Chaque fois que l’on glisse une galette dans un lecteur, on a toujours ce petit quelque chose de la découverte. Chez MTP, ça n’a duré que 2 minutes : le temps d’un demi-morceau, afin de me dire que oui, le groupe a une certaine qualité technique, mais que derrière il n’apportait rien au genre. Je m’explique, car chaque propos quel qu’il est se doit d’être argumenté.
Le groupe luxembourgeois vient donc en voisin nous proposer son premier album qui sent bon le souffre, la sueur, le sang, le crade et le death moderne. Empruntant ici et là au deathcore, il emprunte encore plus à toutes ces influences années 90 et à ces violences d’un autre genre. Au court de ces 9 titres MTP enverra de la grosse basse, de la double pédale à n’en plus finir et de la technique à en faire pâlir n’importe quel soliste, mais après ? Ressemblant de près ou de loin, souvent plus de près qu’autre chose, à ses congénères de Thy Art Is Murder par exemple, on ne peut pas dire que le groupe ne rivalise pas de breakdown, d’envolées et de parties techniques au dessus de la moyenne, mais… il y a toujours ce "mais" au fond avec cet air de déjà-vu dans le chant qui, il faut l’avouer, ne souffre d’aucun reproche au niveau purement technique, se plaçant avec aisance dans tous les domaines dans quelque chose proche de la perfection. Les breakdowns s’enchaînent très bien, les parties mélodiques, souvent inspirées, arrivent là où on les attend pas mais ne souffrent d’aucun défaut, alors qu’est ce qui pourrait clocher chez MTP ? Probablement qu'avec une telle technique telle, une telle capacité vocale, de tels arrangements, on aimerait une plus grande prise de risque pour se sortir de la masse. En effet, MTP balance des titres qui s’enchaînent certes très bien, très puissamment, mais après ? Ils viendront probablement s’enterrer dans la masse de groupes actuels. N’est-ce pas la marque des grands que de réussir à créer quelque chose de nouveau et à prendre des risques plutôt que de reprendre des formules établies ? On trouve ici et là bien trop d’influences pêle-mêle sans réelle personnification ni appropriation du son, personne ne pourra se dire "Tiens, j’ai écouté du MTP" mais plutôt "J’ai écouté MTP et ça me rappelle…". C'est frustrant, non ?
En dehors de ce manque d’originalité flagrant sur le fond et d’un ou deux morceaux étant un poil rébarbartifs sur le milieu du premier album, on pourra dire que ce dernier ne souffre absolument d’aucun défaut : chant tip top dans n’importe quel registre, guitares techniques et variées, quelques solos superbements bien sentis, tant dans l’execution que dans l’originalité, couple basse batterie / technique d’une puissance sans faille, et production digne des plus grands pour les Luxembourgeois. Que demande le peuple dans ce death metal moderne et technique avec une pointe de sauce scandinave ? Eh bien c’est simple, de la prise de risque, une véritable patte derrière et une signature et là on arrivera alors à quelque chose de grand, parce que à cet instant précis où j’ôte la galette du lecteur, si l’on me dit "Dis, au fait, tu me mets du MTP", eh bien j’aurais tendance à conseiller un autre groupe. Dommage.
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