Le groupe
Biographie :

Sadist est un groupe italien de death / thrash metal à orientation progressive, originaire de Gênes et créé en 1991 sous l'impulsion de Tommy Talamanca (guitare / clavier) et de Peso (batterie). Le groupe avait cessé son activité en 2000 après la sortie de l'album "Lego", mais s'est reformé en 2005 avant de sortir son album éponyme en 2007. Sa musique intègre des solos de guitare et de clavier, ainsi que des influences tirées du jazz et de la musique orientale.

Discographie :

1993 : "Above the Light"
1995 : "Tribe"
1997 : "Crust"
2000 : "Lego"
2007 : "Sadist"
2010 : "Season In Silence"
2015 : "Hyaena"
2018 : "Spellbound"
2022 : "Firescorched"


Les chroniques


"Firescorched"
Note : 16/20

Sadist – Spellbound Après un "Spellbound" dont le concept était basé sur les films d'Hitchcock, les cultissimes Sadist sont de retour avec "Firescorched". Si le précédent album se faisait plus direct, moins technique et développait des ambiances évidemment horrifiques, le groupe a visiblement décidé de revenir à quelque chose de plus brutal.

"Accabadora" remet les sonorités orientales au premier plan et nous fait entendre cette fameuse basse fretless cette fois tenue par Jeroen Paul Thesseling, elle aussi bien mise en avant. Un premier morceau mid-tempo qui renoue effectivement avec les plans techniques et tordus typiques de Sadist et les sonorités orientales que le groupe a utilisé plus d'une fois depuis ses débuts. C'est "Fleshbound" qui va accélérer le rythme et revenir au death technique que l'on connaît bien avec ces ambiances peut-être moins horrifiques mais toujours très étranges. On retrouve un Sadist un peu plus aventureux cette fois avec par exemple de discrets arrangements electro sur "Food Finger", un morceau qui développe d'ailleurs une ambiance assez malsaine et glauque. La bio annonce que ce nouvel album est le plus brutal et rapide du groupe, ce n'est pas faux mais cela laisse penser que "Firescorched" va tout raser sur son passage. Oui, Sadist accélère le rythme par rapport à "Spellbound" mais on est proche de ce que le groupe proposait à ses débuts en termes d'agressivité donc rien de surprenant à ce niveau-là. On a bien quelques blasts bien brutaux sur "Burial Of A Clown" par exemple mais cela reste épisodique et il ne faut pas vous attendre non plus à une boucherie de la part de Sadist. En tout cas ça fait toujours plaisir d'entendre quelques petits passages brutaux et avec Romain Goulon aux fûts, il aurait été dommage de se priver ! "Loa" qui suit ralentit d'ailleurs la cadence et développe quelques senteurs progressives avec pas mal de mélodies et une ambiance fantomatique du plus bel effet. L'album est d'ailleurs bien plus varié que ne le laisse penser la note d'intention de la biographie et on a droit à pas mal de changements de rythmes ou d'ambiances.

Pour autant, "Firescorched" ne s'étale pas et ne dure pas plus de trente-huit minutes, ce qui rend la variété des morceaux d'autant plus impressionnante. L'inspiration est toujours là et le groupe arrive à se renouveler tout en gardant sa patte reconnaissable, comme "Spellbound" avait lui aussi réussi à le faire dans un autre style. Ce nouvel album renoue avec le death technique, étrange et glauque, auquel Sadist nous avait habitués et cela fonctionne toujours aussi bien ! Les gros blasts bien brutaux qui émaillent "Burial Of A Clown", "Trauma (Impaired Mind Functionality", "Three Mothers And The Old Devil Father" ou le morceau-titre lui vont plutôt bien et montrent effectivement un visage plus brutal. C'est discret et utilisé avec parcimonie mais ça fait son petit effet destructeur et si Sadist veut garder cette brutale à l'avenir, on vote pour ! Pour le reste, on retrouve tout ce qu'on aime chez le groupe avec des structures qui bougent souvent, des passages techniquement ardus, des ambiances glauques et étranges, bref du Sadist pur jus. La production est assez sèche mais claire et propre, dans les standards du death technique à l'ancienne. Depuis son retour avec l'album éponyme en 2007, le groupe est en forme, enchaîne les bons albums et cela fait plaisir à entendre. Même en proposant une musique proche de ses racines le groupe arrive à proposer quelque chose de différent de "Hyaena" qui s'en rapprochait aussi et donc évidemment de "Spellbound" qui empruntait une voie plus horrifique et directe. "Firescorched" réussit l'exploit de proposer ce qu'on attend de Sadist tout en surprenant avec quelques passages plus brutaux et des ambiances qui arrivent toujours à nous prendre à contre-pied !

Ce nouvel album est donc une fois de plus une réussite et amène juste ce qu'il faut de nouveautés à la musique de Sadist pour frapper fort. "Firescorched" a de quoi plaire à ceux qui apprécient Sadist de longue date et aux petits jeunes qui découvriraient seulement maintenant ce monstre du death technique. Si vous vous demandez d'où vient une partie des groupes que vous écoutez en ce moment, jetez un œil là-dessus, les vétérans en ont encore sous le pied et pourraient vous surprendre !


Murderworks
Août 2022




"Spellbound"
Note : 15/20

Sadist – Spellbound Sadist est un groupe de death progressif italien formé en 1990. Il est composé de Tommy Talamanca (guitare, claviers), Andy Marchini (basse, chœurs), Trevor Nadir (chant) et Alessio Spallarossa (batterie). Leur huitième album, "Spellbound", est sorti le 9 Novembre 2018 chez Scarlet Records.

Quel passionnant monde que celui du death progressif, plein de richesses et aux possibilités infinies. Nombreux sont les groupes à s’y essayer ; certains ont créé des choses absolument fantastiques – Atheist, Cynic, Opeth, pour ne citer qu’eux – et par leur univers et leur musique innovante ont révolutionné la scène death metal. Parmi la pléthore de formations, nous avons Sadist, tout droit venue d’Italie et trente ans de carrière au compteur. Des albums foudroyants pour un groupe qui l’est tout autant sur scène, Sadist est fort de son death prog très old school et bien foutu. En 2018, les Italiens nous ont réservé une surprise de taille, où le challenge est incontestablement très gros. Leur nouvel album "Spellbound" est présenté comme un hommage à l’immense carrière du cinéaste Alfred Hitchcock, qu’on ne présente plus, où chaque morceau passe sur un pan de son œuvre. Un concept qui a de quoi éveiller une sacrée curiosité, mais également de grandes attentes !

L'intro "39 Steps" nous plonge dès les premières secondes dans l'ambiance sinistre et malsaine de l'univers du maître du suspense, caractérisé par un court morceau de piano à la mélodie répétitive obsédante. S'ensuit "The Birds" qui place déjà la barre très haut. Il est dominé par une nappe de claviers à la mélodie glaçante où viennent se superposer une grosse rythmique death et la voix de Trevor, entre growls caverneux et cris grinçants.  "Spellbound" poursuit dans le même esprit avec cependant une petite dose de groove en plus (un grand respect pour Andy Marchini à la basse) qui accentue le caractère progressif à la 70's très prisé des amateurs du genre. Ces mêmes amateurs identifieront d'ailleurs immédiatement la forte influence de la musique de Goblin dans cet opus, reconnaissable dans l'atmosphère, la technicité et l'ambiance à la fois vintage et kitsch sans toutefois tomber dans le grotesque. Ce concept y est poussé à son paroxysme avec "Notorius", morceau entièrement instrumental où les claviers et la basse en particulier sont mis à l'honneur dans une composition à la limite du jazz / prog dans sa construction. Certains morceaux ont ainsi tendance à nous le faire oublier, mais Sadist est avant tout un groupe de death né dans les années 90 et qui a gardé la lourdeur et la gravité qui régissait les codes du death metal de l'époque.

Aussi, "Spellbound" présente des compositions davantage orientées dans ce sens, notamment la très bonne "Rear Window" à la rythmique puissante et ravageuse qui vous décolle la tête, ou bien "Bloody Bates", très contrastée (tout comme le personnage à qui elle fait honneur) par ses claviers célestes, les accélérations de la batterie ainsi que le timbre brut de Trevor. Comme nous pouvons le constater, l'écoute de la première moitié de cet opus est très satisfaisante, Sadist retranscrit à sa manière le monde sombre et raffiné de Alfred Hitchcock, tous les ingrédients y sont pour nous y immerger. Cependant ce choix artistique d'apposer sur tous les morceaux des claviers, de mêler constamment l'aérien, le progressif et la violence caractérisée par le côté death fait que l'album s'essouffle et devient lassant. Cette cassure est presque palpable ; la seconde moitié de "Spellbound" est confuse et indécise. Des morceaux tels que "Stage Fright" et "Frenzy" ont un bon début, mais sont vite pris à leur propre jeu ; à trop vouloir en faire, le caractère glaçant assez subtil de cet album-concept a disparu. Inutile également de s'attarder davantage sur la titubante "I'm The Man Who Knew Too Much", Sadist s'est perdu dans son propre schéma artistique. On termine avec l'outro "Downhill" qui en reprenant le thème de l'introduction, a le mérite de tenter de rapporter une certaine cohésion et ainsi, de boucler la boucle.

"Spellbound" est un album qui part d’un concept brillant mais, comme on le découvre au cours de l’écoute, laborieux à mettre en œuvre. Malgré quelques faux pas et des expérimentations peu concluantes, dans l’ensemble Sadist s’en est bien tiré. Le groupe est parvenu à nous transmettre sa vision des choses dans une atmosphère malsaine tout à fait adéquate, "Spellbound" vaut la peine d’être considéré et estimé.


Candice
Janvier 2019




"Hyaena"
Note : 17/20

Petite virée dans le metal culte avec le nouvel album de Sadist, pionnier du death technique et expérimental ayant fait pas mal de bruit avec "Above the light", "Tribe" et "Crust" pour se perdre ensuite avec un "Lego" totalement hors sujet. Le groupe a refait son apparition en 2007 avec un album éponyme qui remettait les pendules à l'heure et rassurait tout le monde sur l'inspiration de ces Italiens fous.

"Season In Silence" continuait sur la même lignée et réhabilitait lui aussi le Sadist de l'époque, limitant certes les expérimentations mais permettant d'avoir au moins de bons morceaux. Ce nouvel album qui répond au doux nom de "Hyaena" ne voit pas le groupe changer son fusil d'épaule, on est toujours dans du Sadist début 90 pur jus. Et là encore les plus fous reprocheront au groupe de se reposer sur ses lauriers et de ne pas laisser libre cours à son imagination de peur de perdre son public en cours de route, ce qui était arrivé justement avec l'infâme "Lego" qui voyait Sadist mélanger de l'electro avec un néo metal des plus fades et que je rapprocherais plus d'une erreur de parcours que d'une véritable expérimentation. Toujours est-il que même ces types pourraient faire de très bonnes choses en expérimentant comme des malades, la qualité des morceaux priment pour ma part sur leur côté aventureux, et de ce côté le groupe assure depuis son retour. Et là, "The Lonely Mountain" met tout le monde d'accord tout de suite avec des riffs bien techniques et des structures bien tordues comme on aime, bref le Sadist des grands jours. Et on retrouve toujours ces petites incursions limite world music, à grands coups d'instruments exotiques et de sonorités qui le sont tout autant. Et bien entendu, en plein milieu du morceau, débarque le traditionnel break bien jazzy. bref autant dire qu'on retrouve nos marques rapidement.

Les claviers sont bien là eux aussi, mettant une couche supplémentaire sur les ambiances avec de bonnes grosses nappes ou de façon plus discrète en plaçant quelques mélodies ou bruitages ici ou là. Et comme pour Atheist ou d'autres grandes gloires du death / thrash technique des années 90 qui ont fait leur retour ces dernières années, les plus jeunes qui vont les découvrir maintenant vont être un peu perdus, pas d'ultra violence ou de blasts supersoniques ici mais on sent par contre bien l'héritage que des groupes comme Sadist ont laissé justement chez les jeunes loups qui repoussent le bouchon de la technicité dans ses derniers retranchements. Et ce qui manque à certains d'entre eux, c'est une certaine musicalité, une capacité à créer des ambiances et des mélodies qui accrochent et qui apportent réellement quelque chose aux morceaux. C'est ce que Sadist faisait à ses débuts, et c'est ce que le groupe arrive encore à faire sur "Hyaena". On ne se retrouve jamais noyé sous une avalanche de notes ou de structures imbitables, pourtant le niveau technique pourrait en faire pâlir plus d'un (et Sadist n'a plus rien à prouver de ce côté-là depuis bien longtemps de toute façon). L'album jouit en plus d'une très bonne production, avec une basse assez présente et la place de s'exprimer pour tout le monde avec en plus une puissance et une clarté non négligeable dans ce style de musique.

Sadist continue donc de faire ce que la plupart attendent de lui, si les mordus d'expérimentations le lui reprocheront, je me contente personnellement de la grande qualité de cet album une fois de plus.


Murderworks
Décembre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.sadist.it