Le groupe
Biographie :

Rolo Tomassi est un groupe originaire du Royaume-Uni, actif depuis 2005 et composé de Tom Pitts à la batterie, Chris Cayford et Nathan Fairweather respectivement à la guitare et à la basse, de James Spence au synthétiseur et au chant et d'Eva Spence au chant. Rolo Tomassi fait figure d'ovni dans la scène hardcore actuelle. Inclassable, car naviguant entre les registres mathcore, post-hardcore et rock experimental, le groupe est aussi connu pour ses performances live tumultueuses.

Discographie :

2008 : "Hysterics"
2010 : "Cosmology"
2011 : "Eternal Youth" (Compilation)
2012 : "Astraea"
2015 : "Grievances"
2018 : "Time Will Die And Love Will Bury It"


Les chroniques


"Time Will Die And Love Will Bury It"
Note : 14/20

La folie. C’est la seule chose qui anime les titres du groupe anglais Rolo Tomassi. Découverts il y a peu en live, ils flirtent entre rock progressif, post-hardcore, pop et mathcore. Le duo Eva Spence (chant) et son frère James Spence (chant / synthé) fonde le groupe en 2005, mais les autres musiciens quitteront tour à tour le groupe. Actuellement, ce sont Chris Cayford (guitare), Nathan Fairweather (basse) et Tom Pitts (batterie) qui tiennent la rythmique aux côtés des deux chanteurs. Cette année marque la sortie de "Time Will Die And Love Will Bury It", leur cinquième album. Et quelque chose me dit que la sagesse n’a pas été conviée à la fête.

Le groupe commence avec "Towards Dawn", une composition instrumentale très ambiante. A peine quelques murmures en fond. Le groupe nous ferait-il patienter avant de lâcher les fauves ? Réponse tout de suite avec "Aftermath", qui… est tout aussi calme. Certes Eva Spence chante, mais sa voix douce et enchanteresse reste la même que ce soit sur les couplets un peu pop-rock ou les refrains avec un peu plus de saturation à la guitare. Aucun cri. Les Anglais sont sages. Cependant, les riffs de fin laissent présager autre chose. C’est en effet avec "Rituals" que l’on retrouve l’énergie et les rythmes chaotiques, accompagnés d’une voix torturée. Presque back metal, le combo ose tout, et les hurlements d’Eva transforment réellement la composition. Impossible de passer à côté de la violence qu’elle transmet, alors que sur "The Hollow Hour", il est nécessaire d’attendre un peu. Les harmoniques dissonantes donnent également un ton malsain au titre, ce qui rend l’assimilation encore plus compliquée pour les non-habitués. Les nombreux changements de registre font partie intégrante du groupe, mais il est difficile de s’y accoutumer lorsque ce style n’est pas votre style de prédilection.

L’introduction de "Balancing The Dark" m’a personnellement ennuyé, mais j’ai rapidement repris intérêt pour la musique du groupe dès que le gros de l’instrumental a explosé. Les hurlements contrastent avec les nappes de claviers d’un calme olympien, et les harmoniques caractéristiques du mathcore sonnent toujours aussi bien. Cependant, pour "Alma Matter", le groupe n’a pas la volonté d’attendre ne serait-ce qu’une seconde avant de nous montrer à quel point les saccades en font un titre unique. La rythmique devient plus ordonnée avec le passage en chant clair, mais repart avant de nous laisser sur "The Flood Of Light". Encore un titre long qui s’autorise à développer patiemment un univers entier, au risque de lasser un peu l’assistance qui ne veut que de la violence. Pour moi, les parties uniquement ambiantes, bien qu’essentielles, sont un peu trop longues.

Une rythmique lourde et ordonnée nous tombe dessus sans prévenir pour "Whispers Among Us", et j’observe avec bonheur que le groupe gère beaucoup mieux les moments de pause avant d’en remettre une couche, pour nous souffler à nouveau. Contretemps souffre malheureusement d’une introduction beaucoup trop lente, et il faut attendre près d’une minute trente pour que la batterie ne démarre réellement. Mais le défaut de ce titre n’est pas sa longueur. Pour moi, il repose dans le fait qu’il peine à décoller lorsqu’il pourrait très agréablement me surprendre. Et l’outro est également très lente et à tendance prog. Dernier morceau, "Risen" est une douce ballade qui profite de la sublime voix de la chanteuse avant de s’éteindre dans un grésillement.

Je n’ai pas été convaincu par l’album de Rolo Tomassi. Si les Anglais apportent leur univers inimitable et riche, avec des compositions originales et parfois détonantes, il y a un manque de rythme qui me fait parfois m’ennuyer pendant quelques minutes pour devoir me replonger dans leur musique afin d’en profiter réellement. Mais je tiens à le souligner, "Time Will Die And Love Will Bury It" est loin d’être un mauvais album, car on sent que la composition a été pensée de bout en bout. Par contre, leurs performances live sont tout bonnement survoltées !


Matthieu
Avril 2018




"Grievances"
Note : 16/20

Avec un nom comme ça, on les aurait cru italiens. Que nenni, c’est avec plaisir que je découvre un nouvel opus de Rolo Tomassi, les deux précédents ont laissé en moi un bon souvenir.

Il n’y a qu’une chose à dire, la musique est à l’image de l’artwork, ou l’inverse. "Grievances" est une tempête au milieu de quelque chose infiniment serein. Peut-être est-ce l’inverse encore une fois. Très binaire, l’album se décompose en deux antagonismes bien distincts avec d’un côté la fureur, de l’autre l’apaisement, deux sentiments liés par la mélancolie. Une mélancolie renforcée par un clavier assez présent mais dont l’utilisation sert royalement la musique.

Les parties lourdes sont rondement menées et s’apparentent à de véritables monuments. A contrario, les enchaînements très rapides sur fond de blast sont étrangement assez linéaires, et endossent simplement le rôle de perturbateur dans la forme mais n’apportent que peu d’éléments sur le fond. Comme à son habitude, le groupe n’est pas avare en matière avec onze titres pour une quarantaine de minutes d’un hardcore auquel vient se greffer un peu de math, de noise, de punk parfois.

Un album qui peut facilement jouer une double fonction. Celle de l’écouter véritablement et de passer un bon moment ou celle de faire office de fond sonore créant une ambiance toute particulière au sein de votre foyer.


Kévin
Avril 2016




"Astraea"
Note : 17/20

La dernière fois que Rolo Tomassi a tourné dans ma tête c’était lors de la sortie de "Eternal Youth", leur compilation de raretés. De qualité et généreusement fournie ,elle permettait à quiconque d’attendre sereinement le prochain album et le voici déjà après moins de deux ans, répondant au nom de "Astraea".

Avec le nom de l’album et l’artwork qui l’accompagne l’intro de "Howl" paraît couler de source. Très astrales, les deux premières minutes accouchent finalement de quintuplés : synthé, guitare, basse, batterie et hurlements. On retrouve Rolo Tomassi dans un univers qui ne nous est pas étranger, à savoir un punk-rock - hardcore- teinté de noise et de math. Avec "Ex Luna Scientia", le tempo prend un coup de pied au cul et une place plus confortable est laissée aux mélodies musicales comme vocales avec un chant clair très pur. Le synthé également s’exprime davantage ("The Escale Of Balance", "Gloam") et le groupe nous offre même de très belles mélopées instrumentales ("Empiresk"). On se réjouit vraiment d’entendre tourner un album aussi complet et aussi agréable à découvrir avant de passer par le prélude (obligé) "Echolalia", qui rebondit musicalement sur le fil conducteur de l’album, mais reste coupé vraiment (vraiment) subitement par "Echopraxia". Pour le reste ("Remancer", "Echopraxia", "Illunis") c’est du Rolo Tomassi comme on le connaît déjà mais c’est toujours un plaisir d’encaisser cette fougue rageuse et complexe.

"Astraea" se ferme sur "Illuminare", le titre le plus long avec ses sept minutes où Rolo Tomassi gagne encore un cran en profondeur tout en dégageant quelque chose d’intimiste. Je commence à devenir curieux de ce que le groupe peut transmettre en live. Ils sont actuellement en pleine tournée au Japon et en Australie mais entre nous, ça fait un tout petit peu trop loin pour un concert.


Kévin
Octobre 2013




"Eternal Youth"
Note : 17,5/20

"Eternal Youth", une compilation de raretés et inédits de Rolo Tomassi, deux CDs, 36 titres, plus de deux heures de musique, autant le dire tout de suite les enfants, on a du pain sur la planche à repasser ! La majorité des morceaux sont courts excepté le tout dernier du premier CD qui dure environ 11 minutes. La plus grande partie de l'album est constituée de titres mathcore expérimentaux teintés de noise principalement accompagné d'une voix presque typée screamo ! Tout ceci alterne avec des titres jouant beaucoup plus sur les émotions sombres, maladives comme "Titanomachia", "Prelude", "Seagull" ou bien encore "Rock The Pleasantries Let's Fuck". RT n'est pas non plus terrorisé par le fait d'intégrer de l'electro bruitiste à tout ça, que l'on peut par exemple retrouver sur "The Golden Ghost" ou "Fuck The Plaisantries Let's Rock" ( attention au piège). Le groupe est aussi capable de se laisser emporter par une fougue totalement délirante, psyché, hypnotique parfois, dont les effets afoudisiaques (oui c'est un néologisme personnel signifiant :  "qui rend fou") sont saisissants. Je pense notamment à "Apocalypso 2009", "Curby" et "C Is For Calculus". Ce premier CD s'achève sur une structure narrative de onze minutes à savourer avec une certaine concentration il est vrai. Enfin, petite note importante concernant la symphonie cartoonesque de "Beatrotter" dont l'introduction est à se repasser en boucle.

Deuxième skeud inséré, on a le sentiment d'écouter la continuité du premier, avec "Breathing Through A City...". puis on trouve des enregistrements plus anciens de morceaux écoutés précédemment comme par exemple "Film Noir" et "...And Then The Mannequin Spoke". "Headclouds/Reign Of Low" tiré d'un split de 2009 prend la relève pour du Rolo Tomassi tout craché ! Ensuite nous avons droit à deux petites perles acoustiques respectivement nommées "Oh, Hello Ghost" et "Nine". On découvre aussi la présence de remix electro barrée ou au contraire totalement planant de certains morceaux du groupe. Ce sont des titres comme "Abraxas", "I Love Turbulence" (deux différents), "Fuck The Plaisantries, Let's Remix", "Beatrotter" mais encore "Tongue In Chic" et "Fofteen". RT nous pond en plein milieu de tout ça une putain de piste expérimentale intitulée "C Is For Drowning Udner Waves Of Listless Apathy".

On voit souvent les groupes se "vanter de leurs compositions sans barrières musicales". Sur tous ceux qui le prétendent, peu atteignent cet objectif, et dans ce "peu" on trouve Rolo Tomassi, un brassage musical jouissif. Des enregistrements totalement différents pour chaque morceau, mais tous agréables avec les compositions qui les accompagnent. Cet objet n'est pas réservé qu'aux fans bien au contraire, il peut aussi très bien être un objet de découverte de RT ! Bref, fais toi plaisir petit !


Kévin
Novembre 2011


Conclusion
Le site officiel : www.rolotomassiband.com