Paradox n’est peut-être pas le premier nom qui vient en tête lorsque que vient le temps de faire un palmarès des plus grandes formations du genre. Certes, le Big Four sort toujours en premier, et pourtant, ce ne sont pas ces formations qui font vraiment honneur au genre depuis les dernières années. Paradox donc, groupe allemand qui roule sa bosse depuis déjà 1986 (année de la sortie d’un certain "Master of Puppets"), et qui sort en 1987 son premier album "Product Of Imagination", en lien direct avec l’approche thrash de l’époque. C’est avec son deuxième album, notamment, que Paradox laissera sa marque. "Heresy" voit donc le jour en 1990 et est encore à ce jour un joyau prisé des véritables amateur de thrash metal. Il faut attendre une décennie avant que la formation ne reprenne le flambeau, et ce qui fut frappant à l’époque, c’est d’entendre combien Paradox n’avait pas perdu de sa verve et de sa hargne. Après quatre autres albums, c’est donc en 2021 que Paradox nous revient avec la suite du mythique "Heresy".

Débutant en trombe avec la frénétique "Escape From The Burning", un amalgame power metal moderne et thrash rappelant Brainstorm, c’est par la suite sur "Moutain And Caves" que Paradox dévoile ses vraies couleurs. Nous avons alors ici affaire à du pur thrash ultra rapide et nerveux, le tout porté par la voix puissante, agressive, mais ô combien claire et mélodique du chanteur et guitariste Charly Steinhauer. Cette frénésie se poursuit sur la plus que rapide "The Visitors" qui met de l’avant la section rythmique du groupe, la batterie d'Axel Blaha en tête d’affiche, venant appuyer avec force les riffs fous de Steinhauer et Christian Münzer. Sur "Children Of A Virgin", l’approche plus sombre ne sera pas sans rappeler les derniers albums de Rage. Pour s’assurer d’un peu de diversité, le groupe n’hésite pas à lever le pied avec comme résultat "A Meeting Of Minds", montrant un côté légèrement progressif, à la Fates Warning, laissant plus de place au bassiste Olly Keller.

Un autre élément à retenir est que, contrairement à certains groupes du genre qui misent sur l’agression à prime abord, Paradox ne lésine pas non plus sur les mélodies. Sans être complexes, elles s’avèrent tout de même intéressantes et rendent le produit final moins sinistre. Produit par Steinhauer lui-même, le mix se veut moderne et dynamique, inscrivant du même coup Paradox dans une lignée contemporaine pour un genre qui peut parfois souffrir d’un son mince et terne.

Ainsi, lorsque viendra maintenant le temps de faire votre propre palmarès du meilleur du thrash, assurez-vous de ne plus oublier Paradox dans le lot.

J’ai eu la chance de découvrir ce groupe grâce à un ami qui possédait une rare copie de "Heresy", un des meilleurs, sinon le meilleur album de Paradox, sur vinyle. Ces Allemands produisent bon an mal an d’excellents albums de thrash metal, sans compromis.

Quoique moins technique que Hades ou bien Mekong Delta, Paradox tire tout de même très bien son épingle du jeu tout en évitant le piège de sonner dépassé. Les riffs sont variés, les lignes mélodiques efficaces (Charly Steinhauer au chant livre une solide performance, tout en agressivité, sans lésiner sur les mélodies). Le jeu de batterie, somme toute linéaire, est sauvé par une production moderne aidant également à rendre le tout de son temps. D’ailleurs, Paradox se permet également de sortir des sentiers battus en proposant deux pièces dépassant les 7 minutes ("Manhunt" et "Vale Of Tears" (la deuxième beaucoup plus efficace que la première)), fait plutôt rare dans le thrash metal. Malheureusement, le tout s’avère répétitif et comme la durée des pièces est en moyenne d’environ 5 minutes, le pari était risqué et ne paye pas vraiment. J’aurais préféré des morceaux plus concis et directs, dans le but de garder le tout alerte et moins ennuyant.

Malgré tout, les défis premiers pour un groupe existant depuis plus de 30 ans sont toujours de se renouveler ou du moins d’évoluer, et il n’en demeure pas moins que Paradox réussit les deux. Depuis leur tout premier album "Product Of Imagination", dans la pure tradition  Metallica  circa 1986, jusqu’à ce "Pangea", Paradox a su garder la flamme haute et forte et pour cette raison mérite notre respect.

Si cet album est votre premier du groupe, je vous garantis qu’il gagne à être découvert. Sans être le meilleur de ce que Paradox aura produit dans sa carrière, il n’en demeure pas moins que "Pangea" est une excellente porte d’entrée vers leur matériel plus ancien… Il sera de votre ressort dès lors de décider si vous devez aller chercher sur eBay une copie du mythique "Heresy" !

"Tales Of The Weird"
Note : 16/20

Un nouvel album de Paradox est un évènement à ne pas louper, depuis sa création en 1981, le groupe n'a sorti que 2 démos et 6 albums (dont 2 chez Roardunner !). On a connu plus productif mais la qualité est là c'est le principal ! Ils ont fait à nouveau appel à Claudio Bergamin pour l'artwork, ils ont eu raison, on entre déjà dans l'ambiance, mais je m'étais attendu à un son beaucoup plus puissant et imposant en voyant cette pochette justement.

On débute l'album par le titre éponyme, avec un orage qui découle sur une intro à la guitare pour déboucher sur un premier titre heavy qui paradoxallemand (facile mais bon ça passe !) sonne comme un groupe américain plutôt que Sodom et autres maîtres du thrash allemand. Même si cet album est classé dans le thrash on retrouve des éléments propres au heavy metal. Les morceaux sont de manière générale plus speed et mélodique que bourrin. C'est pour ça qu'en écoutant cet album, je pense à énormément de groupes que ce soit côté heavy / thrash nord américain que du heavy / speed allemand. C'est en somme un peu le meilleur des deux mondes.

Les riffs sont puissants et directs comme tout bon groupe de thrash qui se respecte, mais ils mêlent aussi des solos, des ambiances plus inhabituelles. Les gratteux fournissent un sacré boulot, la basse on l'entend bien et n'est pas reléguée au fin fond de la cave, donc avec une batterie bien solide derrière on obtient ce gros son massif et sans failles auquel le chant vient encore enfoncer davantage le clou.

Que ce soit "Escalation" ou "Brainwashed" pour n'en citer que deux, on tombe vraiment sur des compositions excellentes qui nous surprennent par leurs changements de rythmes et les mélodies très travaillées. Sur la fin, on a le droit aussi à un passage acoustique avec "Zeitgeist". Je ne sais pas comment ils se débrouillent mais ça tombe pile poil au bon moment et sans que ça dénature l'album ou que ce soit superflu comme ce serait le cas avec d'autres groupes. Le dernier morceau est une très bonne reprise de Rainbow, "A Light In The Black". Une excellente conclusion, qui reste à l'image de ce disque, un peu plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord, puissant et terriblement efficace !

Un excellent album, si je devais faire court c'est ce que je dirais. Il n'y a pas de morceau vraiment au-dessus des autres mais tous sont très bons. Que ce soit les fans de thrash, de heavy, de power ou de speed metal (si on cherche à tout classer) tous devraient y trouver de l'intérêt !

Antoine Février 2013