Le groupe
Biographie :

My Dying Bride est un groupe de doom / death metal britannique originaire de Cleckheaton, Angleterre. Après des débuts remarqués pour son style typiquement death metal, le groupe s'est progressivement tourné vers un style parfois lancinant et terriblement émouvant. Leur premier réel album, "As The Flower Withers", est considéré comme un de leurs meilleurs, et il en est de même pour le deuxième, "Turn Loose The Swans". En effet, cet album finit d'asseoir la notoriété de l'un des "trois grands" du label Peaceville (les deux autres étant Anathema et Paradise Lost). L'apogée de ce style est, de l'avis des fans, marquée par l'album "The Angel And The Dark River", sorti en 1995. En 1996, le groupe veut composer des titres beaucoup plus courts, l'album "Like Gods Of The Sun" marque par ses riffs acérés et une musicalité plus "rock". La sortie de l'album "34.788 %... Complete" en 1998 est assez mal accueillie par les fans, car le groupe a choisi de regrouper en un album l'ensemble de ses volontés expérimentales electro rock. L'album "The Light At The End Of The World" marque le retour du groupe à ses racines doom / death, ce retour fut confirmé par "The Dreadful Hours" en 2001, qui reçut une très bonne critique de la part des fans mais aussi de la presse spécialisée. Enfin, le groupe sort en 2004 un très bon album avec le "doomissime" "Songs Of Darkness, Words Of Light". "A Line Of Deathless Kings", paru en Octobre 2006, est à la hauteur des précédents. Cela laisse présager un prochain album plutôt porté sur le côté agressif du groupe. Et en effet, "For Lies I Sire", sorti en 2009, voit le retour de parties vocales plus proches du death originel du groupe, avec des rythmes plus rapides que sur le précédent opus. Cependant, cet album voit le retour en grâce du violon, qui, combiné aux parties de clavier et à certaines lignes de chant qui demeurent mélancoliques et sombres, marque l'album d'une forte ambiance doom / gothic. Un nouvel album intitulé "A Map Of All Our Failures" sort le 15 Octobre 2012. Le douzième album, "Feel The Misery", sort en Septembre 2015. "The Ghost Of Orion" sort en Mars 2020.

Discographie :

1992 : "As The Flower Withers"
1993 : "Turn Loose The Swans"
1995 : "The Angel And The Dark River"
1996 : "Like Gods Of The Sun"
1998 : "34.788%... Complete"
1999 : "The Light At The End Of The World"
2001 : "The Dreadful Hours"
2004 : "Songs Of Darkness, Words Of Light"
2007 : "A Line Of Deathless Kings"
2009 : "For Lies I Sire"
2011 : "Evinta" (Compilation)
2012 : "A Map Of All Our Failures"
2013 : "The Manuscript" (EP)
2015 : "Feel The Misery"
2020 : "The Ghost Of Orion"
2020 : "Macabre Cabaret" (EP)


Les chroniques


"Macabre Cabaret"
Note : 18/20

Après avoir sorti un excellent album début 2020, My Dying Bride en avait encore un peu sous le coude et nous a laché en fin d'année un EP du nom de "Macabre Cabaret" et qui nous permet de prolonger le plaisir avec trois morceaux. Un peu plus de vingt minutes au compteur, ce qui est plutôt pas mal, d'autant que comme je le disais "The Ghost Of Orion" était une très bonne surprise.

C'est le morceau-titre qui ouvre le bal avec dix bonnes minutes au compteur et des claviers aux allures d'orgue à la fois menaçants et inquiétants simplement soutenus par la basse. Les guitares et le chant arrivent ensuite pour un morceau bien lourd et aussi beau que particulier. Il s'en dégage une ambiance quasiment onirique, même les ambiances très sombres et la patte My Dying Bride sont évidemment toujours de la partie. Le groupe montre là un visage particulièr et ce morceau est terriblement évocateur et prenant. Les émotions nous explosent au visage et tout tend à confirmer le regain d'inspiration que le groupe connaît depuis un certain temps. Les mélodies sont planantes et mélancoliques, les lignes de chant clair sont hantées et le chant crié vient apporter un superbe contraste avec cette rage qui explose au milieu d'un titre très introspectif. Un break basse-claviers vient une fois de plus alourdir l'ambiance en amenant un feeling inquiétant et d'une tristesse à pleurer avant que les guitares ne reprennent leurs droits. My Dying Bride déploie sur ces premières minutes une beauté assez impressionante et une mélancolie qui vous prend à la gorge du début à la fin. Même en étant habitué aux ambiances que le groupe déploie habituellement, on est saisi par la sincérité désarmante qui transpire de ces mélodies. Quand on sait à quel point ces dernières années ont été dures pour Aaron Stainthorpe, il n'est pas étonnant de l'entendre en quelque sorte extérioriser et sublimer tout ça pour en faire une musique toujours plus belle et sombre. Après tout ces années de carrière, c'est un vrai plaisir d'entendre My Dying Bride au sommet de sa forme et inspiré comme jamais.

"A Secret Kiss" ne fait pas retomber le soufllet et nous envoie du My Dying Bride dans la grande tradition avec un doom bien lourd et sombre aux lignes de chant habitées une fois de plus. Quant à "A Purse Of Gold And Stars" rappelle dans l'esprit "Black God" ou "For My Fallen Angel", le type de morceaux que le groupe affectionne pour fermer certains albums avec une trame musicale toute en finesse sur laquelle le chant est déclamé. Le morceau tient entièrement avec un piano qui délivre une fois de plus une mélodie aussi hantée que belle qui nous fait dire que le groupe a bien eu raison de ne pas laisser ces trois morceaux au placard. Il n'y a rien à jeter sur ces vingt et une minutes et si My Dying Bride maintient ce niveau d'inspiration à l'avenir il y a quelques chefs d'eouvres qui risquent de nous tomber dans les tympans ! Si le groupe n'a pas changé son fusil d'épaule en ce qui concerne son style musical, il arrive ces dernières années à se dépasser et à nous livrer des morceaux diablement inspirés et émotionnellement très forts. Ce qui, après tant d'années, tient presque de l'exploit et rend ces nouveaux albums et EPs d'autant plus précieux. La production est parfaite dotant le groupe d'un son puissant, clair, propre et organique. Du très bon boulot de la part de Mark Mynett qui s'était déjà occupé de celle de "The Ghost Of Orion" et que l'on espère voir retravailler avec le groupe tant ce son lui va bien. Notons au passage que cet EP est orné d'une superbe pochette réalisée par Bunker Artworks et qui tranche avec ce que le groupe a l'habitude d'offrir.

Au final, My Dying Bride nous offre trois nouveaux morceaux habités, sublimes, sombres et pesants qui montre un visage encore différente de ce que le groupe avait pu montrer sur l'excellent "The Ghost Of Orion". "Macabre Cabaret" vaut totalement le coup tant ces trois titres sont bons et j'espère que le groupe a définitivement retrouvé la forme parce que quand il est aussi inspiré il est intouchable.


Murderworks
Mars 2021




"The Ghost Of Orion"
Note : 18/20

On ne présente plus les vétérans de My Dying Bride qui ont marqué depuis bien longtemps le doom au fer rouge et qui reviennent donc avec "The Ghost Of Orion" et le sens de la fête qui va avec. Toujours est-il que le line-up a évolué et que ces changements ne se sont pas forcément faits dans la joie et la bonne humeur non plus. Le fiel et la rancoeur peuvent être des sources d'inspiration pour des groupes aussi sombres, on va donc voir ce qu'il en est de nouveau pavé.

"Your Broken Shore" ouvre l'album sans fioritures et la patte des Anglais est reconnaissable de suite avec ces riffs et ces mélodies typiques du groupe avec le violon en soutien pour poser une ambiance qui transpire déjà la dépression. Aaron Stainthorpe surprend un peu en posant des lignes de chant plus chantées justement et plus mélodiques comparé au ton plaintif utilisé habituellement, le growl revient toutefois assez rapidement pour durcir le ton. Voilà en tout cas un premier morceau assez beau et plutôt inspiré qui montre un My Dying Bride classique certes mais très efficace. En même temps, il est difficile de reprocher à un groupe qui a marqué une scène à ce point-là de rester sur son territoire, surtout quand on considère que sa seule tentative d'expérimentation a été accueillie assez froidement (le fameux "34,788%... Complete" qui est pourtant très bon). On peut globalement trouver à "The Ghost Of Orion" un côté plus accrocheur et mélodique que certains de ses prédécesseurs, les influences extrêmes s'y faisant légèrement moins sentir. On a l'habitude avec My Dying Bride que les albums oscillent entre les deux, parfois plus dur et proche des premiers albums, parfois plus mélodique et accessible, ce petit nouveau entre donc dans la seconde catégorie. L'inspiration est bien là en tout cas et que ce soit les mélodies ou les lignes de chant, tout transpire la tristesse, et la beauté vénéneuse typique du groupe imprègne chacun de ces huit morceaux. "To Outlive The Gods" met d'ailleurs l'emphase sur ce sens du tragique que l'on peut sentir depuis les débuts du groupe, et malgré ses huit minutes, le morceau est diablement accrocheur en plus de frapper en plein cœur.

Ce qui saute aux oreilles de façon flagrante, c'est le fait que My Dying Bride a cette fois visé l'impact maximum et a dégraissé sa musique pour ne garder que l'essentiel. Si j'adore toujours autant ce monument qu'est "Turn Loose The Swans", on sent quand même que certains passages reviennent peut-être un peu trop souvent, et le manque de maîtrise ainsi que la jeunesse du groupe pouvaient encore parfois se faire sentir, et, malgré l'âge, c'est un petit problème que l'on a pu ressentir sur d'autres albums sortis bien plus tard. "Song Of Darkness, Words Of Light" et "A Line Of Deathless Kings" n'étaient par exemple pas parfaits, tout à fait convenables mais pourvus de quelques faiblesses. Pas de ça sur "The Ghost Of Orion", le groupe est affûté et il faut croire que ces problèmes de line-up ont bel et bien inspiré la bande ! "A Map Of All Our Failures" et "Feel The Misery" avaient déjà redressé la barre et ce nouveau méfait confirme que l'inspiration est de retour à 100%. On retrouve aussi avec "The Solace" le grand classique du morceau doté d'un chant féminin assuré par Linda Fay Hella qui a ici des allures de funérailles, très beau une fois de plus. Ceux qui préfèrent le visage plus dur de My Dying Bride trouveront leur compte avec "The Old Earth" qui est probablement le morceau le plus méchant de ce nouvel album et le plus proche des débuts, celui qui laisse le plus de place aux gros riffs sales et aux growls. On sent une rage et une ambiance presque malsaine qui contraste avec les mélodies de toute beauté affichées par les précédents morceaux. L'album se termine donc sur coup de sang puisque seul un court instrumental suit pour véritablement clore la marche.

Un album très inspiré et efficace et donc un peu moins extrême que ses deux prédécesseurs. Si certains albums montraient une légère baisse de niveau à mes oreilles j'estime que le groupe s'est redressé avec "A Map Of All Our Failures" et "Feel The Misery". "The Ghost Of Orion" montre un My Dying Bride qui va à l'essentiel et prouve par là même que les vétérans de la scène en ont encore sous le pied.


Murderworks
Avril 2020




"Feel The Misery"
Note : 17,5/20

Ca y est, on peut enfin entendre en intégralité le nouvel album des maîtres du doom, My Dying Bride ! Les fans et autres inconditionnels du groupe attendaient avec grande impatience cet opus fêtant les 25 ans de carrière tout de même ! Il faut dire que c’est quand même long deux années sans rien à se mettre sous la dent. Les Anglais nous avait laissés avec un bon EP, "The Manuscript" en 2013 et plus tôt en 2012 avec un vrai bijou, "A Map Of All Our Failures". Quel excellent album, nous plongeant dans une solitude extrême avec ses riffs lancinants et ses ambiance dépressives. Il était diffèrent, marquant un changement vers une musique plus lente, lourde et poignante, un peu plus funeral doom.

On se demande donc ce qu’ils nous ont réservé pour ce petit dernier, toujours chez Peaceville Records, d’autant plus qu’il marque le retour après 17 ans d’absence du premier guitariste originel du groupe, Calvin Robertshaw. C’est un événement qui, du coup, marque la reformation du duo de guitares Andrew / Calvin ! Et ce n’est pas tout, il a également été enregistré aux Academy Studios, lieu symbolique où les premiers opus dits “classiques” ont été réalisés. On a donc de gros clins d’œil au début de leur carrière et on est en droit de se demander si cela se ressent dans ce "Feel The Misery". Est-il dans la même lignée old school que "Turn Loose The Swans" ou de "The Angel And The Dark River", ou suit-il la tournure plus funeral de "A Map Of All Our Failures" ? La première chose qui nous saute aux yeux et qui d’ailleurs peut difficilement passé inaperçue, c’est la pochette ! Elle est tout simplement sublime et vraiment captivante avec ses vitraux très colorés tranchant avec les corps en sang pleins d’agonie et cette figure religieuse calme et sereine. Cet artwork nous résume parfaitement un des sujets récurrents de l’album et de tous leurs albums même : la désillusion face à la religion. Les textes abordent aussi d’autres sujets habituels comme l’amour impossible et destructeur, la perte, l’abandon, la passion, et le questionnement sur la vie et ses étapes souvent pleines de souffrance. Un programme toujours plein de bonheur en somme.. ! Donc au niveau des paroles, il n’y a pas de changement, on retrouve le groupe aussi "enjoué" qu’a l’accoutumée.

On commence ensuite la lecture des 8 titres qui, sans surprise, dure en moyenne 7 minutes. On peut de suite dire qu’ils n’ont pas suivi "A Map Of All Our Failures" et qu’ils nous livrent plutôt quelque chose d’encore différent, même s’il y a une grande inspiration des premiers opus. En effet, il y a un petit quelque chose d’ancien mais il s'agit surtout du son un peu crépitant et sec complétement voulu. Mais là où est toute la nuance, c’est que la musique, elle, est plutôt innovante avec des nouveautés tout de même notables, même si on reconnaît largement le groupe. Dès le premier et superbe titre plein de nostalgie, "And My Father Left Forever", on découvre une dimension plus épique, presque (et je dis bien "presque") enjouée dans certains riffs et avec un nouveau chant plus aigu d’Aaron qu’il utilise de temps en temps ici. Ce titre ("Et mon père est parti pour toujours"), qui a une histoire spéciale vu qu'Aaron l’a écrit quelque temps avant le décès de son père, se révèle difficile d’accès au départ, comme le reste de l’album d’ailleurs, et nécessite plusieurs écoutes pour comprendre vraiment toutes ses informations et émotions. En effet, à part quelques morceaux qui rentrent facilement en tête avec un format simple couplet / refrain comme "Feel The Misery" qui est efficace et plein de mélancolie ou "I Almost Loved You" qui est une ballade plus orchestrale et touchante, pleine d’amertume et de cynisme à cause d’un amour gâché, les autres titres se trouvent être plus complexes et progressifs que d’habitude. Plein de rage et de désespoir, "A Cold New Curse", par exemple, qui est pourtant un morceau assez typique, très plaintif du groupe, est plus recherché et l’on doit donc le décortiquer.

On reconnaît par contre sans difficulté (et heureusement car c’est une de leurs marques de fabrique quand même) la patte d’Andrew dans ses riffs toujours aussi expressifs, même si en prêtant l’oreille on peut se dire : "Ah, ça c’est nouveau !”. C’est comme pour le chant d’Aaron, il a ajouté une corde à son arc avec cette voix plus étrange et aiguë mais c’est juste un ajout et non un réel changement car ses autres chants (parlé et plus grave) et bien sûr ses growls sont toujours au rendez vous ! Eh oui, ses growls qui se faisaient plus que rares dans les précédents albums, surtout dans le précédent où on pouvait compter deux phrases en tout, sont de retour. Le deuxième titre tranchant, plus rentre-dedans, mélancolique par moments, et avec des passages surprenants légèrement post-black, "To Shiver In Empty Hall", le met d’ailleurs largement à l’honneur ! C’est la grande surprise de l’album pour ceux qui n’y croyaient plus car dans cet album il y a autant de growls que de parties de chant clair. Aaron les a même travaillés, ils ont plus de prestance et de profondeur, avec même quelques growls death d’outre-tombe, plus graves et longs, comme dans "I Celebrate Your Skin", titre linéaire avec beaucoup de charme.

Par contre, les parties de violon de Shaun sont plus diluées, moins en avant que dans les albums passés sauf dans "Feel The Misery" et "I Celebrate Your Skin". Ce n’est pas forcément un mal car les titres sonnent bien comme ça, il y a quand même de bons passages déchirants de violon pour nous faire frissonner ! Le dernier titre de l’album, "Within A Sleeping Forest", nous offre un peu tout ce que l’on a aimé dans l’album, une bonne dose épique, de la fraîcheur, de l’émotion et de la nostalgie. Par contre, il y a un titre qui a du mal à passer, écoute après écoute, cela ne passe toujours pas. En effet, "A Thorn Of Wisdom", qui comporte pourtant de super parties de basse de Léna, est trop étrange ou pas assez prenant, même s’il n’est pas mauvais.

Et voilà une nouvelle page se tourne avec ce douzième album ! Cela aura été difficile de cerner cet album qui aura nécessité personnellement une bonne dizaine d’écoutes. Oui mais voilà, cela en valait la peine car au début c’était dur de se faire un réel avis, et maintenant je peux clamer haut et fort que c’est un bon album, très intéressant et saisissant ! Bon, ce n’est clairement pas leur meilleur, mais on ne leur en demandait pas tant. On voulait un album captivant, personnel et avec de l’émotion, c’est le cas, donc il ne faut pas chercher plus loin !


Nymphadora
Octobre 2015




"The Manuscript"
Note : 18/20

Fort d'une belle carrière, My Dying Bride se place aujourd'hui comme un des piliers du doom mélancolique. Après l'album "A Map Of All Our Failures" sorti à l'autumne 2012, ils nous font un immense plaisir en sortant un EP "The Manuscript" via Peaceville Records. Celui-ci se compose de 4 titres pour une durée total de 27 minutes.

Les frissons et les larmes sont là dès les premières secondes de guitare. Oui, l'entrée en matière est plus que réussie dans ce premier titre "The Manuscript", avec une émotion à fleur de peau. Sur la lignée du dernier album, il n'y a pas de grand changement mais "A Map Of All Our Failures" est tellement excellent que cela est un bon point. On est bercé pour parfois perdre pied par ce morceau tout en douceur et écorché à souhait. Le chant d'Aaron fait toujours son petit effet de poignard aiguisé, pour nous transpercer de toutes parts. On enchaîne ensuite sans transition avec "Var Gud Over Er", un morceau plus direct et rentre-dedans avec un chant death et un tempo plus soutenu. Certains riffs sont plutôt originaux pour le groupe car ils sonnent légèrement heroic / épiques ou plus doom old shool. Cela ajoute un dynamisme intéressant contrastant avec des instants lourds et lents. Puis, venant d'un mauvais présage, "A Pale Shroud Of Longing" résonne comme une mélodie funèbre. Ce morceau retourne aux sources du groupe en explorant de nouveaux horizons, on ressent la souffrance subtile de la musique et la peine dans le tourment. C'est lourd, oppressant et hypnotique, nous coupant la respiration. Au travers de presque 8 minutes, on passe par plusieurs émotions.

Pour finir cet EP, le groupe a choisi un titre plus court de moitié comme pour une outro certainement. Ici c'est simple, cela coule tout seul sans fanfreluches. Il s'agit juste de bonne musique pour un moment plus léger et aérien. Avec ce tourbillon glacial et prenant d'un doom passionné, My Dying Bride nous comble de bonheur. Parfait pour écouter le soir, tranquillement, et se laisser voguer vers d'autres sphères, cet EP est excellent.


Nymphadora
Juin 2013




"A Map Of All Our Failures"
Note : 19/20

Les saisons passent, les années s'écoulent et My Dying Bride règne toujours en maître depuis 1992 sur le monde du doom. Après "For Lies I Sire" en 2009 qui sonnait plus léger et moins obscur et "Evinta" en 2011 intimiste allant vers le dark ambient, les Anglais reviennent à leur premier amour. En effet avec "A Map Of All Our Failures", ils nous plongent dans un mal-être noir et pesant, écrivant une nouvelle page de leur histoire musicale avec une émotion nouvelle. Splendide et en total harmonie avec l'album, l'artwork créé par Rhett Podersoo illustre les paroles du morceau "Abandoned As Christ". Les structures pour la première fois suivent un plan couplets / refrains sur certains morceaux, et c'est dans une concentration extrême qui se mouve en une transe hypnotique que se fait l'écoute de "A Map Of All Our Failures".

Des sons de cloches annoncent le jugement dernier dans le premier titre, "Kneel Till Doomsday" qui ouvre ce bal de désolation. Les riffs sont lourds et lugubres tel un orage ayant contrôlé sa rage. Inquiétants et presque dissonants, les passages de violon joués par Shaun Macgowan créent une ambiance malsaine et opressente. Le chant clair côtoie le death qui est plutôt rare dans cet opus. Il s'agit d'ci du titre le plus énergique bien que certains passages soit très lents. Les percussions à la fin se mêlent aux riffs du début, qui reviennent, ce qui crée une variation très agréable. "The Poorest Waltz" est construite avec des guitares tranchantes alors que l'ambiance générale est aérienne et très mélodique. Les parties de chant nous emportent loin et on se laisse aller dans une valse d'ombres dans les bras de l'innocence. Les lamentations ne servent à rien car il n'y a aucun espoir à la vue des feuilles mortes tombant une à une. Ce morceau plutôt court par rapport aux autres permet de faire respirer l'album.

Ensuite, "A Tapesty Scorned" raconte l'histoire d'une tapisserie hantée par l'image d'une femme énigmatique. On revient sur une atmosphére pesante, sombre voire menaçante. Le chant est lancinant avec un côté horrifique alors que le chant death transmet une certaine folie, le violon produisant un son déroutant paraît comme possédé. Puis, "Like A Perpetual Funeral", avec des riffs lents, pose un décor froid et mélancolique. Ce titre parle du règne de la lune au milieu de la nuit alors que l'on assiste à l'enterrement perpétuel du soleil. Le côté dépressif est accentué par le chant de Aaron Stainthorpe. Comment ne pas tomber amoureux de sa voix magnétique, écorchée et chaude à la fois ? Le refrain est d’ailleurs sublime et prenant, une errance infinie où nous attend le baiser langoureux de la mort. "A"A Map Of All Our Failures", se traduisant par "la carte de tous nos échecs", est très mélodique dès les premiers accords de guitares posant une ambiance morbide mais lumineuse. On s'imagine des papillons de nuit s'envolant au son du violon, puis les riffs se font plus durs donnant un effet encore plus tragique. On ressent comme un malaise, une torture mentale et l'enfermement nous glaçant l'esprit.

Un vent froid court par dessus les flots dans "Hail Odysseus" racontant de façon poétique et quelque peu réinventé le passage de l'Odyssée où Ulysse et confronté aux appels des sirènes. Le morceau est captivant varié et rythmé avec des guitares saccadées comme des vagues. On ressent une profonde détresse disparaissant dans les abysses de la mer. "Within The Presence Of Absence" qui se traduit par "avec la présence de l'absence" raconte un amour meurtri. Le violon est plus présent ici et cohabite magnifiquement bien avec les guitares tout aussi langoureuses, dont émane une certaine pureté, voire tristesse. La peine grandit sur ce titre efficace, nous transmettant énormément d'émotions, la douleur de l’être perdu se transforme en une poésie emportée par les pleurs et les souvenirs. Tout est splendide dans cet ode à l'amour déchu. La désolation d'un coeur devenu mort sans la flamme qui le faisait battre... Ensuite, "Abandoned As Christ" qui débute avec des sonorités folk se révèle inquiétant. L'atmosphère est feutrée, portée par des vocalises religieuses. Et dans cette solitude, une voix répétant cette phrase : "Où était Dieu quand j'avais le plus besoin de lui ?". Puis en bonus sur l'album, un neuvième titre, "My Faults Are Your Reward". La musique est plus positive et moins obscure mais reste très triste, marquée par la beauté des parties de violon.

My Dying Bride nous offre ici un album bouleversant et somptueux ! Les larmes ont coulé durant l'écoute tellement l'émotion était forte ! Rien est à jeter et chaque titre frôle la perfection avec un excellent travail de composition. Plusieurs écoutes seront cependant nécessaires pour comprendre la richesse de l'opus et s’imprégner de sa noirceur agonisante. Juste somptueux !


Nymphadora
Novembre 2012




"Evinta"
Note : 14/20

Voici de retour nos chers compères de My Dying Bride avec leur nouveau bébé pour 2011, nommé "Evinta". "Evinta" n'est pas un nouvel album mais un projet à part dans la discographie du groupe. Reprenant les bases de 9 de leurs titres, My Dying Bride nous propose un album atmosphérique / ambiant, se rapprochant directement d’un "Die Verbannten Kinder Evas". Clavier, violon, piano, voix d’Aaron et de la chanteuse française….ainsi que quelques samples, rien de plus.

Ces versions ne sont pas des simples versions allégées mais réellement de nouveaux titres qui prennent ici une dimension totalement différente. Si différents, qu’il est parfois difficile de reconnaître les titres. Seules quelques mélodies disséminées ça et là peuvent nous permettre de nous rappeler des titres originaux. Pour ceux qui possèdent "Like Gods Of The Sun", MDB avait déjà tenté ce type de morceau avec le magnifique "For My Fallen Angel", dont le thème principal sera d’ailleurs repris dans "Evinta", mais de manière beaucoup moins convaincante. Pour le concept, je dois souligner l’intérêt que peux avoir ce "Evinta" pour un fan du groupe tel que moi. MDB prend ici des risques comme il l’avait fait avec "34.788%... Complete", fantastique album totalement incompris mais néanmoins fabuleux. Nul doute que "Evinta" ne plaira pas à tout le monde.

Après avoir salué la démarche, allons au cœur du sujet. Je dois avouer qu’à l’écoute de l’album, je reste mitigé. Peut être que MDB a trop mis en avant le côté ambiant si bien, que l’on s’ennuie parfois. Eh oui, faire de la musique atmosphérique / ambiant n’est pas donné à tout le monde et se révèle un exercice périlleux afin de garder en haleine l’auditeur. Il faut dire que sur 9 titres, 7 sont d’environ 10 minutes et plus. Le premier titre "In Your Dark Pavilion" reprend un très bon thème de l’album "Like Gods Of The Sun". Un titres très réussi et prenant qui nous plonge dans un état léthargique. Le deuxième titre possède de très bons moments mais est un peu trop ennuyeux. "Of Lilies Bent With Tears" est sûrement le moins inspire de l’album. Le titre suivant "The Distance, Busy With Windows" est également une pure merveille de mélancolie avec son piano envoûtant. "That Dress And Summer Skin" viendra rythmer un peu l’album avant de terminer par un long outro qui semble venir ouvrir les portes du paradis ("A Hand Of Awful Rewards").

On retrouve dans "Evinta", trois types de morceaux : Des morceaux très réussis ("In Your Dark Pavilion", "The Distance, Busy With Shadows"), d’autres possédant des bons moments ("You Are Not The One Who Loves Me", "Vanité Triomphante"), et enfin certains titres peu intéressants ("Of Lilies Bent With Tears", "Of Sorry Eyes In March"). Ne vous attendez pas à headbanguer, cet album est un univers à part entière, à écouter à la lumière d’une bougie une nuit de pleine lune, afin de laisser votre esprit s’envoler. Difficile de noter cet album tant il pourra toucher certains et laisser de marbres les autres. Pour ma part, j’apprécie "Evinta" malgré quelques lenteurs et certains passages moins inspirés.


Humphrey
Juin 2011


Conclusion
L'interview : Aaron & Lena

Le site officiel : www.mydyingbride.net