"We Are"
Note : 16,5/20
Après un "Until We Breathe" qui s’avérait tout à fait excellent, les Messins de My Only Scenery sortent en cette année leur album "We Are" et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il scotche au siège autant qu’au casque.
Très bien mixé, cet album se révèle également très riche d’un point de vue musical avec des diversités et une grande musicalité. Les parties guitares sont accrocheuses et musicales, d’un grain quelques fois très post hardcore, et se laissant aller sur le rock… Des riffs et une production très rock, dérivant peut-être même sur du stoner de temps en temps.
Le premier morceau très rock, "The Second Breath", punchy et puissant à souhait, donne directement toute la mesure du groupe et de ses capacités musicales, renforcé par un chant qui, autant dans les couplets plus calmes que dans les screams généraux, développe une puissance véritablement hors du commun, passant de cet esprit rock à cet esprit post hardcore.
Au fil des morceaux, My Only Scenery confirme son potentiel polyvalent, avec autant du chant que des screams ahurissants de la part du frontman qui possède un large éventail permettant de donner aux musiques et morceaux une autre "couleur" que celles que l’on aurait pu imaginer au départ.
Loin d’être uniquement violent, My Only Scenery soigne sa mise en pli avec des parties techniques et d’autres plus "crasseuses" rappelant un rock plus désertique et ricain.
Post hardcore, progressif, rock, stoner, des variations, des changements de rythme, des envolées musicales, un chant torturé et tonitruant. Les ingrédients y sont pour que My Only Scenery devienne un des bons gros espoirs de la scène musicale française alors que jusque là, le groupe s’était un peu tenu dans l’ombre malgré ses deux premiers excellents EPs. Cet album, de par sa qualité de composition, de production, balaie un large éventail musical d’une façon intelligente et saupoudre sa musique d'un peu tous les styles. Un mélange savamment orchestré et superbement senti.
My Only Scenery, plus qu’un groupe qui recrache des morceaux et des compositions, s'adapte et ré-adapte des codes musicaux pour y inclure sa propre patte et sa façon de voir la musique. My Only Scenery, grâce à cet album, devrait passer un cap supplémentaire et poser un voire les deux pieds dans la cour des grands, c’est tout le mal que l’on leur souhaite.
"Until We Breathe"
Note : 15/20
Après la bonne surprise de leur premier EP paru en 2008, soit 2 ans
seulement
après leur formation, My Only Scenery transite à nouveau par un mini album 5
titres (certainement avant le grand saut) et nous fait constater sa
progression par une boulemie créative qui montre que les Messins ont envie d'en
découdre très sérieusement. Premier constat, si on retrouve ici les bases
de
leur premier effort "Begin To Walk", à savoir un scremo inventif et
progressif,
on remarquera que les touches les plus dures se sont presque effacées pour
laisser place à un rock émotif un peu plus tourtueux, toujours évolutif et
s'aérant par des cassures bien pensées. M.O.S en 5 titres nous prouve qu'il a
grandit, sa maturité future perceptible de par son tissage de sonorités post
HxC
et de relent power. Les structures sont encore un peu plus riches et variées,
appellant au voyage comme le démontre la douceur cosmique de "Universe",
titre
habillé de syncopes acides, un parfum plus core nous enivrant quand il le
faut.
Souvent exaspérant pour ma part dans ce style musical, le chant sur les 5
titres
ne souffre d'aucunes fautes de goût, amenant l'auditeur là où on l'espère,
et ce malgré les couleurs très différentes de "Meeting With My Helical
Queen"
ou encore "When Housewives Pull The Trigger", parfaits exemples de la richesse
hypnotique du combo. Musicalement, M.O.S. maîtrise son sujet avec sérieux et
justesse, rythmant l'ambiance générale par une traversée dans une brume
sombre,
passant au gré de ses envies par des tempêtes enragées ou des clairières
ensoleillées, la production parfaite de Christophe Edrich de X-Vision
clarifiant
ce qui aurait pû être purée de pois. Devant tant de potentiel, on ne peut
qu'être impatient d'entendre My Only Scenery sur un véritable album, en
attendant,
vous pouvez les découvrir sur notre dernière compilation "Songes et
cauchemars".
"Begin To Walk"
Note : 13/20
Fraîchement monté, puisque que le groupe s'est formé en 2008, My Only Scenery
nous propose déjà un premier EP 5 titres plutôt convaincant. En effet, même si le
style pratiqué, à savoir l'emo hardcore, peut en rebuter plus d'un de part le
nombre de groupes juvéniles à mèche qui le pratique, la manière dont ont axé
les Messins leurs compositions se veut des plus intéressantes. Ici les structures
sont évolutives à souhait, donnant un côté progressif à la musique du groupe, se
calant préférablement sur le chant de Yoann Antignac. Une voix d'ailleurs qui
nous malmène allégrement, son côté "screamo" écorchant les montées tendues du
titre éponyme "Begin To Walk", les guitares ; tout d'abord fluettes ; posant
une ambiance presque feutrée, le tout soutenu par une basse omniprésente pour
arriver à un paroxisme flamboyant. "Worst Day Ever" s'enchaîne, rageur sur son
intro, pour nous dévoiler une souplesse harmonique donnant l'impression d'être
dans un grand 8, alternant moments d'accalmies et dynamiques popisantes, le
chant se faisant alors un peu poussif sur les parties de voix claires. Ecorché
vif, "The Fourth Breath" reproduit les schémas précedents, le grand mouvement
émotionnel marchant relativement bien, aidé pour cela par des arpèges
dissonnants à la couleur grisâtre, l'alcalmie est minimaliste, explosant sur un
refrain efficace et accrocheur. Le chant évolue plus de part ses intonations
vers Roddy Walker de Protest The Hero sur "Me & My Ghost", le final saccadé
arrivant comme salvateur, le ronronnement de l'ensemble ayant tendance à tourner
un peu en rond une fois les pépites du début lâchées. "Far From My Eye" se veut
plus convaincant, alternant douceur acide, le travail mélodique des guitares
prenant l'ascendant sur la lourdeur post HxC de la rythmique basse / batterie,
le cataclysme final faisant agréablement son travail. Au final M.O.S se montre
plutôt doué pour une première épreuve discographique, certains titres ("Begin To
Walk", "Worst Day Ever") se détachant de par leur structure et leur intensité
propre, il manque juste un peu de consistance sur la longueur pour faire mouche.
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