Fondé en 2004 à Rome, Neverdream n'a cessé de progresser au cours de ses années jusqu'à proposer ce concept album "The Circle" d'une grande classe et d'une beauté à faire pâlir les ténors du genre. Car si l'on pouvait ranger le sextet italien auparavant au côté d'un Dream Theater ou d'un Vanden Plas, "The Circle", foncierement moins typé "metal" que "Said" (qui précède ce dernier), s'avère plus proche de ce que la vague rock néo-progressive de la fin des années 90 proposait alors.

Entierement autoproduit, l'album concept basé sur une nouvelle écrite en collaboration avec l'auteur Maria Teresa Valle, les Italiens abordent leur musique comme un thriller psychologique qui mêle religion, tueur en série, géméléité, manipulation etc... Ambitieux et original donc, surtout que ce n'est généralement pas le terrain de jeux favori des groupes de rock progressif, plus sensible à l'heroic fantasy, la rêverie, la science-fiction. Bref, on est plus proche de La Nuit du Chasseur (de Charles Laughton) que du Seigneur des Anneaux.

Passé l'intro, le premier titre, "Requiem", très lyrique surprend par son accroche avec ce saxophone mélodique (qui interviendra régulièrement), des guitares incisives et ses choeurs avec voix féminine. Celle-ci accompagnera souvent le chanteur "lead" Giorgio Massimi qui s'impose vocalement dans un registre très étendu tout au long de l'album. Parfois au croisement de ballades heavy rock comme "Vesta", "Mary Jane", son interprétation dramatique (sans tomber dans le mélo) empêche de faire sombrer le groupe dans la guimauve. Beaucoup de sensibilité donc, et tout autant d'assurance dans les moments les plus épiques, et puissant comme sur "Hell's Flower", "The Face Of Fear" qui rappellent les premières heures de Marillion. Chaque instrument est ainsi à son avantage beneficiant d'un mixage élaboré, très organique (signé Gabrielle Palmieri, également batteur et chanteur), qui permet de mettre en valeur les subtils arrangements. En s'autorisant aussi des incartades très jazz fusion, limite free ("Requiem", "Hypnosis") dans une tradition King Crimsonesque qui fait la part belle au saxophone, Neverdream réussit le pari de ne jamais tomber dans la surenchère, car tout est bien dosé au service d'une narration très fluide et accrocheuse. Même "Di Lei La Morte", en mode opéra lyrique, chanté en italien ne fait pas tâche, renforçant au contraire le propos du concept album. Le talent et la virtuosité du groupe n'a d'ailleur pas échappé à Andy Kuntz (Vanden Plas), invité sur le long (16mn) et excellent "Killer Machine" qui achève ce double album de manière spectaculaire.

La qualité des compositions, les structures et la facilité à transmettre toutes sortes d'émotions font de Neverdream un groupe sur lesquel on peut compter. "The Circle"est un grand disque qui sort le groupe définitivement de l'anonymat pour notre plus grand plaisir !!