Le groupe
Biographie :

Sear Bliss est un groupe de black metal symphonique hongrois. Leur musique est un mélange assez innovant de black metal et d'instruments plus traditionnels. En plus des claviers, le groupe utilise abondamment des instruments à vent, comme la trompette, le trombone ou encore la flûte (plus rarement), donnant une dimension mystique et envoûtante à leurs titres. A leurs débuts, sur leur première démo et leur premier album studio, la musique était beaucoup plus brutale, à l'image du black metal de l'époque, bien que le clavier était quand même bien présent. Par la suite, les éléments atmosphériques au clavier et les instruments à vent ont pris une place plus importante dans les compositions.

Discographie :

1996 : "Phantoms"
1998 : "The Haunting"
2001 : "Grand Destiny"
2002 : "Forsaken Symphony"
2004 : "Glory And Perdition"
2007 : "The Arcane Odyssey"
2012 : "Eternal Recurrence"
2018 : "Letters From The Edge"


Les chroniques


"Letters From The Edge"
Note : 18/20

Grand fan de black mélodique, j'arpente souvent les chaînes YouTube consacrées à ce style. Satisfaisant ainsi ma soif musicale. Quelle ne fut pas ma surprise, quand j'ai cliqué sur le premier album de Sear Bliss. Ce groupe hongrois offre un black symphonique entraînant, mélancolique, planant dans un style et un artwork pagan. Très prolifiques depuis "Phantoms" en 1996, ces musiciens nous font part de leur nouvelle pépite, "Letters From The Edge". On comprendra pendant l'écoute à quel point la pochette de l'album reflète parfaitement ces différentes mélodies.

"Crossing The Frozen River" fait chavirer à travers de légères cordes planantes directement vers "Forbidden Doors". Accueillis par un bon blast beat, le chant est rauque et caverneux. La guitare suit cette cadence. Puis vient le calme plat, des voix de petits elfes en fond chantant dans une ambiance paganisante. La fameuse trompette chère au groupe reprend ces mêmes mélodies. On rentre dans une bulle mystique symbolisée par la myriade de couleurs derrière ces montagnes. J'apprécie beaucoup les couleurs de cet album permettant de mieux comprendre toutes les subtilités de la musique. Une atmosphère solennelle se met en place à travers "The Main Devide" et "Seven Springs". On y entend le chanteur principal s'exprimer comme un chef. La batterie est stridente devant cette guitare aux tons légers. Une autre voix plus agressive s'oppose à tout cela. On part maintenant sur du black plus classique avec des riffs planants. Le growl principal est plus enjoué, mêlé aux trompettes et flûtes. On remarque bien le contraste entre cette menace montante et l'environnement paisible initial. On retrouve d'ailleurs cette différence à travers les couleurs rouge et vert forêt de l'artwork.

Mais le groupe se dégage vraiment de sa formule de base en nous proposant des airs parfois surprenants. "A Mirror In The Forest" donne un aperçu techno futuriste presque cybergoth. La batterie ralentit mais le chanteur se libère, complètement déchaîné. Le nuage post-black arrive accompagné de flûtes sonnant comme une balade dans la nature. Une touche stoner se fait aussi sentir avec la gratte vrombissante. On retrouve ces mêmes éléments dans "Leaving Forever Land" avec toutefois un sample de musique science-fiction 70's à un moment qui ne colle pas. Le chanteur module extrêmement bien sa voix avec les grattes et la batterie. Il raconte son histoire à travers des trompettes qui sonnent de manière discontinue. Avec, en plus, un black traditionnel sortant de vielles oubliettes de châteaux. Cette ambiance cosmique et planante se retrouve dans la couleur grise bleutée proéminente. On finit en apothéose avec "Shroud". D'autres paroles plus barbares se font entendre. L'ambiance se transforme à un environnement similaire à God Is An Astronaut. Un choeur angélique se fait entendre en arrière-plan. La guitare fait monter les mélodies vers l'espace. Les chants annoncent la fin, accompagnés des bonnes trompettes. On pourrait presque penser à une musique de fin d'un très bon film.

Sear Bliss se démarque encore une fois avec une oeuvre sublime. Un album mêlant plusieures essences, et ces trompettes... mon Dieu... ces trompettes. Un album qui glisse dans toutes les oreilles.


Pierre
Juillet 2018




"Eternal Recurrence"
Note : 15/20

Sear Bliss, voilà un nom que j'ai l'habitude de croiser depuis des années sans jamais avoir jeté une oreille sur leur musique, le groupe a sorti son premier album en 1996 et nous dévoile son dernier méfait "Eternal Recurrence". Catalogué black atmosphérique, le groupe s'est fait remarquer entre autres par l'utilisation de cuivres dans sa musique.

Ils sont toujours là et apportent une couleur assez inhabituelle pour du black metal, il faut dire que la façon dont ils sont utilisés renforce les ambiances. Parce que oui, Sear Bliss base toute sa musique sur les ambiances, pas de blast rageurs pendant 40 minutes chez ces Hongrois. Leur black se fait plus pesant, plus noir, et surtout plus fin. Sear Bliss préfère construire tout un monde dans lequel vous perdre plutôt que de vous ramoner les cages à miel, le genre de musique "visuelle". Pas le genre à écouter en faisant la poussière histoire d'avoir un fond sonore, c'est en vous plongeant dedans que vous allez pouvoir voyager. On pourrait presque rapprocher cet album de ce que peut faire un groupe comme Secrets Of The Moon, cet espèce de dark black occulte et poisseux.

On note aussi la présence d'une basse bien mise en avant, parfois même fretless ! Ce groupe propose définitivement un mélange étonnant, même les passages en chant clair sont très bons et s'intègrent parfaitement au reste. Globalement le tempo est d'ailleurs assez lourd, en dehors de quelques blast sur "A Lost Cause" par exemple. A noter d'ailleurs que ce morceau présente un morceau beaucoup plus glauque que les autres, un côté bien malsain se dégage des riffs menaçants et de cette voix claire désabusée. Là où certains groupent galèrent à impliquer l'auditeur en utilisant des tonnes de claviers, des orchestres symphoniques et une tripotée d'arrangements, Sear Bliss nous embarque dans son délire avec une facilité déconcertant et une relative simplicité.

D'autant que l'album ne dure que 38 minutes, on n'a donc vraiment pas le temps de s'ennuyer. L'album passe tout seul et on se surprend à se dire qu'il est déjà fini, une bonne excuse pour le repasser une deuxième fois. Au moins ils ont évité le piège de l'album monde interminable, qui sous prétexte de vous embarquer dans son univers fait durer les morceaux pendant des heures. Pas de ça ici, comme le disait un certain Max Well, le mari de Rose : Pas besoin d'en rajouter (alors là je ne sais pas ce qui est le plus honteux, la vanne pourrie où la référence naze ?). Les bourrins de base répondront que c'est du black de fillettes, moi je vous dirai que j'ai toujours considéré cette musique comme étant basée sur des ambiances. Pas besoin de blasts à 280 bpm tout le long de l'album pour que je considère ça comme du black, même si là effectivement avec ce groupe on commence à s'en éloigner un minimum. Toujours est-il que les bases sont là, et que certains passages sont plus noirs que bien des choses entendues chez des groupes de "true black".

D'ailleurs le son est excellent, assez propre et gros, il permet de distinguer parfaitement tout ce qui est joué. Idéal pour apprécier la ballade dans ces étranges contrées, parfois hostiles et d'autres fois magnifiques. C'est le cas sur l'avant-dernier titre, "There's No Shadow Without Light" qui se termine sur un solo extrêmement simple mais d'une beauté à couper le souffle ! Une occasion de souffler après le côté étouffant de ses prédécesseurs, un petit rayon de lumière au milieu de ce champ de ruines. Rayon de soleil que le dernier titre se chargera très vite de cacher définitivement, apportant un côté totalement fou avec cette drôle de voix claire qui égrène quelques mots en plein milieu du morceau.

Je ne sais pas pourquoi après tout ce temps je n'ai jamais pris la peine de jeter une oreille sur leur musique, mais je crois qu'à partir de maintenant je vais être un peu plus attentif. Je croisais déjà leur nom à l'époque des premiers numéros Français de Metallian, et le pire c'est que ça m'a toujours intrigué ce truc. Voilà une erreur réparée, et si vous avez fait comme moi je vous conseille une petite séance de rattrapage avec cette galette.


Murderworks
Juin 2012


Conclusion
Le site officiel : www.searbliss.hu