Il aura fallu douze ans aux Marseillais de Necroverdose pour sortir un album officiel, six ans après une première démo ravageuse et prometteuse, "Final World War" ; c’est dire si la route est longue même pour les formations les plus talentueuses. "Off", un titre court et direct pour un objet qui nous offre une plongée salutaire dans un death brutal qui s’avère après plusieurs écoutes, particulièrement redoutable. Et pourtant, une ouverture instrumentale pas vraiment concluante, "The End", soit trois minutes de slow tempo agrémentées de growls, on a connu plus moderne comme entrée en matière, qu’importe, le combo se reprend en assénant des vocaux d’outre-tombe, entrecoupés de chants hurlés suintant la souffrance tendance black metal, particulièrement maîtrisée et dans une fluidité qui force le respect.

Passé la surprise d’une rythmique saccadée, l’ensemble blaste tout en continuité, radical. Une production aux petits oignons qui offre aux compos une intensité remarquable, au climax chaotique comme le souligne les neufs titres d’un album dédié à la brutalité sonore dans son état le plus abouti, il y a du Corpse Grinder chez Stéphane, mais en plus maîtrisé, le frontman à la voix d’écorché est en grande partie responsable de la massivité de l’album, aidé par Gilles dont les fûts nous offrent un armageddon rythmique, disons-le clairement, une fraicheur au genre doublée d’une originalité certaine dans les mélodies, démontrant que même les formations les plus extrêmes sont capables d’insuffler une âme à leurs compos, ne se limitant pas à une successions de riffs et lyrics violentes.

A commencer par "Fracture Atomic Supremacy" qui, sans exagérer, est l’un des meilleurs titres brutal death entendu durant ces cinq dernières années, growls surpuissants, distorsions de guitares (Loic et Lionel), une basse lourde et intense (Joan) donnent naissance à un bloc sonore sans aucun temps mort, étouffant et jouissif à souhait. "You’re Just Meat" offre une rythmique au hachoir en totale cohérence avec le titre du morceau, tandis que "Meaning Of Death" nous proposera quelques phrasés à la Tankian en mode death, véritable hymne à pogos, instantanément culte en live. "Resurrected" nous apporte la preuve que l’on peut avoir une voix d’outre-tombe et ne pas manger ses mots pour autant, paroles claires et très facilement compréhensibles. Le terrible "Prehistorture" évoque un "Hammer Smashed Face", première époque, une coulée de lave engendrant les mêmes sensations qu’à dû ressentir Tazieff lors de sa première irruption, assurément un titre référence. Et comme si ça ne suffisait pas, "Carving Time", sans casser des briques sur le fond, repousse les limites techniques du chant guttural, parfaitement exécuté jusqu’à l’éjaculation finale, un titre de 7min.02, "Forced To Hail Satan", une mise à mort lente et martiale mais non définitive, ouvrant les portes d’un second opus non pas espéré, mais exigé.

Un album incontournable, longtemps attendu, parfaitement produit, judicieusement et longuement réfléchi, aux influences riches et matures, douze très longues années pour aboutir à ce résultat impressionnant.