Le groupe
Biographie :

Obscura est un groupe de death metal technique originaire de Munich en Allemagne. Formé en 2002 par le guitariste allemand Steffen Kummerer, le groupe sort par ses propres moyens "Retribution" en 2006. Ce premier album permet au groupe de faire la première partie de la tournée européenne de Suffocation. En 2007, le bassiste Jeroen Paul Thesseling (ex-Pestilence) et le batteur Hannes Grossmann (ex-Necrophagist) rejoignent le groupe, suivis l'année d'après par le guitariste Christian Muenzner, également ancien membre de Necrophagist. C'est ainsi qu'Obscura signe avec Relapse Records en 2008 et sort l'année suivante "Cosmogenesis". C'est avec cet album que la carrière de Obscura va vraiment décoller, à la suite des très bons retours de la presse et du public. Il s'ensuit un nombre important de concerts, notamment une tournée européenne avec Cannibal Corpse en Avril 2009 ainsi qu'une tournée au Japon avec Nile et Triptykon. Le successeur de "Cosmogenesis", "Omnivium", sort le 29 Mars 2011. Peu de temps après, le groupe annonce le départ du bassiste Jeroen Paul Thesseling, remplacé quelques mois après, en Septembre 2011 par Linus Klausenitzer, qui avait déjà effectué quelques concerts avec Obscura. Le 11 Juillet 2014, Hannes Grossmann et Christian Muenzner annoncent qu'ils quittent le groupe. Ils sont remplacés par le guitariste Rafael Trujillo et le batteur Sebastian Lanser. "Akroasis" sort le 5 Février 2016. En 2018 sort un nouvel album, "Diluvium". En 2020, Jeroen Paul Thesseling Christian Muenzner font leur retour dans le groupe, et un nouveau batteur, David Diepold, arrive également. "A Valediction" sort le 19 Novembre 2021 chez Nuclear Blast.

Discographie :

2004 : "Retribution"
2009 : "Cosmogenesis"
2011 : "Omnivium"
2016 : "Akroasis"
2018 : "Diluvium"
2021 : "A Valediction"


Les chroniques


"A Valediction"
Note : 17/20

Après quatre albums à développer un concept commun, Obscura peut enfin passer à autre chose et nous amène pour l'occasion "A Valediction" et si conceptuellement la donne a changé, musicalement tout le monde va s'y retrouver. La patte du groupe est maintenant bien établie et on sait plus ou moins ce qu'on va trouver chez Obscura donc allons voir si ce petit nouveau a quelques surprises en stock.

Le démarrage de "Forsaken" qui ouvre l'album en acoustique nous renvoie à "Septuagint" sur "Omnivium" avec une durée similaire d'un peu plus de sept minutes, un petit clin d'oeil au passé du groupe qui va permettre d'en ramener quelques éléments au passage. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant puisque deux anciens membres sont revenus au bercail, à savoir Jeroen Paul Thesseling à la basse et Christian Münzner à la guitare. En tout cas voilà un début d'album aux mélodies presque dramatiques qui installe une montée en puissance qui nous amène évidemment à des blasts et quelques parties de shred pas loin du néo-classique. On retrouve donc ce mélange familier de death technique et de mélodies avec une bonne louche de blasts bien énervés pour épicer le tout. En tout cas, si les parties techniques sont bien sûr présentes, ce premier morceau nous fait entendre un Obscura plus mélodique et accrocheur que jamais avec une fin de morceau empreinte de heavy metal pour un solo final très mélodique. La personnalité du groupe n'est absolument pas altérée mais on sent une volonté claire de proposer quelque chose de plus efficace malgré la technicité ambiante. "Solaris" enchaîne avec un visage bien plus méchant et puissant avec de gros coups de double grosse caisse, des blasts et des riffs bien teigneux et rouleau compresseur. Le morceau titre, quant à lui, nous fait entendre une approche très directe aussi qui arrive à accrocher l'oreille sans problème malgré certaines parties ardues techniquement comme d'habitude. Obscura arrive à trouver un très bon équilibre entre l'agressivité, la mélodie et la technique et opère en quelque sorte une fusion entre le style des premiers albums et celui des derniers.

Une fois de plus, le groupe cloue le bec de ceux qui pensent qu'il ne fait que déployer une technique stérile. On l'entend au contraire développer pas mal d'ambiances sur « A valediction » et les mélodies accrocheuses se font une place au milieu de l'habituel déluge de notes. "When Stars Collide" renvoit même presque aux grandes airs du death mélodique suédois dans une version survitaminée, comme un At The Gates qui aurait pris des stéroïdes et qui se laisserait aller de temps en temps au shred. On y entend d'ailleurs Björn "Speed" Strid y poser sa voix claire comme pour appuyer encore la filiation avec cette scène, parce que oui, pour ceux qui auraient oublié le premier album de Soilwork y était totalement ancré. Et pour appuyer encore cette impression de clin d'oeil au passé on trouve aussi "Orbital Elements" dont le premier volet apparaissait sur "Cosmogenesis". On retrouve aussi le traditionnel morceau écrasant qui renvoie à Morbid Angel et cette fois c'est "Devoured Usurper" qui s'y colle et l'affiliation est une fois de plus évidente. "In Adversity" fait lui aussi ressortir à la fois l'héritage death mélodique et des riffs heavy metal au milieu tous ces blasts et de ces tapis de double qui ne manquent pas une occasion de se faire entendre. On a même un passage rouleau compresseur très Slayerien dans l'esprit en plein milieu du morceau, donc si vous aviez peur que les mélodies ramolissent la musique d'Obscura, vous voilà rassurés. Rien de vraiment nouveau mais un équilibre redirigé vers plus d'efficacité et d'accroche, ce qui n'empêchera personne de très vite retrouver ses marques.

Obscura nous livre avec "A Valediction" un nouvel album plus mélodique et plus direct mais qui ne perd rien ni de sa technicité ni de son agressivité. Une sorte de synthèse entre les deux périodes du groupe qui donne quelque chose de plus percutant et qui développe des ambiances prenantes en plus d'en mettre plein la tronche. Que demander de plus ?


Murderworks
Février 2022




"Diluvium"
Note : 17/20

Vous reprendrez bien un peu de death technique ? Parce qu'on va parler du dernier Obscura, "Diluvium", et que l'animal n'est pas là pour faire de la figuration. L'album ferme apparemment l'ère de l'espace comme thématique et ne le fait pas à moitié !

"Clandestine Stars" nous en met plein la tronche dans le plus pur style Obscura, histoire de bien démarrer l'album et montrer de suite chez qui on met les pieds. A peine arrivé que ça donne déjà dans l'ultra technique et que les structures et rythmes n'arrêtent pas de changer. Petite surprise avec ce chant clair vocodé qui débarque dans un esprit très Cynic, un chant qui va d'ailleurs se faire entendre plusieurs fois sur cet album. Si le niveau technique est une fois de plus digne de virtuoses, il n'empêche que la mélodie se fait toujours une bonne place et que le groupe a décidément beaucoup de talent pour créer une musique aussi riche et exigeante qu'accrocheuse et aux ambiances prenantes. On note par contre un climat général plus sombre, une musique plus noire, des mélodies plus mélancoliques à l'instar du refrain de "Emergent Evolution". Pour le reste, on retrouve le Obscura que l'on connaît jusqu'à maintenant avec le même niveau d'exigence et de qualité, donc ceux qui ont trouvé que c'était de la démonstration stérile peuvent une fois de plus passer leur chemin. Les soli sont aussi dingues que mélodiques et certains titres comme "Ethereal Skies" sont de véritables morceaux de bravoure du début à la fin, entre les contretemps et les parties de guitares complètement folles, on a l'impression d'entendre des aliens tenter de communiquer. On retrouve aussi de temps en temps ces fameuses parties acoustiques auxquelles le groupe nous a habitués depuis un moment, bref les ingrédients habituels sont là c'est l'ambiance générale qui est un peu plus plombée que d'habitude. Toujours est-il que ce "Diluvium" est tout aussi bon que ses prédécesseurs et que cet apport mélodique supplémentaire donne des ambiances très prenantes.

On a toujours quelques morceaux plus lourds sur lesquels peut encore planer de façon très légère le spectre de Morbid Angel et le contraste avec les morceaux les plus frénétiques est toujours aussi saisissant. Ce qui est impressionnant chez Obscura, c'est cette faculté à composer une musique aussi technique sans jamais la rendre indigeste ou bordélique, c'est toujours relativement accessible aux non-musiciens et il n'est pas nécessaire de sortir du conservatoire pour apprécier ce qu'ils font. Cela peut paraître évident vu le nombre de groupes techniques qui pullulent de nos jours mais cela demande un vrai talent de concilier accroche et virtuosité. Ce talent s'étale sur chaque album du groupe et tous ont affiné la formule pour la rendre encore plus efficace et le niveau de maîtrise affiché sur "Diluvium" devient franchement impressionnant. Niveau son, c'est dans les standards du groupe là aussi, on a toujours une production similaire sur les albums d'Obscura et ce n'est pas plus mal tant elle colle au style. On retrouve donc avec plaisir cette basse fretless bien en avant et ces guitares puissantes et assez propres qui nous permettent de nous délecter de ces soli virtuoses et diablement mélodiques. En tout cas, force est de constater que le groupe a encore franchi un palier et qu'il ferme cette ère thématique de fort belle manière. Je ne sais pas ce qu'il nous réserve par le suite mais je ne me fais pas de souci sur les futures baffes à venir.

Nouvel album tout aussi excellent que les précédents, Obscura fait du Obscura de façon un peut être un poil plus sombre mais rien qui pourra dépayser les amateurs du groupe. "Diluvium" est en tout cas un excellent album de plus dans la discographie de ces malades et vous devriez déjà être en train de le réécouter pour la xième fois.


Murderworks
Novembre 2018




"Akroasis"
Note : 16/20

Obscura est un groupe qui divise autant qu'il rassemble. D'un côté ceux qui, comme moi, apprécient beaucoup la musique du groupe et de l'autre, ceux qui estiment qu'on s'éloigne de la musique pour se rapprocher de la branlette technico-démonstrative. Il est vrai qu'Obscura pratique un death metal à la fois brutal, mélodique, très technique et pour couronner le tout très marqué par des sonorités néoclassiques.

Les choses ne changeront pas avec "Akroasis" ; malgré plusieurs changements de line-up (dont la défection de Christian Münzner) et 5 ans de différence avec son grand frère "Omnivium". La patte du groupe est reconnaissable entre mille et dès les premières notes de "Sermon Of The Seven Suns", on sait qu'on va retrouver nos marques très vite. Une entrée en matière qui fait très "Cynic" d'ailleurs avec ce chant vocodé en guise d'introduction et cette basse fretless toujours aussi présente. Enfin ça c'est quand le groupe ne sonne pas comme du Death période "Human" / "Individual Thought Patterns". Les structures sont toujours aussi changeantes et complexes, les contretemps et autres mesures impaires font la loi, mais la mélodie est paradoxalement presque encore plus présente qu'auparavant. Preuve s'il en est que ce groupe ne se contente pas d'en mettre plein la vue pour épater la galerie, les morceaux trouvent constamment un moyen d'accrocher l'oreille par leurs mélodies et leurs ambiances. Un morceau comme "The Monist" montre un visage plus direct et plus lourd, voire même plus glauque et si la technique est bien entendu encore présente, il n'empêche que les riffs se font plus pesants et noirs. Vous me direz que c'était déjà le cas avec "Ocean Gateways" sur "Omnivium" mais personnellement sa trop grande proximité avec un certain "Where The Slime Live" me gâchait l'écoute du morceau, cette fois ce n'est pas le cas. Alors évidemment certaines influences sont encore aisément reconnaissables, le morceau-titre pourrait d'ailleurs, une fois n'est pas coutume, être un hommage à Chuck Schuldiner. Je vais dire que "The Origin Of Primal Expression" est une pompe intégrale du "Voice Of The Soul" de Death, mais bon on va dire qu'on pardonne puisque c'est un bonus track instrumental qui termine l'album.

Les différences par rapport aux précédents efforts d'Obscura, comme je le disais, se retrouvent principalement au niveau de certaines ambiances un peu plus poisseuses ou plus noires de temps en temps et peut être que le fait que V.Santura ait produit l'album n'y est pas étranger. A moins que cette impression ne vienne d'un léger recul des sonorités néoclassiques justement, car même si les soli sont encore blindés de shred, cette tendance purement néoclassique ne saute plus autant aux oreilles. Pour en revenir à la production, celle-ci permet au groupe d'avoir un son un poil moins plastique qu'avant, la batterie sonne quand même de façon un peu plus puissante et tous les instruments sont parfaitement audibles (heureusement vu le nombre de notes qu'on se prend dans les oreilles). Pour faire simple, la formule est la même mais Obscura a fait ce qu'il fallait pour qu'"Akroasis" ne soit pas qu'une pâle copie de ses prédécesseurs. D'ailleurs, même si le groupe a depuis longtemps un faible pour les morceaux assez longs, cette fois il s'est surpassé, "Weltseele", placé en fin d'album, dépasse les 15 minutes ! Le point d'orgue étant bien entendu ce break en plein milieu du morceau sur lequel un ensemble à cordes s'installe, pour plonger plus tard le morceau dans un déluge de violence aux limites de la boucherie hystérique avant de le terminer sur une note plus douce. Un morceau à tiroirs qui passe de la boucherie à la douceur tout en passant par une débauche de structures complètement tordues, sans oublier des passages appuyés par l'orchestre proches d'une B.O. de film.

Au final, un album qui montre quelques subtilités supplémentaires par rapport aux précédents albums d'Obscura, on garde la même formule mais on fait légèrement évoluer le concept et ça marche. Les morceaux sont tous de qualité, les mélodies sont bien présentes, les ambiances aussi, et la technique continuera de rebuter les détracteurs du groupe. Pour les autres, c'est du tout bon, à écouter sans modération !


Murderworks
Mars 2016


Conclusion
Le site officiel : www.realmofobscura.com