Argentin d'origine, Sacrum voit son deuxième album sorti en 2009, réédité par Pervade Prods, cette année. Ce n'est pas un mal, ça permet de découvrir un groupe pas forcément rock, pas forcément metal, pas forcément prog, pas forcément pop, mais un mélange d'une peu de tout ça. Je dis "pas forcément" parce que les guitares de "Days Of Quarantine" sont orientées hard rock / metal progressif, mais on retrouve à travers la musique de Sacrum un style moulé pour le grand public, du rock dans toute sa puissance façonné de manière à conquérir le monde non metal, et c'est une certitude. Après ce n'est pas pour autant que Sacrum fait de la daube loin de là, même si au début j'ai pressenti une forte dose d'opportunisme sur "Survive" avec un titre proche de la pop rock, un peu comme le groupe Morian, avec à un moment un passage à la voix saturée, sans grand intérêt. Mais sinon la voix, le chant lui même reste pop avec des guitares un peu cyber. C'est indubitablement un groupe qui s'adresse aux fans de combos tels qu'Atreyu.

La suite de l'album se fait un peu plus "metal" avec des guitares plus agressives, mais l'ombre d'une influence prog, dans les claviers, dans les idées reste bien présente. Alors on passe un moment agréable, c'est le mot, pas transcendant mais plutôt agréable. Les morceaux dans leur grande généralité, bien que se voulant rythmés, et pleins de grosses rythmiques, reviennent obligatoirement vers une influence pop rock / prog vraiment présente. "Dazing Silence" en est un bel exemple, avec plus de couleurs pastel, plus d'ambiances accrocheuses, montées pour la conquête du grand public. C'est bon, mais sans que cela en soit une remarque totalement négative, c'est fait pour les ondes sans aucun problème. Si on a aimé les Evanescence, les Muse, je ne parle pas du style musical mais de l'aspect accessible, on appréciera forcément Sacrum, Quoique leur côté plus complexe dans les morceaux, ce côté prog et forcément moins évident que les groupes nommés, pourrait être une barrière.... En parallèle Sacrum peut présenter parfois une formidable image profonde dans sa musicalité, car avec des morceaux comme "Eternity", on a l'impression de flotter sur un nuage de bonheur, d'espoir et de beauté. La voix de Estanislao Silveyra est à ce moment précis de l'album une pure merveille. Ce morceau influencé par un Pink Floyd magique et un groove époustouflant est une des pièces maitresses de "Days Of Quarantine".

Après on retrouve des morceaux un peu fourre-tout, un trip un peu techno-dance sur "Quarantine" mais à la complexité totalement paradoxale sur les guitares pour jouer sur un tempo limite agressif, ou encore "Keep Me Alive" dans le même son de cloche et surtout "Recalling" autre morceau très aérien, bordé par des guitares enchanteresses, survolant les plaines désertiques du Sahara. A l'arrivée cette impression de blockbuster commercial s'estompe parce qu'on se dit que même si Sacrum est accessible en surface, ces morceaux sont plus compliqués qu'ils n'y paraissent et on se laisse faire plus facilement qu'on aurait pu le prévoir. Sacrum n'échappe pas à la tradition du morceau mitigé ballade / rock, avec "Dancing Stars" où guitare acoustique se mêle à claviers liquoreux. Plus on avance dans l'album et plus on se dit que ce groupe à un énorme talent de composition. Il subsiste entre cette dualité de proposer des passages simples d'écoute, aux mélodies faciles avec cet esprit de ballade et des passages tellement plus agressifs au tempo metal progressif.

Je suis séduit au final, et cet album est à écouter attentivement pour s'imprégner efficacement de l'ambiance qu'il dégage. A ne pas mettre entre les mains de personnes qui ne jurent que par le metal, mais plus aux âmes sensibles, proches de The Last Embrace, Pink Floyd, Anathema, Amartia et autres groupes hybrides...