Le groupe
Biographie :

Vous avez déjà vu un sanglier pédaler sur un vélo militaire avec une paire de micros qui lui sortent du trou de balle ? Dans les forêts de la Watch Valley, là d’où viennent ces trois clampins, c’est un spectacle qu’on peut apprécier certaines nuits, quand les alambics explosent : ça fait un bruit d’enfer, ça creuse des tranchées dans les sentiers, ça pulvérise les feuilles mortes. C’est surtout l’image, interdite mais bien réelle, qui colle le mieux à Ølten : il y a chez eux une forme de joie animale, un plaisir à manger cru, à taper fort et à donner des coups de museau dans le ventre du public. Le pire, c’est que ça marche : avec leurs titres piqués dans le catalogue Ikea, Ølten vous secoue par la nuque (lentement, sûrement) et vous fait découvrir la bête qui se cache dans la prison de vos côtes - Ours, bélier ou poussin, à vous de voir. Réveiller les instincts, c’est là tout l’intelligence d’Ølten.

Discographie :

2013 : "Ølten" (EP)
2015 : "Mode"


Les chroniques


"Mode"
Note : 19/20

Eh mec ! Lâche tous ces films, ou devrais-je dire toutes ces séries ! Tu cherches l’évasion peut-être ? Tu kiffes la bonne musique, dans le genre riffs qui soulèvent de la poussière ?

"J’ai peut-être un truc pour toi ça va te changer ! Ca s’appelle Olten, et ça s’écoute !
- How Tone ? Hole Town ? Low Town ?
- Ølten, putain !"


- Et là, les mecs du groupe qui lisent peut-être la chronique, ils se disent "Mais qu’est-ce qu’il est con ce chroniqueur" -

- Et là, mon rédacteur en chef il se dit (parce que lui il la lit la chronique, c’est sûr)… il se dit… il se dit … il se dit trop rien en fait. Il ne sait peut-être pas trop quoi penser de tout ça à part peut-être "Qu’il est con ce chroniqueur" -

Tu vois, en fait c’est tout simple, si je raconte des trucs sans intérêt, aucun, c’est peut-être parce que je n’ai pas grand-chose à dire sur cet album. Qu’il est bon ? Très certainement. J’irais même jusqu’à dire qu’il est sidérant. Ølten vous embarque, à la rencontre de ses éléments perturbateurs. D’un coup ça explose, ici ça s’énerve, finalement c’est calme, puis ça recommence ! Hypnotisés, il arrivera peut-être un moment où vous allez vous demander si ce que vos oreilles entendent sort réellement des enceintes ou est-ce votre cerveau qui en rajoute ?

Du chant ? Peut-être… peut-être pas, je te laisse voir. Ca serait comme dire à un mec qui n'a jamais vu Fight Club et à qui tu le prêtes :
"Tu vas voir, la dernière image, c’est une grosse bite !"

Tu vois cette chronique, elle est décousue, incompréhensible. Elle aurait pu être assiégée par les "peut-être". Ce soir, j’avais prévu d’écrire la chronique d’un album, mais insérer "Mode" (c’est son nom) dans la platine, c’est un engagement. L’engagement de ne rien avoir de prévu dans les 40 prochaines minutes.


Kévin
Octobre 2015




"Ølten"
Note : 17,5/20

Oyez oyez brave gens ! Que le peuple s’incline sous le poids de Ølten quand il pose les premières pierres d’un édifice musical sombre et complexe. La sobriété de l’artwork ne fait en rien oublier l’ingéniosité du packaging qui le supporte. C’est la même chose quand on considère les vingt cinq minutes qui composent ce premier effort de Olten.

Vingt-cinq minutes, c’est court, mais apparemment suffisant pour scotcher un auditoire à l’horizontale les yeux rivés au plafond. Avec "Peplum", le groupe vient marquer les bases, le squelette de son édifice, reste plus qu’à la faire tenir debout avec une cohérence indiscutable. La première piste se veut progressive, Ølten veut vous écraser mais vous laisse savourer le moment où la pression sera trop forte et que tout va voler en éclats. La production est propre, sauvage, rugueuse, profonde, massive (eh oui, tout ça à la fois), ce qui permet également il faut se l’avouer de largement compenser l’absence de chanteur. Le post-core du trio instrumental se suffit à lui-même et la voix ne manque pas même si, parfois, elle aurait pu intensifier certains passages. Ceci étant, chaque membre nous offre une large palette d’utilisation de son instrument plaçant la rupture force - sérénité au centre de tout. La guitare va même jusqu’à nous donner la sensation de nous tordre les boyaux sur "Kàpoé", c’est dire à quel point l’auditeur se trouve plonger dans un univers trouble. "Tallülar" n’échappera pas à la règle et sera lui aussi doté de son arpège. Le groupe base ses morceaux sur des structures assez semblables mais les riffs et la puissance de jeu est telle que ni l’oreille ni le cerveau ne viendront se plaindre de quelque chose de répétitif. Ceci étant, des quatre pistes, celle-ci est peut-être la moins accrocheuse. L’EP se ferme sur "Blöm" aux percussions presque militaires et aux mélodies de victoire amer. Progressif encore une fois, le titre nous emmène sur les hauteurs glaciales d’une chaine montagneuse pour y hurler jusqu’à notre dernier souffle. Un beau final en somme.

En seulement vingt-cinq minutes, Ølten nous épuise, nous vide littéralement. Ce premier opus est mélancolique, sonne comme quelque chose de dramatique, tout comme les références (et probablement modèles) que le groupe n’hésite pas à citer lui-même. Comme le précise les membres, la musique de Ølten n’est pas pour les hipsters, ni ta petite soeur (sauf si tu l’as bien éduquée), ni tes parents (sauf si c’est eux qui t’ont si bien éduqué), ni pour 90% de la population hexagonale. Ølten s’adresse véritablement à un public d’initiés, capable de réinterpréter une musique multicouches particulière pour en faire un voyage. Je note toutefois qu’ils précisent aussi que Ølten ne s’adresse pas à ceux qui sortent des écoles de marketing… eh les gars… je vous emmerde !


Kévin
Juin 2014


Conclusion
Le site officiel : www.oltenband.com