Eh bien, dites donc, y en a chez qui ça sent pas la sueur ! Trois albums en 13 ans... Ma foi… Non, je plaisante, Moon ne peut pas tout faire non plus vu que son chanteur guitariste n'est autre que Cezar, le leader du groupe Polonais culte Christ Agony... Ce nom vous dit quelque chose j'espère, même si c'est un groupe qui reste dans l'ombre depuis si longtemps, vous avez bien du entendre ce nom un jour ? Christ Agony, éternel outsider du black metal a pondu en son temps quelques albums sympa qui m'ont attiré, je parle des premiers "Unholy Union", le "Daemoonseth Act II" sorti chez Adipocere il y a un bon moment, ou encore l'excellent "Darkside"... Après j'ai lâché le truc, lapidé par les innombrables sorties black metal plus fortes les unes que les autres... Et petit à petit Christ Agony est tombé dans mes propres oubliettes... Alors que pourtant Christ Agony a perduré, il y a eu certes une petite pause entre 1999 et 2008 où aucun album n'était sorti mis à part un live et des best of... Mais le plus important, c'est que pendant ce temps Cezar, ne le perdait... son temps. Non en parallèle à Christ Agony, naissait Moon, alors que Christ Agony en était à son quatrième album, Moon sortait son premier rejeton. Pendant dix ans non plus on n'a pas entendu parler d'eux... (dans les films policiers, ils disent que peut-être c'est parce que le serial killer est en taule...). Enfin bon, 2010 annonce le retour de Moon, faute de celui de Christ Agony. Moon est un projet... pardon un groupe à part entière maintenant, et black soit-disant, mais quand on y regarde de plus près Christ Agony n'en n'a jamais été vraiment un. Nous avons ici quelques chose de sombre, mais musicalement plutôt dark metal ou quelque chose à mi-chemin entre le death, le black et le dark. En tous les cas quelque chose de sombre. Accompagné de Mscislaw à la basse et aux vocals également, de Wizun à la batterie, et de Gonthy au lead guitars, tous fraîchement arrivés l'année dernière, Cezar reprend le flambeau.

Moon, muni d'un logo à peine différent de ce qu'il était pour plus de droiture et d'une front cover tout sobrement délicieuse, nous arrache les tripes de son death / black metal abrupt, noir et glacial. Tels de grands pestiférés les gars vont nous enregistrer un album très très très bon, et alors que comparé à Behemoth, Hate, on n'aura pas de rabattage promotionnel médiatique et que pourtant cet album peut rejoindre ces ainés célèbres... La grosse production faite au Progresja studio avec Arek Malczewski (connu pour son travail avec Behemoth) nous laisse découvrir un son énorme de basse, de guitares et de batterie (elles enregistrées au Sinqest) pour 42 minutes de pure tuerie. Le fait de parler de ses copains Polonais de Behemoth ou Hate n'est pas innocent parce que le black / death de Moon se situe dans ce genre de metal extrême, avec des grosses guitares poilues, faites pour terrasser tout ce qui passe à proximité, et des énormes patterns pour abasourdir un peu plus.

Puissant, robuste, guerrier "Lucifer's Horns" est un album sans aucun temps mort. Chaque morceau est une énergie noire, et sur chaque morceau on prend une claque. Certains sont plus mis en avant par des petites choses qu'il faut distinguer attentivement, comme sur "Czarny Horyzont", la guitare acoustique se fait légère dans ce terrible chaos. On l'aura déjà remarqué sur d'autre morceaux comme "Torches Begin To Burn", ceci étant anodin mais qui, à la longue, nous fait percuter l'esprit. Ambiance de guerre assurée et victoire indubitable, on ne reste pas insensible à la puissance de Moon , avec "The Semen Of Ye Old One" et son refrain destructeur. "Lucifer's Horns" est le mal à l'état pur, les onze titres de Moon peuvent s'inscrire dans la souffrance parmi les meilleures sorties 2010 du registre black / death. Dans la veine de Behemoth et Hate, comme de simples vassaux, on se prosterne devant Moon. Alors si la curiosité ne vous étouffe pas et que vous voulez aussi écouter des groupes qui ne passent pas forcément dans les gros magazines et ne font pas les gros titres, avec du blast contrôlé, des rythmiques violentes mais écoutables, une voix de graillon bien malsaine et un esprit ouvert au combat, il faut passer par Moon. Je suis persuadé qu'il y en a plus d'un qui prendra sa toise et qui reviendra y goûter juste par masochisme...