- Rotten Liver ?
- Ben c'est un groupe à consonance black metal de chez Mortis humanae, ça claque sa fesse bien méchamment. Point barre.

Fin de la chro.

Quoi ? À l'arrivée c'est tout ce que l'on veut savoir, et puis lire la note aussi, vu que c'est tout ce qui intéresse les gens... Dire que c'est un groupe de Vannes, dont les gars ont vraisemblablement envie de jouer sur l'anonymat, et que cette production est un EP, ça ne suffit pas ? Dire que les quatre petits titres qui nous font frissonner pendant 23 minutes sont écrits dans un esprit malsain avec des ambiances mid-tempo et qu'elles surfent sur un black death agonisant et crachant par moments des rythmiques presque death putride ("Black'N'Rot") ne vous satisfait toujours pas ? Si c'est le grand jeu qu'il faut...

Rotten LIiver, après trois ans d'existence, sort a priori ici sa première production, et pour nous donner l'eau à la bouche ce sera donc sous un format EP, mini CD serait plus adapté, que "Purification By Debauchery" se présentera. Comme toute bonne formation à tendance black metal ayant une attitude de puriste, Rotten Liver a choisi une production entre le propre et le souillé. On écoute sur les quatre titres un son à peine crasseux qui laisse bien percevoir le jeu de ses créateurs avec cette particularité qu'il semble y avoir une espèce de voile feutré sur la voix et la batterie, ce qui donne à l'ensemble un aspect de velours sur fond de danse macabre... C'est d'ailleurs un peu ce que représente les imageries du groupe, la pochette, les logos... Rotten Liver arrive juste avec cet EP à montrer une personnalité singulière, avec un charisme énorme qui ressort pourtant d'une espèce de pudeur malsaine ou pas, mais sûrement attirante et qui suscite les interrogations.

Le groupe ne joue pas seulement dans la cour du black metal, au contraire, il arrive à insérer dans cet aspect sombre et ténébreux de véritables ambiances et atmosphères, pourtant simplistes dans leur construction musicale, qui donnent aux chansons une dimension perverse qu'on apprécie particulièrement. "Infamous Nil" brille par sa noirceur et ses lenteurs atmosphériques. L'arrêt du thème pour plonger dans un truc acoutisco quelque chose et repartir dans un feeling blacko heavy, plonge l'auditeur dans des limbes maléfiques où il est difficile d'en sortir. Le son des guitares est lui aussi très roots et c'est également cela qui procure à Rotten Liver sa signature. Les morceaux paraissent simples, mais ils sont rudement bien écrits, "Become The Arcanthropos" est lui aussi un titre qui joue énormément sur les ambiances dérangeantes et hypnotisantes. La redondance vocale relative au titre de la chanson est un véritable régal, jusqu'au lead guitare qui se la fait solo heavy dans une rythmique sombre, ça donne envie de voir la machine en concert. Sans doute ma préférée par son aspect plus rock'n'roll punko thrash black, "Black'N'Rot" est à Rotten Liver ce que "Ace Of Spades" est à Motörhead. Rotten Liver transforme l'essai et prend des points avec ce titre qui entre des rythmiques primaires à la "quintessence" de Darkthrone, en plus rapide tout de même et un Motörhead qui aurait viré extrême, vient lécher les testicules du chien galeux portant le doux nom de "groove". Car oui, c'est un morceau qui, au-delà de jouer avec des accélérations quasi death old school, est plein de groove. Un pur chef d'oeuvre.

Quant à "Purification By Debauchery", c'est le feu d'artifice infernal qu'il fallait pour clôturer le machin. La voix de J-L est ignoblement succulente. Je n'irai pas jusqu'à dire que Rotten Liver prend des airs de thrash / black à la Aura Noir, tout en restant plus modéré et plus lent, mais on s'en approche...

- Alors quoi c'est bon ce coup-ci ?
- Il n'y avait qu'à juste à l'écouter, et le choper chez Mortis Humanae Prod', parce que Rotten Liver c'est un des indispensables de cette année dans le style...