Le groupe
Biographie :

Sael n’est autre que le projet réunissant certains membres de Asmodée, Annthennath et Arcarus Sarcopt. Sael c’est aussi des membres de Neon Rain, Funéraille et Offending mais c’est surtout Serge au chant, Raphaël à la guitare, Lyshd également à la guitare, Vincent à la batterie, Thomas à la basse et Matthieu qui lui, s’occupe des prog’s et effets spéciaux. Sael voit ses débuts en Allemagne notamment grâce à Raphaël (principal compositeur) et sort en 2003 une démo "Moonlit Mutilation" pour ensuite reformer le line-up en France et enregistrer, en 2004, un split avec le groupe Finlandais Azaghal. C’est trois ans plus tard que Sael revient pour la sortie d’"Ocean", MCD de quatre titres d’une durée de 30 minutes, distribué par Pictonian Records. L'album "The Sixth Extinction" sort en 2010, toujours chez Pictonian Records.

Discographie :

2003 : ""Moonlit Mutilation""
2004 : Split 7 titres avec Azaghal
2007 : "Ocean"
2010 : "The Sixth Extinction"


Les chroniques


"The Monolith Effect"
Note : 16,5/20

Premier véritable album pour les Français de Sael après une démo, un split et un EP (quoique certains albums ont la même durée que cet "Ocean" à savoir une bonne demie heure) et découverte totale de leur musique pour ma part. Le groupe évolue dans la sphère black metal, mais pas seulement. Pour info certains membres d’Asmodée ont officié ou officient encore dans les rangs du groupe, ainsi que des membres de Reverence ou encore Secrets Of The Moon. Bref pas vraiment des manchots ni des petits nouveaux qui viennent de sortir du garage de chez Mémé.

Et d’ailleurs ça commence fort dès les premières notes du premier titre qui part sur les chapeaux de roue avec une dissonance de derrière les fagots qui peut faire penser à du Blut Aus Nord suivi du batteur qui tape déjà bien dur. Le deuxième titre est agrémenté de claviers qui sentent méchamment l’orgue Hammond, vous commencez à imaginer l’écart entre les deux ? Hé bien dites vous que c’est comme ça sur tout l’album, le groupe nous balance d’un style à l’autre tout en gardant les pieds plongés dans les eaux fétides du black metal. Je mentionnais plus haut les membres d’Asmodée et je trouve qu’on sent qu’ils sont passés dans le coin, pas que ce soit copié, loin de là même. Mais disons que certaines structures m’y ont fait penser, je pense aussi qu’on retrouve du coup des influences ou une façon de composer commune aux deux groupes. Ce qui n’est pas pour me déplaire puisque "Chlorosis" est une méga bombe que vous devriez vous choper tout de suite sous peine de vous prendre des pavés de ma part.

Mais revenons en à nos moutons, même avec ces influences communes il est indéniable que Sael a une patte bien définie. Et ça pour un groupe qui sort son premier album c’est très appréciable, d’autant plus que le boulot abattu est assez impressionnant. On passe de passages purement black à des arpèges en son clair puis à d’excellents soli de guitares sans compter les claviers qui savent apporter leur grain de sel à l’ambiance sans envahir l’espace. Et puis le morceau suivant arrive et vous balance une intro à la guitare acoustique du plus bel effet enchainée à un riff black metal dans la plus pure tradition des porcs-épics enfarinés du grand nord (Hein quoi ? Des porcs épiques ?). Du travail d’orfèvre, le tout baigné dans une mélancolie latente qui ne nous quittera pas du début à la fin et qui accompagne très bien les accès de violence de l’album. Le dernier morceau de l’album est d’ailleurs très efficace dans le genre poisseux, il vous écrase sous une énorme enclume pendant près de 6 minutes avec ses riffs bien lourds et son ambiance bien sombre pour finalement vous balancer un blast vicelard dans les dernières secondes du titre.

Bon sinon côté humain je mentionnais le line-up du groupe plus haut, inutile de vous préciser que tout cela est extrêmement bien ficelé techniquement parlant et que les mecs maitrisent carrément leurs instruments. Mais comme dirait l’autre : sans la maîtrise, la technique n’est rien. Ben oui mais justement ces gars là savent composer de bons morceaux, ça saute aux oreilles pour peu que vous n’ayez pas les tympans encrassés. D’autant plus que les dits morcifs tournent souvent aux alentours des 6 minutes (9 minutes même pour "The Venom") et que s’étaler sur de telles longueurs peut vite devenir casse gueule si on ne maîtrise pas son sujet. Ce n’est pas le cas ici, le goupe a su éviter de tomber dans un album qui s’éternise et qui devient chiant, ici il y a toujours une dynamique dans les morceaux qui fait qu’on ne s’ennuie jamais. Sael n’étire jamais artificiellement ses compos et sa musique est toujours en mouvement, il y aura toujours un riff, une mélodie ou une structure particulière pour éveiller votre intérêt. D’ailleurs au niveau de la prod pas de soucis non plus, le groupe s’est rendu aux Drudenhaus Studios donc le boulot a été fait et bien fait.

Je sais que les puristes du black refusent de voir cette scène évoluer, et pourtant quand on entend des albums de cette qualité je me demande comment on peut rester de marbre. D’autant que les racines du style ne sont absolument pas trahies, elles sont au contraire transcendées. Sael est incontestablement un groupe sur lequel il va falloir compter, la qualité de cette galette est indéniable et le fait que ce ne soit qu’un premier album laisse imaginer la marge de progression qu’ils vont pouvoir explorer dans le futur. Et puis c’est pas pour être chauvin mais bon ça nous fait un bon groupe Français de plus quand même, quand j’en entendd certains gueuler sur la médiocrité de la scène Française je me dis qu’il va leur falloir des cotons-tiges modèle géant.

Bref tout ça pour dire que Sael c’est du très bon et que j’espère avoir de leurs nouvelles prochainement avec un deuxième album tout aussi intéressant. C’est comme ça que survit une scène, en osant s’aventurer dans des contrées qui ne lui sont pas forcément destinées à la base. C’est pas en copiant Darkthrone ou Mayhem pour la 643458436ème fois que le black metal survivra, et ça Sael l’a bien compris. Pour moi c’est avec ce genre de groupes que ce style retrouve de l’intérêt, le savoir faire dans le mélange de la brutalité et des ambiances plus l’esprit presque «progressif» qui les anime (j’ai bien dit «esprit» n’allez pas me dire que je les compare à Dream Theater). Progressif dans le sens premier du terme, défricher des terres inexplorées et ne pas se contenter de reproduire les recettes de bases ad vitam. Nul doute que "The Sixth Extinction" filera de l’urticaire aux plus puristes des blackeux, les autres sauront profiter de ce premier opus très prometteur dans le genre.


Murderworks
Août 2010




"Ocenn"
Note : 17,5/20

Sael – "Ocean" n’officie pas dans un black crade et basique, il est technique et progressif et ne semble pas être composé totalement au hasard ni impulsivement dans le mal-être de ses auteurs – Il faut dire que Vincent de Pictonian, n’aurait sans doute pas apprécié un groupe qui ne travaille pas ses compos intelligemment – car en effet même si chaque partie musicale a l’air d’être totalement réfléchie et travaillée avec entre autres quelques blasts sévèrement rapides enchaînés aussitôt sur du mid-tempo, de très bonnes parties de basse qui font plaisir à entendre, quelques passages acoustiques et des leads énormes, une voix très écorchée ou carrément maladive et de nombreux riffs, il y a cependant pas mal d’accords de puissance assez simplistes et c’est ici que Sael aurait pu mettre le paquet quitte à vouloir faire quelque chose d’entièrement original pour du black qui ne se veut pas raw à souhait. Mais ne rechignons pas pour ça… La production reste clean pour le style, propre mais un poil old school pour ne pas totalement renier le genre. Musicalement on pourrait reconnaître du Dissection notamment sur l’intro nommée "Ocean", parfois du Drudkh pour les mid-tempo et les mélodies, du vieux Satyricon ou Dodheimsgard sans oublier Shining pour les plus lentes et douloureuses parties mais aussi pour les quelques effets spéciaux qui ne sont pas sans rappelés cette ambiance glaciale de la lame de fer qui vient déchirer votre peau et torturer votre esprit… Vous l’aurez donc compris, Sael nous plonge dans de sombres abîmes (ou abysses, c’est selon…) froides et haineuses avec cet "Ocean" aux couleurs avant gardistes (de l’artwork) d’une tempête qui viendrait s’abattre d’un instant à l’autre… Loin de mener un combat politique, c’est sur la troisième et avant-dernière chanson "Instrumentale" de cet opus que l’on peut entendre une citation de Malcolm X. Un léger coup de gueule contre les nationalistes ?


Minoushkha
Juillet 2007


Conclusion
Le site officiel : pictonian.records.free.fr