EXECRER
DETESTER
HAÏR
Voilà ce qu’on pourrait lire sur l’artwork de "Loathe", apposé trois fois d’affilé par la rage, sur du papier journal. Nightslug donne l’impression d’avoir une dent contre les médias, et on les comprend…
Pour cracher tout le dégoût qu’il a emmagasiné, le trio a eu la brillante idée de se tourner non pas vers des banjos et des maracas mais plutôt vers des cordes aussi grasses qu’abrasives et une batterie aussi lourde que le pas du Tyrex dans Jurassic Park. Associée à des riffs extrêmement répétitifs, la musique de Nightslug en devient hypnotique, écrasante voire assommante, avec toutefois des changements rythmiques entre les différentes pistes. Avec son ambiance aride, ses paysages abruptes et le rugissement inlassable des instruments comme autant de machines qui s’engouffrent dans une tempête de sable, "Loathe" aurait très bien pu constituer la bande originale du dernier Mad Max. Les nombreuses dissonances et exubérances apportant un aspect métallique, industriel et chaotique à l’album.
Au premier abord, le son ne paraît pas extrêmement bandant mais sur la longueur et après avoir apprivoisé l’univers du trio, il se révèle finalement bien accrocheur. Chaud, brut, gras, compact, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier un enregistrement loin d’être parfait mais qui sonne juste, en particulier dans les parties bruitistes. La force de frappe du groupe reste impressionnante et surtout, sait se faire oublier pour mieux percuter à nouveau. Les Allemands ont construit leur galette comme un Terminator, plus il se casse la gueule, plus il revient fort.
Finalement, Nightslug se bouffe comme un gros blockbuster américain. On écoute sans réfléchir et on fait abstraction des détails. On est dans le gros, dans le massif, faut que cogne. Même si le groupe est dôté d’une personnalité certaine, on ne peut s’empêcher de trouver les riffs un peu basiques ou déjà entendus. Finalement, "Loathe" se rapproche peut-être davantage d’un remake d’une ancienne grosse production cinématographique. On en parlera moins que le prochain Star Wars même s’il fera tout autant de "bruit".
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