Le groupe
Biographie :

Pyogenesis est une formation allemande fondée en 1991 à Stuttgart. Le groupe est connu pour ses expérimentations et pour mêler divers genres comme le death metal, l’alternatif, le punk rock voire le gothic metal. En plus de vingt ans d’activité, Pyogenesis est notamment réputé pour avoir sorti huit albums mais également pour un certain accident de tour-bus. Le groupe se compose actuellement de Flo Schwarz à la guitare et au chant, de Malte Brauer à la basse, Jan Räthje à la batterie et de Thilo Schmidt à la guitare. Le premier album du groupe, "Sweet X-Rated Nothings", est sorti en 1994, entraînant dans son sillage "Twinaleblood" voire plus récemment "A Century In The Curse Of Time". 2017 marque le retour studio de Pyogenesis et la sortie d’un nouvel album, "A Kingdom To Disappear".

Discographie :

1994 : "Sweet X-Rated Nothings"
1995 : "Twinaleblood"
1997 : "Unpop"
1998 : "Mono…Or Will It Ever Be The Way It Used To Be"
2002 : "She Makes Me Wish I Had A Gun"
2015 : "A Century In The Curse Of Time"
2017 : "A Kingdom To Disappear"
2020 : "A Silent Soul Screams Loud"


Les chroniques


"A Silent Soul Screams Loud"
Note : 15/20

Pyogenesis est un cas à part dans le metal, le groupe ayant commencé un mélange doom gothic sur ses deux premiers albums pour finir par prendre un virage rock punk / rock alternatif à partir de "Unpop". Autant dire que la sortie de ce dernier a quelque peu destabilisé son monde à l'époque, surtout que depuis le groupe n'est pas avare en expérimentations et que son spectre sonore ne connaît presque plus aucune limite. Que nous réserve donc "A Silent Soul Screams Loud" ?

On sait que depuis quelques albums Pyogenesis reverse quelques passages metal bien gras dans son rock alternatif et produit un mélange des genres assez inhabituel et original. Cela ne suffira pas à rameuter les gros bourrins mais si ça peut en inciter d'autres à jeter une oreille sur la musique du groupe, ce ne sera pas plus mal. Parce que mine de rien que l'on aime ou pas le rock alternatif ou le punk rock (et je n'apprécie en général ni l'un ni l'autre), il y a un vrai sens de la mélodie et un vrai travail chez Pyogenesis, le précédent album était d'ailleurs un concept assez ambitieux. Mais revenons-en à nos moutons et à ce nouvel album qui débute par "Survival Of The Fittest" avec une remise des pendules à l'heure assez directe ! On se fait accueillir par un riff bien death metal old school joué par des guitares bien grasses et des blasts en fond sur lesquels vient se poser un chant clair assez décalé par rapport à l'agressivité du riff, et le groupe enchaîne sur un refrain plus mélodique, plus rock alternatif et très radio friendly. Le contraste surprend mais le mélange est plutôt bien fait et les lignes de chant sont diablement accrocheuses en plus de faire passer une émotion assez poignante. Le début de "Mother Bohemia" à coup de growls, de blasts et de trémolo à la guitare ramène là encore la brutalité au premier plan malgré le chant clair qui vient bien vite se rappeler à nos tympans. Là encore c'est prenant, acrocheur, mélodique et brutal à la fois et une fois de plus les émotions sont au premier plan. Inutile de tomber dans le track by track, vous avez déjà compris que Pyogenesis ne se fixe aucune limite et que des infleunces multiples et très différentes vont se croiser sur "A Silent Soul Screams Loud".

Je le répète, les plus bourrins vont quand même vomir par les oreilles en entendant les lignes de chant ou les mélodies très pop dans l'esprit et radio friendly mais hormis ce détail, la musique du groupe a une richesse et une profondeur impressionnantes pour un groupe aussi accrocheur et direct. D'ailleurs, le groupe, comme sur la plupart de ses albums, termine ici avec un pavé de plus de quatorze minutes qui prouve que ces Allemands sont décidément plein de ressources et que les apparences son trompeuses quant à la simplicté de leur musique. On passe par tout le spectre musical couvert par le groupe qui alterne ici les riffs bien brutaux avec des passages mélodiques bourrés d'émotion et d'autres plus planants. Là encore, le morceau est terriblement accrocheur malgré sa longueur et Pyogenesis prouve son talent de composition en ne perdant jamais personne en route. Pour un morceau de cette longueur, le groupe opte évidemment pour une construction en mouvement (plutôt que le classique couplet-refrain) qui permet au morceau de couler tranquillement sans tomber dans le piège de la répétition à outrance. On connaît bien ce genre d'exercice de style dans le metal avec des groupes dont le style de musique est déjà complexe, touffu ou basé extrêmement lourd et pesant, mais pour un groupe comme Pyogenesis qui est parti vers des terres bien plus radio friendly c'est d'autant plus fort. Surtout que ce monstre ne perd jamais son côté accrocheur et que les mélodies sont une fois de plus poignantes. Pour ce qui est de la production, pareil, c'est aux petits oignons et ça sonne de façon puissante avec une petite couche de gras sur les guitares qui fait plaisir à entendre au milieu de ces mélodies parfois sucrées.

Un nouvel album dans la lignée de ses prédécesseurs et toujours aussi original et atypique. On mélange allègrement le rock alternatif avec de grosses parties metal assez dures, des mélodies sombres et un chant clair assez léger qui se voit entrecoupé de growls. Bref, il va falloir avoir l'esprit ouvert et ne pas être réfractaire aux tendances les plus soft du rock. Jetez-y une oreille attentive même si l'alternatif vous repousse, il y a bien plus que ça ici et Pyogenesis fournit un travail considérable sur sa musique qui s'entend par la profondeur assez surprenante des morceaux.


Murderworks
Février 2020




"A Kingdom To Disappear"
Note : 16,5/20

Alors que Pyo(n)genesis serait sans doute un dictateur assez perché s’il serait originaire d’un pays lointain, heureusement pour nous, Pyogenesis est d’un pays pas tellement lointain puisqu’originaire de chez nos cousins germains de l’autre côté du Rhin (et pas du rein, sinon ce serait glauque…). Blague de mauvais goût à part, Pyogenesis est un des représentants de premier choix de la scène gothic, indus et plus généralement alternative de Germanie. Bien évidemment, les mauvaises longues diront que Pyogenesis est presque aussi connu pour ses savantes expérimentations sonores que pour son accident de tour-bus, mais les bonnes langues diront que Pyogenesis est tout aussi indispensable au paysage sonore allemand que les barrières de sécurité pour éviter les sorties de route. Quoi qu’il en soit, dédions cet article à la mémoire de tous ceux qui pensent encore que la scène teutonique, germanique ou allemande (appelons-la comme nous voulions) se limite à Rammstein, à Scorpions ou encore à sa scène thrash…

C’est donc deux ans à peine après "A Century In The Curse Of Time" que Pyogenesis revient avec son, désormais, huitième album studio "A Kingdom To Disappear". D’emblée, le moins que l’on puisse dire est que l’âge et la maturité réussissent brillement à nos amis boches. Puisque, comme pour fêter leur crise de la quarantaine dignement, les Stuttgartois semble s’être réinventés depuis leur septième album (et les 13 ans séparant celui-ci de l’opus précédent). Quoi qu’il en soit, "A Kingdom To Disappear" est la suite logique de la lancée initiée par "A Century In The Curse Of Time", "A Century In The Curse Of Time" qui marquait leur grand retour en 2015. En ce sens, Pyogenesis repart pour son introspection de l’Homme, de sa psychologie et de son Histoire dans un univers presque granguignolesque et grandiloquent. Mais mieux vaut ne pas s’y méprendre, même si les similitudes existent, "A Kingdom To Disappear" n’est pas un simple copicat de "A Century In The Curse Of Time" ni même un simple amas de pistes délaissées de l’album précédent. En revanche, "A Kingdom To Disappear" est bel et bien un album à part entière, avec son âme et son univers.

Outre le conceptuel, au niveau musicalité, Pyogenesis reprend les bonnes vieilles habitudes en réintégrant quelques grunts à en dégonfler des zeppelins ("I Have Seen My Soul", "Every Man For Himself And God Against All") tout en conservant, bien évidemment, les moments plus "posés" dans un style qui parsemait déjà "A Century In The Curse Of Time" ("It’s Too Late (A Kingdom To Disappear)", "That’s When Everybody Gets Hurt"). C’est d’ailleurs dans ces moments clairs (et prédominants dans l’album) que l’effet magique de l’artwork prend tout son sens et que l’univers que souhaitait instaurer Pyogenesis par ce "A Kingdom To Disappear" voit ses contours dressés sur les plaines ensoleillées qui le composent ("We (1848)", "New Helvetia"). Flirtant parfois avec un gothic rock ou un gothic pop autant qu’avec un rock harmonique ou un metal bien plus percutant, Pyogenesis, à l’instar des pieuvres de son artwork, agite plusieurs tentacules pour parfaire son mélange assez unique et ainsi arriver au résultat qu’il souhaitait : transporter l’oreille dans son univers. D’ailleurs, histoire de peaufiner la vision artistique et l’ambiance, le single "Every Man For Himself And God Against All" s’est retrouvé gâté d’un clip (comprenant l’intro "Sleep Is Good"), tout comme l’autre single "I Have Seen My Soul". Le concept est complet et travaillé, tout comme le son et la production, et ce, dans les moindres petits details ("Everlasting Pain" par exemple). Alors oui, peut être qu’objectivement "A Kingdom To Disappear" n’est pas leur meilleur album ("Sweet X-Rated Nothings", non ?), mais subjectivement il est désormais mon préféré. Tout simplement, avec ce huitième album, Pyogenesis fait le boulot et offre un bon jet qui donnera un coup de boost à leur setlist ("Blaze, My Nothern Flame"). D’ailleurs, petit détail allant en ce sens, "A Kingdom To Disappear" a, dès sa sortie, fait son entrée dans les charts, ce qui parle d’emblée à sa place.

En fait, Pyogenesis est toujours Pyogenesis et "A Kingdom To Disappear" pourrait se résumer par les lyrics de ses propres titres "I have seen my soul, it’s rotten black as coal" d’un côté et de l’autre "We were always young, we were the youth !" (bon d’accord, les chansons en question n’ont rien à voir avec mon propos, mais l’idée est là…). En somme, "A Kingdom To Disappear" est le juste mélange entre la froideur d’une pointe d’un growl d’un death glacial et beaucoup d’euphorisme d’un alternatif presque folklorique, le tout porté par l’univers de Pyogenesis. Bref, comme disait Pépin (et non Pipin), "A Kingdom To Disappear" ravira tant les fans new school de Pyogenesis (voire plus tournés goth de "She Makes Me Wish I Had A Gun") que les fans de la première heure (de "Sweet X-Rated Nothings" et compagnie). Mais surtout, comme le dirait Angela Merkel : "Archt mein gott ! Es ist ein gut Musikalbum und ein sehr sehr schön Musikgruppe !"


Rm.RCZ
Août 2017




"A Century In The Curse Of Time"
Note : 16/20

Je m’intéresse à la scène metal depuis 1986 environ. La beauté de cette passion réside dans les surprises que l’on découvre, tout juste lorsque l’on croit avoir tout entendu. Dans mon cas, une chronique débute toujours dès les premières minutes d’écoute d’un album, et dans le cas de Pyogenesis, ma première pensée fut "Ces jeunes maîtrisent bien leur art". Quel ne fut pas mon étonnement lors de mes recherches bibliographiques de découvrir que le groupe roulait sa bosse depuis près de 24 ans déjà et qui plus est, propose ici son premier album en 13 ans !

Pionniers du mouvement gothic metal des années 90, le groupe a donné à ce jour plus de 1000 concerts. Usant d’adresse autant dans le death mélodique que dans le punk en passant par le rock alternatif, Pyogenesis propose sur "A Century…" une expérience en deux temps. Les premières minutes de l’album offrent le côté le plus pesant du groupe, avec des chansons démontrant une agression propre aux jeunes groupes de metalcore d’aujourd’hui. La transition est rapidement frappante. Les influences core se subliment et laissent place à des arrangements plus rock, voir même progressifs. À croire que le groupe s’est amusé à illustrer musicalement la vie d’Opeth ! Et c’est là que le bât blesse. Indéniablement, le talent du groupe n’est en rien un problème, autant que la crise identitaire qui résulte de cet exercice bipolaire. En effet, il n’y a rien de dramatique à explorer différents styles tout au long d’un album, je crois tout de même qu’une uniformité sommaire dans l’ensemble rend l’expérience d’écoute plus intéressante.

Au niveau de la production de l’album, le travail appliqué sur cet album est remarquable. Le mix final est sublime, tant dans la puissance du son, en particulié au niveau des guitares électriques, que dans les nuances et les arrangements lors des moments plus “tranquilles” de l’album. Une mention spéciale à la basse, présente à souhaite et ajoutant une profondeur notable, permettant du même coup à l’ensemble d’être bien défini.

Combien de groupes tentent des retours qui malheureusement laissent les amateurs sur le faim ? La liste est longue et les exemples, flagrants (inutile de pointer du doigt quiconque, à titre d’exemple, ne serait-ce qu’au bénéfice des lecteurs, un groupe dont le nom commence par "Queen" et se termine par "ryche"). C’est loin d’être le cas pour Pyogenesis qui s’acquitte parfaitement de la tâche d’un nouvel album après une aussi longue période d’hibernation entre deux projets. Une belle leçon de savoir-faire aux jeunes groupes par ces vieux routiers qui sauront plaire aux amateurs du genre.


Mathieu
Novembre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.pyogenesis.com