Le groupe
Biographie :

Minneriket est un one-man band de black metal norvégien formé en 2014 et dans lequel opère Stein Akslen (chant, guitare, basse, synthé / Blodsgard, Vakslen, V0id&Khaos). Minneriket sort son premier album, "Vargtimen", en Juin 2015 chez Akslen Black Art Records, suivi de "Stjerner, Speil Og Svartebøker..." en Octobre 2016, de "From The Veins Of A Nearly Dead Boy" en Janvier 2017, de "Anima Sola" en Janvier 2018, et de "Gjennom Meg Går Ingen Til Hvile" en autoproduction en Janvier 2022.

Discographie :

2015 : "Vargtimen"
2016 : "Stjerner, Speil Og Svartebøker..."
2017 : "From The Veins Of A Nearly Dead Boy"
2018 : "Anima Sola"
2022 : "Gjennom Meg Går Ingen Til Hvile"


Les chroniques


"Gjennom Meg Går Ingen Til Hvile"
Note : 15/20

Après quatre albums dont un entièrement dédié à des reprises de Burzum, le one-man band norvégien Minneriket est de retour avec "Gjennom Meg Går Ingen Til Hvile" et si le black metal du projet a toujours été à cheval entre le black et l'ambient, il y cette fois un changement d'ambiance. Ce qui n'est pas étonnant car si Minneriket a toujours développé un univers assez fort, il en a fréquemment changé la forme et c'est donc un à un nouveau voyage qu'il nous convie cette fois.

Jusqu'à maintenant, Minneriket développait des ambiances parfois proches du black dépressif ou du moins quelque chose d'assez oppressant, mélancolique et presque fantomatique comme le confirmait le tribute à Burzum. Cette fois, avec ce nouvel album, il nous présente quelques facettes supplémentaires, à commencer par une présence assez fréquente du chant féminin en plus de la voix black de Stein Akslen. On commence d'ailleurs en douceur avec quelques vocalises féminines et un piano qui introduisent "Så Kald En Jord" avant de faire venir des ambiances justement très fantomatiques, dramatiques avec un petit quelque chose de baroque. Le black metal de Minneriket reste évidemment lent ou mid-tempo et il ne faut pas s'attendre à des explosions de violence par ici, ce nouvel album continue à développer un climat presque surréaliste et hors du temps. Et si la forme à changé, c'est bien le genre d'ambiances auxquelles Minneriket nous a toujours habitués, son univers est toujours le même mais a trouvé cette forme une nouvelle forme d'expression. Stein Akslen est cette fois aidé en cela par toute une ribambelle de guests qui contribuent à apporter leur patte à chaque contribution et enrichissent d'autant "Gjennom Meg Går Ingen Til Hvile". Ces invités apportent du chant féminin, de la harpe, de la flûte, du saxo, du violoncelle et autres cordes en plus des claviers habituels. Tout ça ajoute à ce nouvel album une ambiance plus empreinte de romantisme noir et cette bonne heure de musique semble plus d'une fois nous évoquer la vie de spectres en colocation dans un manoir hanté.

Les guitares semblent d'ailleurs cette fois plus en retrait, comme volontairement noyées derrière cette masse de claviers, de voix différentes, de choeurs, de cordes. Une façon d'appuyer encore un peu plus cette ambiance irréelle, hors du temps et fantomatique que développe "Gjennom Meg Går Ingen Til Hvile". La plupart des morceaux sont évidemment longs et Minneriket prend le temps d'installer ces fameuses ambiances et si ce nouvel album ne souffre d'aucune longueur, la durée des morceaux le rend assez dense. Les puristes et les gros bourrins ne trouveront évidemment pas leur compte et si quelques accélérations se font entendre, Minneriket restera la plupart du temps trop mélodique et trop probablement trop romantique pour eux. Quelques morceaux comme "Hvil I Fred" accélèrent un peu le rythme et se montrent plus agressifs tout en gardant ces mélodies mélancoliques et ces choeurs fantomatiques. En tout cas, c'est du coup bien difficile à rapprocher de qui que ce soit et si quelques influences pouvaient s'entendre sur certains albums, cette fois Minneriket propose quelques chose de très personnel. Une personnalité qui explose et montre ce qu'elle a dans le ventre sur le pavé de l'album, "Nåde", qui culmine à treize minutes et en profite pour développer des ambiances d'autant plus fortes et marquées. Les contrastes eux aussi sont plus marqués avec des passages plus ambient que ce que le groupe proposait sur les précédents morceaux et des guitares un peu plus en avant sur d'autres passages plus nerveux. Une fois de plus, Minneriket se fait habité et sa musique prend parfois des airs de train fantôme.

"Gjennom Meg Går Ingen Til Hvile" est dédié aux êtres chers que nous avons perdus et Stein Akslen dit y avoir mis plusieurs souvenirs personnels, ce qui se sent dans le caractère plus affirmé de ce nouvel album. Les ambiances s'y font donc évidemment hantées et fantomatiques et un romantisme noir s'infiltre au milieu de black metal mélancolique et spectral.


Murderworks
Avril 2022




"Anima Sola"
Note : 17/20

Minneriket étant un nom qui me parle, j’en conclus en mon for intérieur que j’ai déjà dû chroniquer un de leurs albums, mais mon cerveau rôti par la chaleur m’empêche de poser un nom sur le dit-album. Mais bon, dans mes souvenirs (Ah ! La blague ! Des souvenirs avec Minneriket ! Ah ! …comment ça, vous n’avez pas la blague ? Bon bah je rigole toute seule dans le coin sombre alors) c’était plutôt positif. Pour resituer le contexte, autant pour vous que pour moi, Minneriket est donc un groupe norvégien de romantic black metal formé en 2014. Et encore une fois c’est… un projet solo ! Aaaah, les projets solos et moi… une grande histoire d’amour.

L’album s’ouvre sur "Tro, Håp Og Kjærlighet". Déjà là… c’est assez inattendu de se retrouver face à du black qui va nous parler de confiance, d’espoir et d’amour. Les puristes vont probablement hausser un sourcil. Et pourtant, je mets quiconque au défi d’écouter ce premier titre et de me dire que l’émotion principale que lui évoque cette musique est l’espoir. Plutôt le contraire à vrai dire. Musicalement parlant, il est toutefois intéressant de remarquer que les instruments se retrouvent parfois noyés derrière les vocaux. La batterie est très en retrait par moment, et on perd un peu la basse, ce que je trouve dommageable. Peut-être un soucis de production à ce niveau-là ? Cette impression se retrouve également sur le morceau suivant "An All Too Human Heart". Mention spéciale aux vocaux particulièrement morbides de "When Life Gets Sick, The Dead Grow Strong" qui m’ont effectivement fait penser à des patients à l’agonie. Confiance, espoir et amour, tout à fait. Ce titre est vraiment spécial, et j’ai encore du mal à me décider si c’est un mal ou un bien. Il y a une intensité certaine dans la composition, et une montée en puissance progressive mais… j’ai l’impression qu’il manque quelque chose à ce titre. Allez savoir quoi. Je suis plus convaincue par "I Am The Serpent Son" qui propose un travail un peu plus nuancé à ce niveau. Ça reste dérangeant à l’écoute, dérangeant comme doit l’être un bon morceau de black, mais le travail fait sur l’ambiance générale est plus abouti.

Pas de moment de répit, et on enchaîne directement avec "Between Infinity And Melancholy". Les guitares se font ici plus incisives, mais on regrettera toujours ces défauts qui sont apportés par une production un peu vacillante. C’est dommage. Vient ensuite le titre qui est, selon moi, le plus convaincant de cet album : "Det Lyset Jeg Kan Ikke Se". Là, on a affaire à une véritable montée en puissance, maîtrisée et convaincante avec son lot de changements de rythme et de prises de risques. C’est sans doute le morceau où l’atmosphère est la plus travaillée et la plus complexe, et c’est souvent là que j’y trouve mon compte donc mon affection particulière pour ce titre n’est franchement pas surprenante. Plus l’album avance, plus on a le droit à des expérimentations de la part de Minneriket. Ainsi "Sorger Er Tyngst I Solskinn" dénote de façon très nette du reste de l’album, et se lance dans des directions différentes. Une fraîcheur bienvenue et… de nouveau, me voilà confrontée à ma faiblesse des vocaux clairs. Un titre très surprenant, très bizarre mais qui fonctionne. Il y a de l’idée chez Minneriket, c’est une certitude. Fait notable dans la structure de l’album d’ailleurs, plus on avance plus on est confrontés à des titres sombres. Ainsi en commençant avec l’amour, la confiance et l’espoir, on finit par descendre dans les tréfonds des sentiments humains pour en arriver à "Smerte, Skjønnhet Og Satan" soit en français : souffrance, beauté et Satan. On a quand même changé de registre ! Il y a une ambiance très putride dans ce morceau, très largement appuyée par les vocaux qui se font particulièrement grinçants et désespérés. Et on en terminera avec "Time For Suicide". Eh oui, il fallait terminer par ça. Le titre est une suite continue de violence qui s’achève soudainement, sans explication, de façon un peu brutale. Le tabouret a été poussé, et le cou a été brisé. C’est brutal, c’est la fin, c’est un suicide. …Vous me dites si je vais trop loin ?

Je l’ai déjà dit, mais je le répète : il y a de l’idée chez Minneriket. La capacité d’expression de ce groupe est très intéressante, et il y a un fort potentiel pour évoquer des émotions fortes chez l’auditeur. MAIS je trouve que le tout est vraiment desservi par la production. Parfois, on peine à discerner la ligne musicale qui est masquée par des vocaux bien trop présents dans le mix final et c’est franchement dommageable parce qu’on sent le travail fourni par Minneriket pour évoquer une réaction en nous. Et je pense que cette réaction serait d’autant plus forte si on pouvait expérimenter la musique du groupe dans toute sa qualité. Mais ce n’est que mon avis… C’est un album solide, avec des défauts certes, mais qui offre de vraies propositions. A écouter donc.


Velgbortlivet
Juillet 2018




"Vargtimen"
Note : 15/20

Minneriket est un groupe norvégien de black metal fondé par Stein Akslen. Pour la petite anecdote, ce musicien fait également partie de Blodsgard dont j’avais chroniqué le dernier album, il y a de cela quelques temps. Blodsgard m’ayant à l’époque clairement convaincue, j’étais donc ravie de découvrir l’existence de Minneriket. A noter pour les amateurs de mythologie nordique que les paroles incluent des extraits de l’Edda Poétique. Bon, bien entendu retraduits en norvégien moderne.

L’album s’ouvre sur "Å Følge Spor". L’ambiance se veut très rapidement froide et incisive, avec des sonorités sourdes répétitives. Les vocaux font leur apparition en étant comme fondus dans la musique. La répétition de ces coups sonores, couplée à ces vocaux lointains, donnent une impression directement très malsaine au titre. Et bon sang, ce cri strident au beau milieu du titre. Je donne donc un bon point pour l’atmosphère proprement glauque qui se ressent dès ce premier titre. Bien joué.

Enchaînons avec "Framtidsminne". De nouveau, le morceau se veut oppressant au possible avec une introduction soigneusement travaillée. Pour le coup, ce titre fait partie des morceaux estampillés mythologie nordique avec l’évocation, par exemple, de la mort de Baldr et de Heimdallr qui souffle dans Gjallarhorn pour annoncer le début du Ragnarok. Avis aux amateurs donc ! Mais personnellement, il ne s’agit pas de mon titre préféré et de loin, malgré que je reconnaisse la qualité des vocaux hurlés et l’intensité de la batterie qui annonce franchement qu’on ne parle pas de la difficulté de pêcher avec des larves de hannetons. Non pas que je sois experte en la matière. Suit "Bloodstained Stars Below". Tiens, un titre en anglais ? Soit. On retrouve de nouveau cette atmosphère froide et tranchante qui était déjà présente au début de l’album. Les vocaux se font de plus en plus grinçants, devenant une floppée de mots inintelligibles qui sonnent somme toute de façon assez inhumaine. Ici, la guitare joue un rôle privilégié alors que la batterie continue de marteler sans interruption dans une litanie interminable. Franchement, je m’incline devant le travail d’ambiance qui a été fait sur ce titre. C’est très réussi, et je suis sûre qu’il y a moyen d’être mal à l’aise si on écoute ça dans de bonnes conditions. Moi j’aime donc. Le prochain titre s’avère être instrumental. "Blodets Hvisken" a donc la lourde tâche de préserver cette ambiance glauque, mais sans sombrer dans le too much comme on peut parfois le constater dans certains interludes instrumentaux. Je trouve ça toujours délicat d’instaurer des parts instrumentales, car justement ça peut très simplement casser le rythme d’un album si c’est mal dosé. Pour le coup, ce n’est pas le cas ici fort heureusement. C’est maîtrisé, cohérent et ça n’en rajoute pas des caisses. C’est simple mais efficace en gros.

Retour à la mythologie avec "Fra Yggdrasil". Une fois de plus, on assiste au retour des vocaux très aigus et à une prépondérance de la batterie. C’est un peu le titre bourrin de l’album, celui qui va jouer le rôle de marteau piqueur et qui peut au final devenir lassant. Personne n’apprécie d’être secoué au point que sa moumoute n’en tombe par terre, et soit recouverte de poussière et d’autres choses peu appréciables. Pas mon titre préféré donc, même si une fois de plus je reconnais le travail instrumental qui y est présenté. Avec "Wolf", je suis davantage convaincue. Je trouve le rythme plus dosé, et mieux maîtrisé. Le rythme change d’ailleurs radicalement avec "The Ballad Of Ordinary Flowers". La ligne directrice se veut plus posée et plus lancinante. C’est peut-être aussi davantage recherché, et ça me parle davantage. Et l’album s’achève sur "Hjertets Løyndom" qui est probablement mon morceau fétiche, et qui aura mis du temps à arriver. Mais autant finir sur une note positive, n’est-ce pas ?

Il s’agit donc à présent de tirer les conclusions qui s’imposent. Minneriket connaît son sujet. Les titres sont volontairement violents et incisifs, et on ne s’éloigne jamais bien longtemps de cette atmosphère pesante instaurée dès le premier titre. Pourtant, ce que je regrette personnellement vient surtout des vocaux qui sont la plupart du temps comme fondus derrière la batterie. J’aurais aimé qu’ils soient davantage mis en valeur, mais là encore, c’est une question de goûts et de couleurs. J’ai particulièrement apprécié cette ambiance que j’évoquais justement, qui m’a paru travaillée et réfléchie. Au final, Minneriket laisse présager un avenir prometteur, même si je regrette vraiment ce que j’appelerai "ce fondu de vocaux". Mais le potentiel est là.


Velgbortlivet
Octobre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.minneriket.bandcamp.com