"Black House"
Note : 16/20
Les groupes changent parfois d’univers musicaux, comme le passage du black metal au
metal gothique de Secrets Of The Moon. Le groupe se lance en Allemagne en 1995 sous
l’impulsion du fondateur Daevas (basse / chant, actuel bassiste, ex-Martyrium). Côté line-up,
il y a eu du mouvement au cours de ces sept albums, trois splits et quatre EPs. En 2007,
Daevas quitte même la formation, laissant le rôle de leader à sG (guitare / clavier / chant,
Crone). Et à ce jour, ce sont Ar (guitare / choeurs, Odem Arcarum, ex-Triumph Of Death,
bassiste live de Dark Fortress) et Erebor (batterie, Thulcandra , ex-Nargaroth) qui
complètent le line-up et ont travaillé ensemble sur "Black House".
On débute par "Sanctum", un titre sombre et mélancolique, aux accents qui mêlent cette
noirceur et ces ambiances gothiques à une voix hargneuse et énergique. Une basse
omniprésente, des guitares aériennes et quelques choeurs qui s’ajoutent à la rythmique
enchanteresse. Même constat pour l’angoissante "Don’t Look Now", un morceau oppressant
qui s’adoucit parfois, et qui joue également beaucoup sur un jeu de batterie frénétique. Une
voix féminine se joint également à l’ensemble, qui nous laisse finalement sur "Veronica’s
Room". Quelques éclats prog se joignent au mélange, et ces dissonances prenantes font
leur effet. La mélodie est hypnotique et laisse rêveur.
On revient dans la noirceur pour "He Is Here", un titre qui met plus de temps à démarrer, mais
qui crée une tension en jouant sur les sonorités de plus en plus intenses. Côté paroles, on
reste sur des suggestions mystiques, voire même ésotériques, et c’est finalement la douce
"Cotard" qui prend la suite. A nouveau les sons oppressants et la progression de la rythmique
sont prenants, et on se laisse sans soucis aller au voyage mental en fermant les yeux
quelques secondes. "Black House", le titre éponyme, démarre avec des accents rock et une
atmosphère qui devient de plus en plus planante, avec un point d’orgue atteint sur le refrain,
mais les harmoniques s’étalent et s’ancrent plus loin.
A nouveau le groupe joue la carte des sonorités obscures pour la longue "Heart", qui installe
petit à petit cette pression dans la rythmique, et c’est finalement en ajoutant des sonorités
étranges, aériennes et douces que le morceau avance. "Mute God" prend immédiatement la
suite, et c’est à nouveau une décharge de peine, servie par des sonorités planantes et qui
finissent à nouveau par sombrer dans un son clair plus sombre, mais le refrain repart.
Dernier titre, "Earth Hour" est plus enjoué et énergique, notamment grâce à un jeu de batterie
très motivant. Différent du reste de l’album, mais il permet de clore ce chapitre en beauté.
Fidèles à eux-mêmes, Secrets Of The Moon nous offrent un album riche et inspiré. "Black
House" est sombre, mais il n’hésite pas à piocher dans le large répertoire d’influences des
Allemands. Le retour sur scène et surtout en France est très attendu.
"Sun"
Note : 14/20
Secrets Of The Moon nous revient après trois ans d’absence avec un sixième album intitulé "Sun".
Et pour le coup, on peut dire qu’ils ont pris un tournant musical !
On découvre ainsi sept titres différents de leur black metal habituel.
Certes on reconnaît la patte du groupe mais, ici, on a plutôt affaire à un dark metal moderne avec des influences black.
Cela est peut-être dû aux changements de line-up avec notamment un nouveau batteur et une nouvelle bassiste.
La première partie de l’opus est plutôt intéressante, on débute l'écoute avec "No More Colours".
Ce morceau est très mélancolique, froid et un peu psyché sur les bords avec une fin plus atmosphérique et un chant clair / crié.
Oui, la grande nouveauté c’est qu’il n’y a plus de chant guttural....
On retrouve ainsi plusieurs voix claires différentes.
Dans "Dirty Man", c’est un chant assez goth qui nous interpelle, c'est juste dommage que ce titre soit trop long et répétitif.
On passe ensuite un bon moment avec "Man Behind The Sun", plutôt hypnotique et lancinant avec un petit côté post-black.
"Hole" est tout aussi excellent, aérien et tout en finesse !
La suite n’est pas mauvaise mais est peut-être moins captivante, comme le pourtant plus rythmé "Here Lies The Sun" ou au contraire le titre un peu mou qu'est "I Took The Sky Away".
"Mark Of Cain" remet un poil d’énergie mais la sauce ne prend qu’à moitié et l’on perd vite le fil de l'écoute.
Même si cet album est déroutant du fait qu’il soit très différent des précédents, il est plutôt bon.
C’est loin d’être un orgasme auditif mais cela reste très sympa.
"Seven Bells"
Note : 17/20
Alors je le dis de suite, amateurs de blasts vertigineux et autres fans de brutal black, vous pouvez rentrer chez papa maman. Ici on à affaire à un album vraiment particulier. Alors certes, c'est du black metal, mais si vous êtes allergiques aux styles de type doom et funeral, rythmiques lentes et planantes, ça ne va clairement pas vous plaire.
Sur cet album, le rythme est lent et pesant dans les grandes lignes, avec quelques rares blasts ça et là. Ceci dit ça ne retire rien à l'ambiance noire de l'opus qui comporte sept pistes longues qui ne lassent pas toutefois. L'ensemble se tient de manière parfaitement logique, et le changement de pistes est marqué par le tintement de ces fameuses cloches dont il est fait mention dans le nom. La production est très bonne et claire.
La piste qui me paraît la plus brutale en termes de rythmique serait "Goathead". Une introduction assez martelante qui s'enchaîne sur des passages en arpège saturé. Donc dès la seconde piste, vous pourrez d'ores et déjà savoir si le reste vous plaira ou non. Et plus la galette tourne, plus je ne peux m'empêcher de penser à certains groupes de sludge ou de doom emprunts de satanisme qu'on peut trouver sans problème si on s'en donne la peine, le côté "mec déchiré" en moins. Le troisième morceau, intitulé "Serpent Messiah", comporte même du "presque chant clair" loin d'être négligeable et très intéressant.
Comparé à d'autres groupes de black metal, celui-ci délaisse le côté guerrier sans pitié et combattant au profit d'une facette bien plus contemplative et réfléchie qu'un Tsjuder ou un Mayhem par exemple, avec mêmes quelques mélodies bien sympathiques de temps à autre. L'ensemble reste plutôt calme et assez froid. Le pavé musical des deux dernières pistes saura nous achever bien comme il faut.
Passons à l'artwork. En un mot : superbe. La typographie est très simple. Secrets Of The Moon n'a pas voulu jouer la carte du nom illisible et "ophtalmo-hémorragique" comme certaines formations, si vous voyez ce que je veux dire. La jaquette est en noir et blanc, seul se démarque l'oeil du grand duc, d'un rouge soutenu.
Bref, un album que je recommande aisément, artistiquement très recherché et agréable à l'écoute. Un régal pour les divagations de l'âme et la réflexion. Je vous le confirme d'expérience.
|
|