Un groupe trés surprenant que celui-ci ! Le mélange brutal et mélodique n’est pas à la portée de tout le monde. La technicité des compos pourrait en laisser plus d’un sur le bord de la route pour attendre le train suivant. En tant que gros curieux, je monte dans le wagon de tête car je tiens à résoudre l’énigme de SOR dans les plus bref délais, car je ne pense pas que ce soit le colonel Moutarde, avec le chandelier, qui ait tué mademoiselle Rose dans la bibliothèque cette fois-ci. Le paysage futuriste défile devant mes yeux, la musique qui résonne dans ce wagon de tête me fait perdre pied, quelques nappes de claviers prennent le dessus, un peu trop parfois.

Techniquement envoûtant, "Defiling The Spectrum" me plonge dans un labyrinthe de riffs, de solos et de plans musicaux. J’ai envie de tirer l’arrêt d’urgence pour redescendre aussi sec, j’ai déjà le crâne en feu après ce premier épisode. Je me cramponne à l’unique barre du wagon sans sièges afin de gérer la montée épileptique qui s'insinue en moi. "Casting Ruin" continue sur les rails tracés par le morceau d’ouverture. J’ai l’impression d’étre dans une montée hallucinatoire car la musique est à multiples niveaux, avec parfois une impression que certains plans ne s’emboîtent pas vraiment, que le mode d’emploi pour appréhender le disque n’est pas à jour. J’appelle ça du twisting death metal tellement les compos sont alambiquées, limite élitistes et qu’il faut être un réel musicien pour comprendre toute la technicité que requiert la composition d’un album comme celui-ci. Vraiment pas facile d’accès, je poursuis néanmoins le voyage, car c’est un style que le Cryptopsy actuel expérimente à un degré moins poussé. Musicalement, c’est simplement une grosse réussite, le batteur doit avoir un niveau de dingue et une santé de fer pour parfaire les exigences d’un tel style. Il n’y a pas moyen de décrire plus en profondeur une galette aussi dense sans en oublier la moitié en cours de route. Solace Of Requiem, qui officiait dans un brutal death "technique" assez typique, a cette fois-ci gravi une marche supplémentaire dans la "déformation" musicale de ses compos. Par contre, sur un morceau comme "Wading Into Mire", les premiers amours refont surface, délaissant un peu le côté "bombardement de plans musicaux" à la Nile. La seconde partie de l’album est un peu comme "Wading Into Mire", les compos s’allègent un peu, le train musical du groupe en a terminé avec les virages à répétition et fonce tout droit. Je me sens mieux, j’écoute, médusé, passionné, les 5 morceaux restants.

SOR vient de sortir sans l’ombre d’un doute son meilleur album, sa pièce maîtresse. Le train ralentit, je vais descendre du wagon, extrêmement satisfait d’avoir pu écouter et résisté aux assauts techniques de Solace Of Requiem. L’album a besoin de plusieurs écoutes tellement il est précis et gorgé de détails. Décidement, 2014 est l’année des excellents groupes qui osent afficher leur créativité. Pas facile d’accès au début car il faut se préparer à un voyage où mélodies et violences absolues seront au rendez-vous.