Le groupe
Biographie :

Serpent Ascending est un one-man band de death metal finlandais formé en 2008 et dans lequel opère Jarno Nurmi (chant, instruments / Desecresy, Nowen, ex-Nerlich, ex-Night Must Fall). Serpent Ascending sort son premier album, "Ananku", en Septembre 2016 chez I, Voidhanger Records, suivi de "Hyperborean Folklore" en Juin 2022.

Discographie :

2016 : "Ananku"
2022 : "Hyperborean Folklore"


Les chroniques


"Hyperborean Folklore"
Note : 15/20

Cela faisait six ans que Serpent Ascending n'avait plus donné de nouvelles mais ce one-man band tenu par Jarno Nurmi est de retour avec "Hyperborean Folklore" pour nous pervertir les oreilles avec son death metal occulte et étrange. "Ananku" avait déjà donné un aperçu du style très personnel de ce projet et ce nouvel album promet de se montrer encore plus singulier avec ces trente-sept minutes étalées sur seulement quatre morceaux.

Qui dit morceaux longs dit en général ambiances bien installées et musique profonde, ce que Serpent Ascending ne va pas manquer de fournir sur "Hyperborean Folklore". Sans la moindre seconde d'introduction "Growth Of The Soil" démarre l'album avec une bonne dizaine de minutes au compteur et un rythme martial pour nous accueillir et nous faire entendre une fois cette production elle aussi particulière et assez sèche. On est loin des productions modernes et du du son boosté ou compressé à fond, Serpent Ascending fait le choix d'un son aride et organique pour mieux appuyer ses ambiances occultes et malsaines. Ce départ est d'autant plus surprenant qu'il se fait assez mélodique, rythmé et presque accrocheur avec une basse bien mise en avant. La suite devient un peu plus sombre mais garde ce côté très mélodique et moins tortueux que sur le précédent album. Plus on avance dans ce premier morceau plus la filiation avec le black metal devient évidente que ce soit dans les leads en trémolos ou les mélodies qui créent des ambiances plus froides voire même plus épiques. On a quand même un sentiment de longueur au bout d'un moment puisque la dernière partie du morceau est trop étirée et répète les mêmes motifs musicaux jusqu'à la fin. C'est probablement volontaire et vise à créer quelque chose d'hypnotique mais cela ne fonctionne pas aussi bien que prévu sur cette fin de morceau. Rien de grave, cela ne concerne qu'un passage sur un album dense et profond. Globalement, l'album se fait moins occulte que son prédécesseur, peut-être même un peu plus accessible. En tout cas les structures sont moins tortueuses et Jarno Nurmi a paradoxalement fait des morceaux plus homogènes et directs malgré leur longueur.

Les structures sont moins tortueuses, les ambiances ne changent plus d'une minute à l'autre et "Hyperborean Folklore" se présente comme un bloc qui crée une ambiance unique qui s'exprime sur ces quatre nouveaux morceaux et se sert de chacun d'eux pour s'étendre. Ce qui ne change pas par contre, c'est la singularité de Serpent Ascending qui développe son monde dans son coin et qui pratique une musique difficilement classable. Le death metal se fond encore plus dans un tout étrange et personnel, ne laissant que quelques sonorités pour en reconnaître l'influence. Si on devait vraiment chercher un groupe dont l'univers pourrait très vaguement ressembler à celui de ce projet atypique sur ce deuxième album, ce serait le Bethlehem de "Dark Metal". Et encore c'est vraiment une très vague ressemblance qui en sert qu'à donner une idée de ce qui vous attend ici, parce que le tout est tellement étrange et à part dans la scène extrême actuelle qu'il est bien difficile de le rapprocher de qui que ce soit. On peut à la limite entendre des mélodies proches de ce que Blut Aus Nord a fait de plus stellaire à la fin de "Stallus Hideout" mais ça fait partie des rares passages qui peuvent éventuellement évoquer quelque chose de déjà entendu. Pour le reste, ce deuxième album est encore plus personnel et atypique que son prédécesseur malgré un visage presque plus accessible ou en tout cas plus homogène. "Hyperborean Folklore" sonne de manière authentique il n'y a aucun doute là-dessus, tout comme il n'y a aucun doute sur le fait que la vision de Jarno Nurmi en imprègne la moindre seconde. On sent que c'est lui que concerne ce voyage et que le fait que d'autres arrivent à entrer dans cet univers ne faisait pas partie de ses préoccupations. Ce n'est pas un reproche, c'est même de cette façon que devrait être créée n'importe quelle œuvre.

"Hyperborean Folklore" nous fait donc entendre une musique moins portée sur le death metal, moins brutale mais d'autant plus personnelle, étrange et atypique. Tout le monde n'arrivera pas à entrer dans l'univers de Serpent Ascending mais l'originalité et l'honnêteté de la chose devraient vous inciter à y jeter une oreille attentive.


Murderworks
Août 2022




"Ananku"
Note : 15/20

On ne pourra pas dire qu'on n'a pas eu notre dose de death old school ces derniers temps, au moment où Serpent Ascending nous envoie son premier album "Ananku". Bon, j'avoue, ce groupe finlandais offre une autre approche du genre avec quelques petites choses en plus pour varier un peu la sauce.

Pas besoin d'aller chercher bien loin pour trouver ce que Serpent Ascending a ajouté à son death old school, il suffit d'aller voir son voisin black metal. On retrouve en effet des dissonances et des riffs très froids bien plus proches du black que du death, mais pour le reste ce sont bien la lourdeur et la puissance brute du death qui s'expriment. Le mélange death / black a été fait plus d'une fois mais tout le monde ne le fait pas forcément de cette façon, ce qui devrait permettre à Serpent Ascending de se faire remarquer plus facilement. La musique du groupe a un côté malsain que la plupart des groupes old school n'ont pas, des ambiances froides et glauques là encore héritées du black. La production vient de là aussi d'ailleurs avec ses guitares bien tranchantes, loin du gras qu'on trouve habituellement chez les groupes de death. Les morceaux sont plutôt courts et vont à l'essentiel, Jarno Nurmi n'aimant visiblement pas s'attarder pendant dix ans sur le même morceau. Une décision assez pertinente puisque ce gars-là n'a pas besoin de huit minutes pour installer ses ambiances, en trois ou quatre petites minutes c'est plié et il vous a embarqué dans son caveau dégueulasse ! L'album dure d'ailleurs une petite demi-heure presque pile donc pas de quoi s'ennuyer.

Voilà donc un groupe qui, s'il donne dans le old school, ne se contente pas de ressortir les vieilles recettes et arrive à ajouter un côté occulte et malsain à son death teinté de black. Une bouffée d'air frais au milieu des innombrables groupes qui essaient de ressusciter les vieilles gloires du death (avec brio pour certains d'ailleurs), même si j'apprécie le death à l'ancienne j'avoue que le nombre d'albums de ce genre qui nous tombe dessus ces derniers temps est peut-être un peu exagéré. Mais bon, quand il y a un revival sur lequel surfer, certains labels ne se posent pas de questions et sortent tout ce qu'ils peuvent, dans le tas il y en a bien un ou deux qui va bien se vendre. Sauf qu'à force de saturer le marché, on finit par lasser le public, je pense d'ailleurs qu'on s'approche de la fin de ce revival death old school : trop de monde, trop vite. Bref, tout ça pour dire que ce premier album de Serpent Ascending n'est pas à ranger dans le même panier, ce groupe finlandais a sa propre patte et a réellement quelque chose à offrir. Les amateurs de metal extrême malsain, glauque, puissant et putride seraient bien inspirés d'aller y jeter une oreille.

Voilà donc un premier album qui montre des choses intéressantes, de bonnes ambiances et un death à tendances old school teinté de black qui permet de souffler au milieu de toute cette vague revival qui nous submerge depuis quelques temps. Un groupe à suivre de près.


Murderworks
Novembre 2016


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/serpent-ascending-282039945193550