, pas vraiment. Car, comme en début d’année, ST ne nous offre ici rien d’autre que du réchauffé, avec… un album de réenregistrements, cuvée 2018. Voilà. Mais bon, voyons un petit peu ce que nous réserve cet album.

Son nom ? "Still Cyco Punk After All These Years" (pour des raisons de simplicité, je me limiterai aux trois premiers mots pour le reste de la chronique). Ça vous dit quelque chose ? Attendez, vous n’êtes pas au bout de vos surprises, et croyez-moi, elles ne seront pas forcément agréables… Car oui, en 1993, Suicidal Tendencies sortait "Still Cyco After All These Years" (vous noterez l’effort d’originalité, on est presque au niveau de “Load” et “ReLoad”), déjà un album “compilation” avec des réenregistrements de morceaux du groupe. Du coup, on va encore avoir droit à de nouvelles versions de "War Inside My Head" et "Institutionalized", en plus pêchu, avec Dave Lombardo à la batterie ? Comment ça, “pas du tout” ? Pas un réenregistrement d’un album de ST ? Eh bien non, mes bons ! "Still Cyco Punk" est en fait une version 2018 de l’album "Lost My Brain! (Once Again)", premier fait d’arme de la carrière solo du chanteur Mike Muir sous son pseudonyme Cyco Miko. Eh oui, on tombe si bas que ça… Et donc pour résumer, le nouvel album de Suicidal Tendencies est en fait le réenregistrement d’un album de son chanteur à qui on a donné le nom d’une compilation de Suicidal Tendencies. On est d’accord, on ne peut pas dire qu’ils se soient foulés…

Et le pire dans tout cela, c’est que j’exagère à peine. "Still Cyco Punk", c’est "Lost My Brain!" avec un morceau en moins (mais qu’on retrouve sur "Get Your Fight On!"), et un autre à peine retravaillé niveau musique et réécrit entièrement côté paroles. Ah et la tracklist n’est pas tout à fait dans le même ordre, non plus. Pas de quoi sauter au plafond donc, si ce n’est de frustration, de colère. Bah oui, Suicidal Tendencies c’est quelque chose quand même, merde ! "Institutionalized", "War Inside my Head", "You Can’t Bring Me Down", ça a de la gueule, ça envoie du lourd, ils ont permis au groupe de s’imposer et sont encore aujourd’hui des incontournables sur scène. Même "Suicidal For Life", considéré comme un de leurs albums les moins bons a une saveur toute particulière chez moi. Certes, ce n’est pas la première fois que ST opte pour la solution de facilité avec un réenregistrement d’album, voyez "Controlled By Hatred/Feel Like Shit", "Still Cyco After All These Years" ou "No Mercy Fool!/The Suicidal Family". Mais là, on en est quand même à deux déceptions de la part du groupe en 2018, surtout que ce "Still Cyco Punk" avait été annoncé comme un nouvel album, et qu’on se retrouve en fait avec du Cyco Miko réchauffé…

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, d’ailleurs : c’est quoi, du Cyco Miko ? En gros, on peut résumer ça à du sous-ST, pas assez bon pour intégrer une tracklist de Suicidal Tendencies, pas du tout assez funky pour tomber chez Infectious Grooves, Mike Muir en fait son projet solo. Je schématise, évidemment. Mais vous pigez un peu le principe. Incompréhensible, donc, cette décision du groupe de proposer une version 2018 de "Lost My Brain! (Once Again)", mais c’est bien ce à quoi nous sommes confrontés en cette période de rentrée… D’ailleurs, parlons-en quand même un peu de ce "Still Cyco Punk", puisque tout le monde ne connaît pas forcément l’album d’origine. Je ne reviendrai pas sur "Nothin’ To Lose", l’un de ses rares bons morceaux, puisque vous pouvez déjà en retrouver mon avis dans la chronique de "Get Your Fight On!", sur lequel il apparaissait déjà. Pour l’accompagner et en terminer sur les titres intéressants, je recommande fortement l’écoute de "Ain’t Gonna Get Me" et "All I Ever Get", tous deux excellents, à tendance punk hardcore qui, pour le coup, nous rappelle fortement Suicidal, et qui auraient vraiment mérité de se retrouver dès le départ sur un album du groupe, tellement ils tranchent en qualité avec le reste. C’est juste dommage de devoir attendre les dernières pistes pour enfin entendre de la bonne musique...

Et à part ces trois titres ? Pour ma part, rien à retenir, rien à garder. Alors on a bien "Gonna Be Alright" qui tente l’originalité, avec un riff d’intro, qu’on retrouve aussi plus tard dans le morceau, vraiment sympa et différent, mais le morceau retombe bien vite dans la monotonie et les travers du reste de l’album. On peut également mentionner "It’s Always Something", au début prometteur, mais dont les choeurs d’enfants gâchent absolument tout. Rappelez-vous quand vos dents ont grincé à l’écoute de "Who We Are" de Machine Head sur "Unto The Locust"... Eh bien là c’est pareil ! Et voilà, c’est tout pour les mentions honorables de ce "Still Cyco Punk". Ça en fait, des trucs à oublier et jeter… Il y a bien quelques solos de guitare complètement foufous, qui tentent d’emballer les morceaux, comme sur "All Kinda Crazy", "Sippin’ From The Insanitea" (la fameuse réécriture de "Cyco Miko Wants You", et donc le morceau le plus inédit) ou "Lost My Brain… Once Again" (single en 1996 et pourtant, à mon sens, un très mauvais titre), mais ils semblent tous se ressembler et sentent rapidement le réchauffé une fois qu’on entend le deuxième. Cela illustre d’ailleurs bien un des problèmes de l’album, peut-être même le principal, en fait : sur "Still Cyco Punk", tout se ressemble et sent le déjà-vu… ou le déjà-entendu, si je puis dire. Pas ou très peu d’originalité, les mêmes riffs du début à la fin. On peut le dire, à de très rares exceptions près, on s’emmerde…

Et, encore une fois, ça me fait mal de dire ça et ça me peine de descendre Suicidal Tendencies, un groupe que j’affectionne plutôt particulièrement. Surtout quand on sait le potentiel des musiciens. On ne va pas revenir sur la carrière de Dave Lombardo, je pense que tout le monde ou presque connaît le bonhomme pour son travail chez Slayer, Grip Inc., Testament, Fantômas et autres. Toujours solide et convaincant, il fait encore aujourd’hui de l’excellent boulot derrière les fûts de SxTx, dans un style sûrement plus punk qu’à l’accoutumée, mais son excellente frappe a trouvé une place parfaite dans la rythmique énergique et percutante du groupe. Et puisqu’on parle de rythmique, il faut à nouveau souligner l’excellent jeu de basse de Ra Diaz, que j’avais déjà encensé dans ma chronique de "Get Your Fight On!", dont il était l’un des tout rares points très positifs (vous pouvez d’ailleurs retrouver sur la chaîne YouTube du groupe, une vidéo de la version “bass only” du titre éponyme, un vrai délice pour les amateurs de l’instrument), et qui nous fait ici, une fois de plus, une démonstration de son immense talent. Preuve, s’il en fallait, que le gaillard n’a vraiment pas volé sa place dans ce groupe qui a toujours fait la part belle aux bassistes.

Si ce duo basse / batterie est probablement, et de très loin, ce qu’il y a de plus convaincant sur "Still Cyco Punk", il ne suffit cependant pas à empêcher le navire Suicidal Tendencies de prendre l’eau. Rien que la présence de titres comme "I Love Destruction", "F.U.B.A.R.", ou "Save A Peace For Me" et ses mélodies de guitare rappelant les heures les plus sombres et “Americaniennes” d’Offspring, suffit à faire soupirer et secouer la tête, et ce ne sont pas trois bons morceaux qui pourront tirer tout le reste vers le haut. Le résultat global est beaucoup trop mou et gentillet pour nous emballer, même si certains passages laissent présager du bon pour la suite. Malgré tout ça, je refuse de croire que le groupe va couler. Si on peut s’interroger sur la motivation de nos Californiens, sur ce qu’ils cherchent à faire, sur leur démarche, a priori éloignée des considérations de profit au regard de l’album choisi, il est indéniable que Suicidal a la rage, la hargne, et ne lâche jamais rien. Ils sont là depuis 1980 ! Il y a forcément un moment où les talents qui composent le groupe vont se réveiller, s’associer, résulter en quelque chose de mieux que ce qu’ils ont pu proposer en cette année 2018. Moi, en tout cas, j’attends ce moment avec impatience…


Nico
Septembre 2018




"Get Your Fight On!"
Note : CeQuiEstCycoMaisPasTop/20

Vous aviez ressorti vos bandanas il y a quelques semaines pour la sortie du (très bon) dernier album de Locomuerte ? Alors ne les rangez pas tout de suite, les gars, ils vont vous servir à nouveau ! Alors non, on ne va pas parler d’un nouveau disque de Renaud ou Patrick Bruel, désolé. Bien au contraire, on va parler aujourd’hui des véritables papas du bandana, j’ai bien évidemment nommé Suicidal Tendencies ! Eh oui, après les albums "13" en 2013 et "World Gone Mad" en 2016, il semblerait que la bande de Venice, Californie, soit prête à oublier ce long break de près d’une quinzaine d’années sans aucune sortie originale et à repartir sur un rythme plus classique. Une bonne nouvelle, a priori ! Parce que bon, ST, ça remonte à loin quand même. 1981 pour être exact. Et ils en ont sorti, des trucs. Et ils en ont brassé, du monde. Alors, des compilations et des best of, ça va bien 5 minutes, mais quand ça dure toute la première décennie des années 2000, on commence à trouver le temps long. Un EP, qui nous intéresse aujourd’hui, et un album en 2018 ? On prend ! Enfin, en partie…

Oui car, malheureusement, autant le dire tout de suite, "Get Your Fight On!" n’est pas tout à fait ce qu’on pourrait appeler une totale réussite… En même temps, avant même de l’écouter on peut déjà deviner qu’un truc va sentir mauvais. 10 titres : deux réenregistrements de morceaux sortis en 1996, une reprise, quatre versions alternatives de la même piste… pour seulement quatre vrais "nouveaux" titres, donc. Ca sent un peu le remplissage facile, pour moi, tout ça. Mais tout comme on ne juge pas un livre à sa couverture, on ne chronique pas un EP en se contentant de lire sa tracklist. Alors au final, une fois qu’on a écouté ce "Get Your Fight On!", qu’est-ce qu’on peut en dire ?

J’ai parlé de réenregistrements un peu plus tôt. En effet, Suicidal Tendencies nous propose ici des versions 2018 des titres "Nothing To Lose" et "Ain’t Mess’n Around", sortis en 1996 sur l’album solo du charismatique chanteur / frontman Mike Muir, "Lost My Brain! (Once Again)". Ces deux morceaux représentent en fait bien cet EP : si le premier est très bon, rythmé, dans cette veine punk / thrash / hardcore si chère à la "bande à Cyco Miko", le second est… d’un ennuyant ! Et je n’exagère même pas ! Un chant plat, une musique mièvre… Sans mentir, j’ai bien évidemment écouté l’EP plusieurs fois, eh bien j’ai passé cette reprise quasiment à chaque fois. Et c’est ce qui caractérise parfaitement ST sur ce "Get Your Fight On!". Quand ils produisent quelque chose de bien, c’est immédiatement contrebalancé par quelque chose qui ne peut provoquer chez nous qu’un sentiment de déception.. Un autre exemple avec du neuf ? "Get United" et "iAuthority". Deux morceaux plutôt originaux pour nos Californiens, plus posés, basés sur des couplets presque exclusivement rythmiques et un phrasé qui tire vers ce qui peut se faire dans le hip-hop. Une fois de plus, le premier est très réussi, surprenant, rythmé et il fait vraiment plaisir à écouter. "iAuthority" ? Un échec. Plus ou moins la même recette, à base de couplets plus calmes et de refrains qui dénotent, mais qui ici a raté. Si "Get United" avait le mérite de parfois rappeler le côté un peu fou de Suicidal Tendencies, et de trancher l’ambiance générale du morceau avec ses refrains plus punk, sur "iAuthority", ça tranche toujours autant, mais façon "Butterfly" de Crazy Town. Ca fait mal, je vous assure. Même musique édulcorée, même message façon ado révolté, et même bilan fade que pour "Ain’t Mess’n Around". Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer ?

Pourtant, rien n’a changé depuis "World Gone Mad", il y a deux ans. Même si cet album n’était pas non plus transcendant, il n’en restait pas moins très réussi. Les membres du groupe sont toujours les mêmes, et on sait qu’ils sont capables de faire de la qualité. D’ailleurs, je ne suis peut-être pas très objectif sur ce coup, mais je me dois d’accorder une mention spéciale à Ra Diaz : ce type est incroyablement talentueux, a un groove de malade, un jeu au doigt qui déchire, et c’est un digne successeur de la longue lignée de bassistes hors normes que Suicidal Tendencies a connue depuis sa création. J’ai été véritablement bluffé par cette basse du début à la fin (c’est bien le seul truc qui m’a bluffé à ce point sur l’EP…), et évidemment en particulier sur "Get Your Bass On!", mais on y reviendra plus tard. Ca faisait longtemps que je n’avais pas écouté un album avec des lignes de basse d’une telle qualité. Et puisqu’on parle de qualité, j’en profite pour aborder l’excellente reprise du "I Got A Right" de The Stooges, fidèle à l’originale et assaisonnée comme il faut à la sauce californienne, ainsi qu’à mon sens le meilleur titre de l’EP, "S.E.D.", pour "Systematic Emotional Destruction". Ce titre est une véritable pépite au milieu du reste, c’est une tuerie. Et c’est presque exclusivement à travers ces deux pistes qu’on retrouve du VRAI Suicidal Tendencies dans nos oreilles : un groove énorme, une bonne dose de folie, un Mike Muir au top de sa forme, les riffs endiablés d’un Dean Pleasants enfin réveillé après les deux pistes ratées, et une batterie abusant frénétiquement de la caisse claire. Pour rappel, c’est quand même Monsieur Dave Lombardo (Slayer ou Grip Inc., pour ne citer qu’eux) qu’on retrouve désormais derrière les fûts du quintet californien. Alors, si on est loin de ce dont le batteur est capable, son jeu s’adapte parfaitement au style plus punk du groupe, pour notre plus grand plaisir !

En guise de conclusion, Suicidal nous offre pas moins de quatre itérations du même morceau, le titre éponyme "Get Your Fight On!", chacune avec ses propres caractéristiques : le titre dans sa version LP (celui à venir cet été, a priori), dans une version acoustique plutôt réussie, et dans deux versions instrumentales "Get Your Bass On!" et "Get Your Shred On!" faisant chacune la part belle, réciproquement à la basse et à la guitare. Alors oui, c’est toujours bien de pouvoir découvrir une nouvelle facette d’un groupe, et c’est très honorable de mettre autant en avant les musiciens, surtout quand ceux-ci ont du talent (surtout à la basse, je vous en avais parlé ?), mais quand le titre de départ n’est déjà pas foncièrement mémorable, bien que relativement bon tout de même, a-t-on vraiment envie de l’écouter quatre fois d’affilée ? Non. C’est d’ailleurs presque les versions "alternatives" que j’ai préféré écouter, même si à mon sens tout cela était très dispensable sur cet EP (sur un EP dédié exclusivement au titre "Get Your Fight On!", à la rigueur, ou en bonus sur l’album à venir, pourquoi pas, mais pas ici).

Alors, quand on fait le bilan, ça donne quoi ? Eh bien, quatre morceaux vraiment très bons (et surtout deux d’entre eux), un qu’on ne prend pas de réel déplaisir à écouter (vous noterez les pincettes…), et cinq pistes dont on aurait pu, au mieux pour certaines, se passer. Pas vraiment très positif tout ça. Et pourtant… Eh bien même si, pris dans son ensemble, "Get Your Fight On!" ne laisse pas à première écoute un souvenir impérissable ni ne provoque beaucoup mieux qu’un gros "mouais" fort peu convaincu, on ne peut pas le qualifier de “mauvais”. Parce qu’il y a du bon là-dedans ! Du très bon, même ! Mais pas assez pour en faire un incontournable, une référence, ni pour se détacher du reste qui parfois le tire vers le fond. Ceci dit, les SxTx sont restés très timides, très prudents sur les nouveautés proposées en ce début d’année. Alors plutôt que de tirer des conclusions trop hâtives, le plus sage est de sélectionner méticuleusement les pistes réussies de cet EP (le tri sera vite fait, vous verrez), d’oublier le reste, et d’attendre avec une grande impatience la sortie de l’album cet été. En croisant les doigts pour qu’on ait droit, cette fois, à du vrai Suicidal Tendencies… Avec un peu plus de thrash ? Siouplait ?


Nico
Avril 2018




"World Gone Mad"
Note : 17/20

Visiblement, les différents changements de line-up n’arrêtent pas Mike Muir ! Suicidal Tendencies est donc de retour avec un nouvel album, pour la plus grande joie de la fan que je suis.

"Clap Like Ozzy" ouvre l’album et rien à redire c’est du 100% ST ! Riffs accrocheurs, solos endiablés, basse / batterie au poil et un Mike Muir toujours aussi énergique. "The New Degeneration" rentre plus dans le lard, avec une grosse rythmique thrash et des salves de double pédale qui poutrent bien comme il faut (Merci Monsieur Lombardo). "Living For Life" démarre sur une intro calme et trompeuse qui débouche sur un titre très énergique. On notera les bons gros breaks de batterie qui dynamisent un peu plus le tout. La fin rejoint l’intro calme et permet une bonne transition avec le morceau suivant, "Get You Fight On!", plus posé dans sa première partie et qui met un bon coup de boost par la suite. Nous voici au titre éponyme de l’album, dans un style plus rock et lancinant mais non moins entraînant, avec un refrain qui donne envie de remuer du postérieur, une bière à la main. Vient ensuite "Happy Never After" qui propose une ambiance plus sombre et lourde, à l’ancienne. L’efficacité est encore et toujours au rendez-vous et lorsque le morceau semble un peu sombrer dans la redondance, on est surpris par une fausse fin qui débouche sur une dernière partie énervée qui fait évoluer le tout.

C’est avec une envolée de caisse claire que démarre "One Finger Salute", un titre avec une pointe de mélancolie dans l’air, comme ST sait bien le faire. On enchaîne avec "Damage Control" qui commence de manière assez lente et posée avant de s’énerver bien comme il faut, avec un couple batterie / basse qui poutre et des guitares qui déboîtent. Un de mes morceaux préférés de l’album. "The Struggle Is Real" revient à du ST plus "classique" mais n’en demeure pas moins d’une efficacité redoutable, tandis que "Still Dying To Live" opère dans un registre plus calme, avec une ambiance planante qui s’énerve en fin de morceau (le titre dure quand même un peu plus de 7 minutes !). L’album se clôture sur "This World", une ballade à la ST, qui fait la part belle à la mélodie, le tout dans un registre progressif.

De toute évidence, Suicidal Tendencies est toujours bien présent et n’a rien perdu de sa verve ! "World Gone Mad" est un album qui ravira les fans et donnera sans doute envie aux petits jeunes de découvrir les classiques du groupe !


So Faya
Juin 2017




"13"
Note : 16/20

Depuis "Free Your Soul And Save My Mind" on attendait en vain un nouvel opus du groupe phare de la scène punk hardcore / thrash de Venice, Suicidal Tendencies. 13 ans plus tard il arrive enfin, marquant leurs 30 années de carrière et également le départ de Mike Clark, qui a quitté la formation pour se consacrer à  Waking The Dead (qui accompagnera d’ailleurs Suicidal Tendencies sur sa tournée américaine). ST opère donc un retour très attendu avec ce nouvel album. Voyons voir ce que ce "13" a dans le ventre !

Ça commence par "Shake It Out"  un morceau énergique qui donne envie de sauter partout en faisant gicler de la bière. Riffs efficaces avec un côté léger et ultra festif. Comme l’indique le "Suicidal’s back", scandé le long du morceau, les ST sont de retour et visiblement avec toujours autant d’énergie. Le morceau suivant "Smash It", opère un changement de registre : du gros riff punk thrash à la ST, une batterie énergique et le chant énervé de Mike Muir. Puis s’en suit la pêchue "This Ain’t A Celebration", suivie de "God Only Know Who I Am" : Intro calme et planante, c’est le morceau frais et aérien  de l’album, celui qui fait penser à l’été.

L’une des particularité / force du groupe est la capacité de Mike Muir à nous pondre des gimmicks qui restent en tête. C’est le cas avec "Make Your Stand" et son "Stand up with conviction, give your demons an eviction" qui en revigorera plus d’un. De plus, la ligne de basse est un vrai régal ! S’en suit "Who’s Afraid" avec un ton plus sombre. Des riffs lourds et Dean Pleasants qui fait crier sa guitare, on n’en attend pas moins d’un morceau de ST. "Show Some Love… Tear It Down" est un titre qui risque d’en laisser certains perplexes à la première écoute, de par sa construction en montagnes russes : ça s’énerve et ça se calme jusqu’à l’explosion finale. Mais on s’y fait rapidement. Vient ensuite le premier extrait de ce nouvel album, "Cyco Style", le genre de morceau taillé pour mettre le feu en live et dont le : "We don’t mosh, we fucking slam" sera sûrement scandé par la foule. "Slam City" est clairement le morceau déroutant de se "13", avec sa structure à suspense. Ce que je veux dire par là, c’est qu’à la première écoute on peut ressentir une certaine frustration, ne sachant pas trop à quoi s’attendre au long du morceau. Mais comme pour "Show Some Love…Tear It Down", plusieurs écoutes effacent cette sensation et on peut alors apprécier le morceau à sa juste valeur.

"Till My Last Breath" s’ouvre sur une intro calme et mélodique, puis on voit enfin apparaître un bon gros slap de derrière les fagots. Ça groove, et ça fait plaisir ! Le titre suivant, "Living The Fight" n’a rien de transcendant mais reste tout de même un morceau plaisant à la sauce ST. Un peu de calme pour l’avant-dernier morceau, "Life (Can’t Live With It, Can’t Live Without It)" qui est un petit bijou du genre. On oscille entre groove (ah, cette basse et cette touche funky qui font plaisir !) et ambiance mélancolique, le tout sur un format progressif qui a quelque chose de planant. L’album se termine sur "My World", une ballade (mais une ballade à la ST, hein !) qui décolle à la moitié du morceau. Un peu léger pour clôturer un album, mais l’intensité finale sauve le tout.

D’un point d’écoute globale, ce "13" est une bonne surprise et signe un retour réussi des Suicidal Tendencies, qui nous livrent un album dans la continuité de leurs précédents opus. J’entends d’ici certains puristes dire que ST sans Rocky George ça n’allait déjà plus, sans Trujillo n’en parlons pas et que sans Mike Clark ST n’est plus du tout ST. Quand un groupe de cette trempe continue à être productif, il y a toujours des fans pour revendiquer "le bon vieux temps". A ceux-là, je répondrai que ST est toujours ST malgré les changements de line-up. La personnalité du groupe reste Mike Muir, et jusqu’ici il a toujours su s’entourer de musiciens talentueux qui se sont parfaitement incorporés à l’univers Suicidal. Il y a très peu de groupes qui envoient autant le bois après 30 ans de carrière ! Cet album est donc, je trouve, un album digne de ST qui fera sans doute plaisir aux inconditionnels Cycos, toutes générations confondues.


So Faya
Avril 2013


Conclusion
Le site officiel : www.suicidaltendencies.com