Le groupe
Biographie :

Formé en 2003, le combo parisien Sin And Death pratique un metal issu des influences variées de ses membres, à la fois mélodique et puissant. Après des années passées sur les planches, Sin And Death propose en 2011 son premier album, "Engrenage".

Discographie :

2006 : "Sin And Death"
2011 : "Engrenage"


La chronique


Sorti il y a environ un an, "Engrenage" était le premier album de Sin And Death. Un premier album qui fait office d'aboutissement divin pour le combo parisien puisqu'il existe depuis 2003. Entre la sortie de cet album et aujourd'hui, il faut également savoir que le groupe a essuyé le départ de Karelle aux claviers... C'est un fait, beaucoup de groupes parisiens, ont souvent cette inspiration un peu spécifique très gothique, bien qu'ici Sin And Death préfère "'étiqueter" dans le dark metal. Mais si on y regarde de plus près, comme pas mal d'autres groupes parisiens, tels que par exemple Penumbra pour n'en citer qu'un, Sin And Death ne déroge pas à la règle. Les influences sont hétéroclites et les longs passages symphoniques prennent une grande place dans les ossatures des morceaux. On a toujours l'impression que cette inspiration typiquement parisienne provient des catacombes, ça paraît stupide, mais il est vrai que cette scène est prolifique en matière de groupes tels que Sin And Death : sombre et froide. Puisqu'on parlait du son, c'est certainement une des premières constatations que l'on peut se faire sur cet "Engrenage", la production a été cuisinée aux petits oignons et c'est avec une limpidité cristalline qu'on aura le plaisir de découvrir ces neuf titres qui nous offrent environ quarante quatre minutes de diversité musicale, dont l'ombre du metal gouverne au-dessus de toutes les influences si diverses et variées qui ne sont pas quant à elles, forcément metalliques. Un son dont le résultat est signé Zoé Von Herrschaft, de l'enregistrement jusqu'au mastering.

Ce qui est vraiment surprenant chez Sin And Death, c'est que ce n'est pas un album qu'on peut classer, on y trouve énormément d'anecdotes metal, quelles soient dDark, quelles soient death, quelle soient presque indus ou sympho ou goth même, il y a aussi beaucoup de choses qui viennent de la scène plus indépendante, plus rock, et même quelques fois progressive. Deuxième chose qui semble également importante à signaler, c'est que les paroles en français (excepté  sur "There Will Be Blood") accentuent inévitablement la signature typiquement française, donnant par moments à l'album une tournure très rock indé, alternatif. Les morceaux nous font voyager dans des univers totalement différents, par exemple l'entrée en matière de "Machine" bizarrement sur quelques passages, (sans doute du au chant de Cédric Auffret qui possède un phrasé et une rhétorique sans faille, avec une articulation méticuleuse), on a l'impression musicale d'avoir du vieux Loudblast époque "Disincarnate", "Sublime Dementia". Le timbre vocal de Cédric possédant malgré tout quelques similitudes avec le Stéphane Buriez de cette époque-là.

Et donc si on peut se méprendre à y voir du death à la Louds, on passe aussi par des passages très dark à la moonspell, avec des claviers totalement mystiques ("Connaissance"). Mais ce n'est pas tout car on va de surprise en surprise. Sur de nombreux moments que vous reconnaitrez certainement, on ressent une inspiration glauque et malsaine comme Wormfood nous a offert sur "Posthume", des passages plus planants, presque mélancolico-dépressifs, surtout quand le chant est quasi parlé ("Connaissance" et "Amen"). Quand on y pense à écouter "Amen" à répétition, c'est également du vieux Misanthrope qui nous revient en mémoire, un Misanthrope époque "Théâtre Bizarre" et "Visionnaire". En fait, même si on peut se tromper dans les influences qu'on veut bien y voir, il n'en reste pas moins que, Misanthrope, Loudblast, ou encore Wormfood, sont des groupes typiquement français... Et voyez-y ce que vous voudrez, mais on reste "chauvinement" à la maison. Oui, Sin And Death a une grosse capacité à intégrer de la noirceur horriblement majestueuse dans leurs chansons, comme sur "There Will Be Blood", où sans enfoncer le clou, ce côté gothico-symphonique refait tout de même bien surface, à cause du mid-tempo et des claviers genre piano qui surplombent tout le morceau... La voix aussi sur ce titre reste dans un registre très dark-wave, même si à 1'40 on entend un peu d'inspiration à la SUP, du style "March Of The Neovocyts" (tiens encore un groupe français). C'est un album très difficile à appréhender, à ingurgiter, à consommer et à digérer, car sur un même morceau, cela peut partir vers des horizons complètement différents. A noter encore sur "There Will Be Blood" ce passage vraiment guitaristique très heavy juste avant une envolée lyrique très symphonique.

La très rock'n'roll "Aussi Loin Que Je Me Souvienne", ou encore la très horror movie à suspense "Nuit Du Mal" (qui possède une identité très rock) sont un grand exemple d'éclectisme. Une chose reste constante tout au long de la lecture de cet album, c'est le grand travail des claviers. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, ils font un boulot omniprésent pour balancer les ambiances et l'atmosphère. Même dans les accélérations, (peut-être que les puristes trouveront qu'il y en a trop) ils arrivent à imposer le brouillard mystique et mélancolique que Sin And Death s'évertue à conserver dans l'ensemble de leur œuvre.

"Engrenage" est album très bien produit, dont le visuel (jaquette, photos, artwork....) colle parfaitement à la personnalité de celui-ci. Maintenant le gros dilemme c'est de pouvoir capter l'attention d'une certaine catégorie d'auditeurs, car les multiples influences peuvent avoir tendance à diviser plus qu'à fédérer... Par conséquent il me semble qu'il faut malgré tout être ouvert musicalement pour arriver à apprécier un tel album. Il est glacial, et les titres relativement longs (ce qui en soi n'est pas non plus un inconvénient). On sent bien qu'ils ont été mûrement travaillés, qu'ils ont été pensés et repensés moult fois pour pouvoir s'approcher de la perfection dans leur composition, mais ce côté tranché entre plusieurs mondes peut aussi faire peur à celui qui l'écoute. Et on se demande un peu si on a aimé parce que c'était original et sans limite, ou si on n'a pas trop aimé parce que c'était sans limite et finalement parce que cette ouverture d'esprit devenait un obstacle même à l'originalité.

Il faut vraiment avoir une écoute personnelle pour se faire sa propre idée. En tous les cas, entre death, dark, goth et musique indé, "Engrenage" reste un OVNI qui suscite une attention particulière. Maintenant même s'il arrive après pas mal d'années d'existence, cela reste un premier album, forcément il essuiera quelques plâtres...


Arch Gros Barbare
Janvier 2013


Conclusion
Note : 13,75/20

Le site officiel : www.sinanddeath.com