L’introduction "Incantation" nous plonge directement dans les abysses avec un metal doomesque et foutrement sinistre, qui laisse sous-entendre que nous n’allons pas passer un moment musical joyeux et délire. Non, n’attendez pas de Profanation qu’il fasse des courbettes à vos oreilles, ce n’est pas un décrassage des orifices au coton-tige que vous allez subir, mais un élargissement du pavillon au marteau-piqueur. Actifs depuis le début des années 2000, la formation germanique n’y va pas de main morte, ou peut-être si, devrais-je dire, car leur death metal macabre pue la mort à plein nez.
Direct, crade, incisif, le metal dispensé dans "Into Cascades Of Blood And Burning Soil" se trouve à mi-chemin du death et du grindcore. On y trouve des saveurs putrides proches de celles d’Impaled, Exhumed, des vieux Carcass, Pustulated, Corpsefucking Art, Malignancy, et tous les membres du cercle des poètes disparus. Pendant 53 minutes, Profanation nous viole les écoutilles avec le vice d’un tortionnaire, aidé par un sens de la mise en forme musicale à la fois intuitif et très efficace. En effet, dès le deuxième track, le groupe nous assomme d’informations sonores, car sans être super précise, la zic de Profanation est très variée. Seul le quatrième titre, "Silent God", vient apporter un peu de répit, avec son intro basse en disto / batterie géniale, qui précède à une avalanche de riffs tous plus prenants les uns que les autres. Les 10 songs nous invitent au festival de la rythmique, et franchement, on s’en prend plein la tronche sans interruption. Le truc vraiment bien, c’est que Profanation a un sens de l’agencement qui fait que toutes les parties s’emboîtent à merveille, les variations et changements de tempo arrivent toujours à pic pour susciter de l’intérêt dans l’écoute.
D’un point de vue de l’exécution instrumentale, c’est parfait, il y a constamment ce feeling death / grind délicieux, interprété en mode sauvageons, ça blaste, les guitares ne chôment pas, la basse ne ronronne plus, elle gerbe ses notes, et le chant est bien présent, gras, dégueulasse, viril et imposant. Le skeud comporte les meilleures cassures rythmiques de ce nouveau siècle, le titre "Bloodbath In Heaven" en est la preuve, sur ce track, Profanation conjugue les parties les plus lourdasses de Suffocation à la sauce death / grind, un pur bonheur… Il est bon de savoir que le groupe a sorti des perles, comme "Lustful Screams of Torture" en 2007 et mine de rien, malgré le fait qu’il ne soit pas fortement médiatisé, le combo allemand possède une discographie que tout fan de death / grind se doit de posséder !
Bref, cessons de tourner autour du pot, "Into Cascades Of Blood And Burning Soil", dans le style qu’il propose, est quasiment parfait. Varié, puissant, dégueulasse, morbide, old school, ce disque va rapidement devenir le compagnon indispensable, après la pelle et le pied de biche, pour vos virées macabres dans les cimetières. Le bassiste a vendu l’album comme un mix parfait entre agression, groove et vitesse, impossible de dire mieux. Profanation porte bien son nom et fait partie de ces rares groupes qui maintiennent en vie un style qui passe en ce moment un peu aux oubliettes, le death / grind.
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