Le groupe
Biographie :

Orob est un groupe toulousain fondé en 2010 et officiant dans le black metal. Le quartette, d'obédience progressive, revendique des influences diverses comme Taake ou bien sûr Enslaved. Le goupe sort un premier EP, "Departure" en 2012. Ils remettent le couvert fin 2013 avec "Into The Room Of Perpetual Echoes", un nouvel EP. Huit ans plus tard, Orob sort son premier album, "Aube Noir".

Discographie :

2012 : "Departure" (EP)
2013 : "Into The Room Of Perpetual Echoes" (EP)
2021 : "Aube Noir"


Les chroniques


"Aube Noir"
Note : 17/20

Après deux EPs sortis respectivement en 2011 et 2013, les Toulousains de Orob nous amènent cette fois leur premier album "Aube Noir". Si le black progressif pratiqué sur "Departure" laissait sentir une influence Enslaved à plusieurs moments, celui que laissait entendre "Into The Room Of Perpetual Echoes" était déjà plus froid, plus agressif et surtout plus personnel. Ce premier véritable album s'annonce donc intéressant à plus d'un titre, d'autant que c'est la première fois que le groupe s'exprime sur une durée d'une heure.

"Spektraal" ouvre le bal avec huit bonnes minutes au compteur et Orob installe d'entrée de jeu une ambiance froide, inquiétante et son black metal se fait mid-tempo et de suite assez touffu. Comme d'habitude, les amateurs de violence incontrôlée ne trouveront pas leur compte ici puisque les ambiances sont reines sur "Aube Noir" et que le groupe privilégie la construction d'un univers à la brutalité frontale. Les blasts se font entendre sur ce premier morceau mais reste occasionnels et se contentent d'apporter un peu de dynamisme dans un morceau long et majoritairement mid-tempo. En tout cas, l'effet est réussi et "Spektraal" impose déjà une ambiance noire, froide et intrigante qui confirme que le groupe développe une personnalité à part avec le temps. Si les influences progressives se sentent encore dans les contretemps, les structures mouvantes et l'ouverture à des sonorités extérieures au black metal pur, celle d'Enslaved ne s'entend quasiment plus. Orob a digéré ses infleunces et s'en sert pour développer son propre monde et les ambiances que pose "Aube Noir" sont très particulières. "Astral" enchaîne avec des choeurs en voix claire posées sur un black là encore mid-tempo et cette fois la musique du groupe prend un air presque cérémoniel ou initiatique avec ces arpèges dissonants et ces mélodies froides. Il devient difficile de rapprocher Orob de qui que ce soit et c'est une très bonne nouvelle, le groupe se démarque clairement du reste de la scène et affiche maintenant une personnalité affirmée. "Breaking Of The Bonds" surprend lui aussi avec un black plus mélodique et agressif à la fois, très accrocheur et même groovy qui tranche avec les ambiances posées par les deux précédents morceaux.

En plus de cette personnalité maintenant bien développée, "Aube Noir" trouve le moyen de nous surprendre plus d'une fois en variant les ambiances, les influences, les sonorités et demandera donc un certain nombre d'écoutes pour être cerné. Pour autant, Orob ne se fait jamais inaccessible et si ces neuf morceaux ne se laissent pas apprivoiser à la première approche, ils bénéficient de plusieurs niveaux d'écoute et les mélodies suffiront à accrocher l'oreille dans un premier temps. On sent clairement qu'il y a plus que du black metal là-dedans et si chaque morceau présente quasiment une ambiance différente, il y a quand même un propos en fond qui rend le tout cohérent. "Betula" va marcher sur les plates-bandes du black metal mélodique et épique, presque pagan par moments, mais garde ce lien avec le reste par ces ambiances une fois plus presque éthérées ou planantes par moments mais toujours noires et froides. Le break qui débarque en milieu de morceau rebalance des arpèges dissonants et des cassures rythmiques et crée un changement de ton aussi surprenant qu'efficace. Pour couper un peu en milieu d'album, le groupe pose "Noir", un instrumental aux teintes quasiment synthwave / ambiant, là encore très planant et noir justement. "Aube" qui le suit surprend encore une fois avec cette fois des sonorités qui rappellent S.U.P avec ces accords dissonants et cette ambiance glaciale teintée de coldwave. Avec tout ça, vous aurez compris que les puristes peuvent fuir cet album à toutes jambes, "Aube Noir" n'est pas pour eux et va les défriser à plus d'une reprise. Et s'ils ont résisté jusqu'à "The Great Fall" qui ferme l'album avec ses dix bonnes minutes, il se chargera de les achever avec son alternance de passages, lourds, de blasts et l'apparition d'un chant féminin sur fond d'ambiances là encore assez particulières.

"Aube Noir" est donc l'occasion pour Orob de monter de plusieurs crans d'un coup. Le groupe s'affranchit de ses influences et développe une personnalité très marquée ainsi que des ambiances solennelles, noires, froides, presque cérémonielles par moments. Son black metal est toujours teinté de progressif mais les multiples sonorités se mélangent plus harmonieusement et créent un ensemble plus personnel. Aventureux sans être hermétique et doté d'une indéniable puissance d'évocation, ce premier véritable album confirme qu'il va falloir surveiller Orob de près !


Murderworks
Mars 2022




"Into The Room Of Perpetual Echoes"
Note : 17/20

Voici un jeune groupe qui débute !! Avec seulement deux sorties au compteur, il a déjà réussi à se créer une identité, tant visuelle que sonore, ce qui est rare. La pochette est sobre, simple et l'on serait tenté de dire symbolique dans son côté épuré. L'EP est assez conséquent, puisqu'il affiche quasiment une demi-heure au compteur pour six morceaux. Il s'ouvre sur une brève introduction "A Pertual Echo", sépulcral à souhait.

"The Pathway", le morceau suivant, ouvre donc le bal de manière très directe. Un blast de batterie de circonstance et un bon riff qui évoque d'emblée les dernières productions de la légende du black prog, j'ai nommé Enslaved. Mais attention ! Nous n'avons pas affaire à une copie carbone ici. Le groupe a bien digéré ses influences et s'est déjà forgé une approche bien à lui. La troisième piste, "Marrow", quoique plus courte, est plus ambiancée, le morceau alterne chant hurlé et clair (tous deux très maîtrisés) tandis que diverses cassures et changements en émaillent la voie. C'est ensuite "Celestial Abandon", le titre le plus long de l'EP, d'entrer en scène. Débutant par un arpège sombre et apaisant quoique laissant une certaine tension sourdre, il s'accompagne d'un chant plaintif de circonstance. Cette longue intro prend fin au bout de deux minutes, laissant la place à des guitares dissonantes et une ligne de basse lourde et oppressante. On peut trouver des liens avec les albums de Blut Aus Nord, en particulier la fameuse trilogie "777". Tout le morceau repose sur l'alternance entre ces deux composantes et leurs évolution et variantes, ce qui lui permet de passer sans ennuyer malgré ses quasi 9 minutes. Le chant est particulièrement mis en valeur dans ce morceau qui montre toutes les nuances que Thomas peut employer. "Through And Burrows", lui, fait suite. Il démarre aussi avec un un petit arpège limite post et une sculpture sonore intéressante des guitares en arrière-plan. Le blast ne tarde pas à faire son entrée et les riffs reprennent leur droit sur la longueur. A ce sujet, le groupe réussit à composer de très belles suites d'accords qui empêchent toute lassitude de s'installer. "Neptune's Torch", avec son intro pleine d'emphase, constitue le bouquet final. La brutalité est ici plus prononcée mais n'empiète pas sur la finesse toute progressive de la structure. Le chant est encore une fois plein de subtilités et tout en alternance.

En conclusion, le groupe s'est déjà clairement affirmé au travers de ses deux sorties et il en prend un soin tout particulier. En effet, qu'il s'agisse du visuel ou du son, tout est très propre (on est loin du black lo-fi...). Seul petit bémol, une batterie au son qui manque de puissance et au rendu trop synthétique, mais ça ne dépareille pas pour autant dans l'univers plein de froideur d'Orob. Un groupe à surveiller de près et dont on espère qu'ils continueront sur cette voie avec peut-être un véritable album et des concerts plus nombreux à l'avenir !


Sacha
Février 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/orobband