Le groupe
Biographie :

Opera Diabolicus est la création du compositeur David Grimoire et du parolier Adrian de Crow. L’idée a émergé lorsque les deux hommes se sont rencontrés lors d’une adaptation scénique du roman d’Umberto Eco Le Nom De La Rose dans un théâtre de Göteborg, en Suède, en 2006. L’histoire les a tous deux intrigués. De ce fait, ils en sont venus à parler du projet de se baser sur une histoire similaire afin de créer un album de dark metal théâtral. C’est ainsi qu’est né le concept d’Opera Diabolicus : rassembler les éléments musicaux et théâtraux les plus sombres afin d’en faire une alliance avec l’excellence musicale. "†1614" a ainsi vu le jour en Janvier 2012 chez Metalville. Près de dix ans plus tard, le duo signe son retour avec "Death On A Pale Horse" en Novembre 2021 chez Season Of Mist.

Discographie :

2012 : "†1614"
2021 : "Death On A Pale Horse"


Les chroniques


"Death On A Pale Horse"
Note : 15/20

Près de dix ans après son premier album, le duo d'Opera Diabolicus dirigé par Adrian de Crow et David Grimoire revient avec un deuxième album nommé "Death On A Pale Horse". Comme pour "†1614", on retrouve beaucoup de guests dont certains étaient déjà là comme Snowy Shaw et Mats Levén au chant par exemple. Le style n'a pas drastiquement changé lui non plus et on va retrouver une sorte de heavy horrifique aux accents doom à la croisée des chemins de Mercyful Fate / King Diamond et de Candlemass.

Après un démarrage très orchestral et cinématographique sur "Listen Everybody", c'est "Bring Out Your Dead" qui amène les ambiances horrifiques avec quelques riffs en trémolo avant de partir en gros heavy metal puissant et sombre. Le chant se partage cette fois encore entre Mats Levén et Snowy Shaw et entre les lignes de chant accrocheuses et les performances irréprochables de ces deux monstres, on peut dire que l'entrée en matière est efficace ! "Second Coming" nous envoie même un bon gros up-tempo des familles avant de balancer des ambiances horrifiques et baroques du plus bel effet au milieu d'un heavy metal là encore accrocheur. Les morceaux sont assez longs et atteignent souvent les six ou sept minutes et le deuxième véritable morceau pousse même jusqu'aux dix minutes. "Siren's Call" nous sort les riffs bien lourds pour amener un peu de doom dans ce heavy et complète tout ça par quelques parties acoustiques pour amplifier des ambiances déjà très évocatrices. Le côté cinématographique se retrouve régulièrement dans les orchestrations, les claviers et même les parties en choeurs chantées par les multiples guests qui se partagent le micro. On peut parfois entendre une légère inspiration de Therion dans les moments les plus orchestraux mais c'est probablement amplifié par le fait que Mats Levén et Snowy Shaw y ont tous les deux chanté par le passé. D'ailleurs, quitte à sortir de grands noms, précisons que l'on peut entendre sur "Second Coming" rien moins que Andy LaRocque et Michael Denner aux guitares ! Vous vous doutez bien que pour avoir des monstres pareils sur leur album, les deux maîtres d'oeuvres d'Opera Diabolicus ne sont pas des manchots et qu'ils ont un minimum de talent en matière de composition.

Niveau production, c'est du même niveau et le son est propre, puissant et clair donc dans les standards attendus pour un projet de cette ampleur. Le fait d'impliquer autant de monde et les longs morceaux laissent aussi une petite saveur metal progressif et opera rock, même si les différents chanteurs n'interprètent pas forcément un personnage particulier. Si vous aviez apprécié "†1614", le premier album du duo, vous retrouverez vos marques assez vite puisqu'on retrouve le même univers avec ces ambiances à mi-chemin entre le baroque et l'horrifique plaquées sur un heavy puissant, mélodique et qui n'hésite pas à faire appel à des riffs lourds proche du heavy / doom quand l'envie lui prend. "A Song Of Detestation" prend des airs dominateurs avec une rythmique puissante et presque martiale qui pourrait presque rappeler le "By Your Command" de Devin Townsend avec ces choeurs et ces riffs aux airs de marche militaire. "Night Demon", quant à lui, déploie des riffs puissants qui ne sont pas sans évoquer Iced Earth avec quelques gros coups de double pour ajouter encore un peu d'agressivité à tout ça. Vous l'aurez compris, le groupe varie les ambiances et même si le tout reste baroque et horrifique, on passe suffisamment souvent de la puissance à la mélodie pour que cette durée d'une heure ne devienne jamais un défaut. Malgré les dix années qui séparent "Death On A Pale Horse" de son prédécesseur, on retrouve la même patte et Opera Diabolicus n'a pâs opéré de grands changements, ce qui n'est pas un mal tant "†1614" se montrait déjà solide.

Voilà donc un deuxième tout aussi efficace et riche en ambiances que son grand frère et qui fait le même effet. Opera Diabolicus ne prend pas de risques mais nous délivre une fois de plus une bonne heure de heavy / doom mélodique, puissant et accrocheur aux teintes horrifiques et baroques soutenu par un line-up de malade.


Murderworks
Mars 2022




"†1614"
Note : 18/20

Savoir que l’origine d’un concept se trouve dans la fascination qu’exerce Le Nom De La Rose, roman de l’auteur Italien Umberto Eco publié en 1980, attise l’intérêt. Intérêt encore accru lorsque l’on apprend que les deux géniteurs d’Opera Diabolicus, David Grimoire et Adrian de Crow, respectivement compositeur et parolier, se sont rencontrés lors d’une représentation théâtrale. Voilà bel et bien des hommes de goût !

S’en suit un album basé sur cette même œuvre, alors ? En fait non, pas du tout. La recherche d’idées des comparses s’est fixée sur l’histoire de la tristement célèbre Erzsébet Báthory, connue aussi sous le surnom de Comtesse Sanglante. Mais je parle à des amateurs de metal, donc pourquoi aurais-je besoin de donner plus d’information au sujet de cette Hongroise sans pitié ? Venom, Kamelot, Forever Slave, Ghost, Cradle Of Filth, Bathory (naturellement !) et j’en passe, un nombre conséquent de groupes se sont déjà intéressés au personnage, à son histoire et à sa légende.

A priori, reprendre ce thème une fois de plus paraît superflu… mais néanmoins intéressant. Je suis peut-être cliché, mais la Comtesse fait partie des personnages dont je me lasserai très difficilement, donc découvrir une nouvelle approche de l’affaire ? Bien sûr, pourquoi pas ? Avec une belle créativité, le résultat peut être particulièrement captivant. Mais je me doute bien que certains doivent se lasser, voire le sont peut-être déjà depuis un moment. Dans ce cas, prière de jeter un œil sur les personnalités ayant contribué à ce "†1614" : Snowy Shaw (Therion, ex-King Diamond, ex-Mercyful Fate), Niklas Isfeldt (Dream Evil), Jake E (Amaranthe, Dreamland), ainsi que l’extraordinaire Mats Levén (Krux, ex-Therion). Ces messieurs, tout comme Camilla Alisander-Ason (soprano Suédoise dont le nom encore inconnu s’illumine brusquement grâce à son interprétation magistrale de l’Ogresse des Carpates), entourent donc David Grimoire (guitare, clavier) et Adrian de Crow (basse) afin de mener leur grand projet à terme. Ces informations sonnent-elles suffisamment importantes pour que les réticents abandonnent leur méfiance ? Si cela n’est pas encore le cas, le visionnage de la vidéo d’une dizaine de minutes tournée sur le titre "Blood Countess Bathory" devrait satisfaire sans trop de peine.

On nous promettait de l’épique, de l’esthétique, de la noirceur : nous sommes servis ! Le soin apporté, ne manquant pas de rappeler les ambiances gothiques chères au cœur de Cradle Of Filth, prévoit à lui seul monts et merveilles, à s’imaginer que le reste du contenu de l’album bénéficie du même. Ce qui est le cas, aucun suspens ! Si le duo Grimoire / de Crow aura sincèrement pris son temps avant de sortir cet album (annoncé depuis déjà quatre ans, après tout), une chose est certaine : l’ambition est là ! Parce que oui, bien sûr, les invités sont plus incroyables les-uns que les-autres, mais bien entendu également, qui dit "invités d’exception" ne dit pas pour autant "qualité". De plus, on parle ici d’un album conceptuel, et Dieu sait combien de groupes ont malencontreusement échoué dans cette tâche ardue. Pas Opera Diabolicus, ceci dit. Il y a un élément qui pourrait pourtant rebuter les auditeurs : cette grandiloquence exacerbée. Les morceaux sont longs (trois d’entre eux sur un total de huit atteignent les dix minutes) et empreints d’ambiances particulièrement épiques, "théâtrales", comme le désiraient les deux têtes pensantes. Si cela ravit, le risque de se sentir complètement perdu dans cette atmosphère horrifique et lugubre n’est pas à négliger.

L’accessibilité n’est définitivement pas le point fort de "†1614", mais qui, compte tenu de sa richesse, viendrait à le regretter ? Pas moi, définitivement ! Un enfant capricieux clamerait tout en croisant les bras un "J’y suis, j’y reste !" catégorique ; plongé au cœur d’un disque tellement unique nous amène fatalement à la même réflexion. Malgré le thème, malgré le style, Opera Diabolicus ne tombe jamais dans le récit affreusement cliché. Au contraire, d’un bout à l’autre, l’ensemble est parfaitement ciselé, les différents chanteurs ont visiblement donné le meilleur d’eux-mêmes (tandis que Snowy Shaw et Mats Levén restent enchanteurs, tels que nous les connaissons, Niklas Isfeldt ne manque pas de surprendre même ses plus grands fans sur "Forbidden", morceau exceptionnel s’il en est, et la découverte de la chanteuse Camilla Alisander-Ason est une prouesse à elle seule !), les textes atteignent sans difficulté la poésie attendue pour un concept de ce genre…

Parlez-moi d’Opera Diabolicus : je ne me tarirai pas d’éloges ! De ce projet dangereux est né une pièce maîtresse, n’ayons pas peur des mots. Amis de la beauté, des légendes et de la complexité, voici un tout nouvel album de chevet qui vous est offert sur un plateau doré.


Gloomy
Juin 2012


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/opera.diabolicus