"Des Signifiants Vides" commence par des textes lus sur fond de dissonances. Des citations et autres textes connus ou moins connus mais également philosophiques.

Le fracas envahit ensuite l'espace avec les éructions du chanteur déchirées jusqu’à la moelle. Puis c'est la redescente…, des paroles posées ici et là, lentes et quelquefois rares, pleines de philosophie et de réflexions, sur des mélodies, des notes ici et là, des nappes qui englobent le tout. On est bien ici sur un album réfléchi et non pas brut de décoffrage, puis vient le temps des gueulantes. Toujours en restant dans les mêmes tons musicaux sans jamais d’emballement. Ces moments sont brefs, déchirés et redescendent comme ils sont venus. "From The Universe", le deuxième titre, est comme cela, un peu étrange, entre nappes et mélodies sans vraiment se lancer…, on reste sur notre faim. "Steal Of Thought" attaque beaucoup plus fermement avec directement une entrée de la part des guitares, de la section rythmique, et d’un chant gueulé mais la partie grave du chant saturé est dans la peine, sans relief, sans puissance, sans coffre. Un morceau sur le même modèle que le précédent mais en version violente, avec des idées mais sans réels changements, avec une construction très linéaire. On alterne ainsi durant tout l'album entre des parties musicales, d’autres plus écorchées avec un chant, certes particulier, mais mitigé, très peu audible, criard et qui quelquefois même gâche l’ensemble. Allez, j’avoue, autant la partie musicale me convient et finit de me convaincre avec une montée en gamme, à l'image de "Path Of Exile" qui résume bien cette montée avec de la double pédale, des breaks bien posés, mais avec ce chant hurlé manquant de quelque chose, ces paroles posées ici et là en fançais, on peine à trouver une homogénéité On s’y perd, on a une identité qui se forme, ambitieuse et différente, avec ces nappes et ces envolées qui peuvent faire planer (certains morceaux faisant plus de 7 minutes, c’est ambitieux), il ne manque que la mise en forme si je puis dire.

Pour résumer ces huit titres de Risei, on a de l’ambition, une identité qui s’affirme, mais des pertes de qualité en chemin ici et là. On a aussi de temps en temps des références à Cult Of Luna dans la création et dans les morceaux mais l'écoute d’un bloc est difficile, peut-être parce que certaines compositions sont trop linéaires par instants, et peut-être aussi parce que le chant manque de cohérence sur la longueur et se veut quelquefois trop approximatif dans la puissance et la justesse.

Risei, groupe tout jeune et créé en 2012, nous propose son premier disque : un 8 titres très sombre. Instrumental en grande partie. Le groupe ne propose que des paroles minimalistes avec un frontman très puissant. Les quelques textes entrecoupants les différents morceaux sont très profonds, sombres, et amenant à une réflexion quasi philosophique sur l'homme, la condition humaine et nos actions. Ces textes sombres et profonds se placent véritablement en parallèle des musiques. Musicalement, ces 8 titres sont d'une extrême violence pour les refrains et musicaux et melodieux pour les couplets. Ramenant à des groupes comme Cult Of Luna pour ce qui est des vocaux et des instrumentaux sur les refrains, tout est cadré dans une veine post-rock minimaliste où le ressenti a une grande part. S'appuyant sur des sonorités destructrices et avec une déchirure extrême vocale, le groupe nous touche au plus profond, dans cette veine post-thrash détruisant tout sur son passage et prenant possession de notre âme. Le côté déchirant et écorché vif des quelques passages vocaux finissant de détruire le peu de douceur de notre âme. Bénéficiant d'une production puissante et maîtrisée, le groupe s'appuie sur une section basse / batterie lente et puissante, déchirant le temps inlassablement en appui de guitares proposant des mélodies entêtantes, et d'un chant déchiré. Le groupe, malgré une expérience très jeune, se place tout de suite dans la cour des grands avec 8 compositions de grande qualité. Une mention spéciale pour "Nothing Good" et sa rythmique au milieu du morceau. Ce même morceau apportant une variation là où, malgré leur grande qualité, les autres titres s'avéraient être un peu rébarbatifs sur le fond. Le groupe nous montre qu'il peut taper encore plus haut et qu'il n'est qu'au début d'une existence qui s'avère prometteuse. Les quelques mélodies rébarbatives ou répétitives ne sont que quelques erreurs de jeunesse et le groupe laisse entrevoir, dans un concept particulier et pratiquement uniquement musical (la voix ne délivrant que des sonorités déchirées comme un instrument), de très belles promesses, que cela soit pour le groupe ou pour la scène metal française... Ce premier CD est à découvrir d'urgence, on se laisse porter et transporter.