Le groupe
Biographie :

Quand Dave Curran, bassiste de Unsane décide de s’essayer à la composition avec deux cordes de plus, c’est avec Jim Paradise à la batterie (Player’s Club, Freshkills, Hello). Pour compléter tout ça, le producteur Andrew Schneider (Cave In, Converge, Made Out Of Babies, Unsane, Keelhaul) tient la basse. Le trio propose une noise-hardcore bien trempée déjà proposée sur un EP trois titres en 2011, un album en 2012 et un trois titres en 2013. En suivant leur système, on s’attendait donc à un nouvel album, le voici avec "Wronger".

Discographie :

2011 : EP
2012 : "You Ruin Everything"
2013 : "Gaffe" (EP)
2015 : "Wronger"


Les chroniques


"Wronger"
Note : 17,5/20

Parfois, dans la vie, on se pose des questions, surtout celles qu’il ne faut pas. C’est le désordre dans ta tête, et comme on soulage une grosse fièvre d’un bon grog, quand tu as tout faux, le mieux, c’est de foutre un véritable bordel là haut pour rebondir à fond.

Ce n’est pas encore remboursé par la sécu mais j’ai fait une demande pour "Wronger", une pilule de Pigs. On va pas y aller par quatre chemins, le groupe nous sert une nouvelle fois quelque chose de poisseux. Ca te brouille la tête comme un Ricard avec trois gouttes de flotte dès l’introduction avec "A Great Blight", Je dis introduction car la suite est tout autre, à commencer par "The Life In Pink" où le groupe cadre les choses avec un noise-hardcore, tantôt lourd, tantôt clean, parfois bruitiste. Dans la même coulée, on retrouve "Mope" un peu plus loin, "Wrap It Up", "Make Sure To Forget" ou encore "Donnybrook" pour le final.

Attention tout de même, la formation ne démord pas pour autant de l’ADN de son dernier opus. Du punk bien gras vient parsemer l’album d’embûches aussi euphorisantes que destructrices. Si l’on prend un morceau comme "Bet It All On Black" par exemple, on peut y retrouver partiellement des gènes de Fucked Up avec quelque chose proche de leur son live mais… sur skeud ! Bois des bières dans ton canap’ et prend en plein la gueule. C’est un peu le concept. Le titre éponyme de l’album lui-même saigne les enceintes de la même manière.

Et puis parfois, les mecs ils pètent un plomb et te sortent une pépite comme "Mouth Dump" en plein milieu d’album. Deux dudes qui conversent, des coups de grosse caisse et des cordes très country. C’était l’interlude, pose pas de questions. On peut également faire une parenthèse concernant "Bug Boy", un featuring avec Julie Christmas, la chanteuse de Made Out Of Babies (rien que ça). Bon en même temps ils ont déjà Andrew Schneider avec eux c’était plus facile (mais ça on s’en fout, non ?), un putain de bon titre quoi !

Rien de mieux qu’un beau bordel pour mettre de l’ordre. Quand Pigs commence à sonner, votre cerveau se déconnecte, arrête de résister et se fait piétiner par "Wronger". Ils vous mettraient le feu à une boule de neige ces mecs-là, à écouter en état d’urgence.


Kévin
Mars 2016




"Gaffe"
Note : 17/20

Réveil de merde, temps de merde, rhume de merde, voisins de merde. Il y a des jours où, véritablement, la meilleure des choses à faire serait de rester pieuter, l’ordinateur sur les genoux, de la bouffe à portée de main et à boire pas trop loin, à regarder la crème des vidéos trash circulant sur la toile. Heureusement, il y a aussi des jours où, tu décides, pour te motiver un peu, de mettre un CD dans la platine. Et il y a ce jour, où c’est "Gaffe" de Pigs que j’ai inséré.

En 2012 déjà, "You Ruin Everything" avait largement conquis mon coeur en le remplissant de crasse. Aujourd’hui j’ai les crocs et je vous garantis que les trois titres proposés par Pigs se dégustent comme le Grec que tu chopes avec tes potes quand tu ères complètement bourré dans les rues vides de ta ville à cinq heure du mat’, c’est-à-dire rapidement, salement, sans réfléchir. Bon, on en fait de la poésie mais elles sont faites de quoi ces foutues quinze minutes ? De punk ! Tout simplement ! Et du punk dans son plus "simple" appareil qui plus est. Oui parce que Pigs nous sert ici un proche de l’originel avec des vocaux braillés comme s’il te crachait à la figure, une rythmique rapide sans excès, un riff qui cisaille et une basse rocambolesque (à la limite de faire des folies tellement les cordes claquent). "Elo Kiddies" qui ouvre l’EP est clairement dans cette veine. Une basse omniprésente et qui impose le rythme autant que la batterie sur "Gaffe", où d’ailleurs, il n’y a pas que les grosses cordes qui sont malmenées avec une gratte qui amène son lot de dissonances bien maîtrisées. D’ailleurs tous les éléments sont parfaitement maîtrisés sur chacune des trois pistes le son y compris. Vrai, granuleux, puissant dans l’énergie mais pas excessivement massif, il est l’élément ultime qui vient parfaire "Gaffe".

Alors finalement, après trois titres de cette trempe, on relativise. Mon réveil de merde aurait pu ne pas sonner et j’aurais pris les remontrances de mon patron à la place. Le temps de merde à lieu un jour où je travail et non l’inverse. Je préfère mon rhume de merde à une violente grippe qui me clou au lit et m’empêcherait d’évacuer cette putain de gastro qui s’est invitée en même temps et enfin, ma voisine pourrait être une clarinettiste qui se fait le répertoire complet de Lara Fabien. Pigs est un véritable défouloir qui vous fait rapidement oublier les petit tracas quotidien, et s’il s’avérait que me voisine faisait vraiment de la clarinette je n’aurais qu’à monter le volume pour lui transmettre qu’elle me casse les c******* et que rien ne sert d’essayer de dialoguer, de tout façon, on est pas fait pour se comprendre.


Kévin
Août 2014




"You Ruin Everything"
Note : 17/20

Ce matin tu t’es bien savonné sous la douche et tu te sens finalement un peu trop propre, tu veux du poussiéreux, du poisseux, de la crasse par kilos, du salace, bref tu as un problème et comme toujours il y a une solution : Pigs. Il suffit de poser les yeux sur l’artwork pour comprendre que tremper ses propres oreilles dans ce qui se cache dessous va estomper cette sensation désagréable d’excès de propreté. Un line-up de fou furieux formant un trio qui envoie de la noise hardcore on se dit que ça rend forcément service, mais encore en plus lorsqu’on a l’impression d’être en terrain connu sans pour autant assister à un piètre remake d’un album d’Unsane c’est encore mieux.

Amorcée par "Give It" (dont un clip vidéo est disponible), cette bombe de crasse explose non-stop pendant 42 minutes. La grande majorité des morceaux baissent la tête et visent le gras ("Whitewash", "Contrition Dilemma") mais le combo sait aussi nuancer les tempos, affiner la musique proposée et c’est ici que réside toute la différence avec Unsane comme par exemple sur "Massive Operator Error", "Small c Celebrity" ou "Mashantucket". On appréciera également la grosse basse dominante ("Drained", "Outburst Calendar", "Scrum"), qu’on aimerait presque entendre claquer sauvagement à chaque vibration de corde. Mention spéciale pour "At Least It’s An Ethos" qui clôt l’album et dont le riff de gratte frôle le jouissif. Grosso modo si tu aimes Unsane tu aimeras Pigs. Non pas parce que dans le cochon tout est bon mais parce que le trio tricote sa musique autour des mêmes repères en proposant finalement quelque chose de moins brut.

Pour les amateurs, "You Ruin Everything" est disponible uniquement en vinyle, avec deux couleurs de disponibles. Il est temps de cesser les bavardages, l’album tourne en boucle depuis tout à l’heure et je me sens à nouveau extrêmement sale, je file (encore) à la douche !


Kévin
Juillet 2012


Conclusion
Le site officiel : www.pigsnyc.com