Le groupe
Biographie :

Formé en 2013, Pyrah envoie son metal progressif sombre en tout sens, jouant avec les notes comme on joue avec la nourriture. Leur grande force est le live : leur terrain de jeu favori. Lieu où le groupe dévoile sa dévorante passion pour la musique qu’il crée et se traduit par des shows généreux menés par une frontwoman charismatique. Adepte de tout type de scène, le groupe s’est illustré dans plus d’une trentaine de concerts en France et en Europe. Aussi bien en acoustique qu’en électrique, en compagnie de groupes tels que Orphaned Land, Eths, Silent Opera…

Discographie :

2013 : "Rusty" (Démo)
2014 : "Where Am I ?"
2019 : "Part Of The Ghost World"


Les chroniques


"Part Of The Ghost World"
Note : 15/20

Déjà auteurs de "Where Am I ?" sorti en 2014, les Strasbourgeois de Pyrah nous reviennent cette année avec un deuxième album, "Part Of The Ghost World". Le groupe évolue toujours dans un metal / rock progressif et on va voir que Pyrah a plutôt bien utilisé le temps qui sépare ses deux albums.

"Stumble" démarre l'album sur les chapeaux de roues avec une ambiance sombre et des riffs puissants aux sonorités modernes. Qui dit prog dit signatures rythmiques tordues et on les retrouve dès ce premier morceau en plus de mélodies inspirées et assez prenantes. Le chant hurlé que l'on pouvait déjà entendre sur "Where Am I ?" est toujours de la partie lui aussi et permet d'ajouter un peu de piment dans une musique globalement accrocheuse et mélodique. Sans jamais virer dans l'expérimental ou l'avant-gardisme, le groupe ne se refuse rien et se sert dans de multiples styles pour bâtir son metal mélodique, puissant et accrocheur. Les détracteurs du prog pourraient prendre peur en voyant cette étiquette qui signifie souvent pour eux démonstration technique et musique pour musiciens mais Pyrah n'entre pas du tout dans cette catégorie et "Part Of The Ghost World" ne néglige jamais l'accroche ou le groove. On sent d'ailleurs plus de maîtrise et plus d'influences encore que sur "Where Am I ?" et ce nouvel album surprend plus d'une fois par la variété des sonorités utilisées et des ambiances qu'il pose pendant une bonne cinquantaine de minutes. L'entame de "Dissolve" flirte même avec le doom tant les riffs sont lourds et le tempo monolithique ! La musique du groupe s'est d'ailleurs globalement durcie depuis le premier album et même s'il n'y a rien de vraiment violent (on reste dans du metal prog quand même), les riffs sont plus puissants, les mélodies plus sombres et le climat général plus plombé. Il est évident que le groupe a profité de ces cinq années de silence entre les deux albums pour affûter sa musique et développer sa personnalité.

Comme je le disais, il n'est pas rare que le groupe passe d'une ambiance à l'autre et après un "Dissolve" assez pesant et un "Everything Hurts" plus nerveux, Pyrah nous balance tranquillement avec "Snow White" un petit interlude à cheval entre des sonorités jazzy et lounge et un faux air de berceuse ! Le tout avant de repartir sur un morceau plus rock et accrocheur avec "Aesthetic Rage" qui se permet un petit break limite néo metal en plein milieu, donc quand je vous dis que le groupe va vous prendre à contre-pied plus d'une fois, je ne plaisante pas. L'album est riche et vous n'en ferez pas le tour avant une bonne paire d'écoutes. Il n'est pas rare de passer d'une ambiance à l'autre au sein d'un même morceau et vous risquez de vous retrouver à headbanger sur un passage bien énergique avant de vous prendre une bonne douche froide avec un passage mélancolique ou totalement plombé que vous n'aviez pas vu venir. L'ouverture d'esprit est donc de rigueur car même si on ne tombe jamais sur quelque chose d'expérimental, il y a suffisamment de sonorités différentes qui s'entrechoquent ici pour en laisser certains sur le carreau. Précisons aussi que ce nouvel album est une autoproduction et que le son est à la fois puissant, propre et clair. Cela fait du bien d'entendre une production sans compression exagérée et loin de la fameuse loudness war, comme quoi les gros groupes ont des choses à apprendre des petits. C'est certes plus artisanal mais c'est de qualité et ça sonne de façon naturelle avec une batterie qui sonne comme une batterie et non pas comme une collection de boîtes de conserve.

Au final, "Part Of The Ghost World" relève la barre à tous les niveaux avec un metal prog un peu plus dur, plus sombre et encore plus riche. Pyrah garde la même personnalité mais la développe encore un peu plus avec un nouvel album qui nous montre que ce groupe n'a pas fini de nous surprendre.


Murderworks
Octobre 2019




"Where Am I ?"
Note : 13/20

A en croire sa biographie, Pyrah nous promet d’être d’exception. Lorsque j’entends parler de "forts accents progressifs", musique "tripale", déjantée… j’ai rapidement tendance à me rappeler des groupes tels Pin-Up Went Down, Akphaezya, ou les moins connus, mais non moins originaux, Aeris. "Comparaisons" de qualité et alléchantes, cela va sans dire.

Sans être une révolution, un coup de cœur, ou une surprise soudaine et absolue, Pyrah se défend bien avec "Where Am I ?", son premier album. Ces Strasbourgeois, bien que visiblement attachés aux sons typés rock et metal, ont effectivement choisi de refuser les limitations et de se faire plaisir. D’où ces lignes de guitare parfois un peu délurées en plein milieu d’un plan à la batterie agressives et aux sonorités rugueuses. D’où ces mélodies opposées simultanément à un chant hurlé. Tiens, puisque je parle de chant et de metal, le mix chant hurlé / chant clair ne vous paraîtrait pas curieusement familier, par hasard ? Ce qui est agréable avec Pyrah, c’est que les deux sont assurés par la même personne, à savoir Stéphanie Montel. J’avoue d’ailleurs avoir une préférence pour son chant hurlé, de plus en plus présent au fil de l’album. Bien que juste et de qualité, son chant clair me semble tout de même manquer de variété, et d’un certain grain de folie qui aiderait certainement à rendre les morceaux vraiment uniques ("Psycho" et son très agréable passage aérien ; l’intéressant "Stand Tall").

Certes, Pyrah ose ; certes, Pyrah est agréable. Pourtant, le tout demeure tout de même encore trop sage pour répondre pleinement à mes attentes. "Where Am I ?" s’écoute avec plaisir, et recèle son lot de bonnes idées. Cependant, le résultat encore trop lisse enlève quelque chose de primordial à l’ensemble : la fougue de l’être indomptable espéré. L’intention est là ; maintenant faut-il que les Strasbourgeois s’écoutent totalement pour, la prochaine fois, nous concocter une surprise aussi pétillante qu’une bulle de champagne.


Gloomy
Mars 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/pyrahofficial