Le groupe
Biographie :

Ragnarok est formé en 1994 par Jontho, Jerv, Thyme et Rym. A la fin de la même année, le groupe norvégien enregistre sa première démo "Pagan Land". En 1996, Ragnarok, n’étant pas satisfait du travail de Head Not Found Records pour son premier album "Nattferd", décide de quitter le label, mais alors qu’ils étudiaient différentes offres, HNF est revenu vers eux avec un contrat bien meilleur que le précédent, et donc le groupe signa à nouveau avec HNF. En 1997, Ragnarok enregistre son deuxième album "Arising Realm", album qui sortira la même année. C’est Shagrath de Dimmu Borgir qui enregistra les parties clavier de cet album. En 1998, après sa première tournée et un important festival en Allemagne, le groupe commence l’enregistrement de son troisième album "Diabolical Age". L’enregistrement continuera jusqu’en 1999, retardé entre autres par le départ de Thyme et l’arrivée dans ses rangs de Sander à la guitare. 2000 marque l’arrivée d’Astaroth au chant et l’éviction de Sander après sa piètre performance lors du festival Allemand "Under the Black Sun". Ce dernier est remplacé par Lord Arcamous, mais le groupe dû se séparer d’Astaroth après une tournée difficile. Son contrat avec HNF prenant fin, Ragnarok commence à chercher un nouveau label. En 2001, Lord Arcamous devient officiellement guitariste et chanteur du groupe et Ragnarok fini par signer avec le label Suédois Regain Records. Le groupe entre alors aux fameux Studios Abyss pour enregistrer son nouvel album "In Nomine Satanas". Après une tournée catastrophique en 2002, Lord Arcamous décide de quitter Ragnarok. Le moral au plus bas, le groupe reste en stand-by pendant quelques mois… Jontho en profite pour enregistrer la batterie sur l’album "Demonic Possession" de Tsjuder. Lors d’un concert avec ce groupe, Jontho fait la connaissance de Taake et de son chanteur, Hoest, qui devint rapidement le nouveau vocaliste de Ragnarok. Cette même année, le groupe participera aux X-Mass Festivals à travers l’Europe. En 2003, Ragnarok entre une nouvelle fois aux Studio Abyss pour enregistrer l’album "Blackdoor Miracle" et participe au Inferno Festival en Norvège. C’est en 2004 que sort ce nouvel opus et le groupe, encore victime de nombreux changements de line-up, restera silencieux jusqu’à aujourd’hui et la sortie de son album "Collectors Of The King", toujours chez Regain Records. Ragnarok signe ensuite chez Agonia Records et sort "Malediction" en 2012 et "Psychopathology" en 2016. Entre temps, Hans Fryste, arrivé en 2008 au chant, et remplacé par le batteur du groupe, Jontho. En Avril 2017, le bassiste Jerv est tué dans un accident de voiture. Il sera remplacé par Rammr. "Non Debellicata" sort en Novembre 2019.

Discographie :

1995 : "Nattferd"
1997 : "Arising Realm"
2000 : "Diabolical Age"
2002 : "In Nomine Satanas"
2004 : "Blackdoor Miracle"
2010 : "Collectors Of The King"
2012 : "Malediction"
2016 : "Psychopathology"
2019 : "Non Debellicata"


Les chroniques


"Non Debellicata"
Note : 15/20

Les Norvégiens de Ragnarok sont de retour avec "Non Debellicata" et le black brutal est toujours de rigueur depuis "Psychopathology". Le groupe se fait d'ailleurs tailler un peu partout et assez sévèrement depuis quelques années sous prétexte de proposer toujours le même black bourrin et bas du front, ce que je trouve un peu étonnant sachant que ce ne sont ni les seuls ni les pires dans ce domaine.

Mais revenons-en à nos moutons noirs et voyons ce que ce nouvel album a dans le ventre, même si je me doute que c'est du black metal et que Ragnarok n'a pas viré sa cuti subitement pour faire de l'atmosphérique. Je me souviens d'ailleurs que le groupe avait globalement été assez bien accueilli avec son "Blackdoor Miracle" en 2004 et que son black metal, s'il n'était pas fin, bourrait bien la tronche en proposant des mélodies très efficaces. Si la formule n'a pas beaucoup évolué depuis en dehors d'une violence encore plus prononcée, je n'ai pour ma part pas vraiment envie de les tailler sachant que leurs albums sont toujours suffisamment efficaces et frontaux pour faire le boulot. Après, le fait de s'acheter toute la discographie est probablement discutable voire inutile mais bon j'ai le même avis sur un célèbre groupe de hard australien encensé par tout le monde par exemple. Donc répétitif oui clairement, pourri pour autant certainement pas. Je ne vais pas non plus leur faire des éloges mais disons qu'il y a peut-être un juste milieu entre le cirage de pompes et le défonçage en règle. Le morceau-titre ouvre l'album en bourrant effectivement d'entrée de jeu mais les riffs et ce tabassage constant me rappelle un certain Marduk donc du black bien brutal et direct. Les Suédois sont d'ailleurs l'influence que l'on sent le plus sur ce nouvel album, vous devinerez donc que Ragnarok n'a pas vraiment décidé de se calmer et fonce dans le tas pendant trois bons quarts d'heure.

Pour rejoindre les critiques faites au groupe, effectivement ce n'est pas ce que l'on a entendu de plus original, les riffs ont déjà été entendus chez pas mal d'autres groupes de black metal mais encore une fois une bonne moitié de la scène évite soigneusement d'évoluer donc ça ne fait pas vraiment de Ragnarok un cas d'école. Par contre, j'avoue que l'intensité et la répétitivité de la chose rendent l'écoute d'un album complet assez éprouvante, quelques respirations, un peu de variété ou une pointe de folie supplémentaire auraient aidé à la chose. En tout cas, le côté mélancolique que l'on pouvait entendre dans les mélodies de l'époque "Blackdoor Miracle" ont clairement disparu et ont laissé place à d'autres plus malsaines et surtout à encore plus de blasts et de bourrinage intensif. Ragnrok est maintenant un char d'assaut qui vous roule dessus sans jamais faire la moindre pause, quand les blasts ne sont pas en train de vous marteler les tympans c'est que le groupe vous balance des tapis de double. Il n'y a que "Asphyxiation" en fin d'album pour lever un peu le pied et proposer quelque chose de plus lourd et étouffant comme son nom l'indique. Et encore, les blasts trouvent quand même le moyen de se glisser au milieu pour vous remettre une petite dose de napalm dans les tympans si vous n'étiez pas encore rassasiés jusque là.

"Non Debellicata" est un album supplémentaire de Ragnarok qui n'apporte pas vraiment d'eau au moulin mais qui est toujours aussi efficace pour vous laminer les tympans et vous mettre à genoux sous les coups répétés pendant qurante-cinq minutes. Pas la palme de l'originalité ou de la variété mais un black metal brutal, direct, efficace et intense ce qui est déjà pas mal.


Murderworks
Janvier 2020




"Psychopathology"
Note : 13/20

Ragnarok est un groupe de black metal norvégien qu’on ne présente plus. Après tout, cela fait presque 20 ans que le groupe officie dans le milieu. Mais ce nouvel album propose une variation non négligeable dans le line-up du groupe : Jontho qui était jusqu’à maintenant le batteur du groupe, est désormais le frontman. On retrouve donc Malignant (Dauden) à la batterie, et DezeptiCunt ire sa révérence à la basse sur cet album pour se consacrer à Nordjevel. Bon maintenant, il faut être honnête. Ragnarok est un groupe quitte ou double, au sens où vous pouvez adhérer totalement ou bailler avec force après quelques morceaux seulement. Personnellement j’ai toujours eu le cul entre deux chaises. J’ai adoré certains de leurs morceaux, me suis ennuyée sur d’autres, et au final je ne sais plus quoi penser. Cet album sera donc peut-être l’occasion de choisir un camp.

L’album s’ouvre donc sur "Dominance And Submission". Tout un programme ! Première introduction avec les vocaux de Jontho donc. Et comment dire... c’est surprenant. Ragnarok a connu bon nombre de vocalistes : Thyme, Hoest et Hans Fyrste ; et chacun avait une identité propre. Et j’ai eu cette première impression de vocaux assez unidimensionnels. Non pas que les vocaux soient mauvais, loin de là. Mais il manque quelquechose. Suit "I Hate" qui laisse possibilité aux musiciens d’exprimer leur talent. La ligne musicale est simplement géniale, et la guitare de Bolverk est tranchante au possible. Avec "Psychopathology", on assiste à un morceau que j’ai ressenti comme assez brouillon. Très énergique et dynamique, j’ai néanmoins eu l’impression que Ragnarok s’égarait dans toute cette énergie et avait du mal à se canaliser. Le titre reste un exemple typique de morceau de black metal, mais il y avait un potentiel pour plus. Et c’est dommage. Et sur "My Creator", on retrouve cette impression de manque sur les vocaux de Jontho. Ca manque un peu de profondeur et de relief.

Retour aux sataneries avec "Infernal Majesty" qui fait exactement ce que Ragnarok fait depuis des années. Du black metal norvégien. Alors le titre en lui-même est bon, et possiblement entêtant, mais je m’interroge sur la pérénité du morceau. Est ce qu’il survivra à l’écoute de l’album, est ce qu’on s’en souviendra ou sombrera-t-il dans l’oubli ? Je ne suis à l’heure actuelle pas capable de répondre. Par contre, un très bon point pour "Heretic" où Jontho prend un peu d’intensité dans ses vocaux et apporte donc de la richesse au morceau. On attaque la seconde partie de l’album avec "Into the Abyss". Le titre se veut brutal et incisif, et envoie sérieusement la sauce. Encore une fois, on sent l’expertise des musiciens derrière Ragnarok. Certains diront même que le groupe est très underrated par rapport à d’autres formations norvégiennes et mériterait davantage de reconnaissance internationale. Je dirais personnellement que Ragnarok a le potentiel pour fédérer davantage effectivement, mais qu’il a aussi le potentiel pour mieux. Et que dire de ce "The Eighth Of The Seven Plagues" ? Il manque un peu de relief, mais envoie clairement la sauce niveau brutalité et violence. Je suis donc une nouvelle fois partagée. On retrouve d’ailleurs le son typique de Ragnarok sur "Lies". Franchement même en ne sachant pas que c’était leur morceau, j’aurais sans doute pu deviner qu’il venait d’eux. Ca sent le Ragnarok tout craché ! "Blood" a d’ailleurs un meilleur effet, en combinant noirceur typique du groupe et des passages un peu plus "aérés". Enfin abordons le dernier titre, "When Dreams Come To Die". Et je pense que ce titre résume assez bien l’ensemble de l’album : c’est un chaos total. Mais étonnemment, il est vraiment bien passé chez moi et je me suis prise à frapper en mesure sur mon bureau. Mais si le titre vaut vraiment l’écoute, je ne suis pas certaine qu’il réussisse à rattraper cette inconsistance sur l’album.

Au final donc, je reste le cul entre deux chaises. J’ai le sentiment que Ragnarok pouvait faire plus, et que ces changements de line-up ont bouleversé leur équilibre précaire. Je ne perds pas espoir concernant les vocaux de Jontho, il y a toujours possibilité de leur apporter du relief et donc qu’ils gagnent en richesse. Mais j’ai toutefois eu une impression de redondance assez perturbante sur cet album. Au final, ce nouveau Ragnarok n’est pas mauvais, il est "average". Et venant d’un groupe avec un tel potentiel qui a de tels musiciens dans ses rangs, je trouve ça dommage.


Velgbortlivet
Avril 2016




"Collectors Of The King"
Note : 12/20

Eh bien, voilà longtemps que je n’avais pas vu circuler le nom de Ragnarok. La preuve, le nouveau site est toujours en construction et la biographie du MySpace (que j’ai dû actualiser en écrivant cet article !) n’est plus à jour depuis 2004 et la sortie de l’excellent "Blackdoor Miracle". Pourtant, avec un label aux reins solides derrière eux et des albums d’une qualité croissante, il me semblait logique que le groupe fasse de plus en plus parler de lui… Pas de raisons officielles avancées pour expliquer ce silence, mais apparemment, Ragnarok a été une nouvelle fois victime de changements de line-up massifs… Ne resterait d’ailleurs plus que le leader / batteur Jontho !!! Qu’en est-il alors de l’identité, de l’âme même du groupe ???

Difficile à dire, même après de nombreuses écoutes de ce "Collectors Of The King". On reconnait directement la patte de Jontho, fidèle à ses patterns que l’on a pu connaître sur les précédents albums ou sur le fameux "Demonic Possession" de Tsjuder. Mais autant le dire tout de suite, pour le reste, je trouve que le groupe a régressé. Enfin disons que son approche est différente, peut-être plus "true", mais il manque pour moi cette étincelle, cette petite graine de folie présente sur "In Nomine Satanas" ou encore "Blackdoor Miracle", pour moi de loin le meilleur album du groupe !!! Malgré tout, on ne peut pas parler de mauvais album. Le rythme est assez soutenu, la musique est puissante et l’atmosphère générale est sombre et profondément satanique. On retrouve vraiment toute l’essence du black-metal Norvégien, des riffs énergiques et glaciaux, un chant torturé, des mids-tempos arpégés… Tous les ingrédients sont là pour contenter les amateurs de black-metal les moins exigeants, même des parties plus mélodiques ou des passages groovy orientés headbanging…

Mais malheureusement, la mayonnaise ne prend pas. L’album atteint (trop !) vite sa vitesse de croisière et devient très vite ultra répétitif. On ne fait même plus attention aux changements de morceaux tellement ils se ressemblent. D’ailleurs, je suis bien incapable d’en citer un qui m’ai vraiment marqué… En fait, cet album ne sort pas vraiment à la bonne époque. Il aurait sûrement très bien fonctionné 10 ou 15 ans en arrière, à une époque bénie où on n’avait pas encore l’impression d’entendre 100 fois les mêmes riffs. Pour tout vous dire, ce "Collectors Of The King" a des relents d’Ancient période "Svartalvheim" !!! Ce n’est pas une critique en soit vu la qualité de l’album d’Ancient, mais il faut remettre les choses dans leur contexte car ces albums ont quand même 16 ans d’écart. Le son est certes plus moderne chez Ragnarok, ce qui aurait été difficile autrement, mais l’esprit est assez semblable. On a donc une impression de déjà entendu et par conséquent de cruel manque d’inspiration et d’intérêt aux vues des toutes les sorties black-metal dans ce style. Prometteur quelques années en arrière, Ragnarok se retrouve aujourd’hui noyé dans la masse.

Et même Jontho n’arrive pas à redonner au groupe son dynamisme d’antant. Il en fait même parfois un peu trop, dénaturant ainsi certains passages. Quant au chant, même s’il est de qualité, il est malheureusement très linéaire et ne fait bien sûr pas le poids face à la prestation de Hoest (Taake) sur "Blackdoor Miracle". En même temps, il est des artistes derrière lesquels il est difficile de passer… C’est au final le principal problème du groupe. En perdant cette énergie qui les caractérisait et en revenant à un black-metal plus "true", ils se retrouvent à errer sans âme au sein d’une impressionnante cohorte de groupes. On ne peut pas mettre en cause leur honnêteté ou leur intégrité, mais ces groupes, même avec la meilleure volonté du monde, flirteront toujours entre le bon et le médiocre sans jamais sortir du lot. Espérons donc qu’avec un passé comme le sien, Ragnarok trouvera l’énergie de revenir à son meilleur niveau sur le prochain opus…


Carcharoth
Mars 2010


Conclusion
Le site officiel : www.ragnarokhorde.com