Le groupe
Biographie :

Red Fang est un groupe de stoner rock formé en 2005 à Portland aux États-Unis. Red Fang sort son premier album (une compilation de deux EPs sortis précédemment) en 2009. Leur second album, "Murder The Mountains", sort chez Relapse Records en 2011. Cet album leur permet de prendre part au Metalliance Tour aux côtés de Helmet, Saint Vitus, Crowbar et Kylesa au printemps 2011, et au festival itinérant Rockstar Energy Drink Mayhem (qui réunit Disturbed, Trivium, Megadeth, Machine Head…) pendant l'été suivant. Pendant l'hiver 2011-2012, le groupe accompagne Mastodon sur les routes américaines et européennes. En 2013, Rd Fang sort l'album "Whales And Leechees" et part en tournée en Décembre 2014 avec Opeth et In Flames. Le quatrième album, "Only Ghosts", sort en Octobre 2016. Le cinquième album, "Arrows", sort en Juin 2021.

Discographie :

2009 : "Red Fang"
2011 : "Murder The Mountains"
2013 : "Whales And Leechees"
2016 : "Only Ghosts"
2021 : "Arrows"


Les chroniques


"Arrows"
Note : 16/20

Presque cinq ans que l'on attendait le retour du groupe de Portland, presque cinq ans après son "Only Ghosts". L'attente valait le coup pour entendre un nouvel essai de ces Jackass du rock ! Quarante-quatre minutes sans le moindre sens mais on en redemande !

Après la pochette qui en dit déjà long sur la galette de trois quarts d'heure qui va s'écouler, le groupe nous accueille avec un "Take It Back" sorti d'outre-tombe en guise d'intro. Plutôt difforme, on ne sait pas trop ce que l'on a à l'oreille hormis une basse et une voix écorchée, ça ne fait pas vraiment sens, on est donc bien sur un disque de Red Fang ! On démarre ensuite vraiment sur "Unreal Estate", ça nous rappelle bien ce que le groupe avait sorti auparavant et ce avec quoi il nous avait séduit mais en plus sombre. Une atmosphère particulière, décalée, le tout avec une musique bien grasse et bien lourde. Ce qui est génial avec ce groupe c'est qu'il garde ce côté bande de potes qui jouerait dans un garage à faire une musique tout sauf lisse mais avec une qualité récurrente, avec la banane et avec passion.

On entend rapidement que ce disque sonne un peu plus lourd encore et un peu plus grave que les autres. Côté guitares, avec Bryan Giles et David Sullivan, c'est encore plus gras, la basse est là où on l'espère, bien en avant pour balancer des lignes les plus lourdes possible et la batterie de John Sherman englobe bien l'ensemble avec le chant bien typé à la Red Fang. Et comme le disait Aaron Beam, ce nouvel album se rapproche de ce que dégageait "Murder The Mountains" sorti il y a 10 ans déjà car ils n'ont fait que ce qu'ils voulaient mais la comparaison avec le disque s'arrête là. Par bien des aspects des parallèles se font avec leurs compatriotes d'Atlanta : Mastodon. Ils ont tous deux leur propre univers mais les ressemblances sont frappantes sur ce disque, ce qui est loin d'être un mauvais point. Bref, le sludge est bien présent sur ce disque mais pas que !

Les morceaux s'enchaînent rapidement, quarante-quatre minutes pour 13 titres on ne traîne pas ! Le clip du morceau-titre "Arrows" rappelle grandement ce qui a été fait par le passé avec l'excellent "Wires". Ce clip est un bon résumé de l'absurde dans lequel nous embarquent les Américains depuis 16 ans maintenant : ils achètent un katana, découpent tout dans la maison de leur ami (et accessoirement producteur) Chris Funk et finissent par le tuer. Et pourtant à en croire les dires du chanteur / bassiste, Aaron Beam, ce titre parle de la méditation qu'il pratique désormais depuis 6 ans. Sans être là pour juger, il a une étrange manière de méditer ! On a là un morceau que l'on est pas près d'oublier et qu'on l'on croit déjà qu'il existe depuis des années car très entêtant. Parfois ce sont aussi les gars de Crowbar que l'on croit entendre.

Comment ne pas évoquer non plus les claviers et violon qui font leur apparition sur ce disque et diversifient encore le propos. Quand on pense Red Fang + violon + claviers, on peut avoir du mal à imaginer le résultat mais c'est loin d'être déconnant. Et ne croyez pas que le groupe soit parti "trop" loin, par dessus ces nouveaux instruments on retrouve un son bien lourd, "Fonzy" montre bien ce que ça donne. On reste la majorité du temps en terrain connu même si on prend sur ce disque un versant bien plus sombre, notamment avec "Days Collide" et son côté doom très prononcé. Le groupe s'excite ensuite sur "Rabbits In Hive" comme il l'avait fait avec "My Disaster", au bout du dixième morceau tu ne t'attends pas à ce genre de revirement surtout après un très lent et lourd "Days Collide" et avec ce soupçon de punk... sauf avec Red Fang ! Et côté clip, que dire de celui fait pour "Why", tout aussi barge, dans lequel on aura au moins appris qu'il ne faut pas braquer un magasin avec un pistolet à bulles. Le morceau est quant à lui bien plus efficace que ce pistolet à bulles, et bien plus mélancolique, avant d'enchaîner sur un "Dr. Owl" encore plus pesant. Le disque se termine sur un morceau excellent et dont le riff composé il y a 11 ans déjà, comme quoi c'est bien conserver quelques pistes dans les tiroirs sinon nous n'aurions pas vu aboutir "Funeral Coach".

Ce disque est donc à écouter pour les fans du groupe, les fans de QOTSA et de stoner en général, les fans de rock et de metal, les air guitaristes et tous ceux qui souhaitent entendre quelque chose de différent. Si vous aimez décortiquer les disques et tout en comprendre, ce n'est pas fait pour vous, avec Red Fang il faut juste monter dans le train et voir où tu arrives. Globalement, on ne retombe pas sur le niveau de "Red Fang" ou "Murder The Mountains" mais c'est vraiment un très bon disque. En résumé, on a un disque fun, une musique grasse à souhait, une ambiance propre au groupe et une bonne grosse louche de rock'n'roll !


Antoine
Août 2021




"Only Ghosts"
Note : 16/20

En à peine 45 minutes, la bande de Portland, Oregon, nous aura prouvé qu'elle n'est pas là où on l'attendait le plus. Quand tout le monde persiste à les classer comme groupe de stoner, ils démontrent encore une fois qu'ils sont bien plus que ça et "Only Ghosts" en est la preuve la plus heavy qu'ils nous dévoilent On est loin de "Prehistoric Dog" ou "Wires" et leurs clips déjantés qui les auront fait connaître auprès de beaucoup de personnes malgré un fil conducteur qu'ils ne lâchent pas, un rock massif et gras. Décidément, c'est un quatrième album excellent et on ne regrette pas l'attente de trois ans après l'énorme "Whales And Leeches" !

Rien que le premier morceau de l'album, "Flies", démontre le niveau du disque et son orientation très heavy rock. Un des gros avantages sur leurs albums, c'est que les Américains ne font pas de morceaux à rallonge ni de morceaux à tiroirs, ils balancent la sauce, point barre. Hormis "Flames" peut-être car cet interlude n'apporte pas grand-chose voire rien du tout sur ce genre de disque. De toute manière, Red Fang c'est à l'état brut et sur ce disque, ils font cohabiter des morceaux très dynamiques comme "Flies" ou "Shadows" avec d'autres plus pachydermiques et lents comme "The Smell Of The Sound". Le tout donne un ensemble très varié et intéressant, on sent qu'ils cherchent une orientation à suivre tant certains morceaux peuvent sembler différents. Cependant, il manque tout de même les parties ultra mélodiques que l'on pouvait avoir justement sur "Prehistoric Dog" ou "Wires". On ne peut pas tout avoir mais il manque ce petit plus pour que ce soit top. Autant sur l'émotion que ce disque dégage il y a une vraie présence, autant ils auraient parfois peut-être pu aller un peu plus loin sur la compo. Parfois improbable, cet album ne créé pas pour autant une grosse surprise car ça reste dans la lignée de ce qu'ils ont sorti précédemment. Pourtant, à l'écoute de ce "Only Ghosts", je ne peux pas m'empêcher de penser, selon les moments, à du Black Sabbarth, Mastodon, Kyuss et Queens Of The Stone Age évidemment mais aussi du Devin Townsend (non, je ne suis pas fou) ou même à la scène grunge de manière générale. C'est lourd, sombre mais parfois aussi plus léger et clair, et on a des choses presque malsaines à d'autres moments. Très varié je vous dis !

Le titre "Shadows" fait d'ailleurs l'objet d'un clip durant lequel ils poursuivent leur glacière pleine de bières et Red Fang s'en va-t'en guerre de manière toujours aussi absurde avec de grosses références aux Prédateurs. Ils se prennent toujours autant au sérieux et on ne va pas s'en plaindre ! C'est sûrement "Not For You" qui est un des titres ayant le plus attiré mon attention car il est très changeant, et malgré petit côté pop d'une certaine manière sur les refrains il se fait quand même très heavy. Mais écoutez le titre "I Am A Ghost" et là, vous entendrez bien que le groupe sait se faire très puissant et sombre, avec une basse toute en rondeur et un chant caverneux comme ils ne l'ont que très très rarement proposé. De loin mon titre préféré de l'album. Le dernier, "Living In Lye", lui, enchaîne le pas pour finir sur un moment rageur. De manière générale, la seconde moitié du disque est la plus puissante. On sent bien que Ross Robinson a dû les pousser dans leurs derniers retranchements pour obtenir ce disque, à moins qu'ils ne soient hantés par des fantômes bien rock'n'roll. Dans tous les cas, ces choix était les bons !

Pour évoquer rapidement l'artwork, ça reste assez simple dans l'apparence, il n'en reste pas moins agréable à regarder et montre que là aussi le groupe ne se prend pas forcément au sérieux et tient à rester en dehors des sentiers battus.

A sa manière, ce disque dépasse les précédents albums du groupe, et bien qu'il soit moins fluide d'un bout à l'autre, tous les morceaux ont leur place ici. Sans nul doute il va falloir une fois de plus compter sur eux pour écumer les scènes aux quatre coins des Etats-Unis et de l'Europe ! Certes ce n'est pas leur meilleur disque mais il n'en reste pas moins excellent. A voir quelle sera la continuité de "Only Ghosts". A écouter comme on écouterait un Motörhead ou un Airbourne : pleine balle !


Antoine
Novembre 2016




"Whales And Leechees"
Note : 17/20

Je me souviens du dernier opus comme quelque chose de monstrueux. Son monstrueux, groove monstrueux, plaisir monstrueux... avec "Whales And Leechees", ce qui est monstrueux c'est en premier lieu l'artwork.

Autant vous dire qu'au niveau son, il serait également capricieux d'être déçu ! Volumineux, chaud, hum... monstrueux ? On retrouve Red Fang et son groove dès "DOEN" qui nous jette sans attendre dans un bain bouillant - oui comme les crabes - et comme eux notre corps a envie de se tortiller, la tête de hocher, ça fait du bien comme un bourbon sans glace après une journée de merde. Deuxième rassade avec "Blood Like Cream". Evidemment les mélodies sont nouvelles, mais on a l'impression de déjà les connaître. Rien de négatif là-dedans, c'est un peu comme une nouvelle rencontre avec laquelle on se sent déja comme avec un vieux pote. Le stoner de Red Fang sait aussi se faire à la fois entraînant et oppressant à l'image de "No Hope" et "1516" et un peu plus sombre aussi ("Crows In Swine"). Les Américains alourdissent le tempo à l'extrême sur les titres "Dawn Rising" et "Failure" et nous emmènent vers un stoner tout aussi chaud, mais beaucoup plus tourmenté, le genre de truc qui met mal à l'aise. Un seul titre me paraît un peu plat par rapport au reste, il s'agit de "This Animal" dont le riff principal manque de groove et qui, de surcroit, n'est pas entêtant. "Whales And Leechees" se ferme sur "Every Little Twist", toujours un gros son mais des mélodies moins percutantes, plus douces, pour finir tranquillement, comme un lézard au soleil.

Pour le reste de l'album, à savoir "Voices Of The Dead", "Behind The Light", Red Fang nous sert un stoner aux accents rock'n'roll de premier choix. L'album s'avale d'une traite, sans faim. C'est la galette qu'on voudrait avoir dans les oreilles pendant un road trip aux USA le cul sur un putain de chopper. Et oui, ça fait cliché mais merde que ça doit être bandant !


Kévin
Novembre 2013




"Murder The Mountains"
Note : 16/20

La première chose qui m'a frappé sur ce "Murder The Mountains" c'est sa pochette et notamment sa composition avec ce gros rond central renfermant un artwork bien sympathique. Et cette composition n'est pas sans rappeler le "All Bees To The Sea" de Taint. Pas dramatique en soi sauf que les deux groupes sévissent dans un style peu éloigné à savoir un stoner heavy allant jusqu'au gros rock en béton armé. Heureusement les ressemblances s'arrêtent ici et "Malverde" nous fait entrer dans le monde de Red Fang, couillu à souhait le tout est gras et le groove de ce rythme pesant n'est pas forcément des plus abordable ce qui est fort dommage puisque c'est du bon !

Mais alors là sortez vos charentaises, installez votre rockincher près du feu et laissez-vous happer par l'ambiance très 70's de ce "Wires", un des meilleurs titres de cette galette. Le groupe martèle un riff hypnotique qui plante un décor inébranlable sur lequel vient se poser une voix plutôt heavy. On retrouve un format de composition assez semblable sur "Number Thirteen" ou encore "Into The Eye". Nos oreilles sont aussi la cible d'un rock au tempo plus rapide comme sur "Hank Is Dead" et "Human Herd", parfois même, proche d'un punk'n'roll grassouillet avec "Dirt Wizard" et "Painted Parade" où les paroles nous semblent débitées avec une nonchalance au charme fou. Mais ce n'est pas sur un air nonchalant mais plutôt lancinant que RF calme le jeu avec "The Undertow" qui jouit d'une puissance posée. On trouve également "Throw Up", un titre un peu à part qui se joue de quelques dissonances et d'une dynamique un peu différente.

Bien sûr chacun peut y aller de sa petite comparaison avec les groupes référents du genre mais Red Fang pond un "Murder The Mountains" d'une très bonne facture et mijote les ingrédients heavy et stoner avec ingéniosité parce que ne nous y méprenons pas, l'efficacité par la simplicité est un des exercice les plus difficiles qui soit !


Kévin
Décembre 2011


Conclusion
Le site officiel : www.redfang.net