Le groupe
Biographie :

Redemption est un groupe de power metal progressif américain formé en 2001 et actuellement composé de : Bernie Versailles (guitare / Masters Of Metal, Agent Steel, ex-Engine, ex-The Militants), Nick Van Dyk (guitare, clavier / ex-Fool's Game), Chris Quirarte (batterie / Prymary), Sean Andrews (basse), Tom S. Englund (chant / Evergrey, ex-Caedes, Silent Skies) et Vikram Shankar (clavier / Meridian, Threads Of Fate, ex-Gravity, Lux Terminus, Our Destiny, Silent Skies, ex-Ego). Redemption sort son premier album, "Redemption", en 2003 chez Sensory Records, suivi de "The Fullness Of Time" en Juin 2005 chez Sensory Records, de "The Origins Of Ruin" en Avril 2007 chez InsideOut Music, de "Snowfall On Judgment Day" en Septembre 2009 chez InsideOut Music, de "This Mortal Coil" en Septembre 2011 chez InsideOut Music, de "The Art Of Loss" en Février 2016 chez Metal Blade Records, de "Long Night's Journey into Day" en Juillet 2018, et de "I Am The Storm" en Mars 2023 chez AFM Records.

Discographie :

2003 : "Redemption"
2005 : "The Fullness Of Time"
2007 : "The Origins Of Ruin"
2007 : "Snowfall On Judgment Day"
2011 : "This Mortal Coil"
2016 : "The Art Of Loss"
2018 : "Long Night's Journey into Day"
2023 : "I Am The Storm"


Les chroniques


"I Am The Storm"
Note : 16/20

Huitième album pour Redemption et deuxième avec Tom S. Englund au chant, "I Am The Storm" compte bien prouver que le bougre était le bon choix pour remplacer Ray Adler. On connaît son talent chez Evergrey et on sait qu'il sait chanter, mais cette fois il a eu plus de temps pour réellement apporter sa personnalité. On est donc curieux de voir ce que ce nouvel album a dans le ventre !

Le morceau-titre qui ouvre l'album ne prend pas de gants et envoie des riffs plus durs et plus sombres que ce que l'on pouvait entendre sur "Long Night's Journey Into Day". Le metal progressif de Redemption se fait pour le coup bien plus agressif et énergique avec quelques petites touches plus modernes, notamment dans ce son plus grave et plus puissant. En tout cas, cette entrée en matière est très efficace et ses mélodies accrocheuses permettent de nous saisir en quatre petites minutes en prouvant que le groupe ne s'est pas tourné les pouces depuis 2018. Une voie que suit "Seven Minutes From Sunset" avec toutefois plus de cassures rythmiques et un petit solo de clavier dès le début du morceau en guise de comité d'accueil typiquement metal progressif. On reste sur quelque chose d'accrocheur et mélodique malgré une complexité plus relevée que sur le morceau-titre et Tom S. Englund fait une fois de plus des miracles avec sa voix. On a droit à plusieurs soli de guitares et de claviers pour un morceau globalement assez puissant une fois de plus, on sent que cette fois le groupe ne voulait pas perdre de temps et frapper fort. La première moitié de l'album est donc constituée de morceaux directs d'une durée avoisinant les quatre minutes et d'autres un peu plus longs avec quand même les huit minutes de "Remember The Dawn" avant d'arriver aux deux pavés qui clôturent "I Am The Storm", avec respectivement quatorze et douze minutes au compteur. "Remember The Dawn", qui fait d'ailleurs revenir l'influence de Dream Theater plus d'une fois, ce qui s'entendait déjà sur les précédents albums mais qui a justement tendance à s'effacer sur la majeure partie de ce nouvel album. Tant que nous sommes à parler des influences notons également que la version CD contient deux reprises, à savoir "Turn It On Again" de Genesis et "Red Rain" Peter Gabriel.

Sur "The Emotional Depiction Of Light", Tom S. Englund en profite pour nous faire entendre d'autre facettes de son chant, à la fois par quelques petites montées dans des aigus et un chant plus feutré, plus doux. Et quand on connaît la capacité du bonhomme à faire passer des émotions dans sa voix, on sait à quel point il peut se faire poignant sur un morceau aussi mélancolique. Un beau contraste est offert par l'énergique et direct "Resilience" qui suit et offre évidemment une ambiance bien plus déterminée et des riffs plus puissants et plus durs. Exactement ce qu'il fallait avant le premier pavé de l'album, "Action At A Distance" et ses quatorze minutes, un morceau qui démarre avec une ambiance plus posée mais aussi plus inquiétante. Un démarrage en douceur qui laisse vite la place à dur pur metal progressif avec cassures rythmiques, multiples soli et quelques orchestrations discrètes qui amènent toutefois un caractère plus épique et plus dramatique à l'ensemble. Malgré sa durée, ce morceau reste paradoxalement accrocheur et Redemption y varie suffisamment les ambiances pour que l'ennui n'ai pas le temps de s'installer. Tant mieux parce qu'une reprise de Genesis plus tard c'est le deuxième pavé de l'album qui prend place, "All This Time (And Not Enough)" avec une bonne douzaine de minutes pour terminer l'album en beauté (enfin en dehors d'une autre reprise et d'un mix différent de "The Emotional Depiction Of Light"). Un morceau plus complexe, plus fou aussi techniquement mais qui garde évidemment cette mise en avant des émotions des mélodies et d'un caractère dramatique via quelques orchestrations une fois de plus. Malgré le tracklisting particulier, puisque des reprises et un autre mix s'intercalent entre les morceaux de l'album, on peut parler d'une fin d'album en beauté.

"I Am The Storm" confirme que Redemption est en forme et que Tom Englund s'est parfaitement intégré sur un nouvel album plus puissant, plus énergique et un peu plus dur. Les ambiances sont un peu plus sombres et le groupe se démarque un peu de ses influences pour proposer un metal progressif plus habité cette fois.


Murderworks
Avril 2023




"The Art Of Loss"
Note : 16/20

À titre de comparaison seulement, l’intro de l’album aurait drôlement fait plaisir aux amateurs de Symphony X. Retournons maintenant à cette chronique de Redemption. Présent sur la scène progressive depuis maintenant 2003, la bande à Nick Van Dyke avec au micro M. Ray Alder (Fates Warning) roule sa bosse depuis 6 albums.

Petit historique personnel, j’ai toujours préféré John Arch à Ray Alder au sein de Fates Warning. Je serais d’ailleurs assez curieux d’entendre le matériel de Redemption fredonné par un autre chanteur. Pour moi, le problème majeur d'Alder reste son manque total de charisme dans son approche vocale. On dirait vraiment qu’il chante par habitude, car on le lui demande, un job comme un autre, sans réelle conviction, sans vive émotion. Comparé à un Tommy Karevik (Kamelot, Seventh Wonder), par exemple, c’est le jour et la nuit côté émotionnel. Le problème réside-t-il en Alder ou les mélodies de Van Dyke ? Qui sait… Toujours est-il qu’à chacune des occasions où j’ai dû chroniquer un album de Redemption, la même critique est ressortie niveau chant.

Car musicalement, là nous sommes carrément ailleurs. Les musiciens sur cet album (Bernie Versaille à la guitare en moins, problème de santé oblige) sont dans une classe à part. Si votre point de référence progressif demeure Dream Theater, les gars de Redemption n’ont rien à envier à Labrie & co. Le passage instrumental de "Slouching Towards Bethlehem" est divin ! Maîtrise parfaite des riffs, des solos, combat guitare / claviers sans nom, tous les ingrédients requis pour créer la pièce de metal progressif parfaite. Là où souvent les groupes de ce style se font piéger, c'est lorsqu’ils se retrouvent catalogués au sein du non moins prestigieux rassemblement dit "DT Clone". En effet, il semble toujours facile (ne l’ai-je pas moi-même fait dans cette même chronique) de comparer tout groupe dit "progressive metal" à cette mythique formation. Produit par Tommy Hansen (Helloween, Gamma Ray...), "The Art Of Loss" sonne magnifiquement bien. Je prends pour exemple pour décrire le mix de l’album la pièce maîtresse de l’album, "At Day’s End", et ses délectables 22 minutes de pur bonheur progressif. La basse, cette habituelle malaimée, est ici magnifiquement bien représentée dans les premiers couplets. J’irais même jusqu’à dire que cette fois-ci, Alder arrive à m’émouvoir. Toujours risquées ces chansons de longue haleine. Qui dit long ne dit pas nécessairement intéressant. La partie pseudo-électronique à 4:22, avec la basse encore une fois proéminente, est savoureuse. "At Day’s End", apothéose de cet album, vaut le prix d’entrée à elle seule, et excuse rapidement les légers problèmes au niveau du chant. Ai-je mentionné le solo de basse à 7:00 ? Me voilà au paradis. Et que dire de ce passage Genesis à environ 9:00 ? Du bonbon. Un morceau d’anthologie à ranger auprès des "A Pleasant Shade Of Grey" de ce monde.

Déçus du dernier DT ? Impatients ou conscients que Fates Warning ne produira pas un nouvel album de si tôt, Redemption est là pour vous prendre par la main, vous inviter gentiment à vous asseoir à leur table et à vous délecter de leur metal progressif de grand cru ! "The Art Of Loss" aurait eu un 20/20 si Alder était aux backing vocals et Karevik au chant lead.


Mathieu
Avril 2016


Conclusion
Le site officiel : www.redemptionweb.com