Le groupe
Biographie :

Poem est un groupe de rock / metal progressif grec formé en 2006 et actuellement composé de : George (chant / guitare), Laurence (guitare), Takis (basse) et Stavros (batterie). Poem sort son premier album, "The Great Secret Show", en Juin 2009 chez Dromos Music, suivi de "Skein Syndrome" en Mars 2016 chez ViciSolum Productions, et de "Unique" en Mars 2018.

Discographie :

2009 : "The Great Secret Show"
2016 : "Skein Syndrome"
2018 : "Unique"


Les chroniques


"Unique"
Note : 16/20

Voilà encore un groupe dont je vous ai déjà parlé, les Grecs de Poem qui sortent leur troisième album "Unique". Pour rappel, le groupe officie dans un style à cheval entre le rock et le metal à tendances progressives et son précédent album était plutôt bien ficelé dans le genre, pas mal de morceaux accrocheurs et des mélodies prenantes.

Dès "False Morality", on retrouve la patte du groupe avec cette alternance de riffs durs et de lignes de chant poignantes et mélodiques, j'en profite d'ailleurs pour signaler que le chanteur s'est encore amélioré et que sa voix colle décidément très bien à la musique de Poem. La production aussi est montée d'un cran et le son est plus propre, plus puissant et plus clair que sur "Skein Syndrome". Pour faire simple, le groupe, qui était déjà efficace sur son deuxième album, a progressé à tous les niveaux et balance maintenant de vrais brûlots prog bardés de mélodies et de riffs puissants. Une fois de plus, on évite soigneusement la démonstration technique et on met l'accent sur l'accroche, les refrains vous rentrent encore une fois dans la tête dès la première écoute et prouvent que ces gars-là savent y faire. Malgré ce côté très accrocheur, il y a une profondeur dans la musique de Poem, sûrement héritée du prog d'ailleurs, qui fait que ce sont les émotions qui mènent la danse. La richesse des influences permettent aussi au groupe de dynamiser sa musique et de passer de passages lents et poignants ("Four Cornered God") à d'autres plus nerveux et plus metal. La longueur des titres leur permet d'ailleurs de montrer plusieurs facettes puisqu'on tourne en gros autour de cinq à sept minutes, pas aussi longs que la plupart des groupes de prog mais une durée parfaite pour avoir une certaine richesse d'un côté et une efficacité garantie de l'autre.

Les petite influences Tool refont leur apparition dans le chant sur "Unique" mais on retrouve bien vite la patte Poem pour un morceau tout en émotions une fois de plus. Le groupe a une approche résolument moderne du genre, nous ne sommes pas là dans du prog orienté années 70, le groupe balance de grosses guitares et suit une orientation très catchy. Le genre de groupe qui pourrait parfaitement présenter une porte d'entrée dans le prog pour tous ceux qui pensent que le style ne se résume qu'à de la démonstration technique et des sons de claviers kitsch sur fond de solis interminables. On pourrait même dire qu'il porte bien son nom et qu'on y trouve une dimension poétique dans les ambiances, les mélodies, la finesse dont il fait preuve dans ses compositions à des lieux de la surenchère à tous les niveaux de la musique en général de nos jours. Toujours est-il que "Unique" est un album solide, plus maîtrisé que "Skein Syndrome" qui présentait pourtant déjà de bonnes choses. Poem progresse d'album en album et s'il ne fait pas parler de lui dans un avenir proche, c'est à n'y plus rien comprendre. Même si ces Grecs n'inventent rien, ils développent une patte qui leur est propre, même si l'influence de Tool se fait encore parfois sentir dans le chant.

Troisième album dans la lignée du précédent, du progressif à cheval entre le metal et le rock avec des passages puissants, mélodiques, la dose de technique qui va bien et des lignes de chant accrocheuses qui vous rentrent facilement dans le crâne. Avec "Unique", Poem monte d'un cran à tous les niveaux et maîtrise encore un peu plus son sujet.


Murderworks
Octobre 2018




"Skein Syndrome"
Note : 15/20

Amateurs de brutalité, passez votre chemin, "Skein Syndrome", deuxième album de Poem, donne dans un mélange rock / metal progressif plutôt accrocheur et mélodique. Autant dire que ce n'est pas ici que vous pourrez étancher votre soif de blast et de violence insoutenable.

Dès l'entame de "Passive Observer" qui ouvre l'album, on comprend vite que le groupe aime les ambiances et la mélodie, sans toutefois faire l'impasse sur quelques parties syncopées et autres cassures de rythme. On remarque aussi une certaine parenté dans les lignes de chant avec Tool, qui est d'ailleurs cité dans les influences du groupe. En dehors de ces légères ressemblances, Poem pratique le metal progressif à sa sauce, donc avec pas mal de refrains accrocheurs, quelques parties un peu plus techniques, beaucoup de mélodies et une puissance qui est finalement plus héritée du rock que du metal pur et dur. Eh oui les gens, le progressif peut très bien être accrocheur, Poem enchaîne les refrains à chanter sous la douche sur cet album. Alors certes les amateurs de musique complexe et alambiquée en seront pour leurs frais mais si vous recherchez du metal catchy, groovy et mélodique avec quelques accents prog, vous avez frappé à la bonne porte. Comme je le disais, on sent un côté très rock avec des riffs puissants mais pas brutaux, même si le chant fait parfois quelques incursions dans un registre un peu plus hurlé. L'influence purement metal se fait surtout sentir dans les ambiances qui sont tout de même majoritairement sombres, mélancoliques et torturées. On pourrait même dire que sur certains morceaux c'est le seul obstacle qui empêche le groupe d'être diffusé sur certains grands médias.

Que les métalleux se rassurent, j'ai dit sur certains morceaux, et encore j'aurais dû dire sur certains passages (le break très Muse par exemple sur "Bound Insanity") parce que je pense que la musique de Poem, à défaut d'être violente, est quand même trop touffue pour les médias mainstream. Le talent de composition est indéniable chez ces Grecs, les mélodies font systématiquement mouche et les lignes de chant sont toujours pertinentes même si on peut parfois y déceler certaines influences. Les morceaux tournent quasiment tous autour des 6 ou 8 minutes et Poem arrive à faire en sorte qu'ils soient suffisamment dynamiques et touffus pour qu'on ne s'y ennuie jamais. Pourtant, je le redis, le groupe ne part jamais dans des délires techniques ou des structures trop tordues, même si on sent que les membres se sont fait plaisir à certains moments, ces 7 morceaux n'en restent pas moins directs et accrocheurs. Poem a trouvé un bon équilibre entre la richesse des sonorités et une construction éloignée du traditionnel couplet-pont-refrain d'un côoté et de l'autre un côté très direct et mélodique. De quoi satisfaire les amateurs de musique riche et ceux qui recherchent une musique qui ne demande pas cinquantes écoutes avant de pouvoir être cernée. On pourra rétorquer que le fait d'avoir le cul entre deux chaises de cette façon est un pari risqué mais Poem met en place des ambiances suffisamment prenantes pour capter l'attention.

Un deuxième album plutôt efficace, relativement personnel malgré quelques influences encore légèrement présentes. A défaut d'innover, "Skein Syndrome" est au moins un bon album dans son genre et une carte de visite encourageante de la part d'un groupe qui a sûrement encore pas mal de choses sous le pied.


Murderworks
Juin 2016


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/poemofficial