Le groupe
Biographie :

Strynn existe, avec le line-up actuel, depuis début 2011. Le groupe joue un black metal old-school et froid. Il se compose de deux guitaristes Anadrark et Dwimorberg, d'un batteur, Obscurisis. Le chant est assuré en alternance par Anadrark et Dwimorberg. L’absence de basse est un choix. Un split avec Galvauder (black metal experimental) est sorti en Avril 2012. Le premier album nommé "Decadence" a été enregistré et mixé à la fin de l'été 2012 à Echoes Studio (Charente Martime) puis masterisé à Ubik Mastering (Bordeaux), il est sorti en Avril 2013.

Discographie :

2012 : Split avec Galvauder
2013 : "Decadence"


La chronique


Le black metal... musique extrême qui, en faisant un raccourci sans doute provocateur, a toujours été "réservée" à une espèce d'élite misanthrope qui rejette toute sorte de communication, pour ne rester que dans sa froideur et dans son exsangue et profonde noirceur (vous y verrez ici un oxymore volontaire...), mais qui au final en vient à se servir malgré tout de ces outils de communication qui sont à sa portée... Je pense à ce que pouvait colporter Dark Throne à l'époque, les old Mayhem bien sûr aussi, en omettant volontairement toute l'incommensurable avalanche de groupes qui suivit dans le début des années 90's pour former une chaîne de plus dans les montagnes norvégiennes et tout au moins scandinaves, tellement on croulait sous les démos...

C'est ce qui m'a interpellé lors de la découverte de Strynn. Ce trio bordelais composé d'un batteur, et de deux guitaristes chanteurs (euse, vu qu'il n'y en a qu'une) possédait les caractéristiques en tous les cas en surface, du groupe girondin Torgeist (en tant que rendu d'image), et peut être aussi des Black Legions, certes avec des connotations en moins... Tout n'étant qu'interprétation subjective évidemment, mais je parle aussi de cette froideur qui va de pair avec beaucoup d'amateurs de black metal. Que nenni, on peut également aimer, jouer, pratiquer du black metal et savoir s'exposer finalement pour demander à un public éventuel, (un public qui sera capté par la musique old school de Strynn, tout en permettant un lien de communication), ce qu'il en pense... D'où cette chronique aujourd'hui...

Eh bien nous voici donc face à un album de black metal. Un black metal qui ne viendra pas effleurer ne serait-ce qu'une demi seconde, des choses plus symphoniques comme Limbonic Art, un black metal qui n'ira pas non plus se fourvoyer dans la brutalité d'un Marduk ou d'un Dark Funeral, mais plutôt un black metal qui conserve un aspect underground, noir et sombre... Je veux dire par là, que mêmes les adeptes d'un Gorgoroth ou d'un Belphegor ne trouveront pas en Strynn ce qu'ils sont venus chercher. Il faudra plus farfouiller vers les contrées des Suédois de Ancient Wisdom de l'époque de"For Snow Covered The Northland" (sorti en 1996) à qui on aurait enlevé leur côté atmosphérique presque mélodique, mixé avec du Ancient période "Det Glemte Riket" et du Dark Throne (entre "Under..." et "Panzerfaust") question ambiance, sons de guitares et profondeur, avec parfois cette morbidité typiquement Carpathian Forest (pour ceux qui se rappellent encore de "Through Chasm Caves And Titan Woods") sur une production différente. Et ça nous amène alors dans le monde de Strynn, dans ce premier album de quarante trois minutes et onze titres.

Un album enregistré et mixé au Echoes Studio par Raphaël Henry (oui je sais je cite encore une fois des noms... comprendra qui saura), en digipack d'où sans doute une volonté de bien mettre en avant l'artwork et le design réalisé par Rachel M Kong, un artwork qui rappelle un peu l'imagerie qu'avait utilisé le groupe polonais Kohort sur leur demo de 1994 "Megiddo Eve". Strynn n'innove pas (et pour celui qui écoute autre chose que son propre groupe, on sait bien que la scène metal tous styles confondus, n'innove vraiment plus trop depuis bien longtemps...) mais le groupe sait exactement de quoi il parle quand il joue ses morceaux. Il suffit juste de bien le faire... et Strynn y arrive.

"Awakening", instrumental au riff malfaisant tient bien son rôle d'ouverture en installant cette atmosphère old school black, jouant sur une ambiance malsaine pour imposer son linceul musical à l'auditeur. Et de plus en étant plus curieux, on s'aperçoit que Strynn va chercher une petite mélodie ténébreuse derrière cet aspect purement black metal. C'est ce qui ressortira sur les différents titres de l'album, un côté guerrier dans les mélodies avec "Burial" ou encore "Uncreation" qui me rappelle quelque part, le clavier en moins, les styles de guitares fantômatiques du groupe The Oath sur "End Of The Lines" ou " Orgasm", en début de morceau notamment, avec toujours cette intention underground. Strynn fait du black metal, sans étiquette, c'est certainement ce qui est sa force. Le groupe présente une musique qui repose sur toutes les choses sur lesquelles les groupes de black norvégiens des années 90 se sont basés : la froideur, une façade primaire mais une profondeur lugubre et hargneuse. Et finalement c'est ce qu'on demande.

Ce sont les accélérations noires telles que sur "Emptiness" ou également ces atmosphères "dégeulasses" comme sur "Despair" qui font entre autres de cet album quelque chose d'intéressant. On y va toujours de notre préférence sur un album et ici mon choix s'est porté sur "Arsonist", un titre en deux temps qui propose une facette plus dépressive et mélancolique en première partie pour terminer sur du black primaire pur avec une batterie dont les cymbales ont été vraiment mises en avant en deuxième partie. Globalement oui, c'est la Norvège qui prédomine sur cet album, et Strynn en ferait presque une sorte d'hommage, maintenant à charge de celui qui écoute d'arriver à en déceler l'essence...


Arch Gros Barbare
Novembre 2013


Conclusion
Note : 14,3/20

L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.strynn.eu