Dans la vie d’un chroniqueur, il y a ces groupes dont la chronique des disques semble être comme une habitude. Lorsqu’il s’agit de combos aussi talentueux, mais également aussi humains que My Ruin, cet exercice traditionnel devient un véritable plaisir ! Et plus encore lorsque la qualité est élevée, et ne faiblit pas avec les années. "The Sacred Mood" n’est décidément pas une exception dans la discographie, fournie par des sorties très régulières depuis 1999. Il est vrai que, depuis tout ce temps, My Ruin a trouvé un style bien à lui, et parfaitement reconnaissable dès seulement quelques notes. De ce fait, nous ne pouvons pas parler de surprise avec ce nouvel opus ; "The Sacred Mood" voyage dans l’atmosphère, dans les émotions et les constructions signées Tairrie B et Mick Murphy. Quand aux thématiques, les sujets désormais usuels se retrouvent une fois encore au fil des titres : la religion ("Heretic Dreams"), les tourments d’un esprit torturé ("Monolith Of Wrath"), les combats internes ("Del Riche"),… Alors que certains pourraient se dire : "Encore ?", les autres se réjouiront de la poésie unique et particulière de Tairrie B, rude, acerbe et violente. A l’image de ses prestations vocales, une fois encore de haut vol ! Non contente de hurler sa rage avec une conviction inégalable, sa manière de varier sa voix selon les besoins du morceau ("Honey Of The Human Soul" et son solo brillamment exécuté par Mick Murphy, l’excellent "God Is A Girl With A Butcher Knife" et son refrain imparable) ne pourrait que faire frémir l’auditeur de plaisir. Je disais plus tôt que la surprise n’était pas au rendez-vous. A présent, je tiens à préciser que cette remarque ne sous-entend pas pour autant que "The Sacred Mood" est décevant ou monotone. Entre l’hypnotique "Insomniac Moon", le féroce "Moriendo Renascor" et le rock'n’roll (eh oui !) "Hour Of The Wolf", vous aurez de quoi vous mettre sous la dent, cela ne fait aucun doute. Parce que My Ruin est brillant. Le talent des musiciens n’a d’égal que sa foi et son amour pour la musique. C’est pour cette raison que le résultat se montre toujours à la hauteur des espérances, pourtant toujours élevée, compte tenu des excellents albums délivrés. Pourvu que ça dure !

Mes chers amis, l’année 2011 aura été une magnifique année musicale de ses débuts jusqu’à sa dernière minute. Pour preuve, la dernière réception de Décembre : "A Southern Revelation", autrement dit le retour de My Ruin sur le devant de la scène. Après l’excellent "Ghosts And Good Stories", le successeur se devait naturellement d’être à la hauteur. Mais, depuis le temps que Tairrie B fait parler d’elle, difficile de ne pas lui faire confiance. Et pour cause : lorsque les limites de la fureur et de l’accablement semblent être atteintes, des nouvelles compositions, pierres ajoutées à l’édifice d’une carrière déjà marquée par bien des périples, font surface, toujours plus sombres, toujours plus profondes. Et ce à l’image d’une Tairrie B admirable, au plus haut de sa forme, avec ses hurlements tour à tour dévastateurs et déchirants. Non contente d’assurer ses performances avec brio dans ce domaine, la dame joue encore une fois de son registre vocal comme il se doit, en passant du simplement parlé au –très légèrement- plus mélodique, au rythme de la lourdeur Californienne si aisément reconnaissable, notamment sur "Seventh Sacrament". Vous êtes de ceux qui imaginent que la rancœur ne passe que par les cris ? Ecoutez dès maintenant "Middle Finger" : ça suffira à vous convaincre du contraire, assurément. Si les blessures des épreuves vécues au long d’une vie se cicatrisent, les marques restent inscrites dans la peau et dans l’âme. Par chance, parfois, les protagonistes sortent grandis et forts de ces difficultés, et, sans aucun doute, Tairrie B fait partie d’eux. Sa volonté n’a d’égal que sa générosité, et si, finalement, "A Southern Revelation" est la suite logique de ses prédécesseurs - c’est-à-dire du My Ruin pur jus, surpuissant, mais sans réelle surprise, sa sincérité caractéristique ne pourrait que captiver. Je vous invite vivement à découvrir cet album en profondeur. Et aucune excuse possible ! Aurais-je oublié de signaler qu’il est en téléchargement libre sur le site officiel ? Maintenant que ceci est chose faite, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

"Ghosts And Good Stories"
Note : 17/20

L’annonce d’un nouvel album de My Ruin ne peut être que synonyme de bonne nouvelle à mes yeux ! S’il y a bien des sorties qui me réjouissent à tous les coups –et ne me déçoivent pas, qui plus est !- ce sont celles de ce quatuor de Los Angeles, mené par l’impérieuse, la seule et unique Tairrie B ! Par conséquent, passer à côté du petit nouveau venu, dénommé "Ghosts And Good Stories", paraissait totalement inconcevable.

C’est vrai, après tout : chroniquer la nouvelle sortie de My Ruin, ça ne se refuse pas ! Il me serait impossible de vous décrire ma joie lorsque j’ai appris que cette occasion sensationnelle me serait accordée, et c’est avec les tripes tordues à la fois par l’impatience et l’excitation que j’ai attendu l’objet promotionnel (tant et bien que mal, car si la patience est une vertu, elle n’est surtout définitivement pas la qualité que l’on m’accorderait… à raison, je dois l’avouer !). Comme je le déclarais il y a quelques instants seulement, jamais je n’ai eu de mauvaise surprise en écoutant un disque de My Ruin. C’est avec un plaisir insubmersible que j’annonce à présent que "Ghosts And Good Stories" est une fois encore l’antithèse même de la désillusion ! "Diggin For Ghosts" pose les bases de cet opus avec brio, dans une ambiance lourde comme le plomb, lancinante, et irrévocablement axée ‘southern’ (avec le sang et la sueur agrémentant le tout, oui oui !). Excellente (et surprenante) mise en bouche ! Le "calme" avant la tempête, en quelque sorte. Ici, la tempête en question a pris la forme de l’explosif "Long Dark Night", où le tempo s’accélère finalement, accordant ainsi à madame Tairrie B tout le loisir de hurler à s’en arracher les cordes vocales, et ceci en conservant néanmoins dans cette démonstration de hargne et de bestialité une fluidité distinctive et marquante pour laisser s’échapper ses émotions, en particulier la douleur et plus encore la révolte qui semblent (et ont toujours semblé) la guider tout au long de ses textes. Et, justement, de quoi traitent-elles donc, ces paroles ? De la religion (un sujet intarissable pour Tairrie, semble-t-il), du monde de soumission dans lequel sont recluses pléthore de femmes ("Eyes Black"), de l’appel au calme après de nombreuses années de tourments ("Repose")… Multiples sujets qui ne peuvent qu’être une invitation à la réflexion.

Car derrière ce metal agressif et, disons-le sans pudeur, sacrément masculin se cache une frontwoman dotée d’une volonté sans faille et d’une poigne d’acier ! Espérons qu’elle conserve toujours ces qualités, et que My Ruin vive ainsi des années encore ! Album idéal pour découvrir ou redécouvrir ce groupe, qui a encore bien des choses à partager !

Gloomy Août 2010