Le groupe
Biographie :

Skepticism est un groupe de doom metal finlandais. Formé en 1991, ils sont considérés comme les pionniers du sous-genre du doom metal appelé funeral doom metal. Débutant avec un son de death metal sur son premier enregistrement, Skepticism se développa rapidement son propre son, une combinaison de doom metal lent et de death metal avec une grande utilisation de claviers, en particulier de l'orgue. Ce style fut représenté pour la première fois sur leur démo "Aeothe Kaear" en 1994, qui, bien que lente, était toujours plus rapide que leurs albums suivants. Leur premier album, "Stormcrowfleet", poussa ce style un peu plus loin, en étant constitué de six pistes longues et lentes d'une durée moyenne d'environ dix minutes. "The Process Of Farmakon", en 2002, puis "Farmakon", en 2003, illustrent une petite évolution par rapport au style précédent, en introduisant des éléments de dissonance et d'expérimentation. Après quelques années d'absence, Skepticism annonce en 2013, l'arrivée d'un nouvel album pour 2014. Svart Records, leur nouveau label, annonce une sortie internationale de l'album, intitulé "Ordeal", pour le 18 Septembre 2015. Six ans plus tard, "Companion" sort en Septembre 2021.

Discographie :

1995 : "Stormcrowfleet"
1997 : "Ethere" (EP)
1998 : "Lead And Aether"
1999 : "Aes" (EP)
2002 : "The Process Of Farmakon" (EP)
2003 : "Farmakon"
2008 : "Alloy"
2015 : "Ordeal"
2021 : "Companion"


Les chroniques


"Companion"
Note : 15/20

On n'avait plus eu de nouvelles de Skepeticism depuis "Ordeal" sorti en 2015 et enregistré en live, il était donc temps pour les Finlandais de revenir avec "Companion", leur nouvel album studio cette fois-ci. Le délai entre ces deux albums est toutefois assez classique pour ces vétérans et pionniers du funeral doom mais ça fait quand même plaisir d'avoir du neuf à mettre dans les oreilles.

Si le premier album "Stormcrowfleet" est cultissime et s'était déjà fait un nom à l'époque de sa sortie, j'étais pour ma part passé à côté et ne suis monté dans le train qu'avec la sortie de "Lead And Aether", convaincu par le monstreux "The March And The Stream". Si "Ordeal" a pu en surprendre certains et pas forcément dans le bon sens avec son format particulier d'album enregistré directement devant un public, "Companion" revient à un enregistrement standard en studio et poursuit dans la veine que suit Skepticism depuis maintenant quelques années. En gros, son funeral doom est toujours soutenu par ce fameux orgue et par cette batterie aux allures de percussions qui ont contribué à forger l'identité du groupe mais avec une approche un peu plus mélodique, accrocheuse entre gros guillemets. Sans être devenu facile d'accès, le groupe a mis de l'eau dans son vin depuis "Alloy" et permet à quelques rayons de lumière et à quelques structures plus conventionnelles de s'incruster dans la noirceur rampante habituelle. Là encore ça en a probablement emmerdé certains mais Skepticism a fait le choix d'évoluer ne serait-ce que légèrement parce que mine de rien son approche très monolithique et presque rituelle dans ses ambiances aurait pu bien vite se répéter. Pourtant, il n'y a vraiment pas de quoi s'inquiéter puisque même si les mélodies se font un peu plus de place, le groupe reste toujours aussi terrifiant et écrasant. "Calla" qui ouvre l'album se fait justement plus mélodique, un peu plus lumineux et plus structuré mais cette approche plus directe lui permet de développer des ambiances bien plus dramatiques. C'est avec "The Intertwined" que le groupe nous refait entendre des passages plus noirs et inquiétants, toujours entrecoupés d'autres plus lumineux et mélodiques.

Les claviers eux aussi se font plus variés et ne se limitent plus à l'orgue depuis quelques albums, un orgue que l'on entend ici sur l'introduction de "The March Of The Four" qui est probablement le morceau de "Companion" le plus proche de l'ancien répertoire de Skepticism. On y retrouve ce rythme très lent, rampant, aux allures de procession ou de marche funèbre. Un des points forts de ce nouvel album se trouve justement dans le fait qu'il fait une synthèse de tout ce qu'est Skepticism, on y entend autant d'éléments récents que de relents des premiers albums. Le funeral monolithique, écrasant et terrifiant, y côtoie le doom plus mélodique et plus accessible et finit par former une symbiose toute dédiée à l'expression de ces émotions dépressives que le groupe nous a toujours transmis. La beauté des mélodies et des ambiances est encore renforcée et si celles-ci se font maintenant plus immédiates et accessibles, elles ne perdent rien de leur puissance d'évocation. Comme pour les deux précédents albums, tout le monde ne s'y retrouvera pas forcément et certains resteront sur l'ancien visage du groupe, mais personne ne pourra reprocher à Skepticism d'avoir trahi quoique ce soit tant sa personnalité finit toujours par s'imposer quoi qu'il fasse. Une fois de plus, il aura fallu attendre près de sept ans pour avoir un nouvel album mais l'attente en valait la chandelle. On se retrouve bien vite comme à la maison tant les éléments qui constituent la patte particulière du groupe sont reconnaissables et "Companion" n'a aucune peine à déployer ses ambiances majestueusement noires. Quarante-huit minutes au compteur mais comme d'habitude l'impression d'être tombé dans une faille spatio-temporelle quand on se rend compte que l'album est terminé.

En bref, Skepticism fait ce qu'il sait faire de mieux et continue sur la voie un peu plus mélodique qu'il s'est tracé depuis "Alloy" sans jamais oublier ses anciennes ambiances terrifiantes, noires et écrasantes. Une synthèse de ce que le groupe peut proposer et un surtout un nouvel album qui laisse entendre une beauté froide toujours aussi saisssante.


Murderworks
Décembre 2021




"Ordeal"
Note : 11/20

On continue en cette rentrée très doom (My Dying Bride, Ahab, Draconian….) avec le nouvel album très attendu de Skepticism. Oui, l’un des groupes pionniers du funeral doom revient après son excellent dernier album datant tout de même de 2008, "Aloy", avec "Ordeal" qui n’a rien de commun. Rien de commun car il a été enregistré dans des conditions de live avant un concert.

Cet “opus” contient donc 8 nouveaux titres complétement exclusifs mais avec une qualité sonore de live… Et autant vous dire que c’est dérangeant. Lorsqu’on découvre de nouveaux titres d’un groupe, on aime les analyser, se concentrer totalement pour être dedans. Et là, disons que c’est vraiment difficile de savoir ce que vaut les morceaux tellement le son et le mix des instruments entre eux (surtout le chant) sont loin d’être parfaits. Ce n’est pas désastreux, c’est une prise "live" donc forcément on ne peut pas avoir le meme rendu qu’un enregistrement en studio.

L’idée est originale mais on ne peut pas dire qu’elle soit bonne. Les morceaux manquent cruellement de texture, de profondeur, de peaufinage, d’émotion. Cet opus n’a donc aucun impact avec des titres qui perdent sans doute de leur réelle valeur tellement il est dur de se focaliser dessus et de vivre l'écoute à 100% ! Du coup, forcément, surtout pour du funeral doom, cela devient vite long et ennuyeux, à l'image de "Closing Music", "The Departure" ou encore "You". Certains sont plus intéressants comme l’hypnotique "March Incomplete" ou "Momentary".

On est bien frustré après l’écoute de cet album qui aurait mérité une qualité studio avant peut-être d’en faire un live. C’est dommage, on aurait aimé pouvoir s’immerger à fond dedans mais là... c’est compromis. Après des années d’absence, c’est un peu décevant car on se lasse vite, et la musique qui devrait être si prenante ne l’est justement pas.


Nymphadora
Octobre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.skepticism.fi