Encore une livraison de prog tiens, cette fois avec le groupe Allemand Pigeon Toe. Drôle de nom et drôle de line-up, avec des membres de Fear My Thoughts et Triptykon ! Et attention parce que pour un premier album ça frappe fort, du prog au sens noble du terme et qui défriche donc dans tous les sens.

On commence directement par un premier morceau qui devrait déjà terrasser n'importe qui, structures tordues, refrains accrocheurs hyper mélodiques, chanteur aux multiples facettes, passages acoustico Opethien, technique de fou furieux... Bref la claque dès le départ quoi, et ça ne se calmera pas ensuite je vous le garantis. Pigeon Toe nous montre un visage tour à tour prog rock, puis rock tout court, puis on ne sait pas quoi ! Il faut s'accrocher pour suivre tout ce qui se passe sur cet album, c'est peut-être le seul point noir qu'on pourrait noter d'ailleurs. Les néophytes vont être largués tout de suite, et je pense que certains vont gueuler à la démonstration technique. Sauf que ce "The First Perception" est loin de ne se limiter qu'à ça et montre un talent de composition incontestable, c'est à la fois complexe et accrocheur.

C'est le genre d'albums sur lesquels je ne sais jamais vraiment quoi dire, la musique y est tellement insaisissable, tellement riche qu'il est difficile de coucher quelque chose de cohérent sur papier (enfin sur fichier). Alors je vais vous dire que cet album est une bombe sortie de nulle part, et les dégâts chez les fans de prog ont déjà dû être dévastateur depuis la sortie de la galette. C'est un festival à tous les niveaux, les riffs sont gras ou totalement déstructurés, les soli sont excellents et souvent gorgés de feeling et le batteur est un malade doublé d'une pieuvre à la frappe chirurgicale ! Quand le talent, la technique et le feeling sont au service de la composition ben ça donne ça, une pure leçon de musique !

Le chant va même se frotter à un répertoire proche d'un certain James Hetfield, avec ce petit grain dans la voix qui fait un effet boeuf sur les parties les plus rock et rentre-dedans. Mais c'est cette science du refrain qui tue qui est assez impressionnante, sans la complexité du reste ça pourrait presque faire des tubes sur n'importe quel radio ce truc. Pas moyen de prévoir ce qui va se passer, on a tellement l'habitude en écoutant des albums d'entendre les mêmes formules répétées que c'en est choquant ici. On est constamment pris à contre-pied, le groupe nous bouscule dans tous les sens sans répit. Le genre d'albums que personne n'attend, qui débarque tranquillement et qui vous retourne la tête l'air de rien sans prévenir.

Pour mieux vous situer la chose, sachez que le groupe a par exemple tourné avec Karnivool que je vous invite d'ailleurs à écouter attentivement aussi. On y trouve aussi du Opeth comme je le disais plus haut donc, et un peu de Porcupine Tree aussi de temps en temps. Vous me pardonnerez si ma chronique paraît vide et inintéressante, mais c'est vraiment difficile d'écrire quelque chose sur un ovni pareil ! Il faut vraiment l'écouter pour se rendre compte de l'ampleur de la tuerie, et vous ne risquez pas de vous en lasser au bout de 10 écoutes ça c'est clair. Entre le metal, le prog, le rock, le jazz tout ça mélangé dans le même shaker il y a de quoi faire avant de déchiffrer tout ça. Je connais des groupes qui mélangent moins d'ingrédients et qui arrivent à en faire une mélasse infecte sans accroche, là on a toujours des mélodies ou des lignes de chant de tueurs.

Je crois que c'est tout simplement ce qu'on appelle le talent et la classe, et c'est assez rare ces dernières années pour qu'on y prête une attention particulière. Bref cessez donc de lire cette piètre tentative de chronique pour poser vos oreilles sur "The First Perception", vous m'en direz des nouvelles.