"Fragments Of The Ageless"
Note : 18/20
Skeletal Remains se bonifie avec le temps. Créé en 2011 sous le nom d’Anthropophagy,
le groupe américain mené par Chris Monroy (chant / guitare) et Mike De La O (guitare),
rejoint depuis peu par Pierce Williams (batterie, Ænigmatum, ex-Torture Rack) et Brian
Rush (basse, Ænigmatum, Empyrean Fire, ex-Mountain Grave…) annonce en 2024 la
sortie de "Fragments Of The Ageless", son nouvel album, chez Century Media Records.
"Relentless Appetite" est le premier titre à frapper, laissant sa rythmique saccadée accueillir
des vociférations sauvages sous une véritable pluie massive de double pédale et de blast
vif. L’ajout des leads torturés est tout aussi naturel qu’agressif, témoignant de la volonté du
groupe de nous piétiner avant de laisser place à "Cybernetic Harvest" et à son approche plus
complexe qui mêle des riffs solides avec une technicité assumée, n’hésitant tout de même
pas à se montrer plus simple et lourde par moments. La vitesse décroît légèrement avec
l’introduction de "To Conquer The Devout", mais les vagues de puissance brute refont
rapidement surface pour nous assommer régulièrement tout en empruntant quelques
influences plus sombres pour se parer de mystère, contrastant avec les sonorités old
school directes. "Forever In Sufferance" convoque toute la puissance de leur death metal
pour déverser une rythmique emplie de rage, mais le groupe compte aussi sur des patterns
groovy et accrocheurs pour placer des leads tranchants avant de revenir à une approche
hachée et effrénée sur "Verminous Embodiment", la composition suivante, où les
harmoniques se montrent particulièrement présentes et vindicatives.
Les musiciens
marquent un court moment de pause avec "Ceremony Of Impiety", l’interlude angoissant que
le piano parvient à adoucir tout en le rendant très mystérieux, mais l’ouragan reprend dès
les premières notes de "Void Of Despair", qui renoue immédiatement avec les tonalités
hostiles lancées à toute allure. On retrouvera également des leads stridents pour
accompagner l’agression, puis une introduction fédératrice sur "Unmerciful", la plus longue
composition où la lourdeur règne dans la rythmique accrocheuse qui ne faiblit pas, même
lorsque les guitares imposent des mélodies plus ou moins abrasives. L’album aboutit
finalement à "…Evocation (The Rebirth)", une instrumentale travaillée où les riffs efficaces
changent régulièrement d’allure tout en incluant des leads sombres, élargissant à nouveau
les influences de la formation.
"Fragments Of The Ageless" montre sans mal que le death metal est avant tout une question
de puissance, laissant Skeletal Remains coupler ses rythmiques massives à des parties
lead énergiques et des hurlements furieux. Une excellente leçon !
"The Entombment Of Chaos"
Note : 18/20
Les prolifiques Skeletal Remains sont déjà de retour avec un quatrième album. Depuis
2011 (sous le nom d’Anthropophagy), Chris Monroy (guitare / chant, ex- Fueled By Fire)
mène le groupe, et pour "The Entombment Of Chaos", le groupe renoue avec Mike De La O
(guitare, Morfin), et accueille Noah Young (basse, ex-Warbringer). A noter que Charlie
Koryn (Ascended Dead, Funebrarum, VoidCeremony, ex-Ghoulgotha) a enregistré la
batterie, et que c’est le légendaire Dan Seagrave (Benediction, Decrepit Birth,
Devourment, Dismember, Entombed, Ingested…) qui s’est chargé du visuel morbide.
L’album démarre par "Cosmic Chasm", une introduction aux sonorités planantes et morbides,
qui n’annonce que du bon. Et en effet, "Illusive Divinity" confirme que le groupe reste ancré
dans un death old school, avec le mix impeccable de Dan Swanö. Les leads ressortent à
merveille sans empiéter sur la rythmique imposante ou le chant caverneux, comme pour la
massive "Congragation Of Flesh". On sent clairement que ces riffs putrides n’ont qu’un seul
but : ouvrir en deux une fosse de metalheads déjà prêts à l’assaut, que ce soit en festival ou
dans une petite salle. Le groupe enchaîne sans ménagement avec "Synthetic Impulse", un
titre qui lorgne parfois vers le thrash metal et son énergie tout en gardant l’aspect putride du
death old school. Les hurlement se retrouvent parfois doublés de choeurs saturés du plus
bel effet, et les rares pauses ne servent qu’à accélérer par la suite. A nouveau quelques
parties lead mélodiques effrayantes, et on passe à "Tombs Of Chaos". Ces harmoniques
death metal raviront à la fois ceux qui ont découvert le style avec les pionniers, comme les
nouveaux venus amateurs des groupes plus récents.
"Enshrined In Agony" vient nous offrir une pause bien méritée grâce à un son planant sombre
et inquiétant avant un hurlement lointain qui annonce "Dissecstasy". La composition repart
dans un death metal massif bien qu’un peu mélodique, mais toujours gras et puissant. Déjà
très agressif, le chant se retrouve à nouveau doublé de choeurs hurlés, révélant toute sa
saveur. On continue dans la violence pure avec "Torturous Ways Of Obliteration", un titre un
poil moins rapide mais qui conserve cet aspect massif d’un mur de lames tranchantes qui
s’abat sur nous sans relâche. L’ambiance d’"Eternal Hatred" fond progressivement sur nous
avant de nous lacérer à nouveau, profitant du son des palm-mutes groovy et dissonants pour
nous écraser de plus en plus. La fin de l’album se dessine avec "Unfurling The Casket", qui
renoue avec les racines old school de la formation et des leads angoissants avant une
rythmique aussi grasse et intransigeante que bourrée de leads comme à leur habitude.
Dernier morceau, "Stench Of Paradise Burning" ralentit le tempo afin de nous enfoncer une
dernière fois dans les riffs putrides de la formation avant que le son ne cesse. Il subsiste une
seule envie en nous : rejouer l’album.
Une fois de plus, Skeletal Remains réaffirme sa place d’étoile montante du death metal.
"The Entombment Of Chaos" reprend les bases du death metal et les expose au grand jour
avec virtuosité, rage et détermination. Assurément l’une de leur meilleures sorties.
"Devouring Mortality"
Note : 17/20
Amis amateurs des premiers balbutiements du death metal, nous voilà réunis pour le nouvel
album de Skeletal Remains ! Créé en 2011, le combo américain composé depuis les
débuts de Chris Monroy (guitare / chant), Adrian Obregon (guitare) et Adrius Marquez
(basse) accueille Johnny Valles à la batterie. Si leur premier nom était Anthopophagy, leur
son n’a que très peu changé depuis les premiers riffs. Un premier album en 2012, suivi du
deuxième en 2015 qui leur fera faire une tournée de festivals en 2015/2016, et les
Américains composent pour "Devouring Mortality", un album illustré par Dan Seagrave. Oui,
rien que ça.
On commence sur "Ripperology" et ses riffs qui mettront tout le monde d’accord. Si la
production n’a rien à envier aux dernières sorties du style, le death metal du groupe est à la
fois moderne et antique. Que ce soit lors des refrains plutôt accrocheurs ou des couplets qui
font honneur aux pionniers, le titre n’a pas d’âge. Et ce n’est pas le solo qui mène à "Seismic
Abyss" qui me contredira. D’ailleurs, ce second titre a également un excellent potentiel,
même si le tempo accélère un peu. Johnny passe du blast à la double pédale avec une
facilité déconcertante pendant que ses comparses alignent leurs parties sans sourciller.
"Catastrophic Retribution" me rappelle les débuts du death metal, lorsque les groupes
commençaient à se diversifier en deux branches distinctes : brutal death et death
technique. Piochant à nouveau dans les deux styles, "Devouring Mortality" ne laissera aucun
répit à notre nuque, avec une puissance rarement égalée depuis quelques années.
A l’image de son titre, "Torture Labyrinth" est une pièce qui joue avant tout sur l’aspect technique
que le groupe est capable d’avancer sans pour autant perdre en qualité sur le reste. La
violence est omniprésente, mais ce n’est rien à côté de "Grotesque Creation", où j’ai
l’impression d’entendre du Cannibal Corpse avec une voix différente. Le groupe n’hésite
pas à diversifier un peu sa base, mais tout en restant sur ce qu’on fait les maîtres. On repart
sur des influences thrash avec "Parasistic Horrors" et ses harmoniques destructrices. Vous
aurez envie de headbanguer avant que le titre ne passe la moitié de sa durée, c’est une
certitude !
Toujours pas convaincus ? Alors je vous propose d’écouter "Mortal Decimation", le titre suivant.
Une voix hurlée comme on en fait plus depuis des années, des riffs motivants au possible…
Ce titre a tout pour flirter avec l’excellence ! Un titre instrumental avec "Lifeless Manifestation"
qui nous envoie une rythmique plus que correcte en pleine face avant d’enchaîner sur
"Reanimating Pathogen". Une inspiration directe des papes du death metal leur permet de
placer autant de parties lead que de rythmiques puissantes et lourdes. Le dernier titre,
"Internal Detestation" nous achèvera avec des riffs qui auraient pu être composés il y a vingt
ans, mais qui sont toujours aussi efficaces, surtout lorsqu’ils sont parsemés de guitare lead.
Vous pensiez que le death metal était mort ? Eh bien vous avez tout faux. Le death metal
est bien vivant, et il n’hésite pas à envoyer un son gras et moderne pour convaincre.
S’inspirant de Death, Cannibal Corpse et Obituary, Skeletal Remains nous livre un
album carré au possible qui ne nous permet plus d’hésiter à propos du futur de la scène. Les
Américains sont malheureusement trop peu connus à mon goût, et leur passage au Hellfest
2016 était beaucoup trop court !
"Condemned To Misery"
Note : 13/20
Éternel débat que celui du old school VS new school... Même si l'on peut très bien aimer les deux, on a toujours une petite préférence pour l'un ou l'autre. Personnellement, même si en matière de hardcore j'ai clairement opté pour le old school, je dois dire que j'ai encore du mal à effectuer ce choix pour le death. Aujourd'hui, Skeletal Remains débarque avec un second album, dans la droite lignée du premier : 100% old school death metal !
Ce jeune groupe, à l'origine intitulé Anthopophagy (2011), a décidé de nous replonger dans le début des années 90, à l'époque des groupes comme Death, Obituary ou encore Morbid Angel. On retrouve ce même côté "enregistré dans une cave", à l'arrache, voire parfois basique du death. Clairement, je dois avouer que j'ai du mal. Je n'ai jamais trop accroché à ce style de death, bien trop linéaire, voire mou à certains moments, comme en témoignent les interminables passages instrumentaux de ce "Condemned To Misery". 8 morceaux qui durent parfois plus de 5 minutes et qui peinent souvent à se lancer, ça n'est pas franchement transcendant.
Pour autant, on ne saurait reprocher à Skeletal Remains un quelconque manque de talent. Malgré une voix sûrement (volontairement ?) trop black caverneuse, les riffs restent corrects et travaillés. Nul doute que les purs fans de death quadragénaires y trouveront leur bonheur. Ces Américains ont dû grandir avec dans les oreilles les premiers albums de Deicide ou Cannibal Corpse, tout en caressant l'espoir de reproduire ce même type de son et d'ambiance sombre. Sans s'acharner sur une technicité à outrance, ni même la moindre brutalité auditive, "Condemned To Misery" s'écoute sans problème, mais plutôt comme une sorte d'hommage à une période déchue.
À l'inverse de la pochette ultra colorée de cet album, le résultat n'est ni grossier, ni tape-à-l'oeil. Les vieux de la vieille se délecteront sans amertume de cet album rempli de nostalgie, qui sent bon les racines. Pour d'autres, comme moi, il s'agira juste d'une production correcte, qui apparaît toutefois trop archaïque pour faire partie d'une collection d'incontournables. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas.