Le groupe
Biographie :

Suffocation est un groupe américain formé en 1988 à Long Island, New York, par le chanteur Frank Mullen, le bassiste Josh Barohn, les guitaristes Guy Marchais et Todd German, et l'ami de Barohn à la batterie. Les guitaristes Terrance Hobbs et Doug Cerrito, ainsi que le batteur Mike Smith, anciens membres du groupe local Mortuary séparé à cette même période, rejoignent Suffocation et forment le nouveau line-up Mullen, Hobbs, Smith, Cerrito et Barohn. Le premier EP du groupe, "Human Waste", est commercialisé par Relapse Records en 1991. Le premier album studio, "Effigy Of The Forgotten", est enregistré par le producteur Scott Burns, au Morrisound Studio de Tampa et distribué chez Roadrunner Records la même année. L'album devient l'une des principales influences de la scène metal extrême. Leur second album, "Breeding The Spawn" est commercialisé en 1993, Smith quitte le groupe et est remplacé par Doug Bohn. Leur album suivant, "Pierced From Within", considéré mieux produit que le précédent, est publié en 1995. En 1998, Suffocation sort l'EP "Despise The Sun" via Vulture Records et se sépare peu après. Mullen et Hobbs reforment le groupe en 2002 avec Smith, Marchais et Derek Boyer des groupes Deeds Of Flesh et Decrepit Birth à la basse. En Avril 2004, Relapse Records fait paraître "Souls To Deny". Suffocation sort ensuite son album éponyme, "Suffocation", en 2006. En 2008, le groupe signe chez le label allemand Nuclear Blast et sort l'album "Blood Oath" en 2009. En Février 2012, Mike Smith quitte encore le groupe et est remplacé par Dave Culross. En Septembre 2012, Suffocation annonce la parution d'un septième album, "Pinnacle Of Bedlam", commercialisé par la suite le 15 Février 2013. Depuis la sortie de cet album, le chanteur Frank Mullen a décidé de réduire sa participation aux tournées du groupe. Il est de ce fait régulièrement remplacé par d'autres musiciens comme Bill Robinson (Decrepit Birth), John Gallagher (Dying Fetus), puis, le batteur de Disgorge Ricky Myers. En Juin 2017, l'album "...Of The Dark Light" sort chez Nuclear Blast. Il est suivi d'une tournée d'adieu de Frank Mullen, finalement remplacé par Rick Myers. En 2023, l'album "Hymns From The Apocrypha" sort en Novembre.

Discographie :

1991 : "Human Waste" (EP)
1991 : "Effigy Of The Forgotten"
1993 : "Breeding The Spawn"
1995 : "Pierced From Within"
1998 : "Despise The Sun" (EP)
2004 : "Souls To Deny"
2006 : "Suffocation"
2009 : "Blood Oath"
2013 : "Pinnacle Of Bedlam"
2017 : "...Of The Dark Light"
2023 : "Hymns From The Apocrypha"


Les chroniques


"Hymns From The Apocrypha"
Note : 19/20

Suffocation n’a rien perdu de sa toute-puissance. Depuis 1988 et malgré une courte pause entre 1998 et 2002, le groupe mené à présent par Terrance Hobbs (guitare, Castrofate, ex-Criminal Element), Derek Boyer (basse, ex-Criminal Element, ex-Decrepit Birth, ex-Disgorge, ex-Dying Fetus…), Eric Morotti (batterie, Castrofate, ex-Killitorous), Charlie Errigo (guitare, The Merciless Concept, ex-Pyrexia) et Ricky Myers (chant, Cinerary, Disgorge, Sarcolytic) est reconnu comme l’un des meilleurs groupes de brutal / technical death metal. En 2023, ils annoncent la sortie d’"Hymns From The Apocrypha", leur neuvième album studio, qui est le premier sans leur vocaliste emblématique, Frank Mullen.

Dès "Hymns From The Apocrypha", le premier titre, le groupe frappe incroyablement fort avec une rythmique massive, des hurlements féroces et surtout un mix absolument parfait qui rend chaque instrument audible. La basse claquante, le blast, le chant et les guitares tranchantes savent parfaitement ralentir pour créer des passages étouffants avant d’accélérer à nouveau pour laisser le solo exploser, puis le groupe revient à sa vitesse de croisière en nous menant à "Perpetual Deception" qui profite de patterns saccadés pour placer ses furieuses pointes de technicité. Le groupe surprendra avec une seconde de temps mort, mais les frappes déferlent à nouveau très vite sur nous, notamment avec le break final apocalyptique qui ne s’arrêtera que lorsque "Dim Veil Of Obscurity" et ses influences old school travaillées prendra la suite. La guitare lead entêtante pioche ses influences dans un heavy motivant, créant un véritable contraste avec la base surpuissante qui nous écrase jusqu’à ce hurlement final avant de nous lâcher sur "Immortal Execration" qui adopte une atmosphère assez majestueuse pour délivrer sa lourdeur, avant de laisser les musiciens repartir à pleine vitesse. Les leads ressortent à nouveau du mix, offrant un rythme différent à ce monolithe de violence qui va une fois de plus nous souffler avec sa mosh part finale, avant que "Seraphim Enslavement", le premier titre dévoilé, ne frappe à son tour.

Outre le clip vidéo aux allures de jugement dernier, cette composition reste très solide et alterne également les passages écrasants avec des moments de haute complexité, tout comme le fera "Descendants" qui intègre aisément des éléments dissonants et inquiétants tout au long du morceau. On notera également l’approche martiale très agressive du groupe, qui ne ralentit la cadence que pour frapper encore plus fort et plus lourdement, laissant le rôle principal au solo déchirant avant d’enchaîner avec "Embrace The Suffering" qui n’est clairement pas le morceau le plus calme et qui n’hésite pas à mêler ses riffs enflammés aux vociférations monstrueuses ainsi qu’au rouleau compresseur qu’est la batterie. "Delusions Of Mortality", le titre le plus court, ne perd pas une seule seconde pour déverser toute sa fureur, avec une fois de plus une originalité du côté du solo pendant que la rythmique nous martèle en permanence, avant de laisser "Ignorant Deprivation" clore l’album de la même manière qu’il a commencé, laissant la violence brute de chaque instrument rencontrer des patterns travaillés et sombres dans un seul et unique but : l’annihilation totale, comme il l’était déjà trente ans plus tôt sur "Breeding The Spawn".

Ce nouvel album de Suffocation était très attendu au sein de la scène death metal, toutes branches confondues. Sans surprise, il ne faudra que très peu de temps avant qu’"Hymns From The Apocrypha" n’apparaisse dans tous les tops de l’année, tant cet album est violent et minutieux.


Matthieu
Novembre 2023




"...Of The Dark Light"
Note : 17,5/20

Je cherchais depuis quelques minutes une phrase pour vous présenter Suffocation, et en fait j'ai arrêté. Pourquoi ? Parce que si vous avez une fois dans votre vie écouté du death metal, le nom ne vous est pas inconnu. Qu'on aime ou qu'on aime pas, le groupe new-yorkais règne sur le monde du death technique depuis 1988. Même leur pause de 1998 à 2002 n'a pas entaché leur réputation ! Frank Mullen (chant, seul membre d'origine) s'est rapidement entouré de Terrence Hobbs (guitare, également présent dans Criminal Elements et Deprecated) en 1990, mais le line-up a subi énormément de changements. En 2004, le poste de bassiste est pris par Derek Boyer (jouant aussi avec Criminal Element, Deprecated, ex-Decrepit Birth, ex-Deeds of Flesh, ex-Disgorge, ex-Dying Fetus, ex-Vital Remains), et c'est en 2016 que les places de batteur et de deuxième guitaristes sont attribués respectivement au jeune Eric Morotti (Killotorous) et à Charlie Errigo (The Merciless Concept, ex-Pyrexia, ex-Internal Bleeding). Huit albums et deux EPs au total, c'est pour nous présenter "...Of The Dark Light" que Suffocation revient distribuer ses bûches. J'espère que vous avez la nuque solide...

L'album commence avec le titre le plus violent et entraînant qu'il contient : "Clarity Through Deprivation". On retrouve alors les blasts sur des riffs assassins et variés, mais surtout le growl caverneux de Frank Mullen. Ecoutez-moi ce refrain... Le son si lourd et caractéristique de Suffocation n'a absolument pas pâti du changement de line-up, et il en est de même pour "The Warmth Within The Dark". Ce deuxième morceau confirme largement ce que je vous disais : Suffocation est de retour pour de bon ! "Your Last Breaths" se veut quelque peu plus atmosphérique que d'habitude, mais qu'importe ! La technicité est la, la basse se distingue clairement des autres instruments et c'est un plaisir d'entendre de nouveaux titres du combo de Long Island ! Une arrivée lointaine pour "Return To The Abyss" qui prendra de l'ampleur après un break bien senti pour un solo dantesque, alors que "The Violation" viendra nettoyer une fosse trop compacte. Le titre n'a absolument aucun temps mort, et les moshers risquent de s'en donner à coeur joie. Le mix est d'excellente qualité, ce qui permet encore une fois d'entendre distinctement chaque instrument, ce qui apporte un vrai plus. Nouveau brûlot technique, le titre éponyme qu'est "Of The Dark Light" fera son effet auprès des fans de son plutôt moderne. Bien qu'uniforme avec le reste de l'album, il semble que ce titre soit un peu différent des autres. On repart sur les chapeaux de roues avec "Some Things Should Be Left Alone" et ses blasts dévastateurs, alors que la rythmique semble se simplifier un peu tout en restant très efficace, tandis que "Caught Between Two Worlds" ralentira le tempo pour se permettre de jouer sur les harmoniques. Le dernier titre de l'album, "Epitaph Of The Credulous", fera rebasculer les fans de la première heure des années auparavant. La basse est clairement mise en avant sur cette composition, qui est littéralement un monstre de technicité. Même si le titre ralentit vers la moitié, il reste d'une technicité imparable. Vous fantasmiez sur les vidéos des enfants prodiges ? Eh bien écoutez Suffocation et réévaluez vos critères.

Convaincus ? Ah pardon, vous l'étiez déjà... Dès le premier extrait, les critiques négatives ont commencé à pleuvoir car Suffocation ose innover un peu tout en gardant les racines qui les ont fait connaître. J'ai attendu avec difficulté d'avoir l'album entier pour juger de quoi que ce soit, et je ne suis clairement pas déçu... Le Motocultor est votre prochaine scène française, et vous m'y verrez !


Matthieu
Juin 2017




"Pinnacle Of Bedlam"
Note : 15/20

Oreilles chastes, fuyez… Les pionniers du brutal death sont de retour avec leur septième album en vingt-trois ans de carrière sans compter une multitude de EPs et démos. Le brutal death est peut-être le genre le plus difficile à chroniquer, tant les "surprises" sont peut nombreuses et le couillu semble tomber aux oubliettes ; à l’exception de formations comme Cerebral Bore, Aborted ou encore Benighted qui réussissent à apporter le second souffle dont le genre à besoin.

Suffocation, en qualité de précurseurs, se revendiquent des Cannibal Corpse, Krisiun et autre Dying Fetus ; une œuvre sans concession, aussi douloureuse qu’un uppercut mal placé, à l’image d’"Human Waste", la référence des New Yorkais. Qu’importe si le combo a splitté au début des années 2000, qu’importe si l’album de la reformation a déçu, Frank Mullen et son gang ont persévéré jusqu’à ce "Pinnacle Of Bedlam", prouvant s’il le fallait, que la voix du mythique frontman est loin d’être aussi fatiguée que celle d’un CorpseGrinder ; rien que pour ça l’objet mérite une attention toute particulière.

Blast à mort, riffs linéaires et acérés, gutturaux intra pulmonaires, refrain réduit au minimum mais technique hyper chiadée incluant des saccades et variantes rythmiques et vous obtenez le produit type du New York Death Metal. Pas de doute, Suffocation est de retour, quatre ans après "Blood Oath", album imparfait mais annonciateur d’un renouveau dont l’accouchement s’est produit début 2013. Tout comme "Cycles Of Suffering", "Purgatorial Punishment" s’inscrit dans la ligne directrice artistique que le combo s’est fixée, ouvrant sur une petite mélodie qui n’est pas sans faire penser aux Contes de la Crypte, couplée à des accélérations foudroyantes. "Eminent Wrath" et son long solo de guitare, minimaliste pourrait-on dire, débouche sur un débit sonore où une double caisse frénétique apporte une évolution dans la violence sonore bien pensée dans les trois premiers titres de l’album ; même constat pour "As Grace Descends". "Sullen Days" et son intro très calme, harmonieuse, déraille petit à petit sur une explosion de riffs graves, particulièrement pêchus, d’une massivité qui fait plaisir à entendre. Le sixième titre éponyme est assez intéressant par son côté folie furieuse maîtrisée, à l’ambiance théâtrale, tant les variations brutales sont nombreuses et partent dans tous les sens ; "My Demise" et "Inversion" sont en revanche assez convenus et n’apportent que peu de choses à l’album, contrairement à "Rapture Of Revocation" dont le mid tempo et le phrasé très articulé, apporte au côté martial de la compo. Avalanche sonore pour conclure, "Beginning Of Sorrow" et sa démonstration technique de solos speed, alternance blast / mid tempo, saccades, cut et autres joyeusetés.

"Pinnacle Of Bedlam" n’est peut être pas le chef d’œuvre qu’auraient souhaité les fans les plus hardcore de Suffocation, mais la qualité n’en est pas pour autant absente. Ceux qui découvrent en auront pour leur argent, les vieux de la vieille verront en cet opus, le grand retour d’un groupe référence.


Braindead
Février 2013


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/suffocation