Après son EP split avec Brain Pyramid, MissingMile revient cette fois avec un EP qui a la particularité d'être divisé en deux parties : "Bright Side" et "Dark Side".

La partie "Bright Side" est ce qu'il y a de plus basique pour MissingMile, elle représente parfaitement le groupe. Ce n'est pas le premier morceau très accrocheur "Snake Leather Jacket" qui nous fera dire le contraire. MissingMile nous envoie son stoner le plus énergique et efficace droit dans les oreilles et ce titre se hisse déjà au rang de hit de cette jeune formation. La suite reste dans la même idée avec "Gasoline". Mention spéciale au riff avec lequel une facette old school vient subtilement se glisser dans tout ça, ce qui ne fait aucunement obstacle aux influences plus modernes du groupe. Le jeu se calme avec l'arrivée de "Space Suit Lover" qui marque la fin de cette première partie de l'EP.

Et là ! Tout change... On entre dans la partie "Dark Side", le côté obscur de MissingMile. Le premier morceau "Fall Of The Elder" ("La chute de l'ancien" en français) porte bien son nom puisqu'il semble marquer une rupture avec l'ancien MissingMile qui entre désormais dans une dimension nouvelle, une dimension expérimentale. Alors oui ce morceau est bizarre, spécial, atypique et déstabilisant. Des chants d'oiseaux, des sons de percussions au loin, voilà ce qui sert d'intro à ce morceau. Une guitare douce rejoint lentement la mixture puis une voix arrive, pas sous forme de chant mais plutôt de fredonnement, puis une deuxième voix s'ajoute au tout. Cela donne un son mystique, envoûtant, primitif, guerrier et tribal, presque indigène pendant plus de trois minutes. Pourquoi ? Pour introduire le morceau le plus long de l'EP avec ses neuf minutes : "The Past, The Future And The Dark Waves Of Time" (oui, le titre aussi est long). Celui-ci démarre avec beaucoup d'énergie comme dans la partie "Bright Side" avant de se calmer après 1 minute 20 pour nous faire entendre les premières paroles "I can travel through time". C'est plutôt loin d'être con de faire un titre aussi long pour parler du temps qui passe et cela permet de découvrir un peu plus le groupe.

Finalement, MissingMile nous offre un EP de qualité avec un découpage réfléchi. Les fans du groupe se retrouveront certainement beaucoup plus dans la partie "Bright Side" mais ce n'est pas pour autant que la partie "Dark Side" est à oublier, elle semble même très sérieuse. MissingMile a des ressources, à eux de les exploiter pour (on l'espère) un futur album.

Deux nouveaux titres sont présentés dans cet split. La touche "MissingMile" se retrouve dès les premiers riffs Sabbathiens d'"Appleseed". Si Julien Soler incarne désormais la nouvelle voix de la formation, cette dernière ne renie pas ses influences. Le groove sauvage présent dans le premier EP "Skull" ressort toujours aussi bien de par le grain personnel, et même avec un côté encore plus abouti dans le son de guitare et du chant. L'orientation stoner / rock reste bien affirmée et l'entrain musical nous gagne dès la première minute d'écoute. Le format reste d'une efficacité à toute épreuve, tant dans la construction des morceaux que dans leur durée. "Driver" s'enchaîne avec cohérence. La voix à la fois grave et puissante de Julien ajoute encore plus de précision à la musique du groupe.

Un split réussi donc, mais qui nous laisse curieux de la suite. Nous recevons toute l'énergie de ces deux titres sans compromis, et cela s'avère trop court. Ne vous inquiétez pas, MissingMile prépare son entrée en studio pour le mois de Juillet, et nous ne pouvons que trépigner d'impatience en nourrissant l'espoir que ce dernier sera tout aussi prometteur que ces deux titres.

"Skull"
Note : 14,5/20

Des riffs ravageurs et hypnotiques, un groove sauvage, une voix qui n'est pas sans rappeler – allez, j'ose ! - Monsieur Lemmy Kilmister, une énergie indéniable… le premier mot qui me vient à l'esprit pour définir MissingMile est sans aucun doute, après "rock" : "efficace". La puissance du stoner rock se résume ici en quatre titres très homogènes les uns par rapport aux autres, ce qui confère à l'album, malgré la courte durée de l'écoute – normal pour un EP de quatre titres – une cohérence parfaite.

Badaboum, ça dépote ! Mais le groupe ne fait pas que jouer sur l'énergie constante et électrique de leur son gras et bien rôdé. Les influences, notamment de Black Sabbath ou de Kyuss se font ressentir dans le choix des rythmes et des riffs. Ce n'est pas un "twelve shots" (pour rappeler le titre de leur dernier morceau) mais bien un "four shots" fatal que MissingMile nous livre ici, en toute sincérité et sans aucune autre prétention que celle de nous régaler d'un rock authentique et dynamique.

Si vous êtes enclin aux rythmes percutants et aux grosses sonorités rock 'n' roll (avec tout ce que cela englobe comme sous-genres), vous serez impatients d'en entendre plus.

Radien Octobre 2013