"Pardonnez-moi mon père parce que j’ai pêché". Je n’ai pas pu m’en empêcher. A chaque fois, c’est la même chose. Un album à l’écoute. Un petit coup par-ci, un grand coup par là. Et là, le démon ressurgit. Il rugit. Il a un humour de merde, doit certainement être d’une humeur à chier et ce "Bright Gloom" n’est pas passé. Et même s’il s’agissait d’une belle truite, je crois que celle-ci je l’ai un peu détruite...

"77" en référence à l’année 77. Bref, tu le sens venir mon gros iceberg dans ton bateau ? "Bright Gloom" prend petit à petit la forme d’un remake cheap du Titanic : cela part d’une bonne idée, mais le naufrage est tôt ou tard inévitable. En fait, cet album reprend trait pour trait l’histoire du Titanic : un peu d’aventure, deux minutes de jambes en l’air et de l’eau, beaucoup d’eau à brasser. Alors, quitte à se faire pignoler sur la banquette arrière d’un vieux tacot, autant garder sa pureté auditive. Musicalement, les bouées qui nous sont tendues sont à base de heavy-rock-psychédélique-et roll. Bref, tout ce qu’un poupon de six mois ne devrait pas subir avant de sombrer dans une eau à la température inférieure à 23°. Ajoutons à cela des riffs pompés qui ne se cachent même pas d’être pompés ("Hands Up" notamment) et on pourrait clairement affirmer qu’un capitaine de vaisseau tente de nous persuader que manger une orange nous donnera des ailes. Enfin, c’est un peu comme si Rose réprimandait Jack à base de "Non Jack, on ne montre pas ses testibouboules en public". Ce qui serait relativement ironique au vu de l’exhibition de gougoutes sur le divan de la part de la demoiselle. Niveau voix, les Espagnols ne cachent pas leurs inspirations et facile est-il d’affirmer des airs de Deep Purple dans celle-ci. Surtout si Ian Gillan se mettait à chanter faux. En fait, la palette vocale a du mal à transporter l’auditeur, même si lorsqu’elle y arrive, c’est réussi ("Be Crucified", "You Better Watch Out"). Malheureusement, "Bright Gloom" s’avère être un grand gâchis, un peu comme une croisière paisible qui ne tiendrait pas ses promesses.

C’est donc ainsi que cet album vient doucement finir sur une porte pouvant contenir vingt-trois personnes car une prolo égoïste femelle oppressante ne voulait nullement laisser une demi-place à un compagnon de voyage. Avalons donc cette pilule froide et rinçons-nous la bouche de tout ce sel pour pondre l’affreuse morale de cette histoire de testibouboules et de gougouttes. 77 n’est pas la flamme inarrêtable du rock’n’roll ni celle du soldat inconnu, comme tout le monde elle faiblit et manque de s’éteindre. Mais cessons de plaisanter de façon alarmiste, "Bright Gloom" n’est pas totalement terriblement mauvais, il est même largement écoutable en fait. Certains riffs sont très prenant et d’autres refrains entêtants ("I Want My Money Back"). Mais, "Bright Gloom" ne m’ôtera pas de la tête l’idée que 194 minutes pour Titanic s’était un peu long, tout comme les onze titres que l’album contient...

Revenons dans les heures de gloire du rock puissant, couillu, et transpirant… en 1977, année de la sortie de "Let There Be Rock" du légendaire AC/DC ! Mais en 2011, nous avons des groupes qui perpétuent ce type de rock, c’est avec les '77  que le revival est possible. Ce second album "High Decibels" va-t-il nous faire rêver… plus de maturité peut-être dans les compositions du groupe ?

Dès les premières notes de "High Decibels", de "Gotta Hit The Road", "Beat It Up" on sent la présence de Bon Scott… qui est très proche, c’est indéniable. Que dire sur ces musiques ? Justement l’idée est de se faire une idée du groupe en lui-même. Ce n’est pas évident, étant un grand fan de AC/DC (vu deux fois en live en 2009) je me dis que d’un côté c’est bien d’avoir ce type de groupe, mais que ça manque cruellement d’originalité pour créer un groupe de cette sorte. Cependant, les gars sont très bons musicalement. Contrairement aux apparences, AC/DC ce n’est pas seulement "3 accords c’est facile à jouer", certes les rythmes et les riffs reviennent au même schéma, mais on a plusieurs plans bien sympatiques, par exemple sur "Gotta Hit The Road" on a un pont avec un solo très bluesy qui me fera taper du pied. Là est l’essentiel dans les autres compositions comme "Backdoor Man", "This Girl Is On Fire", "Since You’ve Been Gone" où on ne peut que taper du pied et être en quelque sorte touché par cette musique. Même si ce n’est pas AC/DC, on est là à écouter et à se dire qu’il y aura toujours ce type de groupe bien rock and roll qui assume ses influences, et va jusqu’au bout. Par exemple Airbourne est souvent comparé à AC/DC… Si les gens écoutaient '77, leur avis changerait je pense. Car Airbourne c’est beaucoup plus couillu dans l’ensemble et plus rapide niveau tempo... or ici on apprécie les subtilités bluesy que le groupe nous propose. En ce qui concerne le mixage on ne peut rien dire de spécial non plus, ça reprend bien le message type d’AC/DC, on enregistre les grattes, la batterie, chant, basse, et le tout au feeling. C’est bon et très appréciable.

Pour conclure, on est globalement loin d’avoir un album excellent, et je ne me tournerai pas vers '77 pour écouter du AC/DC réchauffé, je préfère me mettre un bon petit "Let There Be Rock" sur ma platine au lieu de les écouter. Donc ce qui est dur en fin de compte, c’est qu’on se dit que ce type de groupe est parfait pour perpétuer les légendes, mais que d’un côté on préfère écouter ces dernières. Il n’y a pas de secret.

"21st Century Rock"
Note : 10,5/20

"Classic is everything that can’t be improved". Telle est la phrase d’attaque des jeunes Espagnols de ’77. Fans inconditionnels des légendaires AC/DC et de feu Bon Scott, ces quatre gars se revendiquent presque sans aucun complexe d’être, en quelque sorte, les "descendants" des Australiens. Quel est alors l’objectif de ’77 ? N’existe-t-il que dans le but de rendre hommage à ses idoles ? Après quelques écoutes de ce premier album, "21st Century Rock", il semblerait que oui ! En réalité, c’est très simple : il n’y a pas un seul riff, pas une seule ligne de chant, pas un son, qui n’ait pas été directement repompé sur le grand AC/DC. Tout est similaire, jusqu’au timbre de voix d’Armand Valeta ! C’est très mignon, tout cela, mais, bon sang, AC/DC est AC/DC ! Les mecs, vous le dites vous-mêmes : "Un classique ne peut pas être amélioré" ! En connaissance de cause (au moins, ils en sont conscients : c’est déjà une bonne chose, allons-nous dire), deux possibilités se présentent : soit le groupe qui se confond d’admiration pour ses mentors décident de l’imiter honteusement de bout en bout – ce qui n’a aucun intérêt -, soit ce groupe décide de reprendre par-ci par-là quelques éléments qui l’ont marqué, tout en y incorporant sa propre âme, sa propre personnalité. Visiblement, ’77 a choisi de suivre le premier chemin proposé. Mal leur en a pris ! Parce que oui, ça a de grandes chances de rendre mélancolique (je pense surtout aux adeptes de cette époque révolue que je n’ai pas eu l’occasion de vivre), sauf qu’au bout d’un moment, l’ombre des ténors devient non plus présente, mais carrément oppressante ! Alors non, effectivement, les morceaux que le quatuor nous délivre ici ne sont pas mauvais. C’est même du hard rock très appréciable, brut et cru, mais cela ne suffit pas pour convaincre, n’en déplaisent à leurs médias nationaux ! Personnellement, entre l’original et la copie, je préfère continuer à écouter l’original !

Gloomy Avril 2010