Le groupe
Biographie :

Né en 2011, les membres de Regarde Les Hommes Tomber sont issus de formations de la scène française hardcore, black metal et death metal. Fort de ses expériences respectives, le groupe allie ses influences diverses pour offrir un style unique, abouti et personnel. Alliant la lourdeur du sludge, la noirceur du black metal, au groove du post hardcore mais aussi aux atmosphères du post rock, RLHT fait de son oeuvre une musique impactante et intense. Une oeuvre introspective également taillée pour la scène. Chaque représentation de RLHT amène le public au bord de l’asphyxie, chaque fin de show est une explosion de sentiments, permettant enfin à l’auditoire de reprendre son souffle. Une expérience dont personne ne ressort indemne. Même si le clin d'oeil au cinéaste J. Audiard n'est pas loin il n’y a aucun rapprochement à faire avec le film du même nom. Néanmoins, Regarde Les Hommes Tomber se veut porteur d'un sens en parfaite adéquation avec sa musique.

Discographie :

2013 : "Regarde Les Hommes Tomber"
2015 : "Exile"
2020 : "Ascension"


Les chroniques


"Ascension"
Note : 17/20

Il aura fallu un peu de temps pour le voir arriver mais le troisième album de Regarde Les Hommes Tomber est bien là, "Ascension" de son petit nom. Marquant la fin d'une trilogie, ce nouveau méfait est orné d'une superbe pochette réalisée par le duo Fortifem et qui résume bien ce que l'on va y trouver.

"L'Ascencion" nous accueille de façon assez mélancolique, le calme avant la tempête et une petite feinte pour les oreilles non préparées qui vont se prendre de plein fouet la déferlante de "A New Order" qui attaque sur un tempo rapide sans perdre de temps. Le chant rageur et désespéré ne fait pas de cadeau lui non plus et Regarde Les Hommes Tomber installe une chape de plomb en fusion après à peine plus d'une minute avec une intensité déjà éprouvante ! On retrouve ce post-black teinté de sludge et assez agressif, peut-être même plus méchant cette fois. Les morceaux tournent tous autour des huit ou neuf minutes et l'agressivité de l'ensemble va en laisser quelques uns sur les rotules. Même quand le groupe lève le pied et ralentit un peu le rythme, la lourdeur des riffs et les ambiances oppressantes ne relâchent pas la pression et ne sont finalement qu'une autre façon de nous broyer les os. Regarde Les Hommes Tomber a clairement pris une orientation plus directe et plus brute qui confirme ce que l'on sentait déjà sur "Exile", reste maintenant à savoir si cela découle de la trilogie que constituent les albums et si ce visage est amené à changer à l'avenir. Pour l'instant en tout cas vous allez prendre cher car même si, le groupe ne balance des blasts ultra rapides à tout bout de champ, le rythme est tout de même très nerveux et l'intensité ne baisse que très rarement. Vous n'aurez aucune place pour respirer et "Ascension" est là pour vous écraser et vous faire suffoquer sous les cendres. Avec le temps, ce sont les racines black metal du groupe qui ressortent le plus et malgré quelques petites pointes de chant clair discrètement placées sur "The Renegade Son" ou "Stellar Cross", l'ensemble est sans pitié.

Quelques arpèges dissonants viennent encore assombrir une ambiance qui ne donnait déjà pas dans le festif et la mélancolie couplée à la rage donnent une impression de catharsis presque palpable. C'est froid, malsain, presque incantatoire par moments et surtout rageur, ça tabasse quasiment tout le temps et quand ce n'est pas le cas, c'est que les dissonances et autres saletés sonores ont pris le relai. "Ascension" baigne dans le feu et le sang et l'album ne fait aucun prisonnier pendant quarante-cinq bonnes minutes, on se prend une agression constante et le groupe s'acharne sur nous jusqu'à nous voir à genoux. Il n'y a que l'instrumental "La Tentation" qui créé une minuscule dose d'oxygène et encore, l'agression est stoppée pendant un peu plus de deux minutes mais l'ambiance est tellement noire et oppressante que l'effet est finalement le même. "Au Bord Du Gouffre" qui clôt l'album finit d'ailleurs le travail de sape en balançant des riffs plus gras mais toujours sur une rythmique énervée et toujours avec ce chant hurlé à la limite de la rupture. La production a suivi le même chemin que la musique et se fait plus tranchante, moins grasse et donc plus typique du black là aussi. Ceux qui préféraient l'orientation plus sludge et post du premier album éponyme et qui avaient été déçus par "Exile" ne retrouveront pas leurs petits ici. "Ascension" poursuit sur la même voie et durcit encore le ton en remettant encore plus en avant les sonorités black metal. Toujours est-il que Regarde Les Hommes Tomber a une patte et que l'ensemble est diablement efficace.

Un nouvel album dans lignée de "Exile" donc mais en version plus : plus black, plus rageur, plus violent, plus intense. Regarde Les Hommes Tomber n'est vraiment pas là pour rigoler et ce troisième pavé ne fait pas de cadeaux donc si l'intensité et l'agression font partie de votre cahier des charges vous pouvez y aller.


Murderworks
Avril 2020




"Exile"
Note : 20/20

La rentrée des classes a été plus que géniale cette année avec de belles petites perles musicales, et la France n’est pas en reste avec de très bons groupes comme Regarde Les Hommes Tomber ! On découvre ainsi leur deuxième album que l’on attendait avec une certaine impatience vu la qualité du petit premier ! Ils nous reviennent avec un nouveau chanteur, Thomas, remplaçant Sagoth (Otargos), que l’on a hâte de découvrir dans ce nouvel opus, toujours chez Les Acteurs De L’Ombre Productions.

Et bonne nouvelle, la musique de l’introduction "L'Exil" nous sert le cœur dès les premières secondes. C’est lourd, obscur et plus que prenant ! Elle s’enchaîne aussi parfaitement avec l’excellent titre "A Sheep Among The Wolves", on retrouve ce bon sludge / black avec des côtéq doom et post-hardcore. Un régal ! C’est froid, voire glacial, violent, pesant et mélodique à la fois. Le chant entre en scène ensuite et on n'est pas déçus ! Thomas mélange également les différents chants avec une voix plus propre et moins rugeuse que celle de Sagoth, mais il n’y a pas vraiment de préférence car les deux chanteurs collent très bien avec la musique. Les riffs sont toujours aussi hypnotiques avec un sacré groove qui leur est propre, et on ajoute à cela la violence tranchante du black metal, que du bonheur !

La production est top et chaque instrument est à sa place, comme la basse qui est en avant ou la batterie qui est bien sèche. Après le morceau plus court "Embrace The Flames", qui est la suite d'"A Sheep Among The Wolves", on enchaîne avec un intermède linéaire et déprimant pour reprendre en trombe avec "… To Take Us". Oui, c’est du sport ! C’est un titre dynamique et planant à la sauce RLHT bien sûr. Quand tu écoutes leur musique, c’est simple, tu te sens comme dans une machine à laver, comme si tu étais aspiré dans un tourbillon avec parfois des moments de répit, mais tu ne reprends jamais tes esprits car un autre tourbillon arrive... ! Même "Thou Shall Lie Down" qui est le morceau hypnotique par excellence nous lobotomise la tête. C’est étrange comme concept mais c'est jouissif, on se retrouve loin et notre cerveau ne répond plus. Et c’est "The Incandescent March" qui conclut l’opus avec ses 11 minutes de classe extrême. Après un début lent et pesant où la mélancolie est à son comble, avec des passages de guitare déchirants, ça s’accélère jusqu’à l’explosion avec des loopings entre deux lignes droites.

RLHT frappe de nouveau très fort et où il faut ! "Exile" est peut-être plus nerveux et rentre-dedans que son prédécesseur mais la qualité est égale. Tout est en place, c’est minutieux, inspiré, technique et personnel ! Oui, il n’y a que des qualificatifs positifs pour ce groupe... A ce niveau, c’est même du génie ! De A à Z, tout est juste parfait et les frissons s’invitent même pendant l’écoute. Même s’il est très riche et complexe à sa façon, on peut vite l'assimiler, dès la première écoute, mais plusieurs autres seront conseillées pour percevoir toutes les subtilités. Poignante et incontournable, c’est assurément une des meilleurs sorties de 2015 !


Nymphadora
Octobre 2015




"Regarde Les Hommes Tomber"
Note : 15,5/20

Oui, toi, observe la déchéance humaine, découvre ô combien l'esprit humain peut être si visionnaire et pourtant si primaire. Toi qui vis dans un monde aussi insipide que palpitant, toi qui survis à un environnement musical qui possède tellement de tourments et qui offre en même temps d'innombrables instants de pur plaisir, il est temps de découvrir et d'entrer dans un monde nouveau, dans une ère génératrice d'idées hors norme qui se placent dans un mélange de sludge et de post black metal. Quelque part c'est une mouvance très tendance actuellement mais qui puise une énergie tellement sombre, tellement obscure que l'écoute de ce genre de groupes, je veux parler en l'occurrence ici de RLHT mais également de groupes tels que The Great Old Ones qu'on peut découvrir chez LADLO , transforme littéralement l'auditeur et altère son esprit durant de longues minutes comme une addiction hypnotique.

Regarde Les Hommes Tomber est un groupe jeune dans son existence puisque créé en 2011, et cet album est leur première production. Clin d'oeil à Jacques Audiard, on n'y trouvera malheureusement aucun rapport dans l'écoute attentive de cet opus. Enregistré, mixé et masterisé au Darkened Studio, RLHT a réussi au niveau du son à donner le grain terne en total adéquation avec sa musique. C'est quelque chose de gris, de sale qui donne à l'arrivée une impression de parfaite clarté obscure, celle-là même que l'on peut apercevoir en haut de la pochette réalisée par Mortifem (Adrien et Jessica, deux artistes talentueux parisiens qui offrent aujourd'hui des visuels de qualité et totalement inédits.) Celle-là même qui illumine la bêtise humaine et qui scintille comme la punition divine quant aux intentions de l'homme lors de la construction de la tour de Babel.

On ressent effectivement par cet esprit sludge / post, que les influences ne sont pas que metal ; quelles soient death ou black, elles proviennent pour une bonne majorité de la scène hardcore perceptibles grâce à des guitares lourdes et litaniques. Il faudra seulement sept chansons pour bien comprendre la portée de ce genre musical singulier. En effet RLHT est un album totalement pesant, vraiment oppressant par son côté sludge où il n'y aura pas ici d'accélérations violentes ou agressives (quoique l'on pourra malgré tout en ressentir sur "A Thousand Years Of Servitude" où les accélérations black metal sont bien mises en avant), mais plutôt des jeux d'ambiances, d'atmosphères compressées et compressives qui pèsent comme un fardeau sur les épaules de l'auditeur, en tirant malgré tout son esprit vers le haut. Ce sont sept morceaux post rock où la voix tiraillée et dépressive déchire le fond musical posé dans un noir si intense que rien ne vient ou ne peut le faire partir, tel un voile mortuaire blafard qui se dresse tout autour de celui qui écoute pour l'encercler de rythmiques pachydermiques.

On s'aperçoit que le groupe nantais mise principalement sur la froideur dans l'écriture de ses chansons et que justement cette froideur permet d'être ressentie parfaitement par l'auditeur, une maîtrise parfaite d'un niveau musical glacial qui doit certainement prendre une dimension nettement plus intéressante en concert. On est proche dans les guitares au son black mais au groove hardcore / post rock de combos tels que An Ocean Of Void, même si ce dernier n'a pas encore sorti d'album.

Et si ce premier album se compose de sept titres indépendants, l'écoute de celui-ci ne permet pas vraiment d'en distinguer les différences qui peuvent réellement exister entre les parties. On a la sensation qu'il s'agit d'une longue histoire, d'une très longue chanson de trente huit minutes où seules les variations de tempo, de rythmiques et d'atmosphères post-apocalyptiques sont ce qui permet d'enchainer aisément les éléments entre eux afin que les chansons puissent se suivre sans discontinuer ne formant qu'un seul bloc malsain. On retrouve souvent dans ce genre de groupes, l'aspect neurasthénique et déprimant qu'il y avait dans la musique du film 28 Jours Plus Tard. C'est quelque chose de récurrent dans ces combos et ici on le ressent beaucoup sur "A Thousand Years Of Servitude".

Alors nous avons ici un premier album de très haute volée, un premier album qui devrait faire ses preuves sur scène très facilement, à condition que l'on soit ouvert à ce genre d'ambiances évidemment. En revanche il faudra juste faire attention à ne pas laisser traîner quelques longueurs dans le côté redondant des riffs, car certains passages se ressemblant, même si dans l'absolu l'album dure moins de quarante minutes (ce qui le sauve d'une plongée dans les profondeurs de la lassitude), il s'en sera fallu de peu de ne pas tomber dans la surenchère de riffs trop similaires.

En tous les cas, son parfait, artwork plus que parfait, ambiance très proche de la perfection, Regarde Les Hommes Tomber devrait se profiler un avenir complètement paradoxal quant au nom de son groupe, car avec une capacité à écrire une musique si prenante, si captivante, on devrait plutôt les regarder grimper.


Arch Gros Barbare
Mai 2013


Conclusion
L'interview : A.M. & T.C.

Le site officiel : www.rlht.bandcamp.com