"Enigma Opera Black"
Note : 18/20
Sans narcissisme aucun, il semble que mes guitaristes de référence aient décidé de me faire plaisir, cette année ! Bon, avec davantage d’exactitude, je dirais plutôt que "mes guitaristes de référence ont décidé de se faire plaisir, à mon plus grand bonheur !". Ceux qui me connaissent savent déjà que les démonstrations techniques, impressionnantes mais sans saveur particulière, m’ennuient à la vitesse d’un grand V. Quel que soit le niveau d’un véritable artiste, celui-ci sera, à mon humble avis, toujours à même de privilégier la personnalité et les émotions sur les aptitudes pratiques. C’est pour cette raison, entre autres, que "The Shadows Compendium" m’avait tant impressionnée, il y a trois ans.
Accompagné une fois de plus de Kévin Codfert (claviers), Franck Hermanny (basse), ainsi que de Morgan Berthet (batterie), Stéphan Forté nous présente aujourd’hui "Enigma Opera Black", sorti via son propre label : Zeta Nemesis. La bonne nouvelle, c’est que les amateurs de guitare qui n’auraient peut-être pas apprécié le disque précédent ont toutes les raisons du monde de se pencher sur le petit nouveau, vu les efforts de créativité déployés. Vous reconnaîtrez bien entendu le style particulier du guitariste et ses nombreux visages, ainsi que ses atmosphères sombres et théâtrales.
Ce qui m’a davantage surprise, c’est cet aspect résolument moderne, aux rythmiques saccadées et aux inspirations très marquées par l’electro / indus. Dualité, à mes yeux, très intéressante avec les mélodies aériennes et le ‘background’ néoclassique.
Bien entendu, les invités prestigieux ne manquent pas à l’appel. J’ai nommé, cette fois : Marty Friedman, Andy James, Marco Sfogli et Paul Wardingham. Si chacun d’entre eux apportent une touche résolument personnelle au titre sur lequel ils apparaissent, ma contribution favorite est sans doute celle de Marty Friedman, qui offre avec délectation ses élégantes mélodies à "Zeta Nemesis".
Les idées ne manquent pas ; la variété de l’album le prouve. Ainsi, entre des morceaux ultra modernes comme "Enigma Black Opera" et "Sector A: UNDEAD", nous retrouvons le céleste "Entering Sigma Scopii", ou encore "Praying Lord Bhairava At The Foot Of Mount Kailash", mystérieux et dramatique. Le tout accompagné de quelques touches d’une beauté onirique ("Pure"). Vous l’aurez aisément compris : il y en a pour tous les goûts !
Stéphan Forté a décidément plus d’un tour dans son sac, et une imagination débordante, comme le prouve ce deuxième album solo tant attendu ! Une fois de plus, le seul et unique sentiment à ne pas pointer le bout de son nez lors de l’écoute, c’est la déception.
"The Shadows Compendium"
Note : 18/20
Qui pourrait encore actuellement prétendre méconnaître le nom de Stéphan Forté ? "Virtuose", "présent pour le meilleur", "ambitieux", "tour de force" et j’en passe ; les superlatifs et les compliments semblent bien souvent manquer lorsqu’il s’agit de parler de son travail, que ce soit avec son groupe ou de manière plus personnelle. Et c’est de cette-dernière dont il sera ici question, puisque, une fois n’est pas coutume, ce n’est pas avec Adagio que Stéphan revient au devant de la scène ! Ce n’était un secret pour personne : le guitariste parle depuis déjà longtemps de cette volonté de créer son album solo. C’est aujourd’hui chose faite avec "The Shadows Compendium".
Pour se faire, en plus de collaborer avec Kévin Codfert et Franck Hermanny –ses comparses d’Adagio, pour ceux qui ne suivent pas, Stéphan s’est entouré de musiciens prestigieux comme Glen Drover (Megadeth), Jeff Loomis (Nevermore), Mattias IA Eklundh (Freak Kitchen) –dont on a déjà pu entendre l’apport sur "De Praestigiis Daemonum" début Septembre, et j’en passe ! Tout le monde l’aura compris : rien de tel pour qu’un disque miroite de mille et unes belles promesses ! Mais comme nous connaissons déjà les capacités indéniables de Monsieur Forté, l’impatience prend très nettement le pas sur l’inquiétude, qui, elle, frise l’inexistant. Et à raison ! Les beaux programmes, c’est super ; lorsque le résultat dépasse les espérances, ça l’est encore mieux ! Et cette prouesse, "The Shadows Compendium" l’accomplit !
A la fois singulièrement facile d’accès et extraordinairement complexe, ce premier album solo intrigue, surprend, séduit, plaît si rapidement que ça en semble insensé. Quoi que, après tout, lorsque la qualité est indiscutable, il est on ne peut plus normal d’en profiter autant que possible ! Je ne suis pas connue comme une adepte de technique pure ; j’ai, au contraire, plutôt tendance à me lasser des soli à répétition, des déluges de notes qui ressemblent à de la démonstration gratuite sans aucune autre utilité. Le fait est que je n’ai jamais au grand jamais ressenti ce genre de sentiment lorsqu’il s’agissait de Stéphan Forté : c’était même la première fois dans ma vie qu’une palette aussi large d’émotion me traversait en écoutant jouer un guitariste !
Une fois de plus, le virtuose –pour reprendre les mots déjà tant utilisés, mais ô combien mérités !- nous livre un travail non pas démonstratif (loin, très loin de là !), mais particulièrement personnel et affectif, voguant entre le profondément mélancolique, les sentiers clairement obscurs et le plus éthéré, souvent proche de l’onirique. De plus, on sent aisément que les quelques invités présents ont chacun utilisé leurs nombreuses qualités à bon escient, tant leur contribution reflète leur personnalité, dont les compositions tirent forcément profit ! Parlons en plus de cela du très fameux échange piano / guitare, encore une fois de mise avec grande réussite, et plus particulièrement sur ce "Prophecies Of Loki XXI" ! Il était attendu, cet album ! Maintenant qu’est arrivée l’heure de sa sortie, son géniteur peut véritablement être fier de la tâche accomplie !
Il n’est jamais facile de poser des mots sur des ressentis avec exactitude, c’est un fait. Cet exercice s’est révélé être encore plus périlleux que d’habitude cette fois-ci ; c’est pourquoi je vous demande, presque naturellement, de vous procurer "The Shadows Compendium" en toute urgence ! N’hésitez pas l’ombre d’une minute : vous ne regretterez pas le voyage ! Du grand art, maestro ! Du grand art !
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