"Black Frost"
Note : 18/20
Alors que l’hiver n’est pas vraiment arrivé jusqu’à nous, c’est Nailed To Obscurity qui vient
déposer son pieu glacé en plein dans nos esprits affaiblis par les fêtes. Créé en Allemagne
en 2005, le groupe peine cependant à se faire connaître, bien qu’il ait sorti un excellent
premier album dès 2007. A la tête du projet, on retrouve les guitaristes et fondateurs du
groupe, Volker Dieken et Jan-Ole Lamberti, épaulés du batteur Jan Hillrichs (Battue), du
bassiste Carsten Schorn (Battue, Monster) et le dernier arrivé est le chanteur Raimund
Ennega (Burial Vault) en 2012. C’est d’ailleurs avec l’arrivée de ce dernier que le line-up se
solidifie et le deuxième album des Allemands sort l’année suivante, et si le groupe connaît un
petit moment de battement, la machine est relancée puisque 2017 marque la sortie de leur
troisième disque, et 2019 celle de "Black Frost", leur nouvelle création. Voyons ensemble à
quel point le groupe a mûri.
L’album débute sur le titre éponyme, "Black Frost", et on sent déjà que quelques influences
progressives s’ajoutent au doom / death mélodique des Allemands. Le chant clair de
Raimund se mue finalement en hurlements rauques, puis en murmures alors que la basse
et la batterie assurent une rythmique parsemée des harmoniques mélodiques des guitares.
Le groupe prend son temps, et c’est une note après l’autre que nous sommes finalement
capturés dans leur sombre univers. Si le titre est long et lent, on ne le sent toutefois pas
passer. Plus rapide, "Tears Of The Eyeless" compte sur des accélérations à la double pédale
avec un son de basse très chaud pour sublimer une rythmique à la fois glaciale et incisive,
mais aussi et surtout imposante. Mais les musiciens savent exactement quand adoucir leur
musique, passant du son clair au son saturé en un instant, et ils maintiennent de ce fait un
intérêt très vif de la part de l’auditeur. Nouveau titre axé sur une mélancolie ambiante, "The
Aberrant Host" débute par une guitare hypnotique qui est progressivement rejointe par le
reste du groupe, qui déploie un trésor de mélodicité à travers des guitares fantômatiques,
presque éthérées. Les murmures du chanteur contribuent à cette impression de quiétude,
rapidement brisée par des riffs plus violents.
Beaucoup plus sombre, "Feardom" profite des hurlements graves du chanteur pour faire
replonger les quelques qui auraient décroché et pour séduire encore plus ceux qui sont déjà
séduits, avant d’alterner entre riffs tranchants mais mélodiques et moments de calme
ambiants, alors que l’on sent que l’explosion n’est pas loin. Egalement très long, "Cipher"
profite des tonalités glaciales ambiantes que le groupe déploie pour refermer derrière nous
la porte de la réalité, et c’est avec plaisir que je me laisse transporter lentement dans cet
univers froid, sombre et surtout touchant. Car oui, les riffs des Allemands sont emplis
d’émotions diverses et variées, mais c’est principalement la mélancolie et la tristesse que je
sens. Le morceau s’arrête puis repart, et je me retrouve à taper du pied et remuer la tête en
rythme avec les riffs, sans même m’en rendre compte. Le climax laisse lieu à une extinction
puis à "Resonance", un morceau assez contrasté. En effet, les riffs sont parmi les plus
imposants et lourds que le groupe ait pu nous offrir sur cet album, mais le chant est calme.
Très calme. Trop calme. Je suis suspendu à la fois aux lèvres du frontman, mais également
aux cordes des instruments, et attends une nouvelle explosion, qui arrivera avec le début de
"Road To Perdition", le dernier morceau. A tous ceux qui attendaient un monument de
violence, vous serez servis. Car on retrouve ici un morceau qui rappelle les débuts du
groupe, accrocheurs à la première écoute, lourds et tranchants. Les influences sont
reconnaissables, mais le mélange final leur appartient définitivement.
Nailed To Obscurity a bien évidemment évolué, prenant le temps de penser chaque note,
chaque riff, chaque enchaînement. Si leur style peut en dérouter certains, ils m’ont
totalement séduit avec "Black Frost", qui est pour moi l’album de la maturité. Leur prochaine
tournée passera par la France, et j’ai hâte de sentir cette intensité monter dans la salle.
"King Delusion"
Note : 16,5/20
Avec "Opaque" en 2013, les Allemand de Nailed To Obscurity ont montré qu'ils avaient de l'ambition et nous le confirment avec leur nouvel opus "King Delusion".
Et contrairement au titre, il n'y a aucune désillusion ni de déception !
En effet, les 8 titres de l'album font le job et apportent même un peu de nouveauté.
Ainsi, on découvre un album plus calme dans sa globalité et moins death, mettant le cêté doom mélodique plus en avant.
Il y a cependant des morceaux qui restent rentre-dedans et qui sont plus extrèmes, à l'image de
"Uncage My Sanity" qui envoie bien avec une musique plus directe et plus lourde et des growls pleins de hargne.
Le passage très planant au milieu donne encore plus de peps et contrebalance à merveille.
Mais, dans cet opus, on trouve tout de même une majorité de titres posés et mélodiques comme "Deadening" ou encore "Protean" qui est carrément aérien et assez varié avec de bons riffs atmosphériques, du chant clair et un bon jeu de batterie.
La musique des Allemands a évolué, cela se ressent, elle est bien plus mature et intelligente, le tout avec de la finesse.
Le groupe est même allé vers des horizons plus progressifs dans ses morceaux, surtout dans "Memento", et s'est risqué, sans tomber dans la niaiserie, à une composition clairement plus lumineuse avec "Desolate Ruin".
Et a contrario, le titre phare de l'album, celui qui donne de vrais frissons, c'est aussi le plus froid : "King Delusion".
Il est accrocheur, avec d'excellents riffs qui sortent de l'ordinaire.
Sans être ultra original, le groupe peaufine sa musique d'album en album et on peut dire qu'il a trouvé sa propre personnalité et son propre son.
Cela n'est pas donné à tout le monde.
Les compositions sont cohérentes, captivantes et bien travaillées. Bref, que de bonnes choses pour le futur de Nailed To Obscurity qui s'annonce radieux !
"Opaque"
Note : 15/20
Les Allemands de Nailed To Obscutity reviennent après une démo et un album en 2007 avec un nouvel opus, "Opaque", chez Apostasy Records.
Leur musique death mélodique avec des influences doom est mise en valeur par l'artwork tout en pureté de Ben Borucki.
"Innerme", le premier des 9 titres, donne de suite le ton !
Le groupe nous offre un concentré énergique et passionné.
Leur death est plein de force mais comporte une froideur mise en avant par des ambiances plus atmosphériques et dépressives des riffs doom.
Très beau morceau !
Ensuite, on découvre "Torn To Shreds" avec ses riffs plus linéaires et mélodiques.
C'est un bon titre, mais tout de même moins accrocheur que le premier.
Puis, une vague assassine déferle avec fracas dans "Mythomania".
Direct et sombre, ce titre nous emmène dans les tréfonds de notre conscience.
On imagine un paysage humide où la détresse et la colère ne font qu'un dans la folie.
Le chant death est tout à fait à sa place, pas trop en avant mais expressif.
La puissance est au rendez-vous mais le morceau est également tourmenté et mélancolique.
"Murder Of Crows" est lourd avec des envolées atmosphériques bien plus aériennes.
Les riffs sont plus planants avec un chant clair s'alliant en choeur avec la voix death.
Avec un son moderne et quelque peu commercial, "In Vain" fait une entrée remarquée.
La suite est un peu lassante.
La première partie de "On The Verge Of Collapse" est très planante, posée avec des ambiances légères tranchant avec la suite constituée de gros riffs lourds et tranchants.
Il s'agit du titre le plus doom de l'album.
On retrouve ensuite un titre plutôt progressif oscillant entre mélodie atmosphérique et des riffs plus violents.
"Drift" est sans doute plus simple et abordable.
En effet, il est plus lumineux avec des parties de guitare assez simples.
Il est tout de même intéressant et original à sa façon.
Le dernier morceau de cet album est tout simplement une bombe !
En effet, "Opaque" est poignant, froid et puissant.
C'est un peu dommage de le retrouver à la fin de l'album, mais le plaisir reste intense !
C'est un groupe avec du potentiel,
dommage que la qualité des morceaux ne soit pas égale entre eux.
En tout cas, ils ont l'énergie et une musique qui leur est propre. A creuser encore un peu.