Trois années après le précédent album, le nouvel opus "Element" d’Orkan sort. Après des débuts black / thrash à la Aura Noir (comme on peut l’observer dans la typo des deux noms des groupes d’ailleurs) et après quelques années de pause, le groupe nous propose une vision des quatre éléments primordiaux de la Terre, à travers une musique complètement différente.

Venant de Norvège on comprend assez vite quelles sont les influences sur leur musique actuelle. "I Flammar Skal Du Eldast" nous fait ressentir une rage enfouie assez profondément dans les mélodies. Saupoudrées de quelques notes black and roll, les grattes se répercutent malgré tout dans nos oreilles comme du black metal norvégien classique. Puis vient le passage post-rock qui nous fait voyager dans les plaines enneigées de Norvège. Le morceau suivant est similaire par rapport à l’ambiance du précédent, dans sa globalité. On y sent clairement une forte inspiration Mayhem. Et qu’entends-je ?? Ah mais oui, je comprends pourquoi j’ai l’impression d’entendre du Taake là. Le guitariste du groupe se trouve maintenant dans le projet Orkan, et c’est un véritable point fort. La violence de ses riffs se répercute vraiment bien avec le tumulte constant des autres instruments.

Cependant, la fureur des éléments n’arrive réellement qu’avec "Avmakt". C’est une vraie tempête de mélodies ravageuses qu’on a là. On s’imaginerait presque le chanteur serrer le poing en nous regardant, et nous crier des menaces. Par contre, ces quelques bonnes idées deviennent vite redondantes dans d’autres titres de cette nouvelle sortie. On pourrait croire que les accords de guitares sont modifiés d’une ou deux notes selon chaque chanson. Exception faite pour "Heim" dont le ton des riffs post-rock très apaisants change peu à peu. Dommage que ce morceau soit le dernier de l’album.

Pour ceux qui veulent découvrir un peu plus l’univers du black metal norvégien, ou tout simplement écouter quelque chose de reposant, "Element" est fait pour vous. De mon côté, j’attends de les voir en live pour peut-être mieux apprécier.

Orkan est un groupe norvégien que je qualifierais quasi de "familial". Pour expliciter ce concept, il suffit de regarder qui est derrière ce groupe. Des musiciens de Byfrost, Taake... oui, c’est du signé Bergen. L’artwork de l’album est signé par Tom Korsvold d’Helheim, est mixé par Herbrand Larsen d’Enslaved et... oh des guests de la part de V’gandr et de Hoest de Taake. Voilà ce que je qualifierais de groupe familial. Pour résumer mon expérience personnelle avec ce groupe, j’avais eu l’occasion de les voir en live à Paris, il y a de cela quelques années déjà (le temps passe, dis donc !) et j’avais apprécié sans pour autant être transcendée. Ce nouvel album sera donc l’épreuve de vérité ! Ici, le concept de l’album sera d’évoquer la difficulté d’une âme égarée à rejoindre le royaume souterrain et est largement inspiré des forêts et des mines entourant la ville de Stord. Je n’ai jamais mis les pieds à Stord, mais je veux sans problème admettre la difficulté de trouver sa route dans les forêts norvégiennes.

Evoquons donc cet album, musicalement parlant. Il s’ouvre sur "Fanden På Veggen". Si je devais qualifier ce titre, je dirais simplement black’n'roll. C’est une introduction qui se veut simple mais efficace. Elle s’appuie sur un rythme assez répétitif mais entraînant, qui réussit à convaincre sans trop de soucis. Ce titre intrigue et on demande à en voir plus. Au moins, l’auditeur est mis en appétit. Cette interrogation trouve réponse avec "Brende Bruer, Svart Metall". Là, on ressent clairement des influences assez punk. Mais franchement, le titre fait son petit effet et on se prend à apprécier l’ensemble sans trop se poser de questions. Il y a un réel potentiel dans ce titre, et j’ai particulièrement apprécié la seconde partie du titre. Jusqu’à présent, Orkan se révèle donc comme une bonne surprise. Nous arrivons ensuite à la trilogie de "Livlaus". La première partie, sobrement intitulée "Evig", instaure un rythme plus lent et mesuré. Mais pour le coup, j’ai ressenti la liaison avec les forêts de Stord, car c’est précisément ce genre de rythme que j’associe aux promenades en forêt en Norvège. Oui, expérience personnelle encore, vous m’en voyez navrée. Je ne mentirai pas, il y a également certains passages qui m’ont largement évoqué Taake. J’ai donc apprécié, mais j’émets tout de même une petite réserve à ce niveau-là.

La deuxième partie, "Dødens Dal", adopte un rythme plus rapide et plus violent, plongenant davantage dans un black’n'roll plus traditionnel. Les vocaux sont maîtrisés, et franchement ce titre m’est resté en tête. Une seconde partie plus convaincante que la première selon moi. Mais c’est toutefois la troisième et dernière partie, "Tusen Sjeler", qui mérite la palme dans cette trilogie selon moi. Elle est sans doute la plus proche du black metal traditionnel, mais est celle qui contient le plus d’intensité. En fait, c’est un des titres les plus convaincants de l’album tout simplement. L’autre morceau marquant de cet album sera "Utforgjengeleg". Bon, ici le côté Taake est vraiment prononcé de par la présence de Hoest en invité, et le titre ne ferait pas spécialement tâche sur un album de Taake. Mais c’est convaincant, on sent qu’Orkan a bossé derrière, et franchement j’adore ce titre. On en termine déjà avec "Skodde" qui achève l’album sur une note positive. Là, j’ai eu l’impression que le groupe commençait véritablement à se faire confiance et à se lâcher. Dommage que ça arrive en fin d’album, mais c’est arrivé ! C’est foutrement entraînant, c’est un titre que j’écouterais bien en boucle.

Au final, Orkan passe le test. On ne va pas se mentir, en venant de Dark Essence, il y avait de grandes chances pour que ce groupe se fasse littéralement bouffer. Je regrette un début d’album un peu hésitant, mais les trois derniers titres rattrapent largement les petits moments de mou. Le groupe s’affirme de morceau en morceau, et je reste persuadée qu’en leur laissant un peu de temps, ils parviendront à développer une véritable identité et à proposer des véritables tueries. Je suis assez satisfaite de cette première rencontre studio avec Orkan, et j’attends donc d’en voir plus. Je reconnais sans souci le travail accumulé pour cet album, et je pense qu’il y a du potentiel. En tout cas, une chose est sûre, "Skodde" va me rester en tête encore un moment, et ça, ça mérite franchement d’être souligné.