Le groupe
Biographie :

Profundae Libidines est un one-man band créé en 2009 à Paris (France) par Philoxera, par ailleurs bassiste de Krepuskule, Inborn Suffering et Tales Of Blood. Musicalement proche du black-metal, Profundae Libidines ne prêche néanmoins aucune idéologie particulière et se contente de mettre à mal les dogmes établis, tous castrateurs d'une spiritualité potentielle et du développement personnel. Profundae Libidines, qui pourrait se traduire par "Le gouffre des passions", s'intéresse à toutes les passions, qu'elles soient religieuses, mystiques, charnelles, politiques...

Discographie :

2011 : "Evangelium Secundum Matthaeum"
2015 : "El Viaje Definitivo"


Les chroniques


"El Viaje Definitivo"
Note : 08/20

Tiens, voilà bien longtemps que je n'avais pas chroniqué d'obscure groupe français signé sur un label au moins aussi obscure... Celui-ci s'appelle Profundae Libidines et a pour géniteur Philoxera, bassiste entre autres de Tales Of Blood et d'Inborn Suffering !!! Ce "El Viaje Definitivo", titre où l'utilisation de l'espagnol est plutôt original, s'avère être le deuxième album du groupe et je m'excuse d'avance d'être totalement passé à côté du premier, en supposant bien sûr que cela en valait la peine... Ce qui est sûr, c'est qu'à l'issue de cette chronique, je saurais si je dois rattraper mon retard ou pas !!! Pour l'instant, après avoir été interpellé par le titre de l'album, c'est par sa pochette que je le suis, et je préfère sincèrement ne pas m'arrêter dessus pour ne pas avoir d'a priori négatif... Cela ne va pourtant pas m'empêcher de me questionner quant aux 5 premiers morceaux aux titres japonnais !!! En attendant d'avoir les réponses, place à la musique...

Et on débute avec "Hi No Kami" et directement, le son m’agresse les oreilles !!! On dirait que l'enregistrement a eu lieu dans un garage comme au début des années 90... Seul le son de grosse caisse nous rappellera les années 2000, soit parce qu'elle est trop triggée, soit parce qu'il s'agit tout simplement d'une boîte à rythmes !!! Toujours est-il que l'ensemble est plus que vintage, à l'image du son de la guitare solo... Mais dans les années 90, une certaine magie planait sur ces bandes ainsi enregistrées !!! Ici, c'est le calme plat, voir le néant... D'ailleurs, il ne se passe pratiquement rien pendant 6 minutes 10 !!! Une guitare horriblement lancinante, quelques cris écorchés et c'est tout... On enchaîne avec un "Sarusawa No Ike No Daija" presque aussi inintéressant !!! Des riffs simplistes tout droit sortis de l'école du black metal, niveau brevet des collèges... Même les parties de basse ne donnent pas l'impression d'avoir été composées et exécutées par un bassiste expérimenté !!! Le morceau essaye certes de décoller à l'aide d'un blast beat, mais c'est peine perdue et cela ne provoque absolument rien en moi... Pas le moindre frisson à l'horizon !!!

Peut-être quelques poils hérissés, mais c'est sûrement à cause de quelques dissonances abusives... Le morceau suivant s'intitule "Te Wo Awase" et poursuit ce chemin de croix comme ses prédécesseurs !!! Doit-on déjà parler de calvaire ??? Je m'interroge... Toujours est-il que hormis quelques rares bonnes idées, c'est ennuyeux et sans inspiration !!! Comme si un collégien avait enregistré là sa première démo... En fait, seul le pseudo lead psychédélique vaut vraiment le détour !!! On continue avec "Tenjiku", malheureusement toujours dans le même registre : un black metal mid-tempo, dissonant et en cruel manque d'inspiration... L'atmosphère générale y est oppressante, mais pas dans le bon sens du terme !!! Pour le reste, c'est définitivement creux et vide de sens... Plat, sans âme, voir même carrément désincarné !!! Disons le tout de suite, le concept semble aussi stérile que la musique qui est sensée le mettre en exergue... Je crois pouvoir dire que Philoxera est en train de complètement passer à côté de son message, si tant est qu'il y en ai un, tout comme il est en train de passer à côté de ce deuxième album de Profundae Libidines !!!

"Sawagu Chi Mo Kono Koe Kikeba" est le dernier morceau du "cycle" japonnais et n'apporte rien de neuf sous le soleil levant... Ce titre se veut plus lourd et agressif, mais l'ennui est malheureusement toujours de mise !!! Peut-être que le retour à un titre français comme "Mur De Brume" nous sauvera de la perdition... On commence par des chœurs évanescents, mais c'est à peu près tout ce qui change !!! C'est toujours incroyablement poussif, et le duo chant black / chant clair en français ne fonctionne pas comme il devrait... Et où est la cohérence par rapport aux morceaux japonnais ??? "El Viaje Definitivo" semble en fait bien trop personnel, formant des murailles autour de lui empêchant quiconque de comprendre son essence même, ses tenants et ses aboutissants... D'ailleurs, "L'Intention Du Traqueur" ne dérogera pas à la règle, titre là encore tout ce qu'il y a de plus ésotérique pour le béotien que je suis !!!

Nous arrivons maintenant au morceau éponyme sous forme de publicité mensongère car non, ce n'est pas encore la fin du voyage... Ce morceau en espagnol introduit un peu de chant féminin, déclamations pouvant rappeler celles du groupe italien Evol, à la fois kitsch et envoûtantes !!! Mais c'est bien la seule surprise de ce tiutre... "Muerte Sin Fin" sera le dernier morceau de l'album, titre une nouvelle fois d'inspiration hispanique !!! L'ennui y est toujours mortel, d'autant qu'on ne comprend toujours pas le lien entre ces différents morceaux aux titres tour à tour en japonnais, en français puis en espagnol... La seule continuité semble être dans la musique, et ce pour notre plus grand malheur !!! Le salut viendra de "La Chouanne", reprise des cultissimes Forbidden Site... Le morceau est résolument excellent : dommage alors que ce soit le seul bon morceau de ce "El Viaje Definitivo" !!! D'autant qu'Anorexia Nervosa avait déjà fait une très bonne cover de ce titre...

Bref, sans inspiration, on n'arrive pas à grand-chose, même quand il s'agit du choix d'une reprise !!! Pour Philoxera, tout ceci a peut-être un sens, mais je pense qu'il n'a entrouvert aucune des portes dont d'ailleurs lui seul a la clé... Ainsi, face à un album aussi hermétique, tant au niveau du son que de la musique à proprement parler, qui de plus manque de cohérence quand on essaye de se laisser guider par le titre des morceaux, on préfère détourner le regard et passer à autre chose !!! Il y a tellement de groupes à écouter, tant d'autres à découvrir, même des petits qui n'ont pas encore eu la chance de sortir un album que ça en est désolant de voir arriver ce genre de produit sur le marché... Certes, ma chronique est dure, mais quand on voit tout ce qui sort chaque année, on est en droit d'être un petit peu exigeant, d'autant que je sais par expérience que ce n'est pas si compliqué de faire beaucoup mieux !!!


Carcharoth
Octobre 2015




"Legion Helvete"
Note : 13,75/20

Avant même de connaître l'origine du groupe, de savoir que c'est un one-man band, de savoir de quel type de musique il s'agit, on ne peut que deviner certains aspect intellectuels du projet. En effet Profundae Libidines n'a et ne fera jamais penser ou supposer par son nom, qu'on a là quelque chose proche de Sublime Cadaveric Decomposition, ni Mucupurulent ou Infected Pussy, non non, ce n'est pas possible. Ensuite un titre d'album en latin, des paroles en latin et là forcément gros respect. On se dit alors, ce mec est un érudit ou il connait un prof de latin, les souvenirs de collège ou de seconde au lycée étant trop loin, et personne n'a envie de se faire chier à rechercher tout un texte... à moins que... Tout ceci plus le fait que la cover art de Vestal et ce design de Ankaboott Pentokrator sont plutôt artistiquement esthétiques, très prisés dans la mouvance black metal, on peut affirmer que Profundae Libidines séduira les true "evôl".

Alors maintenant que savons-nous sur Profundae Libidines ?
Que c'est un one man band, qu'il s'agit d'un projet de Philoxera, bassiste des Inborn Suffering, pourtant très loin de l'ambiance death/doom, mais aussi Krepuskule et autres formations que je n'ai pas envie de citer par paresse... Alors pour le coup, il s'est adjoint les services de Ana (Krepuskule) pour le violon, et de pas mal de guests pour mettre des vocaux sur son black metal malsain avec notamment :

Nokturnus
Ego (Agnosys)
Vaerohn (Pensées Nocturnes, Way To End)
Vestal (Merrimack, Anus Mundi)
Boris (Skyshift)
Dagoth (Otargos)
Vaerohn (Pensées noturnes, Way To End)
Arntor (Aegis)
PZF (Moonreich)
Sodom
et quand on voit certaines participations, on ne s'étonne pas de leur présence qui d'ailleurs aurait manqué à l'inverse, je parle surtout pour Vaerohn.

Alors sur cet album autoproduit composé de onze chapitres qui traitent spécifiquement, comme ça à vue de nez rapide, de l'Evangile de Saint Matthieu, ceci expliquant cela pour les parole en latin, on se rend compte d'un curieux paradoxe : celui pour une musique black metal d'avoir des mouvements relatifs à la bible. Paradoxe que l'on retrouve finalement aussi avec la pochette de l'album.

Profundae Libidines reste dans un tranche de black metal, je ne dirais pas minimaliste mais qui joue toujours sur le côté malsain des guitares crasseuses, sans aller se perdre dans la technique. Il se satisfait de rythmiques redondantes pour créer l'atmosphère, avec une boîte à rythmes qui a ses limites surtout sur le début de "Le Vrai Bonheur". Le démarrage en est presque cocasse. "Bontempi" quand tu nous tient. En revanche le morceau tient les tripes, avec la voix d'Ego d'Agnosys, c'est vraiment Evil dans l'ambiance malgré la simplicité de la chose.

On reconnaît les identités vocales de chaque intervenant, comme si les morceaux d'ailleurs avaient été écrits pour eux, notamment Vaerohn et sa voix dépressive ou granguignolante, qui fait des références à la vie est un long fleuve tranquille de manière discrète effectivement. La voix également de Boris de Skyshift est inhabituelle, plus crue dans son timbre pour donner cette image ordurière si typique du black metal de ce gabarit. Les chapitres de cet album sont relativement disparates finalement. Non pas qu'ils manquent d'harmonie mais que leur portée est contrastée par leurs ambiances. La brutalité et l'intensité de "Pierre Renie Jesus", rapide, extrême tant dans les vocaux que les guitares, sera forcément en opposition avec des titres tels que "Jesus Est Condamné A Mort", beaucoup plus proche d'un Pensées Nocturnes (tout comme l'introduction d'ailleurs qui aurait pu se placer sur "Grotesque") ou encore "La Tentation De Jésus" et "Jesus Est Cloué Sur La Croix" où la morbidité a des relents de Mayhem et de Dark Throne période punko-crasseuse.

Et en parlant de punko-crasse, le mixage artisanal de "Evangelium Secundum Matthaeum" est-il le résultat d'une volonté de ne pas s'octroyer les services d'une super production qui aurait fait certainement fait perdre son ambiance glauque et malsaine ? Je pense que oui, car on a droit à un mix vraiment ignoble qui met en exergue des guitares saignantes méchamment nasillardes, tandis que certains vocaux bénéficient peut-être de trop de reverb. Mais l'aspect glacial et défectueux dans sa sonorité lui va parfaitement bien et de toutes les façons c'est le style qui veut ça.

Enfin en tous les cas, le projet est intéressant, ambitieux aurait pu facilement se faire signer par tel ou tel label underground Sud-Américain ou Asiatique, voire des pays de l'Est, pour procéder à une petite promo plus conséquente. Et si le nom du projet et le titre de l'album sont vraiment chiants à retenir et à dire, la musique attire les curieux, maintenant libre à chacun d'apprécier ou de haïr. C'est toujours le choix cornélien de ce genre de groupe de black underground, parce qu'à l'arrivée, je ne sais pas vraiment si j'ai aimé ou pas...


Arch Gros Barbare
Octobre 2011


Conclusion
Le site officiel : profundae.libidines.free.fr