Le groupe
Biographie :

Initié par Fred Leclercq, bassiste de DragonForce, Sinsaenum est un groupe de metal extrême. Rassemblés autour de leur passion commune pour les origines du black et du death metal, Joey Jordison (Vimic, ex-Slipknot), Attila Csihar (Mayhem, Sunn O)))), Stéphane Buriez (Loudblast), Sean Z (ex-Chimaira), Heimoth (Seth) et Fred Leclercq sortent leur premier album "Echoes Of The Tortured" dans le courant de l'année 2016 chez earMusic. Le deuxième album, "Repulsion For Humanity", sort en Août 2018, toujours chez earMusic.

Discographie :

2016 : "Echoes Of The Tortured"
2017 : "Ashes" (EP)
2018 : "Repulsion For Humanity"


Les chroniques


"Repulsion For Humanity"
Note : 16/20

Sinsaenum ne perd pas de temps et revient déjà avec "Repulsion For Humanity", un deuxième album qui prouve que non ce n'est pas un all-star band éphémère comme on en voit souvent mais bel et bien un véritable groupe. Et une fois de plus on dépasse les soixante minutes donc autant dire que la bête ne vient pas les mains vides.

Le titre éponyme ouvre le bal et montre d'emblée que le groupe n'a pas envie de rire puisque toute la panoplie nous atterrit sur le coin de la tronche : gros blasts, riffs pesants, tranchants ou malsains et une envie d'en découdre qui saute aux oreilles. Les morceaux sont en général assez longs et oscillent entre cinq et neuf minutes, malgré le côté direct et brutal de Sinsaenum le groupe ne cède donc pas pour autant à la facilité. "Final Resolve" donne dans un death plus lourd et massif, toujours sombre mais le tempo ralentit et les blasts ne se font pas entendre ici. Globalement, "Repulsion For Humanity" part moins dans tous les sens que son grand frère et on perd donc en variété ce qu'on gagne en cohésion. Pour autant, les multiples influences sont toujours là, c'est simplement que les sonorités se fondent cette fois dans un tout marqué du sceau de Sinsaenum. Par contre, les excellents soli sont toujours là et ne loupent pas une occasion de nous ravir les tympans, pour le coup c'est une constante. On sent aussi que la violence est plus contrôlée cette fois, moins d'explosions de brutalité soudaines et une agression plus insidieuse, plus sournoise. Les blasts sont bien évidemment toujours là, et le premier morceau en balance d'ailleurs une bonne dose, mais le tout est plus diffus et se sert de riffs menaçants ou dissonants pour agresser au lieu de simplement utiliser un mur de son. En tout cas, l'inspiration générale est toujours ancrée dans le classique, le old school, même si la musique de Sinsaenum vit avec son temps et qu'elle ne rejette pas les sonorités plus modernes. On sent l'authenticité des grands anciens du metal extrême et ceux qui voudront hurler au groupe de vendus sous prétexte qu'un certain Joey Jordison est dans les rangs vont avoir du fil à retordre !

Ce qu'on a ici c'est encore une fois un groupe de metal extrême pur et dur, sans compromis et qui balance des morceaux certes un poil plus posés que sur "Echoes Of The Tortured" mais toujours vicieux, sombres et sales. Une preuve supplémentaire que Sinsaenum a plusieurs visages et que l'on risque de ne pas être au bout de nos surprises avec ces gars-là, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour nos tympans. Paradoxalement, "Repulsion For Humanity" est plus torturé que "Echoes Of The Tortured" qui était plus nerveux, plus frontal. On a quand même encore des morceaux comme "Rise Of The Light Bearer" qui envoient le pâté et rentrent bien dans le tas. "Sacred Martyr" aussi défonce pas mal, avec en prime un guest de Lauren Hart, chanteuse de Once Human. En fait, ce nouvel album fait plus pencher la balance du côté du death que du black, d'où le côté plus pesant, plus rouleau compresseur. On sent même clairement du doom sur les morceaux les plus longs, le tempo est écrasant, les mélodies sentent le cadavre à des kilomètres et les riffs bien malsains trouvent toujours un moyen de se glisser quelque part, "My Swan Song" en est d'ailleurs un bon exemple. Le black refait une incursion avec "Nuit Noire" qui porte bien son nom, les dissonances sont partout et l'ambiance général est aussi plombée que brutale. Pour la production, par contre, pas de surprises, ça sonne puissant, clair et même la basse se fait entendre sans problème, bref ça colle très bien au style et ça n'agresse pas les oreilles.

Un deuxième album toujours varié mais un peu plus homogène et à la violence un poil moins directe et frontale. Le tout tabasse toujours bien et mélange toujours pas mal de sonorités mais on sent plus de contrôle, les influences se fondent dans un tout et la violence ne s'exprime plus seulement par une avalanche de blasts. En tout cas, c'est toujours aussi efficace, sale et riche donc aucune raison de bouder "Repulsion For Humanity".


Murderworks
Septembre 2018




"Ashes"
Note : 16/20

Un peu plus d'un an après "Echoes Of The Tortured", Sinsaenum revient avec "Ashes", un EP qui contient cinq morceaux inédits et un morceau de l'album dans un mix différent. De quoi patienter jusqu'au prochain album et se remettre une petite dose dans les esgourdes.

"Echoes Of The Tortured" avait été une très bonne surprise car si le line-up était prometteur on connaît beaucoup de groupes qui se sont plantés, ce qui n'était pas le cas avec ce premier album varié et très efficace. "Ashes" revient avec pas loin d'une demi-heure de musique et en dehors d'un mix différent, on a quand même cinq vrais nouveaux morceaux à se mettre sous la dent, on est donc loin des EPs blindés de reprises et autres versions live de certains groupes. Le morceau-titre ouvre les hostilités avec une orientation black / death et une bonne grosse louche de thrash une fois de plus très efficace et faisant ressortir les influences old school du groupe, une entrée en matière aussi glauque que frontale qui augure du bon pour la suite. "Monarch Of Death" débarque avec un visage totalement black, blindé de dissonances et franchement brutal. Les blasts ne s'arrêtent quasiment jamais et les riffs bien froids et malsains installent l'ambiance direct, Sinsaenum n'est pas revenu pour rigoler. "2099 [Heretics]" donne dans un mélange black / death assez violent et froid lui aussi, même si ce morceau développe des ambiances plus fortes avec sa durée de six minutes. On ne va pas non plus faire tous les titres un par un dans le détail mais sachez qu'une fois de plus la musique du groupe est variée même si elle évolue évidemment dans l'extrême. Tout le monde est là une fois de plus, on a du thrash, du death, du black, c'est brutal, malsain et froid. Globalement, on trouve un net penchant pour le black sur cet EP et le groupe assure autant dans ce domaine que dans le reste, prouvant par là que le premier album n'était pas un coup d'éclat ponctuel. On va quand même attendre un deuxième album mais il y a peu de chances que le groupe se plante, le potentiel affiché sur "Echoes Of The tortured" et sur "Ashes" laisse à penser que la qualité sera toujours au rendez vous.

Un EP qui fournit donc cinq inédits et qui permet de prouver que Sinsaenum en a dans le ventre et donnant par conséquent envie d'en entendre plus. Un bon complément à "Echoes Of The Tortured" qui propose plus de vingt-cinq minutes supplémentaires à se mettre sous la dent, si l'album vous a plu, vous pouvez y aller, il y a de bien bonnes choses sur cet "Ashes".


Murderworks
Juin 2018




"Echoes Of The Tortured"
Note : 16/20

Si vous ne vivez pas dans une grotte, vous avez forcément croisé le nom de Sinsaenum, groupe qui a beaucoup fait parler de lui ces derniers temps. Si ce groupe a fait du bruit, en premier lieu c'est surtout grâce à son line-up prestigieux, mais même si ce projet regroupe plusieurs fines lames du metal extrême, n'oublions pas que c'est bien Frédéric Leclerc qui en est l'instigateur, puisque l'idée de former un groupe dans ce style lui trottait visiblement dans la tête depuis un sacré paquet d'années. Voyons donc ce que ces "Echoes Of The Tortured" ont dans le ventre.

Pour les deux du fond qui dormaient, je rappelle donc qu'outre Frédéric Leclerc, ce groupe comprend dans ses rangs : Attila Csihar (Mayhem, Tormentor), Stéphane Buriez (Loudblast), Joey Jordison (ex-Slipknot), Haemoth (Seth) et Sean Zatorsky (Daath). Ensuite soyons honnêtes, le premier morceau que j'ai entendu de ce groupe était "Army Of Chaos" et ça m'en a touché une sans faire bouger l'autre. Son feeling Satyricon est certes sympa mais j'ai trouvé le morceau assez fade et pas spécialement inspiré, je vais donc avouer que je partais sur cette chronique avec une légère appréhension quant à la qualité du reste. D'ailleurs, l'album démarre sur "Materialization", une intro bien glauque comme on les aime et qui annonce l'ambiance d'entrée de jeu. Mais c'est "Splendor And Agony" qui ouvre réellement le bal de façon plutôt violente avec un démarrage presque black / thrash, des riffs tranchants et une ambiance là encore bien sombre, les blasts de rigueur et un excellent solo à l'ancienne à grands coups de vibrato. A noter aussi que l'album est construit d'une façon conceptuelle, il y a quand même 21 plages et on trouve un court interlude quasiment entre chaque morceau. "Inverted Cross" (si vous vous posez la question en voyant le titre du morceau, oui, même musicalement ça sent le Deicide) balance lui aussi des blast rageurs dès le début et reste globalement très violent et très death metal, bref on se rend compte que Sinsaenum ne rigole pas et propose des choses intéressantes finalement. L'album est d'ailleurs très varié et couvre la totalité du spectre metal extrême, on passe allègrement du death au black en passant par le thrash et tout ce qui peut être crade et violent. D'ailleurs, ça va peut être en surprendre certains (principalement à cause de la présence de Joey Jordison) mais le feeling de ce premier album est clairement old school et on sent bien que c'est le metal extrême à l'ancienne qui est à l'honneur ici.

Par contre, je maintiens que "Army Of Chaos" n'est vraiment pas le morceau le plus inspiré de l'album, même s'il n'est pas mauvais et que sa mise en avant en tant que premier extrait n'était peut-être pas des plus judicieuses. Mais j'insiste en disant que si ce morceau vous a refroidis comme moin vous devriez jeter une oreille à la totalité de l'album qui propose globalement des choses bien plus intéressantes et velues que ce titre. "Condemned To Suffer" par exemple, dont l'entame est ultra glauque et qui vire après au mélange death / black brutal et froid, très efficace dans le genre ! Pour faire simple et malgré le fait qu'encore une fois ça sonne très old school, l'album arrive à nous surprendre continuellement via un nombre important de sonorités et influences différentes. On passe d'un style à l'autre sans jamais savoir comment le groupe va nous attaquer par la suite, le tout sans jamais sonner comme un bordel sans queue ni tête. Bref, si nous avons dû être nombreux à avoir une appréhension en voyant le line-up (beaucoup de groupes au line-up prestigieux se sont artistiquement vautrés), il faut dire qu'une fois l'album dans les esgourdes, le doute s'estompe assez rapidement. Les morceaux sont efficaces, l'envie de faire du vrai bon metal extrême est là et la sincérité de la démarche est indéniable.

Voilà finalement un premier album plutôt efficace dans le genre metal extrême old school et brutal. Malgré une durée d'une heure, "Echoes Of The Tortured" passe bien grâce à sa grande variété et des compositions qui tiennent la route, évitant ainsi le traditionnel écueil du supergroupe qui tape à côté.


Murderworks
Novembre 2016


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/sinsaenum